Le diabète de type 2 - Porphyre n° 506 du 27/09/2014 - Revues
 
Porphyre n° 506 du 27/09/2014
 

Savoir

La patho

Auteur(s) : Nathalie Belin

Ce diabète se caractérise par une hyperglycémie chronique, conséquence d’un déficit de sécrétion de l’insuline et d’une diminution de ses effets sur les tissus cibles (insulinorésistance). Longtemps silencieux, il peut causer de graves complications sur les plans cardio-vasculaire (on parle de macroangiopathie), rénal, oculaire et neurologique (microangiopathie) s’il n’est pas diagnostiqué et traité à temps. D’où l’importance du contrôle de l’équilibre glycémique par les mesures hygiéno-diététiques et les traitements hypoglycémiants pour réduire le risque.

La maladie

PHYSIOPATHOLOGIE

Rappels sur insuline et glucagon

→ L’insuline est une hormone hypoglycémiante sécrétée par les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas. Elle augmente la captation du glucose par les muscles et le tissu adipeux et diminue la production hépatique de glucose. Elle permet aussi de stocker les lipides apportés par l’alimentation dans le tissu adipeux.

→ Le glucagon, hormone sécrétée par les cellules alpha des îlots de Langerhans, favorise la transformation des glucides stockés dans le foie (glycogène) en glucose libéré dans le sang.

Insulinorésistance

Le diabète de type 2 débute souvent par un excès de graisse abdominale, lié à un surpoids ou à une obésité, et à l’origine d’un phénomène d’insulinorésistance. Celle-ci se traduit par une plus faible utilisation du glucose par les muscles et par un freinage moindre de la fabrication de glucose par le foie. À ce stade, les cellules bêta augmentent leur production d’insuline afin de maintenir une glycémie normale ; lors de cet hyperinsulinisme, il n’y a pas encore de diabète.

Déficit d’insulinosécrétion

Petit à petit, la sécrétion d’insuline devient insuffisante pour compenser le mécanisme d’insulinorésistance. Elle est aussi inadaptée car elle n’est plus sécrétée en phase avec l’augmentation post-prandiale de la glycémie. La glycémie s’élève et le patient devient diabétique. L’insulinopénie – déficit en sécrétion d’insuline – s’aggrave avec la durée du diabète, jusqu’à conduire au stade le plus sévère qui est un diabète de type 2 nécessitant le recours à l’insuline.

SIGNES CLINIQUES

→ Le diabète de type 2 reste longtemps asymptomatique, tant que l’élévation de la glycémie reste modérée. Plusieurs années s’écoulent entre le début de la maladie et son diagnostic, souvent réalisé à l’occasion d’un bilan de dépistage.

→ Plus rarement et lorsque l’hyperglycémie est élevée, des manifestations cliniques telles qu’une soif intense (polydipsie) et des urines abondantes (polyurie) apparaissent. Un amaigrissement, une fatigue et des infections intercurrentes ou traînantes peuvent être présentes.

→ Parfois la maladie est révélée par une complication : atteinte rénale, oculaire ou cardio-vasculaire, ulcération du pied…

FACTEURS DE RISQUE

Plusieurs gènes sont incriminés dans l’apparition d’un diabète de type 2. Un antécédent de diabète familial au premier degré (père, mère, frère ou sœur) augmente le risque d’être atteint. Sont également des facteurs de risque le surpoids, l’obésité, la sédentarité, les dyslipidémies, l’hypertension artérielle (HTA), l’âge (à partir de 40 ans), l’origine ethnique (sujets non caucasiens) et, pour les femmes, les antécédents de diabète gestationnel ou avoir eu des enfants pesant plus de 4 kg à la naissance.

COMPLICATIONS

Chroniques

Le diabète de type 2 est considéré comme un facteur de risque cardio-vasculaire indépendant. L’hyperglycémie chronique entraîne des modifications au niveau de la membrane des cellules et perturbe leur fonctionnement.

Macroangiopathie

L’atteinte des gros vaisseaux artériels accélère l’athérosclérose et peut être à l’origine d’insuffisance cardiaque, d’infarctus du myocarde, d’AVC ischémique, d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs ou AOMI (voir Porphyre n° 497, nov. 2013, et Dico+).

Microangiopathies

Les lésions des capillaires sont à l’origine d’atteintes oculaires ou rétinopathies avec un risque de déficience visuelle ; rénales ou néphropathies avec un risque d’insuffisance rénale ; et nerveuses, dites neuropathie diabétique. L’atteinte des cellules nerveuses concerne :

→ les nerfs périphériques avec douleurs et troubles sensitifs des membres inférieurs aggravant le risque de troubles trophiques induits par l’artérite. Exemple : le mal perforant plantaire ;

→ le système nerveux autonome avec des manifestations cardio-vasculaires type hypotension orthostatique, tachycardie ; digestives avec des diarrhées… ; urogénitales avec des troubles urinaires, une impuissance, etc.

Risque infectieux

Du fait d’effets délétères sur les cellules de l’immunité, le diabète prédispose aux infections, essentiellement cutanées, dentaires ou urinaires.

Aiguës

Il s’agit essentiellement :

→ de l’hypoglycémie, principalement d’origine iatrogène ou parfois due à un apport glucidique insuffisant, notamment en cas d’effort physique ;

→ du coma hyperosmolaire, en lien avec une élévation importante de la glycémie. Il survient surtout chez le sujet âgé et est favorisé par un apport liquidien insuffisant, un traitement par diurétique ou corticoïdes, des troubles cognitifs (altération de la sensation de soif…) ;

→ de l’acidose lactique, rare et souvent multifactorielle. Elle est liée à la prise de metformine, à une insuffisance rénale ou à des facteurs qui l’aggravent tels une déshydratation, un syndrome infectieux, l’injection intraveineuse d’un produit de contraste iodé.

DIAGNOSTIC

Mesure de la glycémie

Le diagnostic est établi par la mesure de la glycémie sur plasma veineux. En dehors de la grossesse, il est défini :

→ par une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/l (7 mmol/l) vérifiée à deux reprises ;

→ ou par la présence de symptômes de diabète (polyurie, polydipsie, amaigrissement), associée à une glycémie supérieure ou égale à 2 g/l (11,1 mmol/l), à n’importe quel moment de la journée ;

→ ou devant une glycémie supérieure ou égale à 2 g/l 2 heures après une charge orale de 75 g de glucose (hyperglycémie provoquée orale). Un âge supérieur à 40 ans, des antécédents familiaux de diabète de type 2 ainsi que la présence d’un syndrome métabolique (voir Dico+) orientent vers un diabète de type 2.

Facteurs de risque cardio-vasculaires

Ils sont systématiquement recherchés si plus de 50 ans chez l’homme, plus de 60 ans chez la femme, antécédents familiaux d’accidents cardio-vasculaires précoces, HTA, dyslipidémie, tabagisme, surpoids ou obésité. Alcool, sédentarité…, les habitudes de vie sont également évaluées.

Atteinte des organes cibles

→ La recherche d’éventuelles complications oculaires, rénales, neurologiques, cardio-vasculaires et de lésions du pied est systématique : dosage de la créatininémie, de l’albuminurie, électrocardiogramme, examen du fond d’œil, test au monofilament (voir Dico+)

→ Le dosage de l’hémoglobine glyquée HbA1c (voir Dico+ p. 28) est indispensable pour décider de la mise en route d’un traitement, puis par la suite pour l’ajuster.

SUIVI

Le traitement instauré est réévalué tous les trois à six mois, ou plus souvent devant des signes d’hyperglycémie ou d’intolérance au traitement : hypoglycémie, effets indésirables…

→ HbA1c : elle est dosée tous les six mois si l’objectif glycémique est atteint et qu’il n’y a pas de changement de traitement, sinon tous les trois mois.

→ À chaque consultation, généralement tous les trois mois : contrôle du poids et de la tension artérielle, examen des pieds.

→ Au moins une fois par an : test au monofilament, recherche d’une AOMI, évaluation de la fonction rénale, contrôle dentaire.

→ Tous les un à deux ans au moins : contrôles ophtalmologique, cardiologique.

Le recours à d’autres spécialistes s’effectue selon les besoins : pédicure-podologue notamment à partir d’un risque podologique de grade 1 (voir encadré p. 31), diététicien, neurologue…

DÉPISTAGE

Un dépistage du diabète est recommandé chez les patients de plus de 45 ans présentant au moins un facteur de risque : origine non caucasienne, présence d’un marqueur du syndrome métabolique (HTA, dyslipidémie ou obésité abdominale), antécédent de diabète de type 2 familial ou gestationnel, ou poids de naissance supérieur à 4 kg.

Il repose sur une glycémie veineuse à jeun. À répéter tous les un à trois ans si le résultat est normal (selon les facteurs de risque présents) ou tous les ans en cas de prédiabète (voir Dico+).

PRÉVENTION

Des modifications du mode de vie permettent d’éviter ou de retarder le développement du diabète de type 2. « Une réduction du poids même modérée et une activité physique régulière réduisent l’incidence du diabète de type 2 en améliorant la sensibilité à l’insuline », confirme le Dr Éric Benamo, chef de service endocrinologie et maladies métaboliques au centre hospitalier d’Avignon (Vaucluse).

Son traitement

OBJECTIF

Prévenir les complications chroniques

Le traitement vise à réduire l’hyperglycémie en la maintenant dans des valeurs permettant de freiner l’évolution de la maladie et l’apparition de complications, tout en limitant les hypoglycémies. La correction des facteurs de risque cardio-vasculaires (surpoids, HTA, dyslipidémie, tabac…) fait partie intégrante de la prise en charge.

Individualiser l’objectif glycémique

La valeur cible de l’HbA1c à atteindre varie en fonction de l’âge du patient, de l’ancienneté du diabète et des comorbidités associées (voir tableau p. 29). Le plus souvent, une HbA1c inférieure ou égale à 7 % est recommandée. Elle doit être reconsidérée au fil du temps.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

Elle est basée sur des mesures hygiéno-diététiques seules bien conduites, ou associées à un ou plusieurs médicaments selon les résultats.

Mesures hygiéno-diététiques

Elles sont à la base de la prise en charge (voir Conseils aux patients p. 30) car une perte de poids de 5 à 10 % améliore significativement le contrôle glycémique, voire peut suffire à atteindre l’objectif cible quand le diabète est récent. Elles doivent être poursuivies au long cours, même sous traitement hypoglycémiant.

Traitements médicamenteux

Un ou plusieurs médicaments sont mis en place, soit après échec de mesures hygiéno-diététiques bien conduites durant trois à six mois, ou dès le diagnostic pour préserver l’insulinosécrétion. Généralement, ils sont débutés aux doses minimales recommandées, puis augmentée peu à peu pour se rapprocher de l’objectif glycémique. Il s’agit des antidiabétiques oraux, de l’insuline et, dans certains cas, des analogues du Glucagon Like Peptide-1 (voir Analogues du GLP-1 p. 30).

Monothérapie

→ Metformine en première intention : sauf en cas de symptômes cliniques ou de diabète très déséquilibré avec une HbA1c supérieure à 10 % ou une bithérapie, où l’insulinothérapie est indiquée d’emblée.

→ Si contre-indication ou intolérance à la metformine : recourir soit à un sulfamide hypoglycémiant en tenant compte des risques d’hypoglycémies (notamment à craindre chez des patients âgés, dénutris…) et de prise de poids, soit à un inhibiteur des alpha-glucosidases.

→ Chez un patient non répondeur : si le taux d’HbA1c n’a pas diminué d’au moins 0,5 % après six mois de traitement bien suivi à dose maximale tolérée, la classe thérapeutique est changée.

Bithérapie

Si l’objectif glycémique n’est pas atteint, l’association metformine-sulfamide hypoglycémiant fait référence compte tenu du long recul d’utilisation. D’autres associations orales s’avèrent possibles : metformine-inhibiteur des alpha-glucosidases si crainte d’hypoglycémie, ou metformine-inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4) si crainte d’hypoglycémies et d’une prise de poids.

Trithérapie

Instaurée si la bithérapie ne permet pas d’obtenir l’objectif glycémique, la trithérapie comporte des associations orales : metformine-sulfamide et un inhibiteur des alpha-glucosidases ou de la DPP-4. Une quadrithérapie n’est pas justifiée.

Passage à l’insuline

L’insuline est envisageable à chaque étape si le diabète est très déséquilibré. Le passage à l’insuline doit être discuté avec le patient et éventuellement son entourage, et faire l’objet d’une éducation thérapeutique.

Il est recommandé de débuter par une insuline intermédiaire (NPH) au coucher ou par une insuline analogue lente si le risque d’hypoglycémie nocturne est préoccupant.

L’insuline expose à un risque de prise de poids et d’hypoglycémies.

MÉDICAMENTS

Antidiabétiques non insulinosécréteurs

Biguanides

→ Molécule : metformine.

→ Mode d’action : inhibition de la production hépatique de glucose, réduction de son absorption intestinale, augmentation de son utilisation par les muscles.

→ Effets indésirables : nausées, diarrhées, sensation de goût métallique… surtout en début de traitement, limités par l’augmentation progressive de la posologie ; rarement acidose lactique favorisée par l’altération de la fonction rénale, la dénutrition ou la consommation d’alcool.

→ Surveillance : de la fonction rénale avant et pendant le traitement.

Inhibiteurs des alpha-glucosidases

→ Molécules : acarbose, miglitol.

→ Mode d’action : ils inhibent l’hydrolyse des glucides apportés par l’alimentation (polysaccharides) en monosaccharides absorbables (glucose), d’où diminution de l’absorption de ce dernier.

→ Effets indésirables : flatulences, météorismes, troubles du transit.

Insulinosécréteurs à action pancréatique

→ Molécules : elles font partie de deux groupes. Les sulfamides hypoglycémiants : glibenclamide, gliclazide, glimépiride, glipizide ; les glinides : répaglinide (demi-vie plus courte que les sulfamides).

→ Mode d’action : ils stimulent la production d’insuline au niveau pancréatique, indépendamment de la glycémie.

→ Effets indésirables : principalement risque d’hypoglycémies et prise de poids possible. Plus rarement, atteintes cutanées (prurit, urticaire, éruptions cutanées) et, sous sulfamide, troubles hématologiques, photosensibilité. Sous glibenclamide et glipizide : effet antabuse.

→ Surveillance : autosurveillance glycémique recommandée.

Voie des incrétines

Inhibiteurs de la DPP-4 ou gliptines

→ Molécules : saxagliptine, sitagliptine, vildagliptine.

→ Mode d’action : ils inhibent l’enzyme dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4), qui dégrade les incrétines. Les incrétines, hormones intestinales produites lors d’un repas, stimulent la fabrication d’insuline et diminuent celle du glucagon.

→ Effets indésirables : troubles gastro-intestinaux notamment en début de traitement, infections des voies respiratoires supérieures, atteintes cutanées (incluant syndrome de Stevens-Johnson) et pancréatiques, majoration des hypoglycémies en association à un sulfamide ou au répaglinide.

→ Surveillance : des transaminases sous vildagliptine.

Analogues du GLP-1

→ Molécules : exénatide, liraglutide. Présentées en stylo pour injection cutanée.

→ Mode d’action : ils miment l’effet du Glucagon like peptide-1 (GLP-1), une incrétine, en se liant à son récepteur, ce qui stimule la production d’insuline et diminue la sécrétion de glucagon de façon glucose-dépendante (uniquement en cas d’hyperglycémie). Ils ralentissent la vidange gastrique et induisent une sensation de satiété.

→ Place dans le diabète : indiqués au stade de la bi- ou trithérapie, associés à la metformine et/ou à un sulfamide, notamment chez les obèses (IMC ≥ 30 kg/m2) ou si la prise de poids et/ou le risque d’hypoglycémie que fait courir le passage à l’insuline sont préoccupants.

→ Effets indésirables : nausées, vomissements et diarrhées en début de traitement, pancréatites, majoration des hypoglycémies en association à un sulfamide ou au répaglinide.

→ Conservation : entre + 2 et + 8 °C avant première utilisation, puis 30 jours à température ambiante.

Conseils aux patients

OBSERVANCE

Respecter une hygiène de vie adaptée et bien prendre son ou ses médicaments sont essentiels pour parvenir aux objectifs glycémiques fixés. En parallèle, il faut encourager le contrôle et le suivi des autres facteurs de risque cardio-vasculaires : HTA, dyslipidémie, tabac, sédentarité…

Moment de prise

Respecter le mode de prise des médicaments par rapport aux repas limite les effets indésirables (troubles digestifs, hypoglycémies…) et/ou optimise leur action :

→ la metformine : au milieu ou à la fin du repas ;

→ le répaglinide : avant ou au début d’un repas assez consistant et seulement s’il est pris du fait de sa demi-vie courte (risque d’hypoglycémies).

→ les sulfamides lors de trois repas équilibrés dans la journée, suffisamment riches en féculents ;

→ les inhibiteurs des alpha-glucosidases avec les premières bouchées ;

→ l’exénatide dans l’heure précédant les repas.

Place de l’autosurveillance glycémique

L’autosurveillance glycémique (ASG) est recommandée chez les patients sous insuline ou ceux chez qui elle est envisagée, et chez les diabétiques sous sulfamide ou glinide. Elle constitue aussi un outil d’éducation thérapeutique en cas de diabète très déséquilibré car elle améliore l’observance. Le nombre et les moments des contrôles varient selon les cas.

VIE QUOTIDIENNE

Reconnaître les signes d’alerte

Hypoglycémies

Elles sont à craindre sous insuline, sulfamide ou répaglinide, d’autant plus en cas d’association à un médicament de la voie des incrétines. Elles sont favorisées par un repas sauté ou insuffisant, une activité physique inhabituelle, l’alcool, une erreur d’adaptation des doses d’insuline…

En cas de signes précurseurs (sueurs, pâleur, confusion, fringale, vertiges, tremblements, tachycardie…), contrôler sa glycémie pour confirmer l’origine du malaise ; prendre trois morceaux de sucre ou équivalents (un verre de jus de fruits ou de soda non light, ou une pâte de fruits ou une cuillère à soupe de confiture ou de miel) ; faire un contrôle 15 minutes après. Un avis médical s’impose si la glycémie ne remonte pas. Prendre ensuite des féculents (biscuits, pain…).

Acidose lactique

Elle peut survenir sous metformine, souvent dans un condiv d’insuffisance rénale ou de facteurs l’aggravant : déshydratation, vomissements, fièvre élevée, ajout d’un AINS, diurétique, injection d’un produit de contraste iodé… Troubles digestifs, crampes, fatigue doivent amener à stopper la prise de metformine et contacter le médecin.

Signes d’hyperglycémie

Amaigrissement, soif intense, notamment chez une personne âgée, doivent faire suspecter un mauvais contrôle du diabète et amener à consulter un médecin. Associée à une déshydratation (prise de diurétiques, fièvre…), l’hyperglycémie peut conduire à un coma hyperosmolaire, dont la mortalité est d’environ 50 %.

Surveillance des pieds

→ Les lésions du pied sont à haut risque d’ulcération et de surinfection et peuvent conduire à l’amputation. Elles ont souvent pour origine un traumatisme mineur : frottements, marche pieds nus, petites blessures.

→ Le risque podologique, gradué de 0 à 4 (voir tableau p. 31) est le risque de se blesser sans s’en apercevoir (neuropathie) ou sans cicatriser normalement (artérite).

→ Cette évaluation du risque, faite par le médecin ou par un pédicure-podologue, permet d’adapter prise en charge et conseil ; si le patient ignore son grade, lui dire d’en parler à son médecin.

Hygiène de vie

Tabac

Encourager l’arrêt du tabac, facteur de risque cardio-vasculaire supplémentaire.

Alimentation

→ Toute perte de poids, même limitée, a un impact positif sur la glycémie et améliore aussi le contrôle d’une HTA ou d’une dyslipidémie.

→ Un régime de type méditerranéen peut être proposé : limitation des graisses saturées (charcuteries, viandes grasses, sauces, fromage…) au profit des acides gras mono- et poly-insaturés (poissons, huiles végétales type colza, olive…).

→ Trois repas par jour sont recommandés, incluant des féculents notamment riches en fibres (légumineuses, céréales complètes…), qui limitent le pic glycémique post-prandial en freinant le passage des liquides dans le sang, des légumes, des fruits (deux à trois portions par jour). La cuisson al dente limite l’élévation de la glycémie.

→ Limiter l’alcool à deux verres par jour.

→ Éviter les sucres rapides (pâtisserie, soda…) en dehors des repas car ils génèrent des pics glycémiques importants. Des collations (pain et fromage ou fruit) peuvent être préconisées pour limiter les hypoglycémies, mais elles ne doivent pas augmenter la ration calorique journalière.

Activité physique

Quotidienne (l’équivalent de 30 minutes de marche soutenue), elle participe à l’équilibre glycémique, à la réduction du poids et est bénéfique sur le plan cardio-vasculaire. À adapter aux capacités du patient et à ses goûts (marche, vélo…) en tenant compte d’éventuelles lésions au niveau du pied (chaussures adaptées…). En l’absence d’activité depuis de longues années, démarrer progressivement. Selon l’intensité de l’activité et sa durée, le risque d’hypoglycémie est anticipé en augmentant les féculents au repas précédent et en prévoyant des glucides durant l’effort : sucres rapides et barre de céréales ou fruit, pâte d’amande…

Soin des pieds

Conseils de base : bien sécher ses pieds entre les orteils après la douche pour éviter toute macération ; porter des chaussures confortables ; changer de chaussettes/collants chaque jour ; faire des mouvements d’assouplissement des pieds ; hydrater les pieds secs (la corne favorise les fissures) avec une crème sauf entre les orteils, à sécher avec papier absorbant ; bannir le « fer » (lame, ciseaux pointus…) et tout corricide.

En cas de blessure superficielle, laver la plaie avec de l’eau et du savon de Marseille. Utiliser un pansement gras et une compresse fixée par une bande. Ni sparadrap, ni produit coloré sur la peau. Consulter sous 24 à 48 heures en cas de plaie inflammatoire ou de cause inconnue. Vérifier la vaccination antitétanique.

Vaccination

La vaccination antigrippale est recommandée. S’assurer que celle antitétanique est à jour.

Avec le concours du Dr Éric Benamo, chef du service endocrinologie-maladies métaboliques, centre hospitalier d’Avignon.

Info +

Prévalence du diabète de type 2 selon l’âge : 0,4 % avant 45 ans, 5,8 % entre 45 et 64 ans, 13,3 % entre 65 et 74 ans et 13,4 % à partir de 75 ans.

Source : Service des bonnes pratiques professionnelles, Service évaluation économique et santé publique, HAS, 2013.

Info+

Glycémie veineuse normale à jeun : < 1,1 g/l ; après charge orale de 75 g de glucose : < 1,40 g/l.

Info+

Certains médicaments peuvent provoquer un diabète : corticoïdes, neuroleptiques, ciclosporine, tacrolimus… Leur arrêt entraîne souvent une disparition de l’hyperglycémie, mais l’évolution peut aussi se faire vers un diabète.

Interview

Les patients doivent maintenir des apports glucidiques réguliers”

Dr Éric Benamo, endocrinologue, chef de service endocrinologie et maladies métaboliques au centre hospitalier d’Avignon (84)

Quels messages vous semblent importants à faire passer ou à réexpliquer aux malades ?

Il est important que le patient connaisse ses objectifs thérapeutiques car il est ainsi beaucoup plus enclin à bien prendre ses traitements et à suivre les recommandations hygiéno-diététiques et, selon le cas, ses objectifs tensionnels, de cholestérolémie, et bien sûr de glycémie et d’hémoglobine glyquée. Il est essentiel également de lui demander de quand datent ses derniers bilans rénal, dentaire, ophtalmologique ou cardiologique et, le cas échéant, de l’inciter à prendre les rendez-vous nécessaires car il arrive que le médecin généraliste n’y pense plus ou que le patient oublie de le faire.

Et côté alimentation ?

Certaines personnes sont hospitalisées pour des hypoglycémies sévères car elles ne mangent pas assez voire plus du tout de féculents. Or, les patients diabétiques, surtout les personnes âgées, doivent maintenir des apports glucidiques réguliers. À titre d’exemple, il faut manger de 150 à 200 grammes de féculents cuits à chaque repas soit l’équivalent d’une demi-assiette plate de pâtes, de riz ou trois à quatre pommes de terre.

Quand faut-il recommander une consultation spécialisée ?

La consultation chez un endocrinologue ou une courte hospitalisation au sein d’un service d’éducation thérapeutique est recommandée en cas de difficultés à atteindre l’objectif glycémique fixé ou pour un bilan éducatif approfondi, notamment chez les patients en surpoids ou ceux ayant du mal à suivre les recommandations diététiques.

Info+

La première manifestation décelable de la néphropathie diabétique est une augmentation de l’albumine dans les urines, d’abord très infime (micro-albuminurie).

Parallèlement à ce dosage, celui de la créatininémie permet d’estimer grâce à une formule (calcul de la clairance de la créatinine) le degré d’atteinte rénale.

Info+

Le dépistage du diabète par la mesure de la glycémie capillaire permet d’identifier des patients ayant des glycémies « pathologiques ». Le diagnostic doit être confirmé par le dosage d’une glycémie veineuse.

Info+

Lors de la grossesse, le traitement du diabète repose sur l’insulinothérapie.

Info+

Le répaglinide, proche des sulfamides, a une demi-vie plus courte et s’administre avant chaque repas. Il peut être une alternative au sulfamide en cas de prise alimentaire irrégulière.

Info+

Une bi- ou trithérapie peut être instaurée d’emblée en cas de symptômes ou de diabète très déséquilibré avec des glycémies répétées supérieures à 3 g/l ou un taux d’HbA1c supérieur à 10 %

Info+

Les diabétiques qui souhaitent faire le ramadan doivent en parler avec leur médecin. Le traitement peut être modifié pour limiter le risque d’hypoglycémie.

L’autosurveillance glycémique doit être intensifiée.

Contre-indications médicales des traitements

Metformine : insuffisance rénale sévère ou affections aiguës susceptibles d’altérer la fonction rénale (déshydratation, infection grave…), pathologies à l’origine d’une hypoxie (insuffisances cardiaque, respiratoire…), insuffisance hépatique, intoxication alcoolique aiguë, alcoolisme, grossesse.

Sulfamides : insuffisance rénale ou hépatique sévère, hypersensibilité aux sulfamides (y compris antibiotiques, diurétiques), grossesse, allaitement.

Glipizide LP : patient âgé de plus de 65 ans.

Inhibiteurs des alpha-glucosidases : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, occlusion intestinale, insuffisance rénale sévère, grossesse, allaitement.

Répaglinide, gliptines, analogues du GLP-1 : grossesse, allaitement.

Info+

L’Assurance maladie prend en charge (à 100 % en ALD ; à 60 % sinon) les soins et actes de prévention podologiques des patients de grades 2 et 3, à raison de quatre séances par an au maximum pour des lésions de grade 2 et de six pour celles de grade 3. Ces séances doivent être prescrites par le médecin.

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