Le mélanome cutané - Porphyre n° 504 du 28/06/2014 - Revues
 
Porphyre n° 504 du 28/06/2014
 

Savoir

La patho

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Le mélanome de la peau est un cancer cutané qui se développe à partir des mélanocytes sur peau saine ou à partir d’un nævus (grain de beauté) existant. D’abord localisée à l’épiderme, la tumeur s’étend progressivement aux couches cutanées profondes. En l’absence de traitement, les cellules cancéreuses peuvent migrer par voie sanguine ou lymphatique vers d’autres tissus ou organes, où se forment des métastases. Bien qu’il ne représente que 10 % des cancers cutanés, le mélanome est agressif et de mauvais pronostic au stade métastasique. L’exposition précoce et/ou répétée aux UV naturels ou artificiels est l’un des principaux facteurs de risque connus.

La maladie

PHYSIOPATHOLOGIE

Le mélanome cutané est un cancer qui se développe à partir des mélanocytes situés au niveau de l’épiderme. Dans 80 % des cas, il apparaît sur la peau saine (mélanome dit de novo) mais il peut également résulter de la transformation d’un grain de beauté (nævus) existant.

Le mélanocyte, initialement normal, se transforme et se multiplie de façon anarchique pour former une masse de cellules cancéreuses ou tumeur, d’abord localisée à l’épiderme puis invasive.

Les mécanismes d’apparition

Ils ne sont pas totalement élucidés, mais la majorité des mélanomes serait liée aux expositions répétées et intenses aux UV, qui altèrent les cellules cutanées par mutations géniques et libération de radicaux libres. Lorsque les mécanismes naturels de défense et de réparation des cellules sont épuisés (capital solaire), les mutations peuvent engendrer la transformation cancéreuse de la cellule. Néanmoins, d’autres mécanismes entrent en jeu dans la pathogénie des mélanomes et certains ne sont pas liés au soleil.

Les quatre types de mélanomes

Les mélanomes se distinguent habituellement selon leur localisation et leur origine. Il en existe quatre types.

Superficiel extensif : 70 à 80 % des cas. Il est lié à des coups de soleil importants, en particulier durant l’enfance et/ou sur peau sensible de phototypes I et II (voir encadré). Il peut se développer sur tout le tégument, mais le plus souvent sur le cou, la partie supérieure du tronc ou les jambes.

De Dubreuilh : 5 à 10 % des cas. Lié à des expositions répétées aux UV, il apparaît généralement sur les zones exposées : visage, cou et dos des mains et des avant-bras

Acro-lentigineux ou « des extrémités » : non lié aux expositions aux UV, il représente 5 % des mélanomes chez les Caucasiens, mais beaucoup plus (60 % environ) chez les Asiatiques ou les Africains. Il survient le plus souvent sur la paume des mains, la plante des pieds ou sous les ongles.

Nodulaire : 4 à 18 % des cas. Il se manifeste le plus souvent au niveau de la tête, du cuir chevelu, du cou ou du tronc, mais il peut toucher toutes les parties du corps, y compris celles non exposées aux ultraviolets.

SIGNES CLINIQUES

> Typiquement, les mélanomes de novo (sur peau saine) se présentent comme une lésion hyperpigmentée semblable à un grain de beauté dont l’aspect se modifie progressivement. Les signes en faveur d’un mélanome suivent la règle ABCDE (voir infographie).

> À partir d’un nævus préexistant, ils se caractérisent par une modification d’aspect du grain de beauté (taille, couleur, forme, épaisseur, contours), parfois un saignement. Sur l’ongle, la lésion typique dessine une bande longitudinale foncée persistante.

> Attention, souvent les signes sont moins typiques : couleur chair-rosée, notamment chez les phototypes clairs et/ou forme nodulaire qui peut être confondue avec une verrue ou un botriomycome, petite tumeur vasculaire inflammatoire bénigne.

FACTEURS DE RISQUE

On en recense quatre principaux.

L’exposition aux UV

Environ la moitié des mélanomes serait due à une exposition excessive aux UV, naturels ou artificiels en cabine de bronzage. Les expositions intenses et intermittentes responsables de « coups de soleil » chez l’enfant seraient particulièrement déterminantes dans l’apparition de mélanomes à l’âge adulte.

Le phototype cutané

Le phototype, lié à la production de mélanine par les mélanocytes, caractérise la sensibilité de la peau aux UV. Les personnes de phototypes I et II, qui synthétisent de la phæmélanine, présentent un risque accru.

Le nombre de grains de beauté corporels

Le risque est augmenté en présence d’un nombre élevé (plus de 50) de nævi typiques, de plus de deux nævi atypiques (diamètre supérieur à 6 mm, bords irréguliers…) ou d’un nævus congénital géant (> 20 cm).

Les antécédents personnels ou familiaux

Un antécédent personnel de mélanome ou de carcinome augmente le risque de développer une nouvelle tumeur. Par ailleurs, environ 10 % des mélanomes sont dits « familiaux » ; le risque augmente ainsi si au moins deux parents de premier degré (parents, fratrie ou enfants) ont été touchés.

ÉVOLUTION

Formes localisées

La grande majorité des mélanomes se développe en deux temps : d’abord horizontalement au niveau de l’épiderme, puis en profondeur dans le derme et l’hypoderme. Typiquement, l’évolution est d’abord lente, puis plus rapide, sur un délai qui varie de quelques mois à quelques années.

Formes invasives

Dès que la tumeur atteint le derme, vascularisé, les cellules cancéreuses sont susceptibles de quitter la tumeur ; on parle alors de mélanome « invasif ». Elles peuvent :

– s’installer dans un canal lymphatique proche, où elles reforment des petites tumeurs cutanées ou sous-cutanées, appelées métastases « en transit » ;

– s’installer et former des métastases dans les ganglions lymphatiques les plus proches ;

– migrer via les vaisseaux lymphatiques et sanguins vers tout autre tissu et organe, où se forment des métastases « à distance », le plus souvent cutanées, pulmonaires, hépatiques ou cérébrales.

PRONOSTIC

Il dépend de l’extension de la maladie au moment du diagnostic.

> Les mélanomes localisés de petite épaisseur ont peu de risque de métastases. S’ils sont détectés précocement, le taux de survie à cinq ans est estimé à 88 %.

> Les mélanomes dits de grosse épaisseur sont susceptibles de métastaser, d’autant plus que la tumeur est épaisse. Les mélanomes métastasés répondent mal aux chimiothérapies, avec un taux de survie relative à cinq ans évalué à 18 %. En France, plus de 1 500 décès par an sont imputables au mélanome.

DIAGNOSTIC

Objectif

La démarche diagnostique permet de confirmer la présence d’un mélanome, mais aussi d’identifier son type histologique et son stade d’évolution, critères qui guident le plan de traitement.

Orientation

Devant une lésion suspecte, l’orientation diagnostique est d’abord clinique, par un dermatologue : recherche d’antécédents personnels et familiaux, examen de la lésion et de la totalité de la surface cutanée, palpation des aires ganglionnaires. Une dermoscopie, examen au microscope de surface, peut être pratiquée en complément.

Confirmation

L’examen anatomopathologique de la lésion après son exérèse chirurgicale totale – et non une biopsie – confirme le diagnostic et précise le type de mélanome et ses caractéristiques. L’épaisseur, dit indice de Breslow, l’ulcération et l’indice mitotique, qui est le pourcentage de cellules cancéreuses en division permettant d’évaluer la vitesse de prolifération tumorale, sont les principaux facteurs pronostiques tissulaires.

Bilan d’extension

Selon les signes cliniques, les antécédents et les caractéristiques anatomopathologiques, des examens complémentaires peuvent être proposés à la recherche d’atteintes ganglionnaires et de métastases. Il s’agit :

> d’imagerie médicale : échographie des aires ganglionnaires de drainage de la lésion, scanner du cou, du thorax, de l’abdomen, du pelvis et du cerveau, imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale. La tomographie par émission de positons (TEP, voir Info+), dite « Pet Scan », est à réserver aux stades évolués, en complément d’autres examens ;

> technique du ganglion sentinelle, proposée pour aider à déterminer le stade d’évolution au moment du diagnostic de la tumeur primitive pour les mélanomes de plus de 1 mm de Breslow.

Classification

Le stade ou degré d’extension du cancer est déterminé selon la classification de l’Union internationale contre le cancer (UICC) et de l’American Joint Committee on Cancer (AJCC 2009) qui définit quatre stades principaux :

stade I : mélanomes localisés < 1 mm d’épaisseur ou non ulcérés, ganglions lymphatiques non atteints, ni métastase en transit ni métastase à distance ;

stade II : mélanomes localisés > 1 mm d’épaisseur ou avec ulcération, ganglions lymphatiques non atteints, ni métastase en transit, ni métastase à distance ;

stade III : mélanomes, quelle que soit l’épaisseur, avec envahissement locorégional (atteinte des ganglions lymphatiques ou présence de métastases en transit).

stade IV : mélanomes, quelles que soient l’épaisseur et l’atteinte ganglionnaire, avec métastases à distance.

Son traitement

OBJECTIFS

Selon le stade d’évolution, les objectifs de la prise en charge sont :

> de supprimer la tumeur et les métastases ;

> d’améliorer la qualité de vie des patients ;

> de limiter le risque de récidive ;

> de ralentir le développement de la tumeur et/ou des métastases ;

> de traiter les symptômes de la maladie et soulager les effets indésirables des traitements.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

Le traitement proposé dépend du type de tumeur, de sa localisation, de son stade et du patient : âge, pathologies chroniques, antécédents…

Le choix thérapeutique est guidé soit par les référentiels nationaux (SOR 2005 pour mélanomes localisés et Inca 2013 pour mélanomes métastatiques), soit discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire (dermatologue, chirurgien, oncologue, anapathomologiste…). La proposition de traitement est soumise à l’acceptation du patient lors de la visite d’annonce.

La chirurgie (exérèse de la tumeur) est le traitement de référence du mélanome cutané non métastatique, éventuellement associée à une immunothérapie par interféron alpha, qui stimule les défenses de l’organisme.

En cas d’atteinte locorégionale, ganglions ou métastases en transit, le traitement standard mêle la chirurgie au curage des ganglions lymphatiques envahis, éventuellement associée à une immunothérapie et/ou une chimiothérapie ; si la chirurgie est impossible, on recourt à la chimiothérapie.

En cas de métastases à distance, le traitement associe la chirurgie (exérèse des métastases si possible) et, selon la localisation, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Ces traitements sont essentiellement palliatifs, le stade métastasé répondant de façon médiocre aux traitements. De nouveaux traitements, thérapies ciblées et immunothérapies, peuvent dans certains cas allonger l’espérance de vie. De nombreuses molécules sont évaluées dans le cadre d’essais thérapeutiques.

CHIRURGIE

Exérèse élargie

Principe

Après l’exérèse diagnostique, une deuxième intervention permet l’exérèse « élargie » à but thérapeutique. Elle consiste à enlever une partie du tissu sain, ou « marge de sécurité », dont la taille dépend de l’épaisseur de la tumeur au moment du diagnostic.

En pratique

L’intervention se déroule le plus souvent sous anesthésie locale. Selon la localisation et l’étendue, la peau est refermée par suture, cicatrisation par bourgeonnement ou greffe de peau. Elle se fait en général en ambulatoire, en une heure dans la grande majorité des cas. C’est à cette occasion que se pratique la technique du ganglion sentinelle (voir « Bilan d’extension »).

Curage ganglionnaire

Principe

Le curage ganglionnaire consiste à retirer sous anesthésie générale les ganglions lymphatiques atteints de métastases de la zone de drainage de la tumeur.

Complications

À court terme, une phlébite, un œdème local, des troubles cicatriciels comme la lymphorrhée (écoulement de lymphe) ou lymphocèle (accumulation de lymphe).

À long terme, un lymphœdème local (rétention de lymphe) peut s’installer, traité par des séances de drainage lymphatique associés, selon localisation à une contention par manchon.

IMMUNOTHÉRAPIE PAR INTERFÉRON ALPHA

Principe

L’immunothérapie vise à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme pour l’aider à se défendre contre les cellules cancéreuses.

Les études montrent qu’elle retarde l’apparition d’éventuelles métastases mais n’augmente pas le taux de survie global.

Produits

L’interféron alpha est une protéine produite par les macrophages humains aux propriétés antivirales et antitumorales. Deux produits ont une AMM en France dans cette indication : l’interféron alpha 2a (Roféron A) et l’interféron alfa-2b recombinant (Introna), tous deux inscrits sur liste I et soumis à prescription initiale hospitalière. En pratique, ces médicaments sont peu prescrits par les dermatologues.

Posologie

Deux protocoles sont possibles selon le stade de la maladie :

le schéma « faible dose » , lorsque les ganglions ne sont pas atteints : 3 millions d’unités internationales (MUI) de Roféron A (seringues préremplies) en injection sous-cutanées trois fois par semaine pendant dix-huit mois ;

le schéma « forte dose », dans les mélanomes à haut risque de récidive, notamment en cas d’atteinte ganglionnaire : 20 MUI/m2 de peau par jour en perfusion intraveineuse, 5 jours sur 7, pendant quatre semaines, puis, en entretien, 10 MUI/m2 en sous-cutanée, trois fois par semaine pendant 48 semaines (11 mois). On utilise alors Introna, solution injectable ou pour perfusion en flacon à 10 MUI ou en solution injectable en stylo multidoses (18, 30 ou 60 MUI).

Conservation

Les produits doivent être gardés au réfrigérateur entre 2 et 8 °C et sortis une demi-heure avant administration. Les « multidoses » doivent être immédiatement remis au réfrigérateur et employés dans les quatre semaines. Un maximum de 48 heures à 25 °C est permis en cas de retard accidentel de remise du stylo Introna au frais.

Effets indésirables

Très variables individuellement, ils sont nombreux, dose-dépendants et généralement plus fréquents lors des trois premiers mois.

> Les plus fréquents : anorexie, perte de poids, nausées, diarrhées, syndrome pseudo-grippal (fièvre, frissons, arthralgies…), céphalées, asthénie, vertiges, tachycardie, hyper- ou hypotension, alopécie, hypersudation, infections (pharyngites, bronchites, herpès…), dyspnée, toux, réactions au point d’injection, déshydratation, hyperuricémie, soif …

> Des troubles hématologiques, leucopénie et thrombocytopénie, sont fréquents, notamment à dose > 10 MUI par jour, ainsi que les troubles hépatiques (hépatomégalies, augmentation des transaminases et gamma GT) et lipidiques.

> Des manifestations psychologiques sévères sont possibles : dépression, idées suicidaires, insomnies, hallucinations… et nécessitent une attention particulière.

> Une sensation de vision trouble est fréquente. D’autres troubles ophtalmologiques, comme une hémorragie rétinienne, sont plus rares mais graves.

> Des troubles thyroïdiens (hypo- ou hyper-) sont fréquemment décrits.

Surveillance

L’importance et la fréquence des effets indésirables nécessitent une surveillance clinique et biologique rapprochée avant et durant le traitement : hémogramme, bilan hépatique (transaminases, gamma GT), créatinine, bilans lipidique et thyroïdien. Bilan hépatique et numération formule sanguine (NFS) doivent être effectués une fois par semaine pendant la phase d’induction, puis mensuellement.

CHIMIOTHÉRAPIE « CLASSIQUE »

Principe

La chimiothérapie empêche les cellules cancéreuses de croître et de se multiplier. Dans le cas des mélanomes, mauvais répondeurs, elle est essentiellement palliative ; elle empêche le développement trop rapide de la maladie et peut en soulager les symptômes.

Médicaments utilisés

Les médicaments de chimiothérapie « classique » utilisés sont la dacarbazine en intraveineuse (Deticene 100 mg) et la fotémustine en intraveineuse (Muphoran, notamment indiqué en cas de métastases cérébrales). Ils sont administrés en ambulatoire à l’hôpital, le plus souvent via une chambre implantable (cathéter veineux central), en cures entrecoupées de périodes de repos.

Effets indésirables

Les plus fréquents sont une toxicité hématologique pouvant toucher les trois lignées (anémie, leucopénie, thrombopénie), des nausées accompagnées ou non de vomissements, des épisodes fébriles et une baisse d’appétit.

NOUVEAUX TRAITEMENTS

Ces dernières années, l’espérance de vie en cas de mélanome métastasé a été allongée par le développement de nouveaux traitements.

Les thérapies ciblées anti-BRAF

Elles ne sont utiles que si les cellules cancéreuses sont porteuses d’une mutation spécifique de l’ADN touchant « BRAF », responsable de la production d’une protéine qui active la prolifération anarchique des cellules cancéreuses. Deux thérapies anti-BRAF inhibant spécifiquement la protéine BRAF mutée sont actuellement disponibles, le vémurafénib et le dabrafénib, et prescrits de façon continue par voie orale. La survie sans progression globale est augmentée par rapport à la chimiothérapie classique, mais leur efficacité s’épuise au bout de six à huit mois.

Les principaux effets indésirables sont des éruptions cutanées (papillomes, verrues), une photosensibilité, des arthralgies, une asthénie.

L’immunothérapie par anticorps anti-CTLA-4

L’ipilimumab (Yervoy 5 mg/ml) est un anticorps dirigé contre le récepteur physiologique CTLA-4, qui freine la réponse immunitaire de l’organisme. Il est administré en intraveineuse à raison de 3 mg/kg, en quatre injections espacées de trois semaines. Moins de 20 % des patients « répondent » au traitement, mais le recul montre une survie allongée sur plusieurs années.

Les effets indésirables auto-immuns sont cependant sévères et peuvent nécessiter l’arrêt du traitement (ulcérations coliques, rashs cutanés étendus, hépatites…).

Autres

D’autres thérapies ciblées (anti-MEK notamment) et des immunothérapies (anti-PD1 et anti-PD1L) en cours d’évaluation seront bientôt disponibles.

RADIOTHÉRAPIE

Principe

La radiothérapie vise à détruire les cellules cancéreuses en envoyant des rayons radioactifs sur la tumeur. Elle est essentiellement palliative, pour soulager les symptômes liés à une compression métastatique rachidienne par exemple.

En pratique

La séance se déroule en salle d’irradiation et dure environ quinze minutes. Elle est indolore. Les effets indésirables sont essentiellement dus à l’irradiation des tissus aux alentours, le plus souvent une irritation, un œdème, une radiodermite, une alopécie et des maux de tête (irradiation cérébrale).

AUTRES TRAITEMENTS

La radiofréquence peut être utilisée pour anéantir certains types de métastases. Elle consiste à détruire les cellules cancéreuses sous l’effet d’ondes générées par électrodes introduites via une aiguille à travers la peau, qui génèrent une forte chaleur.

La cryochirurgie, employée notamment dans les métastases hépatiques, détruit les cellules cancéreuses par le froid ; des aiguilles introduites à travers la peau vont « congeler » la tumeur.

La chimiothérapie sur membre isolé vise à traiter une partie du corps de façon isolée (un membre supérieur ou inférieur) en dérivant la circulation sanguine afin d’y administrer de fortes doses de chimiothérapie.

SOINS DE SUPPORT

La prise en charge globale peut nécessiter des soins complémentaires en lien avec la maladie et/ou les effets indésirables des traitements : traitements de la douleur, de la fatigue, compléments nutritionnels, prise en charge psychologique et sociale, intervention socio-esthétique…

SUIVI

Il est avant tout basé sur l’autosurveillance et la surveillance dermatologique, et permet de détecter une éventuelle récidive ou de nouveaux mélanomes le plus tôt possible. Il dépend du stade lors du diagnostic et du traitement reçu.

Il comprend :

– un examen clinique complet de la peau de l’ensemble du corps et des aires ganglionnaires tous les trois ou six mois pendant cinq ans, puis tous les ans tout au long de la vie.

En dehors de ces consultations, le patient et ses proches (voir encadré p. 28) doivent être incités à pratiquer l’auto-examen cutané ;

– si besoin, des examens d’imagerie (échographie, scanner, IRM).

Conseils aux patients

SE PROTÉGER DU SOLEIL

Les UV étant un facteur de risque, il convient de limiter les expositions au soleil et d’interdire les UV artificiels des cabines de bronzage. En été, porter des lunettes, un chapeau, des manches longues. Utiliser sur les zones découvertes un écran solaire adapté au phototype et au mode d’exposition ; le renouveler régulièrement.

AUTO-EXAMEN CUTANÉ

Apprendre à examiner sa peau périodiquement pour repérer toute nouvelle lésion suspecte (voir encadré p. 28). Conseiller l’auto-examen cutané aux membres de la famille du premier degré (parents, enfants, fratrie).

SOUS INTERFÉRON ALPHA

> Boire régulièrement pour éviter l’apparition de déshydratation ou d’une hypotension.

> Attention à l’automédication, ne pas utiliser notamment le shosaikoto, une plante médicinale chinoise présentée comme stimulante de l’immunité, qui semble potentialiser le risque de pneumonies et pneumopathies décrites sous immunothérapie alpha.

> Vite signaler tout trouble de l’acuité visuelle.

> Conserver les produits au réfrigérateur et les sortir une demi-heure avant injection.

SURVEILLER LA FIÈVRE

Bien que la fièvre soit un effet indésirable fréquent des traitements d’immunothérapie et des chimiothérapies, si elle persiste au-delà de 38 °C, d’autres causes infectieuses doivent être écartées. Il faut consulter rapidement.

LIMITER LES NAUSÉES

Fréquents sous chimiothérapies, immunothérapie ou radiothérapie, les nausées et vomissements peuvent être limités par quelques règles simples : privilégier les aliments froids ou tièdes moins odorants que les chauds, fractionner les quantités en plusieurs petits repas, manger lentement, faire un repas léger avant et après les traitements, boire avant et après le repas plutôt que pendant.

SE FAIRE AIDER

Ne pas négliger la fatigue et les perturbations liées à l’annonce de la maladie et de son traitement. Si besoin, une aide à domicile et un aménagement du temps de travail sont possibles, en partie financés ou indemnisés selon conditions de ressources. Un soutien psychologique est parfois nécessaire aussi, auprès d’un professionnel de santé (psychologue, psychiatre…), d’un groupe de parole ou d’une association locale (coordonnées sur le site www.e-cancer.fr).

Avec l’aimable participation du professeur Marie-Thérèse Leccia, chef de la clinique de dermatologie, allergologie et photobiologie, CHU Michallon, Grenoble (Isère).

Info+

Très rare chez l’enfant, le mélanome cutané survient à tout âge chez les adultes, l’âge moyen du diagnostic étant de 56 ans.

Info+

Le mélanome cutané représente entre 2 et 3 % de l’ensemble des cancers. Il se situe au 11e rang des cancers les plus fréquents chez l’homme et au 9e rang chez la femme.

Info+

Il existe deux types de mélanine. L’eumélanine (dite « noire »), sécrétée par les peaux mates, permet une photo-protection efficace essentiellement contre les UV-B. La phæmélanine (dite « rouge »), secrétée majoritairement par les roux et les blonds qui ne bronzent pas, est beaucoup moins protectrice.

Six phototypes

I : peau très blanche qui rougit et ne bronze pas, cheveux blonds ou roux, yeux bleus/verts, souvent tâches de rousseur.

II : peau claire, cheveux blonds roux à châtains, yeux clairs à bruns, coups de soleil fréquents, peu de bronzage ou lent.

III : peau intermédiaire, cheveux châtains à bruns et yeux bruns, coups de soleil occasionnels, bronzage graduel.

IV : peau mate, cheveux et yeux bruns/noirs, coups de soleil occasionnels, bronzage facile.

V : peau brun foncé, cheveux et yeux noirs, coups de soleil rares, bronzage intense.

VI : peau noire, cheveux et yeux noirs, coups de soleil exceptionnels.

Info+

La tomographie par émission de positons (TEP ou PET Scan) reconstitue une image en 3D des organes après injection de glucose faiblement radioactif. Les cellules tumorales fixant mieux le glucose que les normales, elle peut repérer des métastases invisibles à l’échographie ou au scanner (si les lésions font plus de 7 mm).

Principales contre-indications médicales des interférons alpha

– Antécédents d’affection cardiaque sévère.

– Insuffisance rénale ou hépatique sévère ou médullaire.

– Épilepsie et/ou atteinte des fonctions du système nerveux central.

– Hépatite chronique évoluée et décompensée, ou récemment traitée par des agents immunosuppresseurs, cirrhose hépatique.

– Hépatite auto-immune ou antécédents de maladie auto-immune, patients transplantés.

– Troubles thyroïdiens préexistants non contrôlés.

– Enfants et adolescents (Roféron), nourrissons et jeunes enfants (Introna).

– Présence ou antécédents de troubles psychiatriques sévères, particulièrement dépression sévère, idées suicidaires ou tentative de suicide.

Un auto-examen cutané en 15 minutes

Pour dépister précocement l’apparition d’une lésion suspecte ou la transformation d’un nævus, réaliser tous les un à trois mois un examen de l’ensemble de sa peau en trois temps.

Info+

Les mélanomes peuvent beaucoup plus rarement se développer au niveau d’une muqueuse (cavité buccale, nasopharynx, vagin…) ou au niveau oculaire.

Interview

“Un trait d’union patients-médecins Pourquoi cette association”

Béatrice Champenois, présidente de l’association Vaincre le mélanome

Pourquoi cette association ?

Cette association a été créée il y a cinq ans par plusieurs personnes qui ont perdu un proche de cette maladie, en collaboration avec l’équipe médicale de l’institut Gustave-Roussy. Notre objectif est de faire le trait d’union entre les patients ou leurs proches, les médecins et les chercheurs.

Quelles sont ses missions ?

Faire progresser la recherche et l’information du grand public et des professionnels de santé. Le site Internet fournit des informations générales. On répond par mail aux demandes plus particulières. On organise une collecte de dons, reversés entièrement à la recherche contre le mélanome, des conférences d’information, notamment à destination des professionnels de santé, et de la formation pour les médecins. Nous sommes contactés pour des événements ponctuels en région. Nous proposons aussi aux patients ou à leurs proches de participer à des groupes de parole gratuits, qui ont lieu une fois par mois à Paris.

Quelles sont les demandes des patients ou de leurs proches ?

Elles sont très variables. Toutes les questions d’ordre médical sont confiées à des médecins spécialisés. L’association répond aux questionnements sur la gestion de la maladie au quotidien et sur sa prévention.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !