Pompier bon œil - Porphyre n° 502 du 30/04/2014 - Revues
 
Porphyre n° 502 du 30/04/2014
 
AMANDINE DEISS

C'est vous

Amandine Deiss est préparatrice chez les pompiers. Fuir la pression du chiffre et exercer plus librement est son leitmotiv.

Amandine déballe les compresses pour examiner leur texture. Infirmier, pharmacien et médecin passent également le matériel au crible… Un travail minutieux. La qualité des compresses sera notée sur 50, leur prix sur 20 et, à l’issue de la matinée, tous tomberont d’accord sur le meilleur rapport qualité/prix. Le fournisseur des compresses « lauréates » remportera le marché auprès de la pharmacie pour quatre ans.

Cette pharmacie, c’est celle du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Pas-de-Calais. Ici, point de visites de représentants, ni de négociations in situ : « Les fournisseurs sont choisis par la commission pluriprofessionnelle du SDIS parmi les répondants à nos appels d’offres », explique Amandine. La préparatrice travaille depuis six ans dans la pharmacie à usage intérieur (PUI) d’un SDIS, à l’image d’une centaine de préparateurs en France. Ces PUI fournissent les antennes des sapeurs-pompiers du département en matériels et médicaments d’urgence. Dans la pharmacie d’Amandine s’affairent deux préparateurs, deux pharmaciens, un pompier et deux adjoints techniques affectés à l’oxygène et au matériel médico-secouriste.

Changement de cap

En 2008, Amandine a délaissé l’officine pour fuir « un manque de reconnaissance, un salaire trop faible et un métier devenu trop commercial ». Ses journées ont radicalement changé. Désormais, « c’est zéro contact avec les patients, mais des échanges formateurs avec les médecins du SDIS et les pompiers des centres de secours ». Les commandes se résument au nécessaire d’urgence - adrénaline, compresses et désinfectants… - et aux produits d’hygiène pour désinfecter les véhicules des casernes. Amandine parcourt les centres de secours pour vérifier les stocks, assure la maintenance des défibrillateurs et autres aspirateurs… « Nous avons appris à les réparer au cours de petites formations dispensées par les laboratoires ». Les pannes importantes sont relayées au technicien spécialiste. À chacun sa mission, y compris à la pharmacie, où les rapports sont détendus : « Notre rôle n’est pas de vendre et le pharmacien n’est pas soumis à la pression du chiffre. Il est chef de la PUI, mais pas chef d’entreprise ».

Statut inexistant

Seule ombre au tableau, « notre statut est inexistant dans les classifications de la fonction publique. Les pharmaciens sont ‘‘pharmaciens pompiers’’, mais les préparateurs ne sont qu’adjoints techniques… » La grille des salaires est certes avantageuse, mais le diplôme n’est pas valorisé, bien qu’exigé pour le recrutement. L’évolution de carrière n’est pas plus réjouissante : « Les concours pour monter en grade requièrent le choix d’une option, mais aucune n’entre dans nos missions ». La plus abordable est « l’option logistique », mais encore faut-il maîtriser les normes de sécurité et la conduite des véhicules des casernes. Une fois cet obstacle franchi, un grade supérieur promet un salaire plus élevé, mais pas un poste au même niveau. Pas question en effet de confier une PUI à un préparateur, même gradé « chef de service ». Le chef de la PUI reste le pharmacien… L’alternative pour évoluer au sein d’un SDIS serait de changer de métier, comme devenir secrétaire. Amandine n’y a jamais pensé.

Amandine Deiss

Âge : 30 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Saint-Laurent-Blangy (62).

Ce qui la motive : échapper à la pression du chiffre pour exercer plus librement et accomplir des missions variées.

Si vous étiez titulaire ?

Je serais détachée du chiffre, je développerais le conseil et placerais le patient au centre de mes préoccupations… Probablement une mauvaise chef, car trop gentille !

Si vous étiez une cliente ?

Je serais plutôt discrète, pudique et je me débrouillerais seule, sans demander conseil.

Si vous étiez un médicament ?

Un antidépresseur pour redonner le sourire ! Trop de gens sont stressés par leur travail et font souvent la tête…

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