Les ceintures de soutien lombaire - Porphyre n° 500 du 04/03/2014 - Revues
 
Porphyre n° 500 du 04/03/2014
 

Le matériel

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

DÉFINITION

Les ceintures de soutien lombaire (CSL) sont des orthèses appartenant à la catégorie plus large des « ceintures médico-chirurgicales et corsets orthopédiques en tissu armé » du titre II, chapitre 1 (orthèses, ex-« petit-appareillage ») de la liste des produits et prestations remboursables (LPPR).

Les CSL, presque exclusivement de série, se distinguent des ceintures de maintien lombaire, réalisées sur mesure.

CARACTÉRISTIQUES

La LPPR définit une structure de base pour une prise en charge par l’Assurance maladie : tissu élastique d’une force supérieure à 350 centi-Newton par centimètre lorsqu’il est étiré de 30 %, dos doublé comportant quatre ressorts en acier de 24 mm de large au dos et deux ressorts souples devant, fermeture réglable.

Aucune adjonction ou supplément ne peut s’associer à la tarification des CSL, mais les fabricants proposent des améliorations techniques en vue de renforcer l’efficacité et d’améliorer la mise en place et le confort (voir critères de choix).

ACTION THÉRAPEUTIQUE

Un effet « tuteur » : la ceinture augmente la pression intra-abdominale, participe au transfert des forces entre le thorax et le bassin, et réduit ainsi la pression sur les disques intervertébraux.

Une immobilisation partielle du rachis, antalgique : les baleines et le tissu élastique limitent la mobilité, notamment latérale et les mouvements de rotation, de la colonne lombaire.

Un rappel proprioceptif (sensibilité aux stimulations produites par les mouvements du corps) : la ceinture oblige à adapter les mouvements et postures en « forçant » à mobiliser d’autres segments lombaires pour compenser le blocage du segment douloureux. Exemple : plier les genoux et garder le dos droit plutôt que de se pencher pour porter une charge.

Un effet thermique et myorelaxant.

INDICATIONS

Les ceintures de soutien lombaire, essentiellement à visée antalgique, sont destinées aux rachis douloureux non pathologiques, dans la prise en charge d’épisodes lombalgiques aigus (lumbagos, sciatiques, hyperlordose de la grossesse…) ou en prévention de lombalgies chroniques (lors d’activités physiques intenses, manutention, long trajet…). Leur durée d’utilisation est donc temporaire ou discontinue.

À noter : aucun risque de fonte musculaire ou d’enraidissement n’a été montré lors du port d’une CSL. Elle doit par contre être employée avec précaution chez les patients très maigres, en raison du risque de lésions cutanées au point d’appui, ou souffrant de déficience au niveau du diaphragme ou du plancher pelvien.

CRITÈRES DE CHOIX

Le « bon » choix est celui accepté (donc porté) par l’utilisateur. Il faut trouver le compromis entre contention et confort avec le patient et respecter la prescription.

La coupe

Elle doit être adaptée à la morphologie. Certaines ceintures sont unisexes, d’autres « homme » ou « femme », avec notamment moins de gêne au niveau de la poitrine et une largeur accrue au niveau des hanches, ou spécial grossesse avec des appuis limités sur le ventre.

Le tissu

Plus rigide, il permet une contention forte ; plus souple, il est plus confortable.

La contention

Outre l’élasticité du tissu et le nombre et la rigidité des baleines, le soutien peut être renforcé, éventuellement de façon progressive, par des éléments d’étirement variable, solidaires de la ceinture (sangles de rappel) ou non (extenseurs amovibles).

Le condiv

Les circonstances de survenue de la douleur guident le choix de contention, soutenue pour une lombalgie aiguë, souple en prévention de douleurs récidivantes, en cas d’activité modérée récurrente (voiture, bureau…), progressive en cas d’activités variées (sport, jardinage…), à soutien renforcé en cas d’activités soutenues (manutention…).

Le confort d’utilisation

Outre le type de tissu, certaines caractéristiques peuvent améliorer l’acceptabilité : les pattes de préhension ou « passe-main » ou « passe-doigt » facilitent la prise et l’étirement des pans de la ceinture avant fixation du Velcro (en cas de forces diminuées, personnes âgées), coussin de confort amovible à placer au niveau du dos, plaques dorsales à picots décontracturants, ceintures gonflables selon besoins, bretelles qui permettent le maintien en place même desserrée (utilisation intermittente lors de manutention…).

LES MARQUES

Liste non exhaustive : BSN Medical Actimove LombaCare (ActiveFit, Fine…), Bauerfeind (LomboLoc, LomboTrain…), Cooper Salva (Progress, Stylactive…), DJO (Donjoy Lombosacrée, gonflable, Dynalomb, Dynastrap, Lombostrap…), Gibaud (Lombogib Underwear, Reactive, Double Action…), Hartmann Rhena (Lumbal Anatomic, Anatomic+, Forte, Grossesse…), Lohmann et Rausher (Vertelomb, Dorsamix…), Medi France (Lombamed Basic, Stabil…), Ormihl Danet (Pubistrap, Stabilom…), SM Lombobelt (Active, Evolutive…), Sodit Greenortho, Thuasne (Lombamum, Lombaskin, Lombacross Activity, Lombatech…).

PRISE DE MESURES

La hdiv

Elle est orientée par la taille du patient, généralement 21 cm pour une taille < 1,60-1,70 m, à ajuster selon essayage, et 26 cm au-delà. Certains fabricants proposent des tailles supérieures pour les plus de 1,85 m.

La ceinture est efficace si elle permet de couvrir au moins deux étages vertébraux au-dessus de la zone douloureuse précisée par le patient avec sa main.

La taille

Elle est déterminée par la mesure du tour de taille, qui se prend 2 cm au-dessus des crêtes iliaques, sans serrer le mètre, ni le ventre rentré ; parfois par celle du tour de hanche 10 cm sous la taille. Certains laboratoires proposent des « ceintures mesure » permettant une lecture directe de la taille sur le patient.

ESSAYAGE

Il est systématique pour vérifier la taille, adapter l’orthèse à la morphologie et expliquer son mode d’emploi.

> Positionner le bas de la ceinture ou bord inférieur à la hdiv du pli fessier au ras du coccyx, les baleines centrales de part et d’autre de la colonne vertébrale sans appui sur un zone osseuse.

> Serrer sans que la ceinture ne gêne la respiration, ne comprime les côtes flottantes, la vessie ou n’appuie sur les parties molles (poitrine, abdomen…). Faire : asseoir le patient pour vérifier que c’est aussi le cas en position assise.

> Si besoin, adapter la cambrure des baleines conformables à la morphologie du patient ; pour cela, retirer la ceinture et tordre doucement les baleines en s’appuyant sur le bord d’une table.

UTILISATION

Une CSL se porte classiquement la journée en cas de lombalgie aiguë et de façon intermittente si l’action préventive est recherchée (lors d’effort, de sport).

Ne pas la mettre à même la peau, mais sur un linge de corps fin ou sur les vêtements. La laver à la main à l’eau tiède, voire à la machine selon la marque ; séchage à l’air libre, à plat.

LÉGISLATION

Prescription

Ordonnance à part : la prescription doit être libellée sur une ordonnance particulière, indépendamment de tout autre traitement, médicaments ou matériel.

Prescripteurs autorisés : médecin, masseur-kinésithérapeute (depuis 2006). La sage-femme prescrit les « ceintures de grossesse de série », qui permettent de mieux supporter le poids du ventre, mais ne peut prescrire une CSL même adaptée à la femme enceinte.

Libellé : l’ordonnance doit idéalement préciser l’article, la nature et le siège de l’atteinte, les objectifs à atteindre pour une correction, un maintien et une application optimals.

Délivrance

Locaux : l’agrément n’est plus nécessaire depuis 2001(1). L’ordre des pharmaciens(2) recommande la présence d’un espace réservé à l’accueil personnalisé, notamment à l’essayage, de conditions d’isolation phonique et visuelle pour la confidentialité, et d’équipements nécessaires à l’adaptation de l’appareillage et à son suivi.

Renouvellement : non car leur usage est présumé sporadique ou temporaire.

Tarif de responsabilité

Sans entente préalable, sur la base du tarif LPPR, variable selon la hdiv :

– hdiv dos de 21 cm : code LPPR 201 E 00.021, tarif : 47,19 € ;

– hdiv dos de 26 cm (et plus) : code LPPR 201 E 00.022, tarif : 55,86 €.

Il n’y a pas de prix de vente maximal au public, d’où un dépassement autorisé que certaines mutuelles prennent en charge, en partie ou en totalité, selon les contrats des patients.

Avec l’aimable relecture de David Bognon, orthopédiste-orthésiste-podologiste, Versailles (78).

(1) Abrogé par le décret n° 2001-256 du 26 mars 2001 relatif à la prise en charge des produits et prestations mentionnés à l’article L. 165-1 du code de la Sécurité sociale.

(2) Recommandations pour l’aménagement des locaux de l’officine, Ordre des pharmaciens, 2013.

Loïc Regnard, BP en 2007, travaille dans une HAD à Lens (62)

Une rubrique matériel est devenue indispensable dans les pages des revues professionnelles. Avec une population qui vieillit et le développement du maintien à domicile, c’est un secteur qui peut être pris en charge par les préparateurs. Les dispositifs médicaux sont un secteur dans lequel ils ont un rôle à jouer, mais il faut se tenir régulièrement au courant des nouveaux produits et des différentes technologies. Pour les pansements, par exemple, il existe tellement de références et d’indications précises qu’il est difficile de s’y retrouver ! Des tableaux de synthèse sont plus qu’utiles, un outil pour le quotidien.

Memento délivrance

Seule figure la ceinture sur la prescription.

Ne pas substituer une marque par une autre, sauf situation d’urgence justifiée et avec accord préalable du prescripteur.

Assurer la prise de mesures et un essayage systématique.

Vérifier que le patient est capable de la mettre seul. Expliquer le mode d’action (antalgique, rappel de posture…) et sa mise en place.

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