L’ostéopathie en quête de légitimité - 28/04/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
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L’ostéopathie en quête de légitimité

© D. R.

Treize millions de Français recourent à un ostéopathe chaque année, dont forcément nombre de vos patients et vous-même peut-être. Neuf fois sur dix parce qu’ils souffrent et dans 62 ? des cas, ces douleurs sont musculo-squelettiques (voir encadré p. 22). « Jai deux hernies et quand je ne peux plus tourner la tête ou me lever, je me fais manipuler par mon médecin rééducateur ostéopathe,  témoigne Sophie, adjointe dans le Vaucluse (84). Mais je ne ferais pas confiance à un simple ostéopathe ». Difficile de la blâmer et pour cause.
Ni métier, ni profession de santé, l’ostéopathie est positionnée depuis 2007 comme un « titre ». Divisions interne disparité des pratiques, opposition des professionnels de santé face aux ostéopathes exclusifs ni médecins ni kinésithérapeutes, chiffre d’affaires colossal et très lucratif des écoles, nombre de praticiens qui explose, inertie des autorités compétentes… la situation de l’ostéopathie est chaotique pointait l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans son rapport « Le dispositif de formation à l’ostéopathie », d’avril 2010. Depuis, la formation est passée de trois à cinq ans et le nombre d’écoles de 77 à 31. Pour autant, la discipline gagnerait encore à davantage de clarté. Elle qui ne bénéficie même pas d’une « définition consensuelle » par « une autorité reconnue » d’après l’Igas.

Au moment de choisir son thérapeute
« Lusage du titre dostéopathe [] est réservé aux personnes titulaires dun diplôme sanctionnant une formation spécifique à lostéopathie [] délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la santé... », précise la loi de 2002. En 2007, un décret est venu encadrer les actes et conditions d’exercice de l’ostéopathie (voir encadré p. 21). « En raison de la multiplication des recours, toutes les personnes ayant fait une demande après 2007 ont reçu du préfet le droit duser du titre quelle que soit leur formation », affirme Stéphanie Durantet, présidente du Registre des ostéopathes de France (ROF), qui se positionne comme une association à vocation ordinale. « On avait tout et nimporte quoi, analyse le Dr Rault, membre du Conseil national de l’ordre des médecins. Les agréments ont bien cadré les choses, avec une formation plus sérieuse ». Pourtant, Michel Sala, président de l’Association française d’ostéopathie (AFO), l’une des quatre organisations professionnelles représentatives des « ni-ni », c’est-à-dire des ostéopathes ni médecins ni masseurs-kinésithérapeutes, explique que nombre d’écoles se sont contentées de fusionner leur offre. Beaucoup basent encore leur formation sur des notions de circulation des fluides et des énergies. « On frise parfois un esprit sectaire quand on enseigne à partir dune ‘‘philosophie’’ ostéopathique, dénonce Michel Sala. Il faut sortir des concepts de Still (fondateur de l’ostéopathie à la fin du XIXe siècle, NDLR). Quand on donne des centaines dheures de cours de ‘‘thérapie crânio-sacrée’’, on est en plein ésotérisme ». Pour Stéphanie Durandet aussi, « certaines écoles nont pas joué le jeu de la qualité après les décrets ».

Kinés-ostéopathes, si proches, si loin...

Dans ce contexte, consulter un médecin ostéopathe est-il préférable ? Sachant qu’ils ont leur propre DU d’ostéopathie sur trois ans. « Franchement, vous pouvez avoir d’excellents ostéopathes ‘‘ni-ni’’ et de très mauvais ostéopathes médecins, décrypte le Dr Rault. Mais le médecin a plus d’armes, avec la prescription d’examens par exemple, pour juger de l’intérêt ou non de la technique face à une situation un peu plus compliquée ». L’ordre des masseurs-kinésithérapeutes est beaucoup plus tranché, appelant les patients à s’adresser à un ostéopathe professionnel de santé, médecin, infirmier, masseur-kinésithérapeute… (voir encadré p. 21). L’Ordre a d’ailleurs contesté devant le Conseil d’État les 1 800 heures nécessaires à un kiné pour obtenir le titre d’ostéopathe. « Le nombre d’heures n’est pas un problème pour des professionnels de santé motivés, réagit Barnabé Moulin, qui a suivi un cursus d’ostéopathie à temps partiel durant six ans lorsqu’il était kinésithérapeute. Pour avoir un geste sûr, il faut le réaliser quotidiennement ». Mais les observateurs reconnaissent que la différence entre les « manipulations » de l’ostéopathe et les « mobilisations » du masseur-kinésithérapeute est parfois ténue...

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À lire dans Porphyre n° 522 de mai 2016.


François Silvan

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