Maîtrisez votre découvert bancaire - Pharmacien Manager n° 152 du 28/10/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 152 du 28/10/2015
 

PRATIQUES GESTION

Auteur(s) : François Pouzaud

Signe inquiétant et souvent révélateur de difficultés financières, le découvert bancaire est fréquent en officine. Il faut néanmoins y avoir recours à bon escient !

Régine Leroy, titulaire à Grenoble, n’a pas d’autre choix que d’utiliser le découvert bancaire. « Heureusement, sans dépasser le plafond autorisé. J’y veille de près, en particulier aux périodes les plus critiques pour la trésorerie (septembre, fin décembre, mars-avril) », confie-t-elle. Le cap le plus compliqué est celui de septembre en raison du « trou du mois d’août » où, faute de rentrée de chiffre d’affaires, la trésorerie plonge… au moment où il faut payer les achats de juillet. « Aussi, dès fin juin, j’anticipe en réduisant sérieusement les commandes en direct », explique-t-elle. Virginie Ronzier, directrice régionale parisienne chez Interfimo, a une tout autre vision du découvert. « Il faut l’utiliser comme un outil de gestion et de discussion avec son banquier, pour mieux anticiper les difficultés », assure-t-elle. Recourir au découvert bancaire pour faire face à des insuffisances de trésorerie coûte cher, et doit donc être une pratique ponctuelle. Et pour cause : son taux est élevé (12 %, voire plus avec les frais annexes) et les agios appliqués en cas de dépassement de découvert quasi assassins. « Le taux du découvert est très difficilement négociable. Mais son plafond un peu moins, ajoute Virginie Ronzier. En général, le montant de découvert autorisé correspond à dix jours du CA confié à la banque. » Et si le pharmacien a besoin exceptionnellement d’une petite rallonge qu’il peut justifier (investissements, charges non prévues, etc.), il peut encore négocier une facilité de caisse temporaire qui ne sera pas plus onéreuse si c’est un bon client. Reste que l’objectif le plus intéressant est de réussir à réduire le découvert. Et c’est possible…

SCRUTEZ l’évolution de votre trésorerie sur l’année passée

Joffrey Blondel, directeur gestion officinale de CERP Rouen (groupe Astéra), recommande de réaliser une étude graphique pour voir à quel moment le titulaire est en découvert et sur quelle durée. « Ce graphique permettra de repérer les périodes et le montant du découvert. Il est probable que la banque puisse fournir cette étude. Le pharmacien jugera ensuite si ces périodes sont le fait d’un événement exceptionnel ou le fait d’une conjoncture qui se répétera normalement l’année prochaine. »

ÉTUDIEZ les flux de trésorerie sur le dernier bilan

Là encore, il faut faire appel à ses partenaires (expert-comptable, conseiller financier de son grossiste, voire aux deux en même temps) pour qu’ils puissent établir en synergie une analyse complète des mouvements de trésorerie générés par l’ensemble de l’activité sur l’exercice considéré. « Ce second travail permet de contrôler finement si l’activité courante génère un surplus de trésorerie ou si elle en consomme », explique Joffrey Blondel. Le second cas de figure peut être sournois. Les difficultés de trésorerie ne sont pas toujours détectées à temps car elles oscillent avec une tendance vers le bas, mais quand on touche le fond, il est déjà trop tard ! « A ce stade, la pharmacie n’est plus simplement confrontée à une optimisation de la gestion du découvert mais bien à une étude de la refonte de la gestion et/ou des financements », alerte-t-il.

ANALYSEZ les éléments constitutifs du besoin en fonds de roulement (BFR)

Les principaux éléments sont le crédit clients, le stock et les dettes fournisseurs. Si, par exemple, il en ressort que le niveau de stock est trop élevé comparé aux officines de même taille et de même type, alors sa réduction permettra de limiter le recours au découvert. Exemple, une réduction de 10 000 € du stock apportera la trésorerie équivalente (toute chose égale par ailleurs). Idem au niveau du compte crédits clients. « Si le pharmacien a laissé filer ses encours par manque de réactivité ou par une politique trop laxiste au comptoir ou vis-à-vis de ses clients professionnels (EHPAD, infirmières…), la mise en place d’un plan d’actions visant à récupérer les sommes dues viendra également renflouer sa trésorerie », explique Joffrey Blondel.

ÉTABLISSEZ un prévisionnel mensuel de trésorerie

« Ce document sur les 12 mois à venir est de plus en plus réclamé par les banques, signale Virginie Ronzier. En visualisant mieux les entrées et les sorties auxquelles le pharmacien devra faire face chaque mois, le plan prévisionnel de trésorerie permet de mieux appréhender ses éventuels besoins en découvert, et donc d’anticiper d’éventuelles difficultés. »

Le B.A.-ba

Le montant du découvert bancaire figure dans le compte de résultat, plus exactement dans le compte 627 intitulé « services bancaires » où sont regroupés les commissions et frais divers perçus par la banque lorsque le découvert autorisé est dépassé ou lorsqu’il y a des rejets ou des impayés, etc. Et c’est dans le compte 661 intitulé « intérêts bancaires » que sont comptabilisés les intérêts liés à l’utilisation du découvert.

Les montants figurant sur ces deux lignes comptables représentent les frais liés au découvert. La surprise de découvrir des sommes pouvant dépasser les 8 à 10 000 € doit amener le pharmacien à revoir sa gestion du découvert.

Exigez toujours de votre banquier de confirmer une autorisation de découvert dans un document écrit, signé par les deux parties, et mentionnant le montant, la durée du découvert autorisé et le TEG des intérêts.

Cependant, si vous avez effectué une dépense imprévue, susceptible de rendre le compte débiteur au-delà du découvert autorisé, informez-en votre banquier préventivement et examinez ensemble les mesures qui vous seront le plus favorables.

Un découvert bancaire autorisé doit être utilisé ponctuellement compte tenu de son taux d’intérêts élevé et de ses agios.

Si les problèmes d’insuffisance de trésorerie se répètent, il faut envisager d’autres solutions de financement moins onéreuses (comme le crédit de trésorerie ou le crédit découpage grossiste) avec l’aide de son banquier ou son comptable.

POUR ALLER + LOIN

→ Trésorerie d’entreprise : Gestion des liquidités et des risques. Hubert La Bruslerie, Catherine Eliez Collection : Management Sup, éditions Dunod.

A connaître

Les alternatives

Le coût du découvert bancaire est prohibitif. C’est pourquoi, en cas d’abus de cette facilité de caisse, Joffrey Blondel, directeur gestion officinale de CERP Rouen, conseille, « compte tenu de la faiblesse des intérêts d’emprunt actuels, de négocier un crédit de trésorerie sur quelques années ». A un taux inférieur à 3 %, il n’y a pas photo ! Le découvert peut également être évité, ou en tout cas minimisé, par la mise en œuvre d’un crédit découpage du grossiste (étalement d’un mois d’achat sur 12 mois) ou la demande d’une avance sur remises à ce fournisseur. Attention toutefois avec ce type d’aide ! Il ne doit pas masquer un déficit de trésorerie qui s’aggrave.

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