Bientôt des robots à l’officine ? - Pharmacien Manager n° 170 du 29/08/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 170 du 29/08/2017
 

TENDANCES

Auteur(s) : Yves Rivoal

Ils s’appellent Pepper, tiki, Heasy, Buddy… Vous ne les connaIssez pas encore, et pourtant, ces robots sociaux seront probablement bientôt à vos côtés à l’officine pour accueIllIr, Informer et orienter Vos clients. Préparez-Vous…

Lorsqu’on lui demande s’il y aura bientôt des robots dans les officines, Richard Malterre, digital business director de Lonsdale Digital, l’agence de design qui a déployé des robots chez Darty, Renault, Uniqlo et Carrefour, répond : « La question ne se pose plus en ces termes car oui, les robots feront bientôt leur entrée dans les pharmacies. La question qu’il faut se poser, c’est combien de semaines ou de mois vont s’écouler avant que cela n’arrive… » Même son de cloche du côté des fabricants de robots. « Nous sommes en contact avec plusieurs grandes officines qui s’interrogent d’ores et déjà sur l’opportunité de déployer un robot sur leurs points de vente », confie Max Vallet, fondateur de Hease Robotics, la start-up lyonnaise qui a conçu le robot d’accueil Heasy.

UN AVENIR proche.

Il va donc falloir vous y faire, Pepper, Tiki, Heasy ou Buddy, ces petits robots « made in France », plus ou moins humanoïdes et dotés d’un écran tactile, feront bientôt partie intégrante de votre équipe. Et ils pourraient même très vite devenir des « collaborateurs » indispensables tant le champ des possibles semble infini. Ces robots peuvent d’abord être utilisés pour accueillir les clients. « Tiki dit bonjour et souhaite la bienvenue à tous ceux qui entrent sur un point de vente, explique Guillaume de la Rue, le fondateur d’Event Bots, la start-up rouennaise qui a déjà déployé son robot sur des points de vente d’Orange, de L’Oréal, du Crédit Agricole et du PMU. Il peut aussi orienter les clients vers le comptoir des ordonnances ou l’espace parapharmacie en montrant la direction. » Les robots ont aussi vocation à remplacer les bornes d’information. Sur l’écran tactile, les clients peuvent consulter les promotions, le site Internet de la pharmacie, la base de données des produits en stock… Ils peuvent aussi être mis à contribution pour réaliser des enquêtes, recueillir des avis, ou encore animer le point de vente. Renault a, par exemple, déployé le robot Pepper de Softbank Robotics dans 120 concessions afin de créer une cohérence avec la publicité diffusée à la TV. « Les concessionnaires s’en sont aussi servis pour gérer la file d’attente, le robot ayant pour mission de dialoguer avec les clients et de leur faire gagner des places de cinéma », souligne Richard Malterre.

UNE AIDE à la vente.

Ces petits bijoux de technologie sont également déjà présents sur le terrain. En assurant, par exemple, les encaissements, chose que fait Heasy avec son TPE intégré. Engie est allé encore plus loin en demandant à Pepper de vendre dans les magasins Darty un pack qui comprenait le thermostat Nest de Google et une offre d’énergie. « Le robot était utilisé pour toute la partie pédagogique, explique Richard Malterre. Il devait d’abord présenter l’avantage de la maison connectée, puis qualifier si le client était éligible à l’offre afin de pouvoir être relayé par un vendeur. » Résultat : pendant les trois mois de l’expérience, le nombre de packs vendus a été multiplié par trois… Si on se projette dans trois ou cinq ans, les prochaines générations de robots feront probablement des choses que l’on n’imagine pas encore. « Aujourd’hui, Tiki parle, mais il n’entend pas, explique Guillaume de la Rue. à partir du mois de septembre, grâce à la reconnaissance vocale et à l’analyse naturelle du langage, Tiki pourra avoir un vrai dialogue avec le client. » Via des objets connectés de santé, ces robots sont aussi capables de mesurer le poids, la tension ou le taux de glycémie. Pepper embarque déjà les dispositifs médicaux de la gamme BewellConnect tels que MyTensio et MyThermo. « Demain, après avoir soumis un questionnaire au patient, ils formuleront un premier niveau de diagnostic, en invitant à consulter le pharmacien lorsque le cas se révèle trop complexe », souligne Max Vallet. On peut enfin présager qu’ils investiront l’étape d’après, celle du conseil pharmaceutique. « Un robot qui abriterait Watson, la solution d’intelligence artificielle d’IBM, pourrait tout à fait formuler un premier niveau de conseil qui serait ensuite validé par l’équipe officinale », estime Richard Malterre.

ON N’ARRÊTE PAS le progrès !

Mais, pour voir ces robots bouger, il faudra attendre 2018. « Nous mettrons alors sur le marché un nouveau robot, Maava, qui, grâce à la cartographie 3D, saura se déplacer dans les rayons pour conduire le client vers le produit qu’il cherche », annonce Guillaume de la Rue. Dans trois ou cinq ans, les robots seront aussi devenus multifonctions et beaucoup plus intelligents comme l’explique Xavier Basset, fondateur et président d’Hoomano, une société qui développe des applications pour les robots. « Grâce aux moteurs de recommandations, aux programmes d’intelligence artificielle et aux machines learning, ils seront capables de prendre la bonne décision à un instant T en fonction du condiv, et ils enrichiront eux-mêmes leur niveau de connaissances en analysant ce qui a bien fonctionné ou pas dans les interactions avec leurs interlocuteurs. »

À QUEL prix ?

Vous l’aurez compris, les robots ne semblent pas avoir de limites, si ce n’est celle du prix. Il faut débourser 20 000 € pour s’offrir Pepper. Tiki est lui vendu 10 000 € auxquels il faut ajouter un abonnement de 100 € par mois pour accéder à la plate-forme logicielle sur le cloud. Il est également possible de le louer 1 500 € par mois tout compris. Heasy est lui proposé à 1 000 € par mois en leasing. « Attention, ces prix n’incluent pas le développement informatique des applications qui vont permettre de donner vie aux robots, précise Richard Malterre. Il faut donc rajouter un budget qui peut aller de 15 000 à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des programmations sur mesure et complexes. » Mais comme dans toute industrie naissante, ces prix devraient baisser dans les mois et les années qui viennent. « Sur la partie logicielle, on voit déjà apparaître les premières applications sur étagères qui ont pour caractéristiques de pouvoir être utilisées par plusieurs clients, et donc d’être beaucoup moins chères », souligne Xavier Basset. Côté robot, les prix pourraient également baisser lorsque les productions se feront de manière industrielle. « Ce qui devrait intervenir à horizon 2019 », prédit Guillaume de la Rue.

80 % C’est le pourcentage de personnes capables de citer les services présentés (la livraison à domicile et les casiers pour stocker ses courses) par le robot pepper à la sortie du magasin Uniqlo à Saint-Germain-des-Prés.

Technologie

Comment ça marche ?

Les robots fonctionnent un peu comme des ordinateurs. au cœur de la machine, il y a un système d’exploitation qui pilote le moteur de cartographie 3D, qui permet de faire bouger le robot, les capteurs tactiles, les programmes de reconnaissance vocale, la caméra utilisée pour la détection faciale, la tablette tactile ou encore l’affichage des LED au niveau des yeux. C’est aussi le système d’information qui gère la communication avec le cloud où sont hébergées les statistiques d’utilisation que le client peut consulter en temps réel. Pour bouger, parler ou réagir à des situations, le système d’information doit embarquer des applications qui sont à télécharger sur les plate-formes des éditeurs, comme pour les Smartphones et les tablettes.

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