Accords avec les complémetaires - Pharmacien Manager n° 167 du 03/05/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 167 du 03/05/2017
 

TENDANCES

Auteur(s) : Fabienne Colin

À l’heure où les officines proposent de nouveaux services aux patients, leur prise en charge par les complémentaires santé est plus que jamais d’actualité. Les groupements ont commencé à tisser des partenariats…

A l’Ordre, nous pensons que les services proposés par les pharmaciens doivent se mettre en place, et peuvent exister sans forcément être payés par la Cnam. Ces services peuvent tout à fait être rémunérés par les patients eux-mêmes ou par des assureurs. » Ces mots prononcés en janvier dernier par Isabelle Adenot, alors présidente du Conseil de l’ordre des pharmaciens, lors de ses voeux à la presse, ont le mérite d’être clairs. Les officinaux peuvent organiser des services en collaboration avec les complémentaires santé. L’enjeu est vaste : il s’agit de trouver un moyen d’améliorer la santé du patient – donc de l’assuré, afin que ce dernier soit en meilleure forme et consomme moins de médicaments remboursés. Le tout, en rémunérant le pharmacien en quête d’un nouveau modèle économique.

EXPÉRIMENTER

Ainsi, depuis 2009, Allianz et le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) ont mis en place deux partenariats. Le premier porte sur l’automédication : l’assuré se voit rembourser jusqu’à 50 € d’OTC par an et il bénéficie de rendez-vous de conseils formalisés. L’officinal se voit rémunérer 5 € pour son action dans la limite de 20 € par assuré et par an. àce jour, seulement 4 000 pharmacies ont signé la convention de partenariat. La deuxième proposition concerne le dépistage des maladies cardio-vasculaires (glycémie, cholestérol, IMC…). Allianz y a mis les moyens en organisant des formations, en créant un coffret avec un CD-rom et leaflets de conseil que le pharmacien vend 18 € au client. Plus récemment, en 2016, le groupement PHR a noué un partenariat avec la Mutuelle de l’Oise des agents territoriaux (MOAT). Certains assurés ont la possibilité de se faire rembourser, tout ou partie de l’Intégrale Santé Diététique et de la Box Santé Jeune Maman, des coffrets conçus par PHR, comprenant des rendez-vous avec le pharmacien, des consultations avec une diététicienne, des livrets d’information et/ou des produits. Après une période de test, « en 2017, nous voudrions montrer que ça fonctionne », espère Lucien Bennatan, le président de PHR.

SE DÉCOUVRIR

Il faut dire qu’on tâtonne. La loi HPST de 2009 instaure les services en pharmacie. Elle n’a pas encore donné lieu à des expérimentations larges, hormis les entretiens pharmaceutiques. De plus, les officines et les complémentaires santé se connaissent mal. « Je suis convaincue qu’il existe des synergies entre elles », explique Christine Cauchetier, fondatrice du cabinet de conseil C3 Santé. Mais cette pharmacienne de formation, passée par l’industrie pharmaceutique, l’assurance et la protection sociale, tient à préciser les pré-requis pour un partenariat : « Les complémentaires santé regroupent des institutions de prévoyance, des assurances et des mutuelles. Dans le cadre d’un accord, elles veulent forcément s’y retrouver. »

Autrement dit : gagner de l’argent. C3 Santé a notamment accompagné Giropharm dans sa réflexion sur les services que le groupement pourrait co-construire avec les complémentaires comme Axa, Allianz et AG2R La Mondiale… « Nous voulions comprendre les enjeux pour ces acteurs, savoir comment ils perçoivent l’officine », explique Stéphanie Corre-Le Bail, directrice santé qualité formation chez Giropharm.

ENCADRER

De ces rencontres, il ressort que les complémentaires sont plutôt à l’écoute. « Nous pourrions envisager de travailler avec un groupement qui anime son réseau et déploie le service proposé. Nous menons actuellement des études d’opportunités sur quelques thématiques prioritaires : les risques cardio-métaboliques, le sevrage tabagique. Par ailleurs, les évolutions réglementaires en cours permettant aux pharmaciens d’officine de prendre en charge la vaccination contre la grippe dans certaines conditions, ouvrent d’intéressant perspectives de collaboration », confie émilie Delpit, directrice prévention et innovations sociales du groupe de protection sociale Klesia. Toutefois, les complémentaires santé mettent des conditions avant d’engager des discussions sérieuses. La première, c’est d’avoir la certitude que le service imaginé sera proposé de façon homogène sur le territoire. Cela nécessite que la profession s’organise. Via l’Ordre, les syndicats, ou encore les groupements. Comme à ce jour aucun groupement d’officines ne dispose d’un maillage national parfait, on s’oriente plutôt vers des réseaux ouverts. Chaque titulaire aurait la possibilité de signer une convention, même s’il appartient à un groupement différent de celui à l’origine du service.

ENVISAGER

Autre défi : le choix des services. « Nous pouvons déjà identifier ce qui a été mis en place entre les pouvoirs publics et les officines, tels que les entretiens pharmaceutiques, pour en faire la promotion auprès de nos assurés », suggère émilie Delpit. Le service rémunéré par la complémentaire pourrait alors se greffer sur des services existants et qui fonctionnent déjà bien. On pourrait aussi imaginer une initiative venant compléter une campagne de santé publique comme « Un mois sans tabac ».

L’industrialisation est également primordiale pour les complémentaires santé. Il est difficile pour elles de mettre en place une usine à gaz, par exemple pour récupérer les factures auprès des titulaires afin de les rembourser, quelques euros par quelques euros. « Nous pouvons imaginer de payer directement les groupements par exemple », estime émilie Delpit, qui cherche à simplifier les procédures mises en place.

HABITUER

Dans les faits, la communication des complémentaires santé n’a pu se faire à très grande échelle sur les services déjà proposés au cours des premiers partenariats (PHR/MOAT et CNGPO/Allianz). D’une manière générale, le scénario qui consiste à faire régler le service par le patient et qu’il se fasse rembourser ensuite n’est pas le bon. En effet, le pharmacien reste réticent à faire payer un service, comme le demande Allianz. « Au final, les deux actions que nous avons lancées avec le CNGPO n’ont pas rencontré le succès espéré malgré les efforts de déploiement », regrette Claudine Cadiou, responsable Stratégie Santé chez Allianz France. « Le modèle ne suscite par une grande appétence des assurés et le pharmacien ne semble pas encore à l’aise non plus. Il ne suffit pas de proposer le service, mais il faut en construire un qui devienne une habitude pour tous », ajoute-t-elle. Il n’empêche, les complémentaires santé gardent plus que jamais un oeil rivé vers les pharmaciens, via lesquels elles aimeraient avoir accès à certaines données de santé…

Casse-tête

Comment satisfaire tous les clients

L’officine risque de se retrouver face à une difficulté supplémentaire, d’ordre stratégique. Si elle communique, en vitrine ou au comptoir, sur tel service, remboursé par telle complémentaire, il lui faudra trouver un autre modèle économique pour ses autres clients. en leur faisant payer le service ? combien ? en le modifiant quelque peu ? Sans oublier que les complémentaires santé espèrent, avec de telles prestations, se distinguer de leurs concurrents. et ce, notamment concernant les contrats collectifs désormais obligatoirement proposés par chaque entreprise.

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