Mieux capter vos jeunescolaborateurs - Pharmacien Manager n° 162 du 26/10/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 162 du 26/10/2016
 

PRATIQUES MANAGEMENT

Auteur(s) : Yves Rivoal

Elles ont grandi dans le bain du digital. Les jeunes générations sont en train de faire bouger les lignes dans les entreprises. Chargé aux managers de s’adapter…

Pour tirer parti de ses jeunes collaborateurs, il faut d’abord comprendre les modes de fonctionnement de ces générations Y et Z, nées après 1980. « Ces “digital natives” n’ont plus besoin de mémoriser pour apprendre comme le faisaient leurs ainés, puisque ce sont les machines qui le font pour eux, souligne Joëlle Brunet-Labbez, consultante associée en RH, management et coaching chez DEDH. Ils fonctionnent donc beaucoup à l’instinct, et n’ont pas peur de se tromper car l’erreur est pour eux une forme d’apprentissage. » Les jeunes se distinguent aussi par un rapport au temps extrêmement court. « Avec Internet et les réseaux sociaux, ils ont pris l’habitude d’aller vite, observe Christine Charlotin, fondatrice d’Open Mind Conseil. Il y a même chez eux une forme d’impatience chronique. Le résultat doit être immédiat, les évolutions professionnelles rapides… »

DE L’AFFECT à haute dose.

Leur rapport au travail n’a plus grand chose à voir avec celui des générations précédentes. « Les Y et les Z ont vu leurs parents dédier toute leur vie à leur entreprise, pour finir par se faire licencier à 50 ans, souligne Annette Chazoule, responsable des offres Management chez Cegos. Ils ont donc développé une forme d’autoprotection qui leur fait considérer le travail comme quelque chose d’important, mais pas plus que leur vie personnelle. » Autre signe distinctif : la quête de sens. « Un sens que ces jeunes doivent trouver ici et maintenant car ils ne savent pas forcément ce qu’il feront dans six mois, souligne Emmanuelle Borrits, une coach formatrice indépendante. Autrement dit, ils ne sont plus fidèles à l’entreprise ou à un métier comme pouvait l’être leurs parents. » Ils fonctionnent aussi beaucoup à l’affect. « En communiquant sur les réseaux sociaux, ils ont pris pour habitude de dire ce qu’ils pensent et ils font la même chose dans la sphère professionnelle, explique Annette Chazoule. Ils n’hésitent pas à dire ce qu’ils attendent de leur manager, et à demander les ressources dont ils besoin pour réaliser leur travail ou organiser leur temps. »

DES RÈGLES négociées.

« La première chose à faire lorsqu’un jeune collaborateur arrive dans une équipe, c’est de mettre en place très vite un cadre, conseille Annette Chazoule. En expliquant par exemple que si on lui demande d’arriver le matin à 8 h 30, c’est parce que toute l’équipe doit être sur le pont afin d’accueillir les clients. Ou que s’il ne peut pas venir un jour, il doit prévenir… » Mais attention, s’il faut fixer des règles, mieux vaut les négocier, plutôt que de les imposer, comme l’explique Emmanuelle Borrits. « Vous pouvez très bien dire : “voilà ce que j’attends de toi, qu’est-ce que tu attends de moi”. Histoire de responsabiliser l’autre. Et en cas de réticence sur un point, demandez lui ce qu’il propose comme solution alternative. »

Pendant la phase d’intégration, le titulaire doit se positionner comme un manager référent. « Ce n’est pas parce que les jeunes ont appris l’autonomie et qu’ils ont accès à la connaissance qu’ils sont mâtures sur le plan professionnel, rappelle Annette Chazoule. Il faut donc les accompagner la première année pour les aider à développer leurs compétences. » Et il ne faut pas hésiter à leur confier progressivement des responsabilités, « mais en validant au fur et à mesure les compétences acquises. Car un bon manager est celui avec qui on va établir une relation de confiance, et chez qui on reconnaît une capacité à faire grandir », assure Joelle Brunet-Labbez.

DU CHARISME avant tout.

Une fois l’étape de l’intégration validée, l’employeur a intérêt à se positionner tel un leader, comme l’explique Christine Charlotin. « Pour les jeunes, ce n’est pas la place dans un organigramme qui détermine un manager, c’est son charisme, sa vision, ses prises de position… » Un titulaire qui réussit à endosser ce costume sera alors écouté et respecté. « J’entends souvent dire que les jeunes ne respectent plus l’autorité, ce n’est pas vrai, souligne Joëlle Brunet-Labbez. Il faut simplement que celui qui l’incarne soit légitime à leurs yeux. » Une légitimité qui passe aussi par la capacité à donner des signes de reconnaissance à une génération très affective de par son éducation. « Les jeunes ont été nourris à Facebook, rappelle Christine Charlotin. Pour eux, se mettre sous le jugement des autres est une projection de soi. Il faut donc leur dire lorsqu’ils ont fait quelque chose de bien. » D’une manière plus générale, il est préférable d’échanger régulièrement avec eux via des briefs informels car cela les valorise et les sécurise. « Le feed-back est un levier qu’il faut activer en permanence », complète Emmanuelle Borrits.

DE L’INTELLIGENCE émotionnelle.Pour maintenir la motivation de ces collaborateurs impatients, il ne faut pas hésiter à les faire voyager au sein de la pharmacie. En les sollicitant par exemple sur plusieurs projets. La formation constitue un autre élément de motivation très important car ils cherchent en permanence à développer leur employabilité. Au final, le management des jeunes collaborateurs nécessite beaucoup d’humanité et d’intelligence émotionnelle. Un exercice délicat… « Mais lorsque la communication s’instaure avec les autres générations, les jeunes peuvent faire des miracles au sein d’une équipe, assure Christine Charlotin. Ils apportent leur dynamisme, leur amour de la vie, leur capacité à faire bouger rapidement les lignes… »

Question

Quid du Smartphone ?

Vous l’aurez probablement remarqué : les jeunes collaborateurs ont une fâcheuse tendance à mélanger sphère professionnelle et privée. D’après christine charlotin, fondatrice d’Open Mind conseil, il serait illusoire de vouloir leur interdire d’utiliser leur smartphone sur le lieu de travail. « Comme ils sont très ingénieux, ils trouveront toujours un moyen de consulter leurs messages. Mieux vaut donc établir des règles acceptables, en leur accordant cette liberté, mais uniquement pendant les moments de pause. » souplesse et flexibilité doivent aussi être de mise dans la manière d’organiser le temps de travail.

« Les jeunes sont capables de travailler de manière très intense, mais pas pendant trois heures d’affilée, rappelle Joëlle Brunet-labbez, consultante associée en RH, management et coaching chez DEDH. Il faut donc leur accorder des petits breaks de cinq minutes pour les laisser respirer et tapoter sur leur téléphone. »

13 millions c’est le nombre de personnes de la génération Y, nées entre 1978 et 1994, soit près de 20 % de la population française.

POUR ALLER + LOIN

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49 C’est le nombre de jours par an que les jeunes de 16 à 30 ans passent en moyenne sur leur smartphone d’après une étude réalisée par tns sofres. rapporté à une journée, cela représente en moyenne 3 heures et 12 minutes !

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