Et vogue la pharmacie 2020 !

Ne vous fiez pas à son allure de jeune homme sage. Nicolas Schweizer est un pro de l’innovation numérique. S’il pratique le wakeboard (sport nautique où l’on se fait tracter par un bateau ou un cable), il n’est pas du genre à se laisser porter sur les flots dans sa vie professionnelle…

Fournisseur d’outils digitaux pour l’officine, Nicolas Schweizer n’a pas suivi de chemins battus pour démarrer sa carrière. Ce fils de dentiste et de médecin a eu l’audace de rejoindre la première promotion de la désormais célèbre École européenne de métiers d’Internet de Xavier Niel, le fondateur de Free. « À l’époque, il n’existait quasiment pas de formation au digital, un lieu où l’on apprend à créer un site internet, utiliser les outils du graphisme et du webmarketing », se souvient le geek qui se spécialise dans le business development. Au bout de trois ans, dans cette maison atypique où les études consistent surtout en des projets pratiques à mettre en application en petit groupe dans des entreprises, il est censé faire un stage de six mois. Trop classique…Du coup, il demande, par dérogation, à créer sa société. « Je voulais monter un système de gestion des stocks destiné aux dentistes et aux pharmaciens. Au fil du projet, je me suis aperçu qu’on pouvait apporter un réel gain de temps aux officinaux grâce à une appli. » Ainsi est née Pharmao, une application qui permet au patient d’adresser une ordonnance à son pharmacien et d’être alerté une fois les médicaments prêts. « C’est un outil d’anticipation de la commande et un nouveau service qui fidélise », explique Nicolas, aujourd’hui à la tête d’une équipe de trois salariés, basée à Béziers et qui déménage à Paris ce mois-ci. « À ce jour, plus de 30 000 ordonnances ont transité par Pharmao, pour 250 pharmacies et plus de 50 000 patients dont un sur cinq utilise le système au moins une fois par mois », selon Nicolas Schweizer.

PAIEMENTsans contact.

Au fil du temps, Pharmao a enrichi ses services : afin que le titulaire mette en avant ses promotions sur l’appli, il se dote d’un site avec l’option clic & collect. Pharmao a aussi introduit le beacon à l’officine, cette miniborne qui analyse le comportement des clients en les traçant par le biais de leur Smartphone (PHM 159, p. 16). Et Nicolas Schweizer fourmille d’idées pour aller encore plus loin. Avec un fil conducteur : faire gagner du temps aux équipes officinales. Parmi ses projets, figure celui de concevoir un système de paiement sans contact via le Smartphone des clients. « Nous avons déjà un prototype en train d’être testé », confie-t-il. « Nous réfléchissons aussi à une tablette tactile dédiée à Pharmao, qui gère les commandes. Elle permettra aussi d’échanger en temps réel avec le patient. Quelqu’un qui se blesse pourrait envoyer la photo de sa blessure et le pharmacien pourra lui donner de rapides conseils. C’est toujours dans le but d’améliorer le service ». Dernièrement, le jeune entrepreneur a été interpellé par un système qui permet à n’importe quel téléviseur de devenir tactile pour 200 euros. « Nous pourrions imaginer d’installer de tels écrans reliés par wifi à Pharmao pour diffuser des animations ». La galaxie Pharmao démarre tout juste !