Tant qu’il y aura des graminées - Pharmacien Manager n° 156 du 25/03/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 156 du 25/03/2016
 
SHAMPOOINGS

Marché

Auteur(s) : Carole De Landtsheer

Représentant près de la moitié des ventes d’antiallergiques sans ordonnance, les traitements luttant contre la rhinite allergique doivent leur succès au contexte environnemental. mais aussi et surtout à l’aura des marques en lice.

Si, sur le marché de la rhinite allergique, les produits OTC composent une part mineure des ventes, ils répondent précisément aux besoins des patients présentant des symptômes ponctuels et non handicapants au quotidien. La force des références de prescription facultative réside donc dans leur accessibilité. D’autant que nombre de personnes connaissent d’ores et déjà leur type d’allergie et les médicaments qui s’y rattachent après une première prescription du médecin. Ainsi, le taux de prise en charge de la rhinite allergique par un professionnel de santé est de 70 % chez les adultes et de 76,7 % pour les enfants (Arcane Research, Etude rhinite allergique*). « Les patients déjà traités savent gérer leur période de rhinite et n’ont pas forcément besoin de se rendre chez le médecin », confirme Laurent Chadefaux, directeur d’unité thérapeutique chez UCB Pharma. C’est également « une pathologie qui, par ses symptômes, est facilement identifiable par le pharmacien », ajoute Alice Sauvage, directrice marketing Pierre Fabre Health Care.

Alors qu’environ 25 % des Français souffrent de rhinites allergiques selon l’Inserm la tendance est à la progression des allergies, pollution oblige. Un phénomène res- senti comme tel : selon l’étude Opinionway réalisée en février 2015 pour la Fondation Stallergènes, 38 % des interrogés ont l’impression que leur allergie s’est aggravée au cours des dix dernières années et trois personnes sur quatre associent leur cause à la pollution de l’air. De plus, la pluralité des saisons polliniques (arbres, graminées, herbacées) et les dérèglements du climat multiplient les risques de crise, qui ne se limitent donc plus à la période du printemps. Et, en 2015, « le début de l’alerte allergique a commencé assez tôt, au mois de mars », précise Alice Sauvage. Cette précocité saisonnière expliquant la progression du secteur. Mais pas seulement : « Les diverses communications menées par les marques OTC accélèrent leur promotion auprès du grand public et favorisent le recrutement des patients », poursuit notre interlocutrice. Résultat : les traitements OTC pour la rhinite allergique (27,4 millions d’euros) enregistrent une progression de 7,1 % (IMS, sur l’année 2015). Les écoulements en volume suivent le même dynamisme : + 7,9 % pour 5,5 millions d’unités vendues.

MARQUES stars

L’importance des marques sur ce marché de la rhinite allergique est indéniable. Tel que le révèle l’étude Arcane Research, 53,8 % des adultes retiennent parmi les critères de choix d’un produit « une marque qu’ils ont l’habitude d’acheter », devant le conseil d’un médecin ou une prescription antérieure (23,3 %) et le conseil du pharmacien (20,5 %). Dans ce condiv, les références historiques et soutenues par une communication pèsent de tout leur poids. Le produit leader avec 15,1 % de parts de marché en valeur et une évolution de + 11,2 % (Ospharm, en cumul annuel mobile à fin octobre 2015), n’est autre que Zyrtecset en boîte de sept comprimés – comme son nom le suggère – pour correspondre à une automédication. Passé en OTC en 2005, Zyrtecset (même molécule et même dosage que Zyrtec) « bénéficie toujours d’un fort attachement de ses utilisateurs, qui connaissent son efficacité », souligne Laurent Chadefaux. Quant à Humex (Urgo), première marque du secteur, avec 30,8 % de PDM en valeur (+ 6,7 %, cumul annuel mobile octobre 2015, source Ospharm), il développe une approche globale qui couvre l’ensemble des symptômes et des voies d’administration : des comprimés journaliers Humex Cétirizine et Humex Loratidine aux monodoses Humex Conjonctivite allergique. Sans oublier la solution nasale Humex Rhume des foins qui se vend à raison de 550 000 unités chaque année (source fabricant). « Unique en OTC, sa formule, à base de béclométasone, un anti-inflammatoire local, recommandé en première intention par les allergologues, est une des raisons principales de sa réussite », fait remarquer Sophie Milelli, chef de marque Humex. Garante de sécurité et d’absence d’effets secondaires, l’homéopathie s’est facilement imposée avec Rhinallergy (Boiron), à la quatrième place du podium (7,9 % de PDM, + 9,4 %, Ospharm). « Sa double indication (rhinites et conjonctivites allergiques transitoires), son absence de somnolence et sa prise possible dès les premiers symptômes assurent un conseil facile au pharmacien », précise Raphaèle Lafaye, chef de produit chez Boiron. Soulignons sa galénique facile à prendre, des comprimés à sucer, un aspect qui a son importance sur un marché dominé par les cachets à avaler.

PRATICITÉ plébiscitée

Incontestablement, les formes orales (80,3 % du marché en valeur, Ospharm) sont préférées aux voies nasales pour leur praticité d’utilisation, a fortiori les comprimés à prendre sans eau. Illustration du propos : les comprimés orodispersibles Alairgix (Cooper) s’arrogent 7,4 % de PDM (Ospharm) et figurent au top 5 des produits les plus vendus du marché. A ce plus-produit « s’ajoute un nom de marque clair et parlant qui présente un bon potentiel de mémorisation », avance Marie-Emmanuelle d’Hautefort, chef de produit ORL chez Cooper. Face à des acteurs bien arrimés, il sem ble difficile de faire sa place sur ce marché, même pour des marques ombrelles à forte notoriété qui ont lancé leur référence antiallergique. Ainsi, Drill Allergie s’arroge 4,9 % de part de marché en valeur selon Ospharm (cumul annuel mobile octobre 2015), devançant DoliAllergie (3,2 %) et Actifed Allergie (2,8 %), « sans apporter une aspérité produit », fait remarquer Alice Sauvage. Comprenez que les références spéciales allergies sont « noyées » parmi celles de la gamme. Retenons aussi que la molécule historique du secteur, la cétirizine, également la plus prescrite sur les ordonnaces, est largement dominante (74,4 % des volumes écoulés, Ospharm), constituant quasiment un réflexe d’achat, devant la loratadine, ne pesant pas plus de 12,2 % des ventes en unités (en raison de ses effets secondaires sédatifs).

PRÉVENTION balbutiante

Même si le segment des voies nasales reste mineur (près de 20 % des ventes en volume), il constitue une sphère dynamique (5,9 millions d’euros, + 13 % sur l’année 2015) selon IMS. Comme quoi, pour le consommateur, le geste complémentaire à la prise orale commence à rentrer dans les mœurs du traitement des allergies. Le leader du segment, Humex à la béclométazone, se place largement devant le spray Alairgix au cromoglycate de sodium (1,2 % de part du marché OTC de la rhinite allergique, Ospharm, cumul annuel mobile octobre 2015). La voie locale laisse aussi toute leur place aux références naturelles telles que Stérimar Manganèse (1,4 % de PDM), Stérimar Nez sujet aux allergies ou encore Allergoforce aux huiles essentielles de Pranarôm (1,2 % de PDM). Une nouvelle étape dans le traitement, celle de la protection contre les allergènes, a été introduite plus récemment. Et ce avec la mise sur le marché de produits intégrant dans leur formule des com- posants filmogènes, tels Bional Medical Allergy (Omega Pharma), à base d’huiles et d’émulsifiants, ou encore Stérimar Stop & Protect, à l’acide hyaluronique. Citons également la référence Rhinolaya Protect (Laboratoires Inebios), au sel de l’Himalaya. Les laboratoires Gilbert se lancent aussi ce printemps sur le créneau de la protection naturelle avec le spray Alairgyl, à la poudre de cellulose et à la menthe poivrée. La démarche de prévention n’est cependant pas rentrée dans les mœurs si l’on se réfère aux parts de marché de ces sprays assez récents (0,5 % en valeur, Ospharm). Car sur un secteur bien installé tant pour les marques que les principes actifs, la marge de nouveauté reste faible. On ne change pas les habitudes des patients si facilement !

* Etude rhinite allergique. Epidémiologie, prise en charge et opportunités de développement commercial, juin 2013.

10,5 MILLIONS D’UNITÉS

ÉVOLUTION en volume

+ 5,2 %

Ce sont les traitements de la rhinite allergique qui dynamisent les ventes. Ils affichent une évolution de + 7,9 % et représentent plus de 50 % du marché.

Source IMS, sur l’année 2015.

+ 55,87 MILLIONS D’EUROS de CHIFFRE D’AFFAIRES

ÉVOLUTION en valeur

+ 4,4 %

Les produits spécial rhinite allergique tirent le marché, avec une progression de 7,1 %. Ils réalisent 27,46 M€ de CA.

Source IMS, sur l’année 2015. Périmètre : produits OTC contre la rhinite allergique, les allergies cutanées et autres allergies

FORMES NOMADES

Les acteurs proposant des formes galéniques nomades, à prendre sans eau (comprimés à sucer et orodispersibles), marquent des points et deviennent les challengers des marques phares du secteur.

La TENDANCE

La progression des génériques (gammes conseil) sur ce secteur d’automédication ne passe pas inaperçue. Une « croissance qui s’accélère depuis deux à trois ans et qui correspond à la politique de promotion des génériques menée par le gouvernement », fait remarquer Laurent Chadefaux (UCB Pharma). Pour preuve, le sixième produit le plus vendu sur le marché OTC de la rhinite allergique n’est autre que la cétirizine Mylan (7,2 % de PDM en valeur, cumul annuel mobile octobre 2015, Ospharm) quand Biogaran, Teva et Sandoz se situent quelques rangs plus loin (respectivement 4,2 %, 2,9 % et 2,8 % de PDM). Une part croissante qui s’explique également par une bonne connaissance des principes actifs par les patients. Ceux-ci n’hésitant pas à adopter, pour les plus habitués, les copies des princeps à moindre coût. Si le facteur prix joue ici un rôle, pas de quoi, cependant, influer sur le chiffre d’affaires du marché, sur lequel les marques leaders jouent clairement comme des éléments de réassurance.

VOIE NASALE

Les solutions nasales multiplient les angles d’attaque de la rhinite allergique : la prévention ou encore traitement & protection, avec des produits 2 en 1 comme Stérimar Stop & Protect.

CHIFFRES CLÉS

EN PARTENARIAT AVEC ospharm

Ospharm Datastat comprend un panel de 5 500 pharmacies. Ospharm traite et restitue l’ensemble des flux de ventes de ses adhérents en temps réel.

LA VOIE TOPIQUE représente près de 50 % du CA des produits anti-allergiques sans ordonnance, soit 26,25 M€ (+ 4,5 %).

TOP 3* des produits

1 Onctose hydrocortisone 13,8 %

2 Apaisyl gel 13,7 %

3 Zyrtecset 7,6 %

4 Humex rhume des foins 7,2 %

5 Humex allergie cetirizine 5,6 %

* Le top 5 est calculé en valeur par Ospharm, en cumul annuel mobile à fin octobre 2015, sur le marché de l’allergie OTC.

PRATICITÉ

Le traitement OTc de l’allergie passe par des comprimés ou sirops (51,6 % des ventes en volume). Les voies locales restent cependant la priorité en cas d’allergies cutanées.

GÉNÉRIQUE

La cétirizine proposée dans les gammes conseil des génériqueurs séduit par son prix attractif. La référence de la marque mylan progresse de 8,8 % selon Ospharm, en cumul annuel mobile à fin octobre 2015.

PRINCIPE ACTIF

La molécule de référence dans la prise en charge de la rhinite allergique en automédication reste la cétirizine, qui remporte 74,4 % des ventes en volume, selon Ospharm.

Voie cutanée

Vive les piqûres !

Antihistaminiques et corticoïdes locaux voient leurs ventes fluctuer en fonction des saisons plus ou moins infestées d’insectes. Reste que, de façon intemporelle, les marques leaders – Onctose, Apaisyl et Sedermyl – ne varient pas.

Piqûre d’insecte ou d’ortie, coup de soleil, les anti - allergiques sous forme topique apportent un apaisement cutané. Deux principales classes de produits scindent le marché : les anti - histaminiques (42,3 % des ventes en volume, en cumul annuel octobre 2015, Ospharm), en réponse à une demande spontanée, et les corticoïdes (47,5 % de part de marché) vendus sur conseil. Au global, les topiques antiallergiques ont réalisé en 2015 un ca de 26,25millions d’euros pour 4,6millions d’unités vendues (iMs). « Ce marché est drivé à 70 % par les effets de saisons plus ou moins denses en moustiques », avance Laure niepce, responsable marketing Merck Médication familiale. Le cru 2015, qui progresse selon iMs de + 4,5 % en valeur et + 4,9 % en volume, constitue plutôt une bonne année, « marquée par une forte infestation », précise Lise Benoist, chef de produit chez cooper.

Au-delà de l’AMM

Côté produits, si 80 % de l’offre se composent de médicaments, la tendance est aux dispositifs médicaux et aux références cosmétiques. Ce type de réponse tend à se développer sur le segment des antihistaminiques et à rogner la part des produits avec AMM.

On voit apparaître des références notamment nomades qui « apportent une dynamique au marché et boostent sa croissance », reprend Laure niepce. Comme Flashsédermyl ou encore le roll-on après-piqûres apaisyl.

Mais qu’on se le dise, un seul produit associe les trois actions, antihistaminique, anti-inflammatoire et anesthésique : Onctose hydrocortisone. Résultat : il prend la position de leader du marché global des antiallergiques OTC. Il participe aussi de la position dominante du laboratoire Merck Médication Familiale (32,61 % de pDM), également propriétaire de la marque apaisyl, forte de quatre références, dont une version bébé. Référence incontournable du secteur, apaisyl gel, porté par une communication télévisuelle, décroche 27,6 % de part de marché en valeur sur le périmètre des antiallergiques OTc autres que ceux destinés à la rhinite allergique. Le produit devance sa version anti-inflammatoire cortapaisyl (6 % ), mais aussi cortisedermyl, du laboratoire cooper (10,7 %), au positionnement prix concurrentiel. Chez cooper, rappelons le lancement, au printemps 2014, de Flashsédermyl, à base d’hydroxyde d’ammonium et de Tea Tree, qui « agit en amont et limite l’apparition des symptômes liés à la piqûre ». A distinguer de l’antihistaminique sédermyl, lequel atténue les symptômes de la réaction allergique. Cette référence à base d’isothipendyl, leader aux etats-unis sur le marché des produits anti-piqûres d’insecte, a du mal à percer dans l’Hexagone. Les autres marques (eurax, Dermofenac, etc.) présentes sur le terrain de la démangeaison rivalisent difficilement avec les deux acteurs clés du secteur. A moins d’être boostées par le conseil de l’équipe officinale.

E-SANTÉ

Lancée en 2012 par les laboratoires Urgo en complément d’humex rhinite allergique, l’appli (gratuite) i-Pollen permet aux patients d’anticiper leurs crises grâce à une surveillance des niveaux de pollens et de la qualité de l’air, via la création d’alertes personnalisées.

CÉTIRIZINE

C’est le principe actif de référence de la rhinite allergique en prescription, mais aussi en automédication. Elle est de plus en plus connue des patients qui plébiscitent les offres des génériqueurs, pour leur prix attractif

Communication

Pics de PLV en officine

Regardé par tous les acteurs comme un partenaire privilégié, le pharmacien est bien sûr garant du conseil en cas d’allergie. Et le point de vente officinal est le principal théâtre du déploiement des outils de communication, du printemps à la fin de l’été. Il est question de toucher le public cible sur le lieu d’achat et, plus exactement, de l’interpeller. Quand alairgix (également en presse) choisit le visuel saisissant d’une femme portant un masque à gaz pour se protéger d’un air irrespirable, Zyrtecset délaisse ses premiers messages humoristiques pour adopter une campagne esthétique, propre « à attirer l’oeil du patient », souligne Laurent chadefaux (ucB pharma). Cette nouvelle approche, évocatrice du bénéfice produit (« et l’allergie prend l’air »), est doublée d’un nouveau site Web sur la rhinite allergique à destination, plus particulièrement, des jeunes patients, habitués de la Toile. De son côté, rhinallergy diffuse, sur les écrans des pharmacies, une animation démarrant par l’énumération des symptômes classiques du rhume des foins « en vue d’inciter les patients à demander conseil à leur pharmacien », explique raphaèle Lafaye. Des écrans également utilisés par Drill, qui sponsorise une météo des pollens (« Drill allergie efficace et pratique contre l’allergie »). Le choix d’une communication menée dans l’officine évince globalement les médias classiques excepté, par exemple, pour Humex (rhume des foins), anciennement en télévision et désormais en radio, un support qui lui permet de communiquer avec une grande réactivité avant et durant les pics de pollens.

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