La santé connectée fait son show !

Dans le village des startups, il y avait cette année 134 jeunes pousses tricolores, un chiffre qui a doublé par rapport à l’édition précédente, ce qui place la délégation française au deuxième rang derrière les Etats-Unis », souligne Olivier Ezratty, un consultant en stratégie de l’innovation qui rédige chaque année un rapport monumental du CES. Parmi la douzaine de startups françaises spécialisées dans l’univers de la santé et du bien-être présentes au CES, certaines se sont particulièrement illustrées. Withings a ainsi reçu deux Innovation Awards dans les catégories « Fitness, Sport & Biotech » et « Tech for a Better World » pour Withings Thermo, un thermomètre qui fonctionne en wifi et Bluetooth. De son côté, Visiomed a décroché un Innovation Award dans la catégorie « Biotech » pour son dispositif médical connecté MyECG.

DIETSENSOR superstar.

Pour son application de suivi de l’équilibre nutritionnel des repas, basée sur SCiO de Consumer Physics, le premier capteur moléculaire de poche, la startup Dietsensor a, elle, accroché la récompense suprême : un Best Of Innovation Awards dans la catégorie « Software and Mobile Apps ». Une récompense qui a carrément bouleversé la destinée de cette société créé en juillet 2014. « Avant le CES, nous n’étions qu’une petite startup inconnue, avec un produit qui suscitait beaucoup de doutes, raconte Remy Bonnasse, cofondateur et dirigeant de Dietsensor. Lorsque nous sommes repartis du salon auréolé de ce prix, nous avons eu droit à des articles dans la presse mondiale, à des reportages de télévision… Résultat, lorsque nous avons quitté Las Vegas, notre notoriété était mondiale. Aujourd’hui, lorsque vous tapez Dietsensor sur Google, vous obtenez 50 000 résultats. Il y a trois mois, vous en aviez trois : notre site Web et notre page Facebook et notre fil Twitter. Et alors que nous nous apprêtions à aller chercher des investisseurs, ce sont les investisseurs qui sont venus à nous. Notre première levée de fonds est quasi bouclée à hdiv de 2,5 millions de dollars. » Depuis la fin du salon, Dietsensor a également enregistré plus de 2 500 précommandes qui émanent majoritairement des Etats- Unis.

DONNÉES de santé à exploiter.

« Si les start-ups du monde entier se précipitent au CES, c’est parce qu’elles savent que le marché des objets connectés de santé et de bien-être y est beaucoup plus porteur que dans les autres régions du monde, rappelle Olivier Ezratty. Cette appétence des Américains s’explique par deux grandes raisons : aux Etats-Unis, le coût de la santé est beaucoup plus élevé qu’en France, et les Américains sont confrontés à de gros problèmes de santé publique liés notamment à l’obésité et au diabète. » Si le CES constitue une formidable porte d’entrée sur le marché américain, il se révèle aussi un tremplin pour vendre ses innovations dans le monde entier comme le confirme Olivier Ezratty : « Ce salon est devenu une place de marché mondiale. Les startups viennent y rencontrer les principaux distributeurs, les sites de vente en ligne et les acheteurs des grands retailers comme Carrefour, Auchan ou la FNAC. » Dans l’univers de la santé connectée, la tendance était très orientée sur le grand public. « Vous aviez des trackers d’activités, des balances, des tensiomètres et des glucomètres de toutes les formes, de toutes les couleurs et à tous les prix, confirme Jérôme Iglesias, président de la commission économique et industrielle de France eHealthTech. Parallèlement, j’ai observé une certaine maturité du secteur de l’e-santé avec l’arrivée de startups sur le traitement des données de santé notamment. C’est important pour pouvoir partager ces données avec les professionnels.. C’est ce qui permettra d’éviter l’effet gadget trop souvent associé aux objets connectés aujourd’hui. »

DÉTECTEURS d’ADN à venir.

Bilan en demi-teinte pour Olivier Ezratty qui attend de voir émerger sur le salon des startups positionnées sur les marchés du diagnostic. « Je n’ai pas vu d’entreprises qui proposent des outils d’analyse biologique miniaturisés qui permettront demain, avec un appareil unique, d’analyser les différentes protéines du sang, les enzymes, les microbes… » Pas de traces non plus de startups qui travaillent sur le séquençage de l’ADN ou sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’exploitation des données de santé. « Ce sujet a simplement été évoqué par la patronne d’IBM lors d’une présentation du logiciel Watson. Celui-ci est capable de détecter en amont le risque d’hypoglycémie chez les diabétiques. Il aide aussi les cancérologues à déterminer le bon traitement à appliquer en fonction des paramètres biologiques du patient. »