Montée en gamme - Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015
 

MARCHÉ

Auteur(s) : CAROLE DE LANDTSHEER

Les antimoustiques s’essoufflent en 2014. En cause : un été défavorable à leur prolifération. Le secteur, actuellement secoué par les nouvelles normes s’appliquant aux biocides doit se renouveler. Objectif : gagner en sécurité et efficacité. Reste que l’offre naturelle est en pleine effervescence.

Le marché des antimoustiques est météo-dépendant. Aussi, en raison d’un été 2014 globalement maussade, l’infestation a été plus que modérée. Conséquence, le secteur des répulsifs, qui pèse 28,7 millions d’euros, accuse une baisse de 10,9 % en valeur (IMS Health, en cumul annuel mobile à fin février 2015). Presque tout l’ensemble des acteurs et des segments pâtit de cette conjoncture. La décrue, qui intervient après des années de croissance, concerne plus particulièrement les produits couvrant les zones tempérées alors que les références correspondant aux zones tropicales et infestées semblent épargnées (62,9 % des ventes en volume selon Ospharm, CAM janvier 2015). Deux types de consommateurs doivent, en effet, être distingués : d’une part les globe-trotteurs et les habitants des zones infestées (dont le sud de la France), qui cherchent une protection maximale, quitte à se procurer des produits plus contraignants ; d’autre part, les « occasionnels ». Ces derniers, en période estivale, se tournent vers des références moins dosées (présentant un rapport bénéfice/risque optimum), pratiques et économiques. Pour autant, le secteur des antimoustiques reste sous-dimensionné. Seuls 35 % de la population achèterait des répulsifs, d’après une étude réalisée par Ipsos, en 2012, pour Merck Médication Familiale. Les freins principaux, « une perception négative des produits chimiques et leur odeur forte ou désagréable », avance Laure Niepce, chef de gamme Apaisyl. Résultat : le marché s’oriente vers des solutions moins dosées, les références naturelles constituant aujourd’hui une alternative à part entière.

Les AMM arrivent !

La grande nouveauté du secteur tient dans l’évaluation européenne des substances actives biocides, à laquelle s’ajoute l’évaluation des produits finis imposant le dépôt d’un dossier AMM biocide (voir encadré « La tendance » page 38). Pour l’heure, l’Icaridine, dont le rapport d’évaluation est attendu d’ici 2016, jouit d’un « vide réglementaire », fait remarquer Inès Pérez, chef de produit chez Bausch & Lomb. « Durant cette période transitoire, cet actif n’impose aucune contrainte (limitation d’âge, AMM) aux laboratoires, créant une brèche dans le marché dans lequel s’engouffrent nombre d’acteurs », estime notre interlocutrice. Ce biocide est également présenté comme « le nouveau DEET, sans les mêmes effets indésirables », selon Stéphane Robert, directeur général de Laboa (Manouka). Reste que le secteur se redéfinit vers plus de sécurité. En matière de répulsifs, les produits visent une efficacité renforcée dans le temps via des formulations retravaillées. Deux marques s’arrogent environ 50 % du segment : Insect Ecran (Cooper) et Cinq sur Cinq (Bausch & Lomb). Prescrit depuis l’origine par les centres de vaccination, Insect Ecran conserve sa position de leader en utilisant, expose Emmanuel Bernard, directeur de la stratégie et du marketing Cooper, « les meilleurs actifs aux meilleures concentrations pour une protection maximale ». Après le nouveau lancement de son spray Familles (20 % d’Icaridine), en 2013 – second produit du marché -, la référence « Zones infestées », contenant la plus forte concentration de DEET (50 %), a décroché la première AMM biocide (octobre 2014). « C’est un gage de sérieux et une reconnaissance de son efficacité, le bénéfice du produit ayant été reconnu même pour les femmes enceintes et les enfants de plus de 24 mois », se félicite notre interlocuteur. Insect Ecran cartonne aussi avec deux produits spécial vêtements (un spray et une solution de trempage). La marque challenger Cinq sur Cinq, rachetée par Bausch & Lomb à Bayer, adopte une stratégie offensive en étoffant son offre, qui inclut le produit star du marché, la lotion Tropic, à base d’IR3535 dosée à 35 % (13,6 % de PDM en valeur, Ospharm). Et d’ajouter quatre nouvelles références, en mars dernier : un spray familial à base d’IR3535 dosé à 20 %, un bracelet en polymère imprégné de citriodiol et de lavandin, un rollon et une crème post-piqûres.

LA PRATICITÉ fait loi

Fait notable, la marque Manouka, qui réorganise sa gamme, en 2015, pour une meilleure lisibilité, rompt avec la traditionnelle distinction zones tropicales/tempérées « qui ne correspond plus à la réalité, selon Stéphane Robert, alors qu’on rencontre de plus en plus dans les zones tempérées des moustiques qui étaient à l’origine des espèces tropicales ». L’objectif fixé : « mettre sur le marché des produits capables de protéger contre tous les moustiques ». Ses nouveautés : des lotions adulte et enfant à l’Icaridine, respectivement dosées à 25 et 20 %, et le pack « Défense extrême » (zones infestées, chasse et pêche en milieu humide, personnes très sensibles), incluant le spray adulte ainsi qu’un répulsif vêtements au jus optimisé pour une fixation améliorée. Plus récent sur le marché (2012), Apaisyl a réussi à prendre la quatrième place des répulsifs (6,4 % en valeur, Ospharm) avec une lotion à l’IR3535 en formats pocket et familial, et une émulsion fluide hydratante haute protection à l’Icaridine, au parfum floral (60 et 90 ml). Apaisyl fait la démonstration que la variété des formats et des galéniques participe du dynamisme des marques et du secteur. En effet, cet aspect compatibilité constitue une attente des consommateurs. Trois critères dictent le marché, rappelle Laure Niepce : « l’efficacité, l’innocuité et la praticité ». « Une application facile des produits joue dans le sens d’une meilleure protection », renchérit Romain Chauvigné, chef de groupe médication familiale chez Gilbert, citant le lait répulsif Moustidose. Toujours dans le sens d’une praticité renforcée, Manouka a lancé son baume antimoustiques en ministick et Moustifluid place sur le marché ses lingettes (visage et corps) préimprégnées d’IR3535 et livrées en conditionnement unitaire, « plus faciles à appliquer, notamment sur le visage », souligne Céline Rambaud, responsable marketing Gifrer. Un format que l’on trouve également chez Zenderm, nouvel acteur du marché. Au total, les sprays représentent 62,4 % des volumes écoulés (Ospharm). Et les sprays famille deviennent le modèle référent soit entre 30 à 40 % du marché des répulsifs, estime Inès Perez. A la fois adaptés aux zones tempérées et « généralement moins dosés, ils rassurent également les consommateurs prudents ou rétifs à l’emploi d’insecticides », précise notre interlocutrice.

LE NATUREL a la cote

Produit novateur, l’émulsion antimoustique 0 % d’Apaisyl, pour les peaux sensibles, est sans parfum, sans alcool et sans allergènes. C’est aussi le répulsif le plus faiblement dosé (10 % d’IR3535). Il vise justement « ceux qui n’utilisent pas habituellement de produits antimoustiques », expose Laure Niepce. Ou comment actionner sur un marché sousdimensionné un nouveau levier de développement. Autre axe de recrutement visant les consommateurs méfiants envers les produits chimiques : la naturalité. Pourtant, le condiv est loin d’être favorable : ainsi, les huiles essentielles sont déconseillées dans la lutte antimoustiques par le Haut Conseil en santé publique. Qu’importe, au global, la commercialisation des produits naturels ne s’érode pas et représente même 26,9 % des ventes, en valeur (Ospharm). Mais la mise en garde de l’instance n’est pas totalement sans effet et intronise, de fait, le citriodiol, recevant le statut de biocide, comme le nouvel ingrédient naturel du moment. L’enjeu ? Gagner en légitimité. Ainsi, la marque Puressentiel, qui enregistre une forte progression (+ 32,5 %, en valeur, CAM janvier 2015, source Ospharm), a revu la formule de son spray (anciennement aux huiles essentielles). Face à un marché où l’on trouve « tout et n’importe quoi, il est important de rassurer le pharmacien en mettant à sa disposition des produits au statut bien défini, reconnus par les autorités », selon Delphine Terribilibi, chef de gamme Puressentiel. Les roll-on apaisants, le diffuseur à la citronnelle et le spray familial complètent la gamme, qui s’assure la cinquième place du secteur (6 % de PDM, en valeur, Ospharm). Si nombre d’acteurs insèrent dans leur offre des références naturelles (Prebutix Naturals de Pierre Fabre, Moustifluid à l’essence de citronnelle de Chine, troisième référence de la marque, etc.), on voit également arriver sur ce segment de nouveaux entrants. Phytosun Arôms propose depuis avril dernier un spray composé à 40 % de citriodiol et deux bracelets waterproof au géraniol, adulte ou enfant. A la même date, Arkopharma (Mosquitox) lance un spray au citriodiol et un bracelet aux huiles essentielles. Quant à Pranarôm, il mettait sur le marché, en 2014, sa gamme Aromapic : un roll-on antimoustiques à base d’huiles essentielles bios et de citriodiol, un spray atmosphérique et tissus ainsi qu’un roll-on apaisant.

LES BRACELETS se montrent

Quoi qu’on en dise, les produits naturels ont trouvé leur public. Et les bracelets aussi ! Bien qu’ils ne soient pas en odeur de sainteté auprès du Haut Conseil de la santé publique, bien que certains les considèrent comme gadgets… Les modèles colorés Para’Kito (Evergreen Land) aux huiles essentielles, créateurs du segment, restent clairement dans la course (10,8 % de PDM, en valeur, Ospharm), positionnant l’acteur à la troisième place du secteur. Leur public : les personnes sujettes aux allergies et irritations cutanées. Derniers lancements en date : des versions spécial enfants waterproof et un apaisant après-piqûres. Les bracelets, toutes références confondues, représentent le deuxième segment du secteur (15,2 % de PDM, en valeur, Ospharm) même s’ils enregistrent une baisse (- 11,4 %, en valeur, IMS Health). C’est également l’un des produits phares de la marque Manouka (50 % de ses ventes sont assurées par les accessoires de la gamme) et de Moustifluid (première vente de la marque avec 47 000 unités vendues en 2014, source fabricant). Associant praticité et lignes design tout en évitant un contact direct des biocides avec la peau, ils font des enfants une cible idéale sans pour autant exclure les adultes. Ils peuvent être associés à l’emploi d’un répulsif pour une protection renforcée, un usage mis en avant par le bracelet Moustikologne (Marque Verte). Se côtoient des bracelets intégrant des actifs naturels et/ou chimiques. Quand le modèle Zapkito (Visiomed) mixe huiles essentielles de Géraniol et de Citronella et DEET, le bracelet Moustifluid (Gifrer) associe DEET et IR3535. Plus largement, l’ensemble des accessoires représente 22,3 % du marché, en valeur (Ospharm), incluant des produits nomades (clip de Parakito, boule-diffuseur de Manouka).

Au global, si l’offre se renouvelle à la faveur de dernières normes d’efficacité, elle tend également à s’élargir vers des produits moins chimiques et plus funs pour recruter de nouveaux utilisateurs.

3,92 MILLIONS D’UNITÉS VENDUES.

ÉVOLUTION en volume

- 11  % La météo maussade de 2014 s’est ressentie sur les ventes de répulsifs.

Source IMS Health, en cumul annuel mobile à fin février 2015. Périmètre : répulsifs.

28,77 MILLIONS D’EUROS de CHIFFRE D’AFFAIRES.

ÉVOLUTION en valeur

- 10,9  % La baisse des ventes se ressent sur tous les types de produits : spray, bracelets…

Source IMS Health, en cumul annuel mobile à fin février 2015. Périmètre : répulsifs.

NOUVEAUTÉS. Sous l’impulsion de nouvelles normes européennes, des lancements ont actuellement lieu, l’Icaridine emportant l’adhésion d’un grand nombre d’acteurs. Autres tendances fortes : des produits moins dosés (Apaisyl 0 %) et des formats pratiques.

La TENDANCE

On ne badine plus avec les antimoustiques. Le règlement UE 528/2012 du 22 mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l’utilisation de produits biocides impose leur évaluation. Objectif : renforcer la sécurité de l’humain et de l’environnement. Pour l’heure, seuls le DEET et l’IR3535 ont fait l’objet d’une expertise complète. Si l’IR3535 peut être utilisé dès l’âge de 6 mois, le DEET est autorisé à partir de 2 ans. L’Icaridine est en cours d’évaluation et le Citriodiol sera le dernier biocide examiné. Une deuxième étape concerne l’évaluation des produits finis, les laboratoires devant déposer un dossier d’AMM biocide pour chacun de leurs produits auprès du ministère de l’Économie du Développement durable et de l’Énergie, pour prouver leur efficacité et leur tolérance. Plusieurs conséquences à cette progressive redéfinition du marché. D’abord, « l’assainissement d’un secteur où coexistaient une myriade de références pas toujours efficaces et ne respectant pas nécessairement les limitations d’âge recommandées », souligne Céline Rambaud, responsable marketing chez Gifrer. Certains produits sont donc voués à disparaître… Et ne resteront que les acteurs qui pourront fournir des dossiers d’AMM à la fois très lourds et très chers. Exit les laboratoires trop petits ou non-professionnels du secteur.

CHIFFRES CLÉ

5 PREMIÈRES MARQUES. En valeur, sur le marché des répulsifs, en cumul annuel mobile à fin janvier 2015.

CIRCUITS DE DISTRIBUTION. En valeur en cumul annuel mobile à fin 2015, sur le marché des répulsifs et apaisants anti-moustiques

62,9  % DES VENTES DE RÉPULSIFS en volume et 64,9  % en valeur sont réalisés par les produits spécial tropiques.

TOP 3* des produits

1 Cinq sur Cinq Tropic lotion 13,6 % de PDM

2 Ex æquo

Insect Ecran répulsif peau famille spray 10,8 % de PDM

Para Kito bracelet et/ou recharge 10,8 % de PDM

* Le Top 3 des produits est calculé en valeur par Ospharm, en cumul annuel mobile à fin janvier 2015.

LES VENTES DE RÉPULSIFS. En valeur, en cumul annuel mobile à fin janvier 2015, sur un CA de 28,7 M€.

PART DE MARCHÉ DES PRODUITS NATURELS. Elle a augmenté de 1,3 % en un an. En valeur en CAM à janvier 2015.

À NOTER

Seuls 35 % des Français achètent des répulsifs contre les moustiques, d’après une enquête Ipsos pour merck medication familiale.

MARQUE MONTANTE

Puressentiel est la seule parmi les 5 premières marques du marché à voir ses ventes progresser : + 32,5 % en valeur, en cam à janvier 2015.

OFFRE ENFANTS

Rattrapées par les formats familiaux utilisables dès 6 mois, les références spécifiques enfants ne représentent que 3,2 % du marché en valeur.

AU NATUREL. Parmi les actifs répulsifs naturels sur le marché, seul le citriodiol a obtenu le statut de biocide. Du coup, Puressentiel leader des antimoustiques naturels a remplacé les huiles essentielles de sa formule initiale. Ce qui n’est pas le cas de tous les acteurs.

Communication

L’efficacité comme appât

Les antimoustiques ne prennent pas d’assaut les… médias. Et font du point de vente leur vecteur essentiel de communication. Sans oublier le Web pour piquer l’intérêt des voyageurs et informer, sans injecter de lourds budgets.

En matière d’antimoustiques, les acteurs privilégient le point de vente à l’intérieur duquel sont dispatchés tous les éléments de pLv pour gagner en visibilité. Des leaflets informatifs édités par nombre d’acteurs, sont, éventuellement, distribués aux consommateurs via le pharmacien, dont le rôle est jugé essentiel, principal relais d’information. On trouve quand même quelques signatures en TV, dont Apaisyl, qui communique, avec force humour, sur son roll-on après-piqûre (à l’effet radical). Aussi, notons que puressentiel est la seule marque utilisant conjointement le petit écran, la presse et la radio, arguant d’une efficacité au naturel.

La presse reste le vecteur d’une information détaillée (dont les risques encourus) et l’approche retenue par insect ecran (TV Mag). sur le web, chaque acteur expose son offre en proposant éventuellement un topo sur les différents types de moustiques, les maladies transmises et les mesures à prendre. Quand puressentiel appelle à l’interactivité (jeux, photos) de ses aficionados en utilisant les réseaux sociaux (Facebook, twitter, instagram) qui assurent sa notoriété, cinq sur cinq promeut ses produits via des bannières publicitaires sur les sites de voyage (« choisissez l’efficacité en toute sécurité »). Ou comment toucher de plein fouet le coeur de cible.

Même démarche pour Manouka, partenaire officiel du site vigilance-moustiques.com, créé en 2013, le premier site d’information actualisée sur les moustiques grâce au relais de pharmaciens sentinelles (500 000 visites en vingt mois).

N’oublions pas non plus les centres de vaccination qui prodiguent leurs conseils et communiquent incidemment sur les produits…

BRACELETS. Ludiques, pratiques, les bracelets représentent une véritable alternative aux répulsifs à appliquer. Ils représentent 15,2 % des ventes d’anti-moustiques en valeur. Mais jusqu’à quand ? Car ils sont déconseillés par le Haut Conseil en santé publique.

Grande distribution

Merci Marie Rose !

L’offre anti-moustique en GMS est largement dominée par la marque Marie Rose qui s’arroge 52 % de parts d’un marché pesant 8,7 millions d’euros (cumul annuel mobile février 2015, source fabricant). Issue de la pharmacie, cette marque experte des antiparasitaires propose, en effet, une palette complète de produits incluant des répulsifs, des soins apaisants et des produits 2 en 1 revendiquant une évidente praticité d’utilisation (dont le spray apaisant et répulsif). Dernier né de la gamme : le diffuseur anti-moustiques aux huiles essentielles. Les références naturelles ne sont pas en reste avec la marque Pyrel qui propose des solutions sans insecticide.

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