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Stratégies
Marchés
Auteur(s) : STÉPHANIE BÉRARD
Coline Bertrand et Mahault de Guibert, pharmaciennes et meilleures amies dans la vie, étaient toutes les deux passionnées de cosmétiques. « Nous rêvions de voir dans les rayons des officines une gamme de produits simples et naturels pour tout type de peau, qui associe la sécurité de la dermatologie et le côté plaisir de la cosmétologie », affirment les deux trentenaires.
Après quelques années passées à travailler en pharmacie, elles ont profité du master sur la création d’entreprise réalisé par Mahaut de Guibert à HEC pour structurer leur projet d’une marque de produits hydratants composés à 95 % d’ingrédients naturels.
Première étape : une charte de formulation drastique. La marque s’engage ainsi à n’avoir aucun ingrédient d’origine animale, ni d’aluminium, de paraben, d’huiles minérales, de benzophénones, ou encore de phtalates… « Nous avons retiré tous les ingrédients sujets à polémique », plaident-elles. Les deux entrepreneuses ont levé 700 000 euros en rassemblant autour d’elles une quarantaine d’investisseurs particuliers, parmi lesquels une quinzaine de pharmaciens et de médecins séduits par le projet.
Pendant un an et demi, les deux jeunes femmes prennent le temps de concevoir, tester et fabriquer une gamme de sept produits, allant de la crème hydratante à l’huile de douche lavante et au gel micellaire. « Ce sont des produits d’hydratation car ce besoin correspond à 50 % des demandes desclientes en officine. » Avec une cible privilégiée de jeunes femmes âgées de 17 à 35 ans sans problème de peau particulier, les deux fondatrices de La Rosée ont joué à fond sur la simplicité : un packaging recyclable épuré et lisible pour être « très facile à comprendre », ainsi qu’une gamme de prix abordables allant de 14,90 à 16,90 euros en prix public.
Mais les deux pharmaciennes savent qu’elles investissent un marché concurrentiel et qu’il sera bien difficile de se frayer un chemin dans les rayons des officines. A moins de faire preuve d’un peu d’ingéniosité. « Au moment de lancer le premier produit, nous avons organisé une soirée de lancement avec des pharmaciens pour leur parler de la marque », se rappelle Mahault de Guibert. Résultat : La Rosée Cosmétiques gagne ses 30 premiers clients en à peine une semaine après la création de la marque en mai 2015. Un bon début qui permet aux deux jeunes femmes de pousser une à une, pendant deux ans, la porte des officines pour référencer leur marque.
Les pharmaciens ont été rapidement convaincus : « Les actifs de nos produits comme l’aloe vera, le concombre ou le beurre de karité sont faciles à expliquer aux clientes. » Et des testeurs sont à disposition pour le point de vente. Le coût minimum d’implantation est de 400 euros, avec un présentoir de comptoir, des PLV, une animation de vitrine et des testeurs.
Les deux jeunes femmes ne s’y sont pas trompées. Moins de trois ans après le lancement de la marque, La Rosée a séduit 600 pharmacies et 150 000 produits ont été vendus. Leur best-seller, l’huile lavante, est vendue « toutes les neuf minutes ».
L’avenir semble donc tout tracé pour les deux entrepreneuses. En 2018, un millier d’officines devraient référencer la marque. A l’étranger, celle-ci est déjà présente dans une quinzaine de pharmacies à Londres, et un concept store à New York vient d’être inauguré.
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