Retrouvez tous vos contenus sur mobile avec l'application du Moniteur des pharmacies.
Téléchargez gratuitement l'application !
Professionnels de santé, accédez à plus de contenu, réagissez aux actus et bénéficiez de tous les avantages en vous connectant à votre espace personnel.
Si vous n'avez pas de compte,
vous pouvez en créer un gratuitement !
Vous avez la parole
Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY
« Dans la pharmacie où j’exerce, les personnes âgées constituent une bonne part de la patientèle. Au quotidien, beaucoup de ceux dont je m’occupe ont plus de 75 ans. Il y a énormément de travail à faire avec eux, notamment pour lutter contre l’iatrogénie médicamenteuse. En partenariat avec le Gérontopôle de Toulouse (Haute-Garonne) et des médecins généralistes, nous avons mis en place dans notre officine des actions de conciliation médicamenteuse. Elles permettent une approche globale par un échange plus personnel, pendant une bonne heure par patient. Je pose beaucoup de questions sur les habitudes de vie, les traitements pris, etc. Pour l’instant, j’ai réalisé quatre bilans, dont les conclusions ont été envoyées au médecin généraliste.
Avant même d’exercer, je me suis intéressée aux problématiques liées à la polymédication. La thèse que j’ai présentée, il y a quatre ans, portait sur « Les médicaments inappropriés chez les patients de plus de 75 ans ». J’ai comparé les différentes listes. J’ai aussi étudié tous les médicaments que prennent ces patients fragiles, et il s’est avéré qu’il y avait beaucoup de traitements potentiellement inappropriés. L’an dernier, j’ai aussi suivi, au titre de la formation continue, le DU « Optimisation de la prise en charge médicamenteuse du patient âgé » que la faculté des sciences pharmaceutiques de Toulouse a lancé à la rentrée 2016.
A l’officine, je vois beaucoup d’ordonnances très longues où, pour pallier les méfaits de certaines molécules, on en ajoute d’autres, et où chaque spécialiste a voulu prescrire son médicament… La conciliation médicamenteuse a permis de détecter des cas de non observance, des oublis ou des erreurs, que nous n’avions pas repérés au comptoir. Les bilans d’ordonnances ont donné lieu à des propositions sur la galénique, ou sur les posologies. Comme par exemple suggérer de remplacer des sachets de Kardégic par des comprimés d’aspirine, ajuster les doses de diurétique d’un patient gêné de se lever quatre fois par nuit, qui prenait aussi un médicament pour la prostate, ou simplifier une posologie de Levothyrox. Ces modifications sont suggérées au médecin traitant. Par chance, nous travaillons en bonne intelligence avec un cabinet comptant plusieurs jeunes médecins spécialisés en gériatrie, plutôt réceptifs.
Ces bilans n’ont pas été si évidents à instaurer. Les personnes âgées apprécient rarement de se voir ôter un médicament. Il est difficile de leur expliquer par exemple que les benzodiazépines ou les somnifères qu’elles prennent depuis dix ans sont inappropriés. Et surtout, elles ne se rendent pas compte tout de suite de l’intérêt du bilan, les mesures étant mises en place plus tard, ou non, par le médecin. C’est aussi un changement qui s’opère dans notre façon d’exercer. Auparavant nous étions rémunérés au nombre de boîtes délivrées. Là, la démarche est inverse. Le pharmacien qui est un spécialiste du médicament peut montrer qu’il n’est pas réduit à vendre des boîtes. Dans la profession, certains peuvent considérer que c’est contradictoire et ne pas voir cette démarche d’un bon œil. Sur un plan économique, ça peut être compliqué au départ s’il n’y a pas de rémunération pour compenser. Pour l’instant je le fais bénévolement sur mon temps de repos. »
BIO EXPRESS
Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?
1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.
Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !