« Je voudrais un appareil d’automesure tensionnelle » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3197 du 04/11/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3197 du 04/11/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : MATTHIEU DRUEL 

L’autosurveillance tensionnelle est un outil diagnostic et un facteur d’amélioration d’observance du traitement antihypertenseur. Une mauvaise utilisation des appareils d’automesure peut cependant donner des résultats erronés et entraîner une inquiétude chez le patient. Quelques questions et un conseil avisé suffisent.

1 Pour qui est-ce ?

FABIENNE, 56 ANS : Il me faudrait un autotensiomètre, s’il vous plaît.

LE PHARMACIEN : C’est pour vous ?

– Non, c’est pour mon père. Il a plein de soucis de santé en ce moment et il est un peu confus.

– Pensez-vous qu’il soit capable de l’utiliser convenablement ? Est-ce que vous pourriez faire les mesures avec lui ?

L’autosurveillance est inappropriée chez le patient incapable de respecter les consignes d’utilisation. Pour les personnes non autonomes ou souffrant de troubles cognitifs, la participation d’une tierce personne est nécessaire. En outre, les appareils ne sont pas validés chez l’enfant, qu’il soit en âge ou non d’intégrer les consignes et le fonctionnement du dispositif.

2 Savez-vous l’utiliser ?

LISE, 49 ANS : Bonjour, je voudrais un tensiomètre de bras.

LE PHARMACIEN : Vous avez déjà un tensiomètre de poignet, il me semble. Il ne fonctionne plus ?

– Non, les valeurs ne sont jamais les mêmes.

Devant des valeurs tensionnelles anormales ou instables, il convient de s’assurer du respect des consignes d’utilisation de l’appareil d’automesure. Son emplacement sur le poignet ou le bras et sa position par rapport au cœur sont déterminants. En pratique, la bonne utilisation d’un autotensiomètre de poignet est plus délicate que celle d’un autotensiomètre de bras. Ces appareils de poignets sont donc réputés moins fiables que les appareils brachiaux.

CATHY, 55 ANS : Le médecin m’a demandé de surveiller ma tension.

LE PHARMACIEN : Savez-vous quand la mesurer ?

– Je vais chez le médecin dans trois semaines, vers 15 heures… Je vais la prendre tous les jours à cette même heure, non ?

La société française d’hypertension artérielle (SFHTA) conseille d’effectuer les mesures selon « la règle des trois » : 3 mesures à 1 minute d’intervalle, le matin à jeun. Puis le soir à un horaire régulier, les 3 jours qui précédent la prochaine consultation médicale. Les valeurs seront notées sur un support papier ou via la mémoire de l’appareil, s’il en est équipé, et remis au médecin. La moyenne de ces résultats est représentative des valeurs tensionnelles du patient.

3 Quel est le condiv ?

EVE, 40 ANS : J’ai besoin d’un autotensiomètre de bras.

LE PHARMACIEN : C’est pour vous ?

– Non, pour mon mari. Sa tension doit être suivie.

– Votre mari a quelle corpulence ?

– Il souffre d’obésité. C’est pour ça qu’il est contrôlé pour sa tension.

Les brassards huméraux standards permettent en général une mesure pour un bras de 22 à 32 cm de circonférence. Un usage n’est pas recommandé au-delà (patient obèse, bras très musclés…) ou en deçà (patients maigres, dénutris…). Des brassards spécifiques sont prévus pour les bras plus petits (17 à 22 cm) ou plus gros (32 à 46 cm). Un brassard trop petit surestime les valeurs tensionnelles, un trop grand les sous-estime.

4 Prenez-vous des médicaments ?

JULIEN, 45 ans : Je cherche un autotensiomètre, s’il vous plaît.

LE PHARMACIEN : C’est votre médecin qui vous l’a conseillé ?

– Non, mais j’aimerais bien vérifier ma tension.

– Vous êtes suivi pour une pathologie ? Vous prenez des médicaments ?

– Oui, Duoplavin, Zocor et Flécaïne.

En cas d’arythmie ou chez les patients traités par des antiarythmiques, les valeurs tensionnelles peuvent être erronées lors de l’automesure. Pour les mêmes raisons, la société française d’hypertension artérielle (SFHTA) exclut les personnes trop anxieuses du protocole d’automesure. 

L’ESSENTIEL SUR LES PRODUITS 

Les tensiomètres automatiques sont utilisés pour une surveillance de la tension artérielle en dehors des consultations médicales. Ils permettent de constater une hypertension artérielle (HTA) ou valider l’atteinte des objectifs tensionnels lors de la mise en place d’un traitement. Ils mesurent les pressions artérielles systolique et diastolique et la fréquence cardiaque. Ils doivent répondre aux normes NF1060. Il existe deux types de dispositifs : autotensiomètres de poignet ou équipés d’un brassard huméral.
Règles d’utilisatioN
Pour qui ? A partir de 15 ans.
Pourquoi ? L’automesure à domicile permet notamment d’écarter une « HTA blouse blanche » (HTA temporaire) ou une « HTA masquée » (tension normalisée) observées en consultation.
Quand l’éviter ? Sur une plaie, sur un bras atteint de lymphœdème ou avec une artère stentée. Egalement en cas de perte d’autonomie, de troubles cognitifs, d’anxiété. Les résultats ne sont pas interprétables en cas d’arythmie.
Quel bras utiliser ? Celui où les résultats tensionnels sont les plus élevés.

Protocole de l’automesure
Comment se préparer ? Ne pas fumer, boire de café ou faire de sport dans l’heure précédent la mesure. Se reposer au moins 5 minutes avant. Se placer en position assise, jambes décroisées, bras dénudé ou couvert d’un vêtement non compressif, sans montre ni bracelet.
Avec un autotensiomètre de poignet ? Installer le dispositif au niveau du poignet, écran côté paume. Le placer à la hdiv du cœur, main posée sur l’épaule opposée, poing desserré, s’aider du bras libre pour maintenir cette position.
Avec un autotensiomètre huméral ? Installer le brassard à hdiv du cœur, 2 centimètres au dessus du pli du coude, bras posé sur une table, poing desserré.
Des précautions pendant la mesure ? Ne pas bouger, parler, manger ou boire. Rester au calme.

Les options disponibles
Connecté (Nokia BPM+, Omron M7 Intelli IT, Terraillon Tensio Visiomed My Tensio…) : le transfert des valeurs vers le smartphone ou la tablette permet un tracé de courbes et un suivi sur plusieurs semaines ou mois.
Mémoire intégrée : permet un enregistrement d’un nombre de valeurs déterminé pour un ou plusieurs utilisateurs (tensiomètre bras automatique 3 mesures Thuasne, Tensoval mobil Hartmann, Magnien brassard MAM…). Certains calculent automatiquement la moyenne des mesures.
Tailles du brassard : les plus courantes sont de 17 à 22 cm (petit), de 22 à 33 cm (standard) ou de 32 à 46 cm(grand). Elles peuvent varier en fonction des modèles et des marques.
Indicateur de position : système d’alerte visuel ou auditif en cas de mauvais positionnement du tensiomètre (Omron M6 confort…).
Conseils
– Rappeler que la pression artérielle s’exprime communément en centimètres de mercure (14/9 cmHg), alors que les appareils fournissent un résultat en millimètres de mercure (140/90 mmHg).
– A défaut de carnet fourni avec l’appareil, une fiche de relevé de mesures peut être téléchargé auprès du Cespharm (cespharm.fr).
– Les seuils qui définissent une hypertension en automesure (135/85 mmHg) sont inférieurs à ceux définis en milieu médical (140/90 mmHg).
– En cas de valeur trop haute ou trop basse, le patient ne doit pas modifier son traitement sans consultation médicale.

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