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Temps Forts
Interview
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MAGALI CLAUSENER
Après un traumatisme comme celui que vous avez vécu, peut-on se reconstruire seul ?
P.P. Le traumatisme dure plus longtemps qu’on veut bien le dire. Avant les attentats, on était dans une logique où un psychotraumatisme durait quelques heures. En fait, c’est plus ou moins long avec des phases aiguës durant un an. Chacun se reconstruit, c’est un processus individuel, mais il faut accepter d’être aidé. C’est une illusion de penser qu’on va s’en sortir tout seul. Il s’agit de soins, d’étude des signes cliniques. Cela ne s’improvise pas. Un suivi des victimes est nécessaire six mois et un an après.
Le pharmacien a-t-il un rôle à jouer auprès des victimes ?
Le pharmacien a un rôle important à jouer, car il est la première porte d’accès aux soins. Il peut orienter des victimes vers un psychiatre ou un psychanalyste, par exemple si elles ont des troubles du sommeil et veulent des somnifères. Il a aussi un travail de fond lors de la délivrance des médicaments. Le renouvellement de traitements par benzodiazépines n’est pas bon. Il doit être réévalué par le psychothérapeute régulièrement, voire chaque semaine, pour être adapté. La prise en charge requiert un lien pluridisciplinaire. Des pathologies parfois graves peuvent aussi survenir, déclenchées par le traumatisme, comme des cancers.
Notre système de santé est-il prêt à prendre en charge les victimes ? Doit-on s’appuyer sur la psychiatrie militaire que vous évoquez dans votre livre ?
De tels traumatismes sont un sujet à la fois individuel et collectif. L’adaptation et la préparation des structures médicopsychologiques sont essentielles, en lien avec les structures pédopsychiatriques car la prise en charge des enfants et des adolescents est spécifique. Il y a en effet une convergence avec la psychiatrie militaire. Les psychiatres militaires ont une expertise, qui doit être davantage reconnue et défendue.
L’étude IMPACT menée après les attentats de janvier 2015 montre que chez les intervenants, les conséquences psycho-pathologiques sont moins fréquentes qu’en population civile.
Je pense que les effets sont sous-évalués. Des collègues qui sont intervenus au Bataclan l’ont très mal vécu. Ceux qui sont entrés dans la salle ont encore des cauchemars. Certains n’ont pas pu travailler pendant au moins six mois. Des psychiatres de la cellule d’urgence, qui ont entendu tous les jours des témoignages, ont quant à eux développé un stress post-traumatique.
Vous avez témoigné après l’attentat. Avec le recul, était-ce une bonne chose ?
Le témoignage immédiat est nécessaire, mais il faut ensuite s’éloigner de la presse. Nous sommes dans une société de victimisation. Les victimes ont besoin que l’on n’oublie pas leur malheur, mais elles ne doivent pas s’enfermer dans ce rôle. Après l’attentat de Manchester, des journalistes ont interviewé des victimes des attentats du 13 novembre 2015 qui ont reparlé de ce qu’elles ont vécu. Les médias nous bloquent dans ce rôle.
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