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Temps Forts
Enjeux
Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD
Les remuants fonds d’investissement qui alimentent certains groupements (Rothschild chez Lafayette, Sagard chez Paris Pharma…) sèment à nouveau le trouble dans la profession. A Paris, dans le 15e arrondissement – le plus peuplé de la Capitale –, l’anxiété est montée d’un cran. Dans la trés animée rue du commerce, à l’emplacement d’une ancienne boutique Zara, la crainte de l’ouverture d’une « mégapharmacie », sur 800 m², à l’enseigne Paris Pharma se précise. « Celle-ci serait issue de l’achat et du regroupement/transfert de deux petites pharmacies, l’une déjà sous enseigne Paris Pharma, située boulevard de Grenelle et l’autre avenue Emile Zola », subodore Patrick Fevra, installé à 230 mètres des lieux convoités. Compte tenu du loyer colossal fixé dans le bail (800 000 à 1 M€ à l’année selon nos sources), aucun pharmacien ne peut s’offrir un tel emplacement, sauf à le faire financer par un fonds d’investissement. L’enseigne Paris Pharma n’en est pas à son coup d’essai. Le groupement a mis la main sur l’une des plus grosses officines parisiennes, la pharmacie Monge, très courue pour ses prix bas. Monge. Ce nom a-t-il vocation à se déployer et donner lieu à une enseigne, en parallele des pharmacies arborant les couleurs de Paris Pharma ? En attendant, d’autres opérations risquent de se reproduire à des endroits stratégiques de la Capitale avec des rumeurs de transfert rue du Four et rue de Sèvres dans le 6e arrondissement (sur 1 000 m² actuellement occupés par un Carrefour City). Paris Pharma conduirait des projets similaires dans d’autres grandes métropoles (Lyon, Lille…). Les pharmacies à proximité se préparent des jours difficiles.
C’est pour cette raison que Patrick Fevra est bien décidé à ne pas courber l’échine et à faire barrage aux pratiques qu’il juge « borderlines » de ces fonds spéculatifs. Avant que leur emprise sur le réseau ne soit trop forte. Il y a plus d’un mois, il a créé l’ADIP (Association de défense de l’indépendance de la pharmacie) qui compte à ce jour plus d’une cinquantaine d’adhérents pas exclusivement parisiens. L’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF) est également montée au créneau. « Il faut arrêter ce jeu de cache-cache auquel se livrent certains acteurs de notre profession, harangue Eric Myon, secrétaire général du syndicat. Ils agissent en lien avec les fonds d’investissement, sous le couvert de structures financières, des holdings, pour installer des jeunes diplômés ayant de faibles moyens et les embarquer dans des montages hasardeux leur faisant perdre leur indépendance professionnelle et économique. » En désaccord également avec cette stratégie, Patrick Daloy, qui a présidé Paris Pharma pendant 5 ans, a quitté ce groupement. Il a été suivi par une quinzaine d’adhérents qui craignaient de perdre leur indépendance. « La course à la croissance a dénaturé la qualité de l’enseigne “ services “ qui était la stratégie d’origine, explique-t-il. Aujourd’hui, des adhérents se voient concurrencés par les propres administrateurs du groupement qui rachètent des officines grâce au fonds Sagard ». « Il ne faut pas se focaliser uniquement sur Paris Pharma, d’autres enseignes telles que Lafayette et des pharmaciens agissant pour leur propre compte procèdent de la même façon par l’interposition de sociétés écrans entre leur fonds d’investissement et les officines », assène un officinal membre de l’ADIP qui souhaite garder l’anonymat. Selon lui, d’autres projets de même nature seraient en gestation avec des fonds anglais, canadiens et coréens. « La foudre risque de tomber un peu partout sur les officines, la profession doit rapidement trancher entre les fonds d’investissement spéculatifs et ceux qui permettent d’offrir une porte de sortie à des vendeurs et une opportunité à de jeunes acheteurs », appelle-t-il de ses vœux. Patrick Daloy estime aussi qu’il faut agir vite avant que les fonds d’investissement aient la mainmise complète et définitive sur un réseau de pharmacies qui ne pourra être revendu, compte tenu des engagements financiers, qu’à un autre fonds.
L’UNPF a déjà fait son choix, lequel se porte en faveur d’un fonds d’investissement « officinal » équitable et détenu uniquement par des pharmaciens. Dénonçant les taux d’emprunt particulièrement élevés (8 %) pratiqués par les fonds spéculatifs, le syndicat a interpellé à plusieurs reprises le ministère de la Santé et l’Ordre sur ce problème et appelé les autres syndicats à livrer bataille « contre ces OPA sur la pharmacie indépendante de proximité ». Message reçu cinq sur cinq par Andrée Ivaldi, présidente de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris rattachée à la FSPF, qui s’inquiète elle aussi de « la proportion importante prise par ce nouveau type de montage financier ». De son côté, Martial Fraysse, président de l’Ordre régional des pharmaciens d’Ile-de-France, réitère les mises en garde auprès des adjoints qui souhaitent s’installer avec l’appui de fonds d’investissement mais reste prudent sur les actions à mener. « L’Ordre n’a vu jusqu’ici aucun dossier de regroupement ou de transfert et ne peut agir sur des suppositions, même s’il y a des indices, ni juger tant que les faits ne sont pas avérés. »
De plus, l’instance ne peut s’opposer au recours par les pharmaciens à des outils financiers qui sont parfaitement légaux, ni à des choix d’exercice du titulariat. « Le pharmacien reste libre de se mettre la corde au cou et d’envisager son plan de carrière comme il l’entend. En revanche, il doit garder le libre arbitre dans tous ses actes », précise Martial Fraysse qui réclame que les montages financiers soient transmis à l’Ordre lors du dépôt du dossier d’inscription au tableau.
À RETENIR
LES FONDS D’INVESTISSEMENT
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