« Je voudrais quelque chose contre le mal de dos » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3180 du 03/06/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3180 du 03/06/2017
 

Auteur(s) : NATHALIE BELIN 

La lombalgie aiguë, couramment appelée « lumbago », est très fréquente. A l’officine, il faut savoir orienter rapidement vers le médecin en cas de signes d’alerte ou délivrer un antalgique adéquat associé à des conseils adaptés en attendant un avis médical.

1 Quels sont les symptômes ?

– Mme C., 50 ans : Mon mari s’est fait un tour de rein ! Je n’ai que Doliprane à la maison, pouvez-vous me donner quelque chose de plus fort ?

– Le pharmacien : Comment est-ce arrivé ? A-t-il fait une chute ?

– Non... il a dû faire un mauvais mouvement en rangeant le garage !

– Quels sont ses symptômes exactement ?

– Il a mal dans le bas du dos dès qu’il bouge. Il me dit aussi qu’il a du mal à uriner...

Une lombalgie aiguë est généralement bénigne. Toutefois la recherche de signes d’alerte est impérative pour orienter sans tarder vers le médecin : notion de traumatisme récent (chute...), douleur à recrudescence nocturne ou non soulagée par le repos au lit, fièvre (suspicion d’atteinte infectieuse) mais aussi irradiation aux membres inférieurs (sous le genou) et/ou déficit moteur ou sensitif et troubles mictionnels témoignant d’une atteinte nerveuse. Ces derniers (dysurie, rétention urinaire...) constituent une urgence chirurgicale (risque de lésion neurologique irréversible).

2 Pour qui est-ce ?

– Un homme d’une quarantaine d’année avec une boîte d’Advilcaps et de Doliprane tabs : Quel est le plus efficace pour des douleurs de dos ?

– Le pharmacien : Est-ce pour vous ?

– Non, c’est pour ma femme. On déménage et elle a trop forcé avec les cartons !

– Elle n’est pas enceinte ?

– Heu si... mais juste de 2 mois.

Les AINS ainsi que l’aspirine sont à éviter les cinq premiers mois de grossesse (ils pourraient notamment induire des fausse-couches) et sont formellement contre-indiqués à partir du début du 6e mois (risque d’atteintes rénales et cardiopulmonaires), quelle que soit la voie d’administration. Les cinq premiers mois de grossesse, ils ne doivent être utilisés que s’ils s’avèrent indispensables, à la dose efficace la plus faible et sur la durée la plus courte possible. En automédication, il convient d’orienter vers des alternatives comme le paracétamol ou si besoin la codéine, sauf pour cette dernière à l’approche du terme (syndrome de sevrage possible chez le nouveau-né à des doses importantes). Les lombalgies étant fréquentes aux 2e et 3e trimestres de la grossesse, il est important de mettre en garde les femmes enceintes.

Une femme de 40 ans environ : Bonjour, vous auriez un baume pour soulager des douleurs dans le dos ?

– Le pharmacien : C’est pour vous ?

– Non c’est pour mon fils de 13 ans. Il a mal au dos... mais bon je me dis que c’est normal, il grandit vite !

Chez l’enfant en période de croissance et chez l’adulte jeune (20-25 ans), un avis médical est systématiquement nécessaire en cas de douleur lombaire pour identifier une cause (infection, tumeur, fracture, malformation...).

3Etes-vous suivi pour une pathologie particulière ?

Un homme de 60 ans environ : ma femme a mal au dos depuis hier. On a fait de la route… ça doit être le trajet en voiture. Qu’est ce que vous auriez pour la soulager ?

Le pharmacien : Elle prend des médicaments ?

– Elle est sous cortisone pour une polyarthrite...

La prise d’un traitement immunodépresseur impose un avis médical pour éliminer une cause infectieuse : corticothérapie au long cours, immunosuppresseurs (méthotrexate, azathioprine, anti-TNF alfa...). En cas d’ostéoporose, une consultation médicale est également impérative pour rechercher une fracture vertébrale.

4 Savez-vous comment réagir ?

– Mme B., 55 ans avec une boîte de NurofenFlash : Vous avez des ceintures lombaires ? Mon mari s’est fait mal au dos.

– Le pharmacien : Vous avez déjà fait quelque chose ?

– Je lui ai dit de rester au lit et de ne pas bouger pendant quelques jours, mais rien à faire !

Une lombalgie commune est bénigne et le repos au lit n’est pas indispensable. Au contraire, s’il s’avère nécessaire (douleur importante), il doit être le plus court possible (3 jours maximum), car il favorise l’évolution vers une lombalgie chronique. Le traitement antalgique vise justement à soulager rapidement pour pouvoir reprendre ses activités dès que possible dans les limites autorisées par la douleur. Si la douleur persiste après 3 à 4 semaines, il est nécessaire de refaire le point avec le médecin pour prévenir une éventuelle chronicisation.

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

La lombalgie correspond à une douleur dans le bas du dos parfois irradiante. La douleur entrave les activités habituelles et est améliorée par le repos. La plupart des lombalgies sont dites « communes », sans causes infectieuses, inflammatoires, tumorales ou fracturaires associées. Les facteurs de risque sont multiples : pathologie discale, port de charges lourdes, mauvaises postures… Une lombalgie aiguë évolue favorablement en quelques jours à un mois dans la plupart des cas. Une lombalgie subaiguë peut durer 1 à 3 mois. Au-delà de 3 mois, on parle de lombalgie chronique (5 à 10 % des patients).
Paracétamol
Pour qui ? Pour tous, en première intention.
Des effets indésirables ? Rares.
Des précautions ? Contre-indiqué en cas d’insuffisance hépatique sévère. Max. 3 g/jour si insuffisance hépatique légère à modérée, poids < 50 kg, alcoolisme chronique, insuffisance rénale sévère.
Des interactions ? AVK si dose de 4 g/jour pendant au moins 4 jours (surveillance de l’INR).

AINS (ibuprofène, kétoprofène), aspirine
Pour qui ? Si la douleur est importante, notamment chez l’adulte jeune sans risque digestif connu.
Des effets indésirables ? Gastralgies, ulcérations digestives, rash, aggravation d’un asthme. Risque de rétention hydrosodée, œdème, insuffisance rénale.
Des contre-indications ? Antécédents de crise d’asthme déclenchés par un AINS ou l’aspirine, d’ulcère gastroduodénal, d’insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque sévère, grossesse dès le début du 6e mois (à éviter avant).
Des interactions ? Autres AINS, anticoagulants, méthotrexate > 20 mg/semaine. Prudence avec IEC, diurétiques, sartans.
Codéine
Pour qui ? En deuxième intention.
Des effets indésirables ? Constipation, nausées, vomissements, somnolence, dépression respiratoire, dépendance au long cours.
Des contre-indications ? Asthme, insuffisance respiratoire.
Des interactions ? Alcool, morphiniques, médicaments sédatifs ou anxiolytiques (majoration de la somnolence).

Autres
Myorelaxants (méphénésine) : en cas de contractures musculaires associées. Risque de somnolence. Abus et dépendance sont possibles. A éviter au cours de la grossesse.
Topiques AINS ou myorelaxants : peu d’intérêt. Risque d’hypersensibilité ou de photosensibilité.
Chaleur (patchs chauffants…) : peut être bénéfique.
Ceintures lombaires : intérêt mal démontré. Eventuellement en prévention de récidives dans certaines situations (tâches sollicitant le dos…).
Manipulations vertébrales (par un ostéopathe) : accélèrent la récupération d’autant plus qu’elles sont pratiquées précocement.
Kinésithérapie : peu d’intérêt dans les formes aiguës. A la base de la prise en charge des lombalgies chroniques.
CONSEILS
Le repos au lit doit être évité. Pour limiter les récidives, identifier les facteurs de survenue (efforts vertébraux, posture au travail…) et préserver son dos (ne pas porter de charges lourdes, le dos courbé). Pratiquer une activité physique pour renforcer sa musculature et perdre du poids si nécessaire.

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