« Je suis pharmacien référent en EHPAD » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3180 du 03/06/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3180 du 03/06/2017
 
TÉMOIGNAGE

Stratégies

Equipe

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ DEVIS 

Marie-Thérèse Henry, titulaire de la pharmacie d’Haroué, en Meurthe-et-Moselle, réalise des préparations de doses à administrer pour deux EHPAD. Mais pas seulement. Elle livre son expérience de pharmacien référent et les nouvelles missions qu’elle voudrait mener auprès des résidents.

Je me suis installée en 2010, en association avec un titulaire qui était déjà engagé dans l’expérimentation de pharmacien référent en EHPAD menée par l’ARS Grand Est depuis 2009. Lorsqu’il est parti en 2012, j’ai endossé seule le statut de pharmacien référent auprès de deux structures chapeautées par une même direction nationale. A l’époque, nous faisions de la préparation de piluliers traditionnels. Etant rémunérée à ce titre (0,35 euro par jour et par résident), j’ai beaucoup travaillé sur la sécurisation du circuit du médicament et mis en place une procédure de traçabilité complète. Mon personnel allait sur place effectuer les préparations, sous ma responsabilité.

Quand l’expérimentation s’est arrêtée en 2013, nous avons continué dans les mêmes conditions de sécurité mais sans chercher à aller plus loin. Puis, l’une des deux structures avec lesquelles nous travaillions a signé une nouvelle convention avec l’ARS, et, dans ce cadre, il m’a été demandé de faire de la PDA de manière automatisée. J’ai longuement réfléchi car on ne me donnait pas un centime pour cela, ni pour l’achat de la machine, ni pour celui des consommables. Il faut savoir que le coût de revient de ces derniers est de 8 euros par patient et par mois, quelque soit le traitement, même si celui-ci ne me rapporte que 2 euros. J’ai accepté malgré tout de m’engager dans la démarche selon un mode semi-automatisé : ce sont mes patients qui se retrouvent dans ces EHPAD, et je n’ai pas envie de les abandonner. Autre intérêt : au niveau de l’organisation, mon équipe n’est jamais en manque de travail, même quand c’est calme à l’officine. Par ailleurs, dans une période de baisse des prescriptions, les EHPAD représentent une garantie de rotation des stocks sur certains produits.

A l’officine, une responsable par EHPAD

Reste que les contraintes liées à la PDA sont fortes. Tout d’abord, nous n’avons pas pu opter pour un processus entièrement automatisé car il nous faudrait pour cela servir au moins 250 lits contre 140 actuellement. Or le remplissage reste aujourd’hui chronophage. Ensuite, les médicaments ne peuvent plus être stockés sur place : nous livrons les EHPAD jusqu’à deux fois par jour. Plus embêtant, le logiciel n’est pas en mesure d’interpréter certaines formulations. Par exemple, quand il est écrit tramadol « si douleurs », cette nuance n’est pas prise en compte. Enfin, dans le cadre de l’expérimentation, le personnel allait passer deux matinées par semaine dans les EHPAD, ce qui favorisait l’échange direct d’informations et donc la sécurité et le service rendu. Aujourd’hui, tout se passe par téléphone, avec moins de disponibilité de part et d’autre.

En termes d’organisation au sein de l’équipe, la tâche est répartie entre deux préparatrices et moi, une responsable étant désignée pour chacune des structures. Il est indispensable que nous soyons plusieurs dans l’officine à maîtriser le dispositif, assez complexe quand on n’en a pas l’habitude. Par ailleurs, nous arrivons à travailler en bonne intelligence avec les médecins coordonnateurs et la direction de l’EHPAD et quand il y a un problème, nous en discutons ouvertement.

Au chapitre des évolutions potentielles, l’entrée en vigueur du statut de pharmacien référent impliquera enfin une rémunération et la possibilité d’effectuer de nouvelles missions auprès des patients de l’EHPAD : aromathérapie, gestion des achats et renouvellement du matériel médical, protocoles de soins en lien avec le médecin coordonnateur.... 

Marie-Thérèse Henry, titulaire en Meurthe-et-Moselle, voudrait développer de nouvelles missions en EHPAD.

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