Épisode 27 Directives anticipées - Le Moniteur des Pharmacies n° 3177 du 13/05/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3177 du 13/05/2017
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Les parents de Valérie Martin, Edmond et Arlette Lambert ne sont plus tout jeunes. Après une opération de la hanche en novembre dernier, Arlette sent bien qu’elle est moins en forme. Elle ne veut surtout pas être un poids pour ses enfants.

Mardi 9 mai En pleine séance de jardinage :

- Arlette Lambert : Il faut que j’aille voir le pharmacien pour cette histoire de directives anticipées. Cette campagne à la télévision, ça fait réfléchir. Et, depuis mon opération de la hanche, je sens que je ne suis plus aussi alerte qu’avant. Quant à Edmond, c’est pareil… Il a des maux de tête qui le fatiguent beaucoup en ce moment. Il faut vraiment qu’il en parle au médecin la prochaine fois. 

À la pharmacie

- M. Galien : Bonjour Madame Lambert.

- Bonjour Monsieur Galien. Pourrais-je vous voir tranquillement ? J’ai vu la publicité à propos de la fin de vie. Même si ce n’est pas un sujet agréable à aborder, je crois qu’il est temps pour nous, enfin, au moins pour moi, de m’y intéresser. Est-ce que vous pourriez m’expliquer cette histoire de directives anticipées ?

- Bien sûr. Si un jour vous ne pouvez plus communiquer à la suite d’un accident ou d’une maladie grave, les directives anticipées permettent d’exprimer par écrit vos volontés sur les traitements ou actes médicaux que vous souhaitez ou non. C’est le fait d’exprimer, par exemple, votre souhait ou votre refus que des actes comme la réanimation cardiorespiratoire, l’assistance respiratoire ou encore l’alimentation et l’hydratation artificielles soient réalisés.

- Oui, ce sont des éléments bien sérieux. Il va falloir que je réfléchisse et que j’en parle à ma famille.

- Effectivement, dialoguer à ce sujet est très important.

- Ah, mes enfants et petits-enfants ne veulent pas vraiment entendre parler de ça. Une fois, j’ai eu le malheur de dire à ma fille Valérie que je souhaiterais donner mes organes si quelque chose arrivait. Mais ma petite Lola est aussitôt intervenue : « Mamie, arrête, c’est morbide. » Quant à Valérie, elle est plutôt mutique sur le sujet. C’est inhabituel d’ailleurs !

- La rédaction de vos directives anticipées peut vraiment être l’occasion d’aborder le sujet avec vos proches. Et vous pouvez également désigner une personne de confiance.

- Une personne de confiance ? J’ai toute ma famille pour ça.

- La personne de confiance a plusieurs rôles. Durant tout le temps où vous pourrez exprimer vous-même votre volonté, elle peut vous soutenir dans vos décisions relatives à votre santé. Elle pourra aussi vous accompagner aux consultations ou aux entretiens médicaux si vous le souhaitez. Ensuite, le jour où vous ne pourrez plus exprimer votre volonté, si cela arrive, la personne de confiance devient le référent auprès de l’équipe médicale. Elle sera alors votre porte-parole et doit à ce titre avoir connaissance de vos directives anticipées.

- Ça doit forcément être Valérie ?

- Non, cela peut être quelqu’un de votre famille, un proche ou même votre médecin traitant.

- Le Docteur Carel ? Ah non, je l’aime bien mais ce serait bizarre. Par contre, pourquoi pas mon gendre Paul… Il a toujours été raisonnable.

- Dans un premier temps, vous devez en discuter avec lui. C’est une grande responsabilité et il doit accepter cette mission. Il peut également la refuser.

- Oh, je suis sûre qu’il acceptera.

- Vous savez, son témoignage l’emportera sur tout autre témoignage, même celui de votre fille ou de vos petits-enfants lorsque vous ne serez plus capable de vous exprimer.

- Oui je n’avais pas vu cela sous cet angle. Il faut vraiment que je discute de tout cela avec Paul et Valérie. J’ai encore une question. Une fois que j’ai rédigé ce blabla, je dois l’envoyer à qui ? Au docteur Carel ? A l’hôpital ?

- Il y a plusieurs solutions. L’essentiel est que vous disiez à votre médecin, vos proches et à la personne de confiance, que vous avez rédigé des directives anticipées. En leur indiquant précisément où elles sont conservées. Vous pouvez garder celles-ci chez vous, les confier à votre personne de confiance, à votre médecin traitant, les faire enregistrer dans votre dossier médical partagé si vous en avez un.

- Oui… Je verrai avec Paul.

- A ce propos, s’il accepte de devenir votre personne de confiance, le contrat devra être formalisé par écrit. Il existe un formulaire type. Sinon, le contrat peut être rédigé sur papier libre. Il devra être daté et signé, avec les nom(s), prénom(s) et coordonnées de la personne de confiance afin qu’il soit joignable. Ce dernier devra également signer le contrat. Enfin, une dernière chose, sachez que vous pouvez changer tout élément de vos directives, ou choisir une autre personne de confiance à tout moment.

- C’est compris. 

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : « Les directives anticipées — document destiné aux professionnels de santé et du secteur médico-social et social », mars 2016, HAS ; « Modèle de directives anticipées (élaboration, modification, annulation) », mars 2017, service-public.fr.

À RETENIR


• Les directives anticipées peuvent être rédigées par toute personne majeure bien portante ou atteinte d’une grave maladie. Rédiger des directives anticipées n’est pas une obligation.

• Les directives anticipées comprennent des informations de différents types sur la fin de vie : le souhait ou le refus du maintien artificiel en vie en cas de perte définitive de conscience par exemple, l’acceptation ou le refus que soient entrepris une réanimation cardiaque et respiratoire, le branchement à un appareil à dialyse rénale, une assistance respiratoire, etc. Peuvent aussi y figurer les souhaits de la personne concernant son lieu de prise en charge pour la fin de vie (domicile, EHPAD, établissement spécialisé), et les modalités de coordination des soins. La question de la sédation profonde peut également être indiquée.

• Le patient peut choisir sa personne de confiance. Celle-ci a une mission d’accompagnement lorsque la personne peut encore exprimer sa volonté. Elle a également une mission de référent auprès de l’équipe médicale si la personne ne peut plus exprimer sa volonté. Dès lors, elle devient son porte-parole, et son témoignage l’emportera sur tout autre témoignage (membres de la famille, proches…). Elle n’aura pas la responsabilité de prendre des décisions concernant les traitements, mais témoignera des souhaits, volontés et convictions de la personne.

Disponible sur le site de la HAS.

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