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Expertise
Feuilleton
Auteur(s) : ANNE DROUADAINE
- Arlette Lambert : Il faut que j’aille voir le pharmacien pour cette histoire de directives anticipées. Cette campagne à la télévision, ça fait réfléchir. Et, depuis mon opération de la hanche, je sens que je ne suis plus aussi alerte qu’avant. Quant à Edmond, c’est pareil… Il a des maux de tête qui le fatiguent beaucoup en ce moment. Il faut vraiment qu’il en parle au médecin la prochaine fois.
- M. Galien : Bonjour Madame Lambert.
- Bonjour Monsieur Galien. Pourrais-je vous voir tranquillement ? J’ai vu la publicité à propos de la fin de vie. Même si ce n’est pas un sujet agréable à aborder, je crois qu’il est temps pour nous, enfin, au moins pour moi, de m’y intéresser. Est-ce que vous pourriez m’expliquer cette histoire de directives anticipées ?
- Bien sûr. Si un jour vous ne pouvez plus communiquer à la suite d’un accident ou d’une maladie grave, les directives anticipées permettent d’exprimer par écrit vos volontés sur les traitements ou actes médicaux que vous souhaitez ou non. C’est le fait d’exprimer, par exemple, votre souhait ou votre refus que des actes comme la réanimation cardiorespiratoire, l’assistance respiratoire ou encore l’alimentation et l’hydratation artificielles soient réalisés.
- Oui, ce sont des éléments bien sérieux. Il va falloir que je réfléchisse et que j’en parle à ma famille.
- Effectivement, dialoguer à ce sujet est très important.
- Ah, mes enfants et petits-enfants ne veulent pas vraiment entendre parler de ça. Une fois, j’ai eu le malheur de dire à ma fille Valérie que je souhaiterais donner mes organes si quelque chose arrivait. Mais ma petite Lola est aussitôt intervenue : « Mamie, arrête, c’est morbide. » Quant à Valérie, elle est plutôt mutique sur le sujet. C’est inhabituel d’ailleurs !
- La rédaction de vos directives anticipées peut vraiment être l’occasion d’aborder le sujet avec vos proches. Et vous pouvez également désigner une personne de confiance.
- Une personne de confiance ? J’ai toute ma famille pour ça.
- La personne de confiance a plusieurs rôles. Durant tout le temps où vous pourrez exprimer vous-même votre volonté, elle peut vous soutenir dans vos décisions relatives à votre santé. Elle pourra aussi vous accompagner aux consultations ou aux entretiens médicaux si vous le souhaitez. Ensuite, le jour où vous ne pourrez plus exprimer votre volonté, si cela arrive, la personne de confiance devient le référent auprès de l’équipe médicale. Elle sera alors votre porte-parole et doit à ce titre avoir connaissance de vos directives anticipées.
- Ça doit forcément être Valérie ?
- Non, cela peut être quelqu’un de votre famille, un proche ou même votre médecin traitant.
- Le Docteur Carel ? Ah non, je l’aime bien mais ce serait bizarre. Par contre, pourquoi pas mon gendre Paul… Il a toujours été raisonnable.
- Dans un premier temps, vous devez en discuter avec lui. C’est une grande responsabilité et il doit accepter cette mission. Il peut également la refuser.
- Oh, je suis sûre qu’il acceptera.
- Vous savez, son témoignage l’emportera sur tout autre témoignage, même celui de votre fille ou de vos petits-enfants lorsque vous ne serez plus capable de vous exprimer.
- Oui je n’avais pas vu cela sous cet angle. Il faut vraiment que je discute de tout cela avec Paul et Valérie. J’ai encore une question. Une fois que j’ai rédigé ce blabla, je dois l’envoyer à qui ? Au docteur Carel ? A l’hôpital ?
- Il y a plusieurs solutions. L’essentiel est que vous disiez à votre médecin, vos proches et à la personne de confiance, que vous avez rédigé des directives anticipées. En leur indiquant précisément où elles sont conservées. Vous pouvez garder celles-ci chez vous, les confier à votre personne de confiance, à votre médecin traitant, les faire enregistrer dans votre dossier médical partagé si vous en avez un.
- Oui… Je verrai avec Paul.
- A ce propos, s’il accepte de devenir votre personne de confiance, le contrat devra être formalisé par écrit. Il existe un formulaire type. Sinon, le contrat peut être rédigé sur papier libre. Il devra être daté et signé, avec les nom(s), prénom(s) et coordonnées de la personne de confiance afin qu’il soit joignable. Ce dernier devra également signer le contrat. Enfin, une dernière chose, sachez que vous pouvez changer tout élément de vos directives, ou choisir une autre personne de confiance à tout moment.
- C’est compris.
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