« Je voudrais quelque chose pour une entorse » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3176 du 06/05/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3176 du 06/05/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : MATTHIEU DRUEL 

A la reprise du sport ou lors de gestes quotidiens, un moment d’inattention et l’entorse est vite arrivée. Même bénigne, ses conséquences sont parfois lourdes. Quelques questions suffisent pour bien prendre en charge une entorse avant un avis médical.

1 Quels sont les symptômes ?

Un patient, 25 ans :Je voudrais Cliptol gel, s’il vous plaît.

Le pharmacien : Bien sûr. De quoi souffrez-vous ?

- Juste une petite foulure, mais j’ai l’habitude. Ça va passer...

La gravité d’une entorse n’est pas proportionnelle à la douleur ressentie. La minimiser est une erreur. Toute entorse requiert un avis médical dans un délai court, afin d’en déterminer la gravité, s’assurer de l’absence de fracture et envisager un suivi rééducationnel. Chez l’enfant, elle peut avoir des répercussions sur le développement ostéo-articulaire. Mal soignée, elle peut récidiver à l'adolescence et à l'âge adulte et, sur le long terme, évoluer vers de l'arthrose.

Un homme, 40 ans : Ma cheville est gonflée et très douloureuse.

Le pharmacien : Que s’est-il passé ? Avez vous entendu un craquement ? L’œdème est-il apparu rapidement ?

Il est essentiel de savoir repérer les signes de gravité : craquement ou déchirure perçus sur le moment, œdème immédiat, douleur intense, ecchymose et immobilité articulaire sont les signes d'une entorse grave nécessitant une consultation médicale d'urgence.

2 Avez-vous traité l’entorse ?

Une jeune femme : Mon ami s’est foulé la cheville.

Le pharmacien : Qu’a-t-il fait pour soulager la douleur ?

- Il a mis une bouillote chaude.

Quelle que soit la gravité de l'entorse et l'âge du patient, les premiers gestes à effectuer suivent le protocole GREC*. Il comprend le glaçage toutes les 2 à 3 heures pendant 15-20 minutes les premiers jours, induisant une vasoconstriction locale qui limite l’inflammation, l’œdème et la douleur ; le repos de l'articulation (immobilisation avec attelle, décharge avec béquilles) ; l’élévation du membre pour drainer le liquide inflammatoire et diminuer la douleur et l’œdème ; une compression temporaire de l'articulation (bandes de contention, genouillère, chevillère…) pour lutter contre l'œdème et l'inflammation.

* GREC = glaçage, repos, élévation, compression.

3 Quel est le condiv ?

Anne, 28 ans : Auriez vous du Flector, j’ai dû me fouler l'épaule.

Le pharmacien : Bien sûr. Pas de grossesse en cours ?

- Si, pourquoi ?

Même par voie cutanée, tout anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est à proscrire sans avis médical pendant toute la grossesse. La prise est contre-indiquée dès le début du 6e mois de grossesse (risque de fœtotoxicité cardiopulmonaire et rénale). Une étude a par ailleurs montré qu’une prise au cours du 1er trimestre induit une atteinte de l’appareil génital et reproducteur masculin du fœtus.

4Prenez-vous d'autres médicaments ?

Un homme, 55 ans, boitant : Une boîte de Nurofen, s’il vous plaît. Je me suis tordu le genou !

Le pharmacien : Suivez-vous un traitement actuellement ?

- Je suis sous Xarelto.

L'association de tout AINS, y compris l'aspirine, avec un anticoagulant majore le risque hémorragique. Elle est fortement déconseillée. Le paracétamol reste l’antalgique de première intention. De plus, une atteinte ligamentaire sous anticoagulant peut provoquer un épanchement sanguin au sein de l'articulation. Le patient doit y être sensibilisé.

5 Savez vous utiliser le traitement?

Une femme, 35 ans :Je me suis fait une entorse, vous auriez du gel VoltarenActigo ?

Le pharmacien : Vous savez l’appliquer ?

- Il faut masser pour le faire pénétrer.

Tout massage est à proscrire lors d’une entorse. Cela augmente la douleur et peut aggraver les lésions. Il faut appliquer les topiques anti-inflammatoires (AINS, huiles essentielles...) par effleurement.

Un homme, 30 ans :J’ai une entorse bénigne du genou et la marche est plus douloureuse avec ma béquille.

Le pharmacien : De quel côté la portez-vous ?

- Celui de l’entorse, pour la soulager.

La marche avec une seule béquille n’est pas intuitive. Il faut la placer du côté sain, et avancer la jambe lésée et la béquille en même temps. Le centre de gravité est déplacé vers la jambe valide et soulage l'articulation atteinte lors de sa mobilisation.

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

L'entorse est une lésion traumatique articulaire avec atteinte ligamentaire. Elle survient lors d'un mouvement brusque, lors d'activités sportives ou banales du quotidien. On la retrouve plus fréquemment chez les sportifs, les personnes en surpoids, les personnes âgées ou dans des cas d'entorses récidivantes. Bien que concernant toutes les articulations, le genou reste le plus touché, suivi de la cheville et du poignet.FROID- Poche de froid (Actipoche, Nexcare ColdHot, Thera Pearl chaud/froid).Comment ? Mettre au réfrigérateur au moins 2 heures ou au congélateur 20 minutes. Placer la poche sur la zone douloureuse pendant 15 à 20 minutes.Précaution ? Ne pas appliquer sans protection (risque de brûlure).- Gel réfrigérant (Biofreeze, Structo Fresh...) contenant des huiles essentielles à effet froid (menthol, camphre…).Comment ? 3 à 4 fois par jour en massage léger. Ne pas appliquer sur une peau lésée. Se laver les mains après application.Pour qui ? Adulte et enfant âgé entre 2 et 12 ans, selon la spécialité.Quand l’éviter ? Syndrome de Raynaud, femme enceinte et allaitante.ANTALGIQUES TOPIQUESDiclofénac et ibuprofène (VoltarenActigo, Flector, Cliptol...).Comment ? 2 à 4 fois par jour selon la spécialité, en massage léger.Pour qui ? Adulte et enfant de plus de 15 ans.Des effets indésirables ? Irritations cutanées. Risque de passage systémique.Quand l’éviter ? Contre-indiqué sur peau lésée. A éviter dès le début de la grossesse en conseil, contre-indiqué dès le début du 6e mois de grossesse, possible pendant l’allaitement (selon le Centre de référence des agents tératogènes — CRAT).ANTALGIQUES PER OS- Paracétamol.Pour qui ? Dès la naissance.Des effets indésirables ? Rares.Quand l’éviter ? En cas d’insuffisance hépatocellulaire et maladie hépatique décompensée.Des interactions ?Antivitamine K en cas de prise de paracétamol à la dose maximale (4 g/j), pendant au moins 4 jours.- Aspirine et ibuprofène.Pour qui ? Dès la naissance. En pratique, privilégier le paracétamol chez l’enfant en conseil.Des effets indésirables ? Risque d’hémorragies, ulcération gastrique, réaction d’hypersensibilité, asthme.Quand l’éviter ? Contre-indiqué en cas d’antécédent d’asthme sous AINS ou salicylés, d’ulcère gastroduodénal en évolution, de risque hémorragique, d’insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque sévère. Déconseillé en cas de virose.Principales interactions ? AINS, anticoagulants oraux, glucocorticoïdes, héparines (risque hémorragique) ; IEC, diurétiques et ARA II (risque d’insuffisance rénale).Grossesse et allaitement ? Contre-indiqué dès le début du 6e mois de grossesse. A éviter dès le début de la grossesse et pendant l’allaitement. Prise d’ibuprofène possible pendant l’allaitement (selon le CRAT).CONSEILSPour éviter les entorses, privilégier un renforcement des articulations par la pratique d'une activité physique régulière et adaptée, avec un matériel adéquat, précédée systématiquement d'un échauffement, s’hydrater régulièrement pendant l'effort et bien connaître les signes de fatigue.

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