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Expertise
Ouverture
Auteur(s) : ANNE DROUADAINE
Les prescriptions de Cytotec hors AMM, dans le cadre de l’interruption volontaire de grossesse, ont récemment été l’objet de discussions animées entre professionnels de santé sur le réseau social Twitter. En l’absence de la mention « hors AMM », certaines posologies (3 à 4 comprimés par voie intravaginale) ne laissent pas de place au doute, d’autant que le mode d’administration est également hors AMM. Des cas de chocs septiques parfois mortels dus à divers Clostridia ont été décrits lors d’une utilisation du misoprostol par voie vaginale.
Face à ces prescriptions, les pharmaciens se retrouvent en situation délicate, partagés entre l’illégalité d’une telle prescription et la détresse des patientes. Car, si une prescription hors AMM peut être justifiée et honorée dans certains cas, elle n’est cependant possible qu’en l’absence d’alternative thérapeutique avec un médicament ayant une AMM. Dans le cas présent, il existe justement la spécialité Gymiso qui ne peut être remise qu’aux professionnels de santé sur une ordonnance à usage professionnel. Alors pourquoi ces prescriptions de Cytotec récurrentes ? Et ce, malgré les alertes de l’Agence nationale de sécurité du médicament : en 2005, l’ANSM avait déjà adressé aux prescripteurs une information pour rappeler les conditions d’utilisation et les règles de bon usage de l’association thérapeutique mifépristone/misoprostol dans l’IVG.
D’après le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), parmi les arguments en faveur de la prescription hors AMM de misoprostol, le faible coût du médicament est souvent mis en avant. Une autre raison invoquée est que les prescriptions sont désormais effectuées en DCI et tous les consensus parlent uniquement de misoprostol sans préjuger de la spécialité utilisée.
Pour le conseil de l’Ordre des médecins, la prescription de Cytotec aux patientes dans l’IVG « est une pratique dangereuse et non adaptée au regard des données disponibles. Les médecins doivent garder en tête les risques que peuvent faire courir leurs prescriptions ».
D’un point de vue réglementaire, le pharmacien doit refuser la délivrance de ces prescriptions et joindre le prescripteur qui indiquera à la patiente la conduite à suivre. Il peut également signaler le risque de mésusage au centre de pharmacovigilance dont il dépend.§
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