Épisode 23 M. Martin passe sous biothérapie - Le Moniteur des Pharmacies n° 3169 du 18/03/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3169 du 18/03/2017
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Paul Martin, 53 ans, se rend à son rendez-vous annuel chez le rhumatologue. Le méthotrexate ne suffit plus à freiner sa polyarthrite rhumatoïde. Il est temps de passer sous biothérapie.

Vendredi 10 février 2017

– Dr Lemer, rhumatologue : Bonjour Monsieur Martin, comment allez-vous ?

– Paul Martin : Moyennement, j’ai eu plusieurs crises douloureuses et le docteur Dubois, mon médecin traitant m’a mis sous tramadol. J’ai l’impression que le méthotrexate n’est plus efficace. Pourtant je suis régulier dans les prises. Moralement ce n’est pas terrible non plus. Je prends de la fluoxétine, mais avec les douleurs, il y a des jours où c’est compliqué de se lever le matin.

– Oui, le docteur Dubois m’avait alerté au sujet de vos crises récurrentes. Effectivement, il semble que le méthotrexate ne suffise plus. Pour autant, il ne faut pas l’arrêter. On peut ajouter une biothérapie. Il s’agit d’injections à réaliser tous les 15 jours, soit à l’hôpital, soit à la maison.

– Des injections ? Je préférerais à la maison, si c’est possible.

– Mais avant de démarrer le traitement, il faut que vous passiez une série d’examens. Ce médicament agit au niveau du système immunitaire. Le but de ces examens est donc de vérifier à nouveau votre statut immunitaire, de mettre à jour vos vaccinations et de vérifier l’absence de troubles cardiaques. Nous pouvons d’ores et déjà programmer un ou 2 jours d’hospitalisation. Début mars, ça irait ?

– D’accord, ça me fera une cure de repos. Je suis constamment fatigué.

Jeudi 9 mars 2017

A la pharmacie :

– M. Galien : Emma ! Monsieur Martin vient de déposer son ordonnance. C’est un produit à commander. Il repassera demain. Veux-tu t’en occuper ?

– Emma, l’étudiante en pharmacie : Euh, oui. Ah, c’est une ordonnance de médicament d’exception ! Pour sa polyarthrite, sans doute.

– Effectivement. As-tu des questions ?

– Juste une, est-ce bien le dernier volet qu’il faut conserver ?

– Oui c’est le volet 4. Une fois rempli, tu le ranges dans la pochette « Médicaments d’exception ». Nous devons le conserver pendant 3 ans. Et lorsque tu auras fait la facturation, n’oublie pas les mentions à reporter sur l’ordonnance : date, numéro d’enregistrement à l’ordonnancier, quantité délivrée, tampon de la pharmacie. Je contrôlerai après.

– D’accord. Mais il y a l’ordonnance de méthotrexate. Dois-je aussi la délivrer ? Le nouveau traitement ne remplace pas le méthotrexate ?

– Non, le traitement par méthotrexate est poursuivi. Ainsi que l’acide folique.

Le lendemain

– Emma : Bonjour Monsieur Martin, nous avons reçu votre médicament.

– Paul Martin : Parfait. C’est tout nouveau, l’infirmière doit venir faire la première injection.

– Oui, il s’agit donc d’Humira en stylo. Il faut le conserver au frigo. Vous rentrez chez vous directement ?

– Oui.

– Je vous donne tout de même une pochette réfrigérante. Vous pourrez la ramener pour la prochaine délivrance. En revanche, il est important de retirer la pochette avant de mettre Humira au frigo. Pour l’injection, l’infirmière vous montrera comment faire, mais c’est assez simple.

– Je n’ai pas vraiment de temps pour que vous m’expliquiez maintenant, mais je vous poserai certainement des questions la prochaine fois si j’ai des doutes.

– Oui, surtout n’hésitez pas. J’ai une dernière information importante à vous donner avant que vous ne partiez. Avec ce nouveau traitement, vous pouvez développer plus facilement certaines infections graves. Il est donc primordial d’alerter votre médecin si certains symptômes d’infection apparaissent, tels qu’une fièvre, des plaies ou des problèmes dentaires ou encore un surcroît de fatigue.

Paul Martin en sortant de la pharmacie : Et bien, ce n’est pas rassurant tout ça... J’espère au moins que les piqûres vont être efficaces. Et pas trop compliquées à faire. Au moins, ce n’est que toutes les 2 semaines. D’ailleurs, il va falloir que je programme un rappel dans mon agenda pour ne pas oublier.

Sources : site meddispar de l’Ordre des pharmaciens ; Comment choisir une première biothérapie dans la polyarthrite rhumatoïde, La Revue du praticien, vol. 62, octobre 2012 ; Polyarthrite rhumatoïde, La Revue du praticien (Médecine générale), tome 30, n° 961, mai 2016.

À RETENIR


• En cas d’inefficacité du méthotrexate dans la polyarthrite rhumatoïde, l’association d’une biothérapie peut être décidée. Le choix de la première biothérapie repose sur les données de l’AMM, les préférences du patient (type et fréquence d’administration), mais aussi sur les pathologies associées. Parmi les biothérapies disponibles, on trouve des anti-TNF alpha, des molécules dirigées contre l’interleukine 6 ou les lymphocytes B.

• Un bilan préthérapeutique doit être effectué avant l’instauration de la biothérapie. Il a pour objectif d’écarter une insuffisance cardiaque modérée à sévère (contre-indiquant l’utilisation des anti-TNF) et toute infection aiguë ou chronique (en particulier la tuberculose, le VIH et l’infection chronique par le VHB). Une intradermoréaction à la tuberculine et une radiographie des poumons sont notamment réalisées. Une consultation dentaire à la recherche d’un foyer infectieux peut être recommandée.

• Les anti-TNF sont déconseillés en cas d’antécédents récents de cancers (moins de 5 ans).

• Les vaccinations doivent être à jour avant le début du traitement par anti-TNF alpha. Au cours du traitement, les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués (BCG, ROR, varicelle, fièvre jaune). Le vaccin annuel contre la grippe et le vaccin antipneumococcique sont recommandés.

• Humira (adalimumab) est une biothérapie administrable par voie sous-cutanée. Cet anti-TNF alpha est un médicament d’exception indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite juvénile idiopathique, la spondylarthrite axiale, le rhumatisme psoriasique, le psoriasis ou encore la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.

• Pour garantir le remboursement dans le cadre de l’AMM, un médicament d’exception doit être prescrit sur une ordonnance spécifique à 4 volets. Le premier volet doit être remis à l’assuré, et le 4e volet doit être conservé par le pharmacien pour une durée de 3 ans. Les 2e et 3e volets doivent être envoyés à l’Assurance maladie ou archivés en cas de télétransmission. Lors de la délivrance, sur l’ordonnance, le pharmacien devra apposer nom et prénom, numéro d’identification, timbre de la pharmacie sur les 4 volets, numéro d’enregistrement à l’ordonnancier, quantités délivrées et la date de délivrance.

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