La diarrhée - Le Moniteur des Pharmacies n° 3164 du 19/02/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3164 du 19/02/2017
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

Auteur(s) : CAHIER  COORDONNÉ  PAR  ANNE-HÉLÈNE COLLIN  E T  ALEXANDRA BLANC , PHARMACIENNES, SOUS LA RESPONSABILITÉ DE  FLORENCE BONTEMPS  DIRECTRICE SCIENTIFIQUE . 

DIARRHÉES D’ORIGINE IATROGÈNE 

UNE DIARRHÉE QUI PERSISTE

La diarrhée est un effet indésirable fréquent des médicaments. Plus de 700 molécules en sont responsables. Pour toute diarrhée dont l’origine est douteuse, il faut systématiquement suspecter une cause iatrogène.


RECONNAITRE LES SIGNES

La diarrhée est définie par une diminution de la consistance des selles et/ou l’émission de plus de 3 selles liquides par 24 h et/ou par un poids des selles > 300 g par jour.
Il est difficile de différencier une diarrhée iatrogène des diarrhées d’une autre étiologie. Leurs symptômes, leur intensité et leur gravité sont variables, parfois dose-dépendants, régressant le plus souvent à l’arrêt du médicament. La diarrhée est souvent transitoire.


DIFFÉRENTES FORMES DE DIARRHÉES MÉDICAMENTEUSES

Elles regroupent les différents types de diarrhées, d’une forme aiguë simple à une forme chronique sévère.
La diarrhée médicamenteuse peut être :
– aiguë : évoluant depuis moins de 2 semaines ;
– prolongée : évoluant depuis 2 à 4 semaines ;
– chronique : évoluant depuis plus de 4 semaines.
Il existe trois grandes formes de diarrhées : hydriques, graisseuses et inflammatoires. Une même molécule peut être à l’origine de plusieurs formes de diarrhées.

LES DIARRHÉES HYDRIQUES

Les diarrhées motrices sont liées à une accélération du transit, provoquée par certaines molécules qui stimulent la motricité intestinale. Les selles sont nombreuses, peu abondantes, généralement matinales et post-prandiales. Elles sont impérieuses. On peut trouver des résidus d’aliments non digérés dans les selles.
Médicaments responsables : colchicine, macrolides (érythromycine), hormones thyroïdiennes, métoclopramide, anticholinestérasiques…
Les diarrhées osmotiques sont provoquées par un appel d’eau et d’électrolytes, généralement dû à de grosses molécules ingérées non absorbées. Les selles sont très liquides. Leur abondance est fonction des quantités ingérées de ces molécules. L’horaire et le rythme des selles sont fonction de leurs prises.
Médicaments responsables : laxatifs osmotiques (lactulose), antiacides contenants du magnésium, inhibiteurs de l’alpha-glucosidase (acarbose, miglitol).
Les diarrhées sécrétoires correspondent à un problème d’échanges hydro-électrolytiques : l’eau et les électrolytes s’accumulent dans la lumière intestinale par augmentation de leur sécrétion ou au contraire par inhibition de leur absorption. La diarrhée est abondante, les selles sont liquides. Elle persiste en cas de jeûne. Elle est répartie sur la journée et la nuit. C’est dans cette catégorie qu’on retrouve les colites microscopiques.
Médicaments responsables : laxatifs irritants (bisacodyl…), colchicine, misoprostol, AINS, simvastatine, digoxine, carbamazépine, anticancéreux…

LES DIARRHÉES GRAISSEUSES

Ce sont des diarrhées par malabsorption. Les molécules en cause peuvent inhiber les enzymes pancréatiques, diminuer la surface d’absorption de l’intestin… Les selles sont abondantes et peuvent être visiblement graisseuses (selles luisantes, comme enrobées d’un liquide huileux). La fréquence peut être normale.
Médicaments responsables : antirétroviraux, metformine, cholestyramine, tétracyclines, AINS…

LES DIARRHÉES INFLAMMATOIRES

Elles sont dues à des lésions organiques de la muqueuse intestinale, provoquées soit par contact direct du médicament avec la muqueuse, soit par le développement d’une colite infectieuse (prolifération d’un agent pathogène opportuniste), soit par altération de la perfusion sanguine de la muqueuse. On retrouve généralement du sang et des glaires dans les selles, marquant l’atteinte de la muqueuse.
C’est dans cette catégorie que l’on classe les diarrhées post-antibiotiques (voir p. 5).
Médicaments responsables : AINS, immunosuppresseurs, antibiotiques, triptans, pseudo-éphédrine, digoxine, simvastatine…


DÉLAIS D'APPARITION ET ATTEINTES ORGANIQUES

En fonction du délai d’apparition, les atteintes organiques seront plus ou moins sévères.

DÈS LES PREMIÈRES PRISES

La diarrhée est généralement simple, sans autres symptômes, le plus souvent modérée. Dans cette situation, la formation de lésions organiques est extrêmement rare.
Médicaments responsables : acarbose, metformine, colchicine, digoxine, biphosphonates, antiprotéases du VIH, propranolol…

DIARRHÉES DÉBUTANT DANS LES 3 PREMIERS MOIS

Il peut y avoir des lésions organiques comme une colite microscopique médicamenteuse ou inflammation du côlon sans lésion visible en endoscopie : une fois sur deux, les symptômes se déclarent brutalement, miment une infection gastro-intestinale, sans céder dans les 5 jours comme attendu pour une gastro-entérite. Les selles sont fréquentes, aqueuses, impérieuses, réparties le jour et la nuit. Une incontinence fécale est possible, impactant considérablement la vie des patients. L’état général du malade est conservé, mais 40 % des sujets atteints ont une perte de poids faible à modérée.
Médicaments à responsabilité certaine : acarbose, AINS, aspirine, veinotoniques (Cyclo 3 fort, Bicirkan), ranitidine, sertraline, simvastatine, ticlopidine, lansoprazole…
Médicaments à responsabilité probable : carbamazépine, autres veinotoniques (Daflon, Ginkor fort), inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRSS) autres que sertraline, lisinopril, levodopa, Piasclédine, statines autres que simvastatine, Tardyféron, inhibiteurs de la pompe à protons autres que le lansoprazole…

DIARRHÉES DÉBUTANT APRÈS PLUS DE 3 MOIS

Passé un tel délai, il existe souvent des lésions intestinales. Il s’agit d’entéropathies médicamenteuses chroniques.
Les molécules responsables provoquent des lésions organiques diffuses de l’intestin grêle, avec parfois une malabsorption, et ont pu être prises pendant des mois, voire des années sans que le patient ne présente aucun symptôme. Comme pour les autres atteintes, l’apparition de la diarrhée est soudaine. Elle devient chronique si le malade n’est pas pris en charge.
Médicaments responsables : acide méfénamique, metformine, méthotrexate, olmésartan, mycophénolate mofétil…


DÉTERMINER SI UN MÉDICAMENT EST EN CAUSE

Au comptoir, interroger le patient :
– sur ses traitements en cours chroniques mais aussi ponctuels, notamment les AINS ou les anti-acides, souvent à l’origine de diarrhées et dont les symptômes sont variables ;
– sur les délais d’apparition des symptômes : l’origine est facile à relier au médicament lorsque la diarrhée survient peu de temps après la prise ; il s’agit alors de diarrhées simples sans gravité. Le lien est plus difficile à établir pour des diarrhées apparaissant plusieurs semaines, voire plusieurs mois après l’instauration du traitement, ou encore après son arrêt (diarrhées avec atteintes organiques).
La confirmation de l’origine iatrogène se fait par retrait de la molécule soupçonnée, lorsque cela est possible, rarement suivi par un test de réintroduction.

PRISE EN CHARGE

Selon la gravité, la durée ou la gêne occasionnées, la prise en charge consiste à adapter le traitement, voire retirer le médicament responsable lorsque cela est possible, sur avis du prescripteur. Un traitement symptomatique est mis en place si nécessaire.
A l’arrêt du médicament, les symptômes régressent et les lésions organiques disparaissent généralement en quelques semaines.


CHAMP D’ACTION DU PHARMACIEN

Le conseil du pharmacien se limite aux diarrhées aiguës de l’adulte (hors personne âgées, immunodéprimés…), sans retentissement sur l’état général.
Il peut proposer, au cas par cas :
– la poursuite du médicament, le temps que l’organisme s’adapte à cette nouvelle molécule, surtout si elle est connue pour provoquer des diarrhées. Il est possible, en accord avec le prescripteur, de réaliser un aménagement posologique (réduction, puis augmentation progressive des doses) ou d’associer temporairement un traitement antidiarrhéique pour améliorer rapidement le confort du patient. Cette méthode convient particulièrement aux molécules donnant des diarrhées hydriques osmotiques ou encore pour certaines molécules provoquant des diarrhées graisseuses ;
– l’arrêt du traitement, lorsqu’il s’agit d’une médication familiale, de compléments alimentaires ou tout autre produit délivré sans avis médical. Pour les médicaments prescrits, se référer au prescripteur.
Seul un médecin peut suspendre un traitement chronique. Un examen médical peut être recommandé pour vérifier l’intégrité de la muqueuse intestinale, potentiellement lésée par la période d’exposition au médicament, ou rechercher d’éventuelles carences par malabsorption.


ANTIDIARRHÉIQUES

Le lopéramide (Diaretyl, Indiaral…), ralentisseur de transit, est le traitement de choix et le plus étudié, dans le cas des diarrhées médicamenteuses. Il est particulièrement indiqué dans les cas de diarrhées hydriques motrices : 2 gélules en une prise puis 1 gélule après chaque selle moulée (6 gélules/j maximum). Ne pas l’utiliser dans le cas de diarrhées hémorragiques et/ou associées à de la fièvre, ou lors de traitement antibiotique à large spectre (pénicillines…).
Le racécadotril (Tiorfast, Diarfix…), antisécrétoire, est adapté à tous types de diarrhées sauf les diarrhées associées aux antibiotiques : 1 gélule d’emblée, puis 3/jour.
Les autres antidiarrhéiques comme les argiles (Smectalia), modifient la consistance des selles, mais ne possèdent qu’un effet modeste.


RÈGLES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES

Conserver une bonne hydratation (au moins 1,5 l de liquide par jour), et un apport suffisant en sel. Proposer un soluté de réhydratation orale pour les personnes à risque.
Privilégier les féculents, les viandes maigres, les bananes…
Eviter les boissons caféinées, l’alcool, les plats gras, épicés, ou très sucrés.


PHARMACOVIGILANCE

Tout effet indésirable grave, inattendu ou ayant des conséquences néfastes pour la santé du patient doit être déclaré au centre régional de pharmacovigilance de son lieu d’exercice. Le formulaire est disponible sur le site de l’ANSM.§

INFOS CLÉS

infos clés

• La gravité dépend de la durée, du type et du délai d’apparition de la diarrhée.

• Les diarrhées médicamenteuses aiguës (souvent bénignes) peuvent être prises en charge au comptoir.

• Les diarrhées iatrogènes tardives et chroniques imposent une consultation médicale.

• Médicaments connus pour provoquer des diarrhées : antibiotiques, AINS, inhibiteurs de la pompe à protons, antidiabétiques oraux, olmésartan, colchicine, anticancéreux…

LES DIARRHÉES POST-ANTIBIOTIQUES

Les diarrhées post-antibiotiques
On définit la diarrhée sous antibiotique comme une diarrhée avec au moins 3 selles molles à liquides par 24 h, et qui survient durant un traitement antibiotique, ou dans les deux mois suivant l’arrêt de l’antibiotique. Elle peut être soit fonctionnelle, soit infectieuse :
– la diarrhée fonctionnelle résulte d’une altération de la flore intestinale (dysbiose) en partie détruite par les antibiotiques, réduisant ses capacités fermentaires. La diarrhée est modérée, sans fièvre. C’est la majorité des cas de diarrhées sous antibiotiques.
– la diarrhée infectieuse est provoquée par des bactéries pathogènes, profitant de l’altération de la flore intestinale pour proliférer. Clostridium difficile est l’agent bactérien majoritairement responsable (plus rarement : Klebsiella ou Salmonella). L’infection à Clostridium va de la diarrhée bénigne à la colite pseudomembraneuse grave qui se traduit par une diarrhée abondante, plus de 5 selles liquides par 24 h, associée à une fièvre, des douleurs abdominales et une altération de l’état général.

• Certains antibiotiques ont un risque plus élevé de provoquer des infections à Clostridium : pénicillines, céphalosporines, clindamycine, fluoroquinolones.

• Le traitement des diarrhées infectieuses légères passe par l’arrêt de l’antibiotique si la diarrhée ne cède pas en 24 à 48 h. Le traitement de première intention repose sur le metronidazole. Si la diarrhée présente des signes de sévérité, le choix se porte sur la vancomycine ou la fidaxomicine (hospitaliers), voire la transplantation de flore fécale. Malgré une efficacité controversée, il est possible de voir une prescription d’Ultralevure à dose forte (1 g/jour).

• Les données scientifiques concernant l’utilisation des probiotiques ne sont pas encore suffisantes pour aboutir à des conclusions définitives. Mais certaines études montreraient un bénéfice (modeste) des probiotiques dans le traitement ou la prévention des diarrhées postantibiotiques, surtout chez des patients ayant déjà eu des antécédents de diarrhées post-antibiotiques ou une infection à Clostridium difficile.

TESTEZ VOUS

testez vous

QUIZ

Quiz
Max, 64 ans, sous colchicine depuis plusieurs semaines, se plaint de diarrhées depuis hier. Vous proposez :
a. du lopéramide
b. du racécadotril
c. une consultation médicale rapide
Réponse : c. La diarrhée est le premier symptôme de surdosage de la colchicine, qui peut être grave voire mortel. Une consultation médicale s’impose immédiatement.
colites micro-scopiques
Syndrome associant une diarrhée hydrique chronique sans anomalie coloscopique, à des lésions inflammatoires de la muqueuse colorectale, détectées par biopsie.
Olmésartan
Antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II, utilisé dans le traitement de l’hypertension artérielle, mis sur le marché depuis 2002. Il peut provoquer une atrophie villositaire de l’intestin grêle associée à une malabsorption à l’origine de diarrhées chroniques sévères accompagnées d’une perte de poids importante. Il s’agit d’un effet indésirable rare mais grave qui a conduit à une demande de déremboursement des médicaments à base d’olmésartan, entrée en vigueur le 2 janvier 2017.

Par Célia Vautier , pharmacienne

INTOXICATIONS ALIMENTAIRES DE L’ADULTE 

FÊTE DE FAMILLE GÂCHÉE

Antoine, étudiant, demande quelque chose contre la « gastro » : - J’ai la diarrhée et des maux de ventre. Je pense que c’est dû à ce que j’ai mangé hier chez mes parents.– Avez-vous de la fièvre ou d’autres symptômes ?– Non, je n’ai pas de fièvre, mais je suis un peu nauséeux.– Êtes-vous le seul malade ?– Non, mes parents sont dans le même état. Il n’y a que ma sœur qui y a échappé : elle n’a pas mangé la charcuterie préparée par mon père.– Dans ce cas, il vaut mieux consulter un médecin. Nous discuterons ensuite du traitement et des conseils associés.
Les intoxications alimentaires sont fréquentes et souvent bénignes, mais doivent être soigneusement prises en charge, car certaines peuvent être graves. Elles résultent de la consommation d’eau ou d’aliments contaminés par des agents infectieux ou toxiques. Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont des maladies à déclaration obligatoire.


ÉTIOLOGIES


ORIGINE INFECTIEUSE

Les causes infectieuses, de loin les plus nombreuses, mettent en jeu deux mécanismes principaux :
– mécanisme toxinique : l’absorption d’une toxine libérée par le germe (virus, bactéries, protozoaires, phytoplanctons) entraîne une sécrétion active d’eau et d’électrolytes par les cellules épithéliales de l’intestin, sans lésion anatomique ;
– mécanisme invasif : le germe (bactéries du genre Salmonella, Yersinia, ou moins fréquemment Campylobacter jejuni, parasites comme Entamœba histolytica au retour d’une zone chaude et humide à faible niveau d’hygiène) adhère à la muqueuse intestinale et envahit les cellules épithéliales. Il se trouve en général dans des aliments peu ou pas cuits.
Un processus invasif et toxinique est possible : on peut citer Shigella sp., des bactéries entéro-invasives sécrétant une puissante toxine, et certaines souches d’Escherichia coli.
Une TIAC est définie comme l'apparition d'au moins deux cas, d’une symptomatologie en général digestive, liés à une même origine alimentaire. Les germes en cause sont des bactéries ou leurs toxines, plus rarement des virus ou des parasites.


ORIGINE TOXIQUE

Différents toxiques peuvent être responsables :
– résidus de produits chimiques employés dans l’industrie ou l’agriculture : pesticides, antibiotiques, nitrates ;
– métaux lourds comme le plomb, le mercure ou le cadmium, issus des retombées de la pollution atmosphérique. Les produits les plus contaminés sont les abats, les mollusques et produits de la mer ;
– champignons : les champignons toxiques entraînent des symptômes variés en fonction de l’espèce, de la gastro-entérite jusqu’au syndrome phalloïdien (gastro-entérite plus de 6 heures après le repas, puis hépatite cytolytique et insuffisance rénale) ;
– plantes (houx, pommier d’amour, colchique…).


SYMPTÔMES

Le tableau clinique est lié à l’étiologie, au nombre de germes ou à la quantité de toxine ingérée et à l’état de santé du patient.
Le syndrome cholériforme résulte d’un mécanisme toxinique. Il se caractérise par une diarrhée aqueuse, profuse et l’absence de fièvre. Les vomissements et douleurs abdominales sont inconstants.
Le syndrome dysentérique est lié à un mécanisme invasif. Il se manifeste par des ténesmes, des selles peu abondantes mais nombreuses, glaireuses, parfois mucopurulentes ou sanglantes, des douleurs abdominales et le plus souvent de la fièvre.
Le syndrome gastro-entéritique est également lié à un mécanisme invasif. Dans ce cas la diarrhée est banale et aspécifique (ni aqueuse, ni glairosanglante). On observe des douleurs abdominales, des vomissements et plus ou moins de fièvre.
Les intoxications alimentaires d’expression extradigestive prédominante :
– la listériose engendre diarrhée, douleurs abdominales et fièvre, pouvant être accompagnées de céphalées et de myalgies ;
– le botulisme, dû à la toxine de Clostridium botulinum, débute par une fatigue, des vertiges, des troubles de la vue et digestifs, suivis de sécheresse buccale et dysphagie. Il évolue vers une paralysie flasque des muscles respiratoires ;
– l’intoxication histaminique est due à la consommation de poisson comme le thon, après rupture de la chaîne du froid. La forte teneur en histamine dans le poisson provoque une réaction anaphylactoïde (urticaire, vasodilatation, nausées, vomissements, diarrhées).


PRISE EN CHARGE CHEZ L’ADULTE

Les intoxications alimentaires sont le plus souvent spontanément résolutives, ne nécessitant qu’un traitement symptomatique. Dans tous les cas, il faut prévenir la déshydratation.


LIMITES DU CONSEIL

Situations d’urgence :une diarrhée associée à des signes généraux ou non spécifiques (fièvre, sensation de malaise…) chez un patient immunodéprimé ou une personne âgée nécessite une hospitalisation (risque de septicémie).
Présence de signes de gravité :
la présence de sang, de mucus ou de pus dans les selles, une fièvre supérieure à 39 °C, des signes de déshydratation, ou une alternance diarrhée/constipation doivent conduire à une consultation médicale.
Condivs particuliers :
– une diarrhée au retour d’un pays tropical impose une consultation rapide (risque de fièvre typhoïde, parasitose…) ;
– les TIAC sont prises en charge par un médecin afin d’identifier les malades, faire des prélèvements ainsi que la déclaration auprès de l’Agence régionale de santé ;
– en cas de grossesse, il est plus prudent de conseiller une consultation étant donné les risques liés à la listériose : celle-ci nécessite un traitement précoce, alors que les symptômes sont le plus souvent banals ;
– intoxication histaminique : les symptômes régressent rapidement, mais des antihistaminiques et des corticoïdes (sur prescription) peuvent être nécessaires.


RÉHYDRATATION

Complication la plus à craindre, la déshydratation est d’autant plus rapide que la diarrhée est intense et que les vomissements empêchent la réhydratation orale. Elle se manifeste par une sensation de soif, des urines en faible quantité, un pli cutané persistant, pouvant aller jusqu’à une tachycardie, des troubles de la vigilance, une perte de poids.
Conseiller au patient de boire abondamment pour compenser les pertes hydriques : eau, thé sucré, tisanes, bouillon… tout en apportant des aliments salés (biscuits salés, riz…). Proposer aux plus fragiles (presonnes âgées) des solutions de réhydratation orale (SRO) tels que Ydrovit (400 ml après chaque selle liquide).


TRAITEMENT DE LA DIARRHÉE

Les antidiarrhéiques réduisent l’intensité de la diarrhée :
– le racécadotril (Tiorfast, Diarfix…), antisécrétoire, n’entraîne pas de constipation secondaire. Il peut être proposé à partir de 15 ans : 1 gélule d’emblée puis 3/jour, 3 jours maximum.Il est évité pendant la grossesse ou l’allaitement, et chez les patients sous inhibiteurs de l’enzyme de conversion (majoration du risque d’angio-œdème). C’est le traitement de référence ;
– le lopéramide (Imodiumcaps, Gastrowell…) a un effet antisécrétoire et ralentisseur du transit intestinal, pouvant être à l’origine de constipations. Il peut être conseillé à partir de 15 ans mais il est contre-indiqué en cas de poussée de rectocolite hémorragique et de diarrhée fébrile sanglante ou glaireuse. Il ne doit pas être conseillé dans les diarrhées d’origine bactérienne, majoritaires dans les intoxications alimentaires, car en ralentissant le transit, il augmente le temps de présence du micro-organisme, favorisant sa diffusion dans les tissus. Posologie : 2 gélules d’emblée puis 1 après chaque selle non moulée sans dépasser 6 gélules par jour. Le traitement ne doit pas dépasser 2 jours ;
Un anti-infectieux intestinal, le nifuroxazide (Ercéfuryl, Bacterix, Diafuryl…), utilisé à raison d’une gélule 4 fois par jour, a une autorisation de mise sur le marché dans le traitement des diarrhées présumées d’origine bactérienne. Son utilité n’est pas démontrée.
Les probiotiques sont intéressants en traitement d’appoint, comme flore de substitution. Ils permettent de réduire la fréquence des selles ainsi que la durée des diarrhées, à condition de renfermer une quantité suffisante de probiotiques : au moins 1 milliard d’UFC (unités formatrices de colonie) par jour.
Les argiles, comme la diosmectite (3 sachets par jour, jusqu’à 6 en début de traitement), protègent la muqueuse digestive de l’action des germes pathogènes. A administrer à distance des autres médicaments (au moins 2 heures).


SYMPTÔMES ASSOCIÉS

En fonction des symptômes associés, conseiller :
– un antinauséeux : métopimazine (Vogalib), 1 lyoc 1 à 4 fois/jour ou dimenhydrinate (Nausicalm), 1 à 2 gélules toutes les 6 à 8 heures, en l’absence de contre-indication ;
– un antispasmodique : trimébutine (Debricalm) 300 mg/jour, ou phloroglucinol (Spasfon lyoc) à la posologie de 160 mg 3 fois/jour.

RÈGLES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES

L’alimentation ne doit pas être interrompue si possible.
Privilégier : riz, pâtes, pommes de terre, carottes cuites, viandes maigres, compotes de pommes bien cuits. Eviter les légumes verts, les jus de fruits, les graisses, le lait…


PRÉVENTION


AVANT DE CONSOMMER

Respecter les mesures d’hygiène :
– se laver soigneusement les mains, laver les fruits et légumes, les plans de travail ;
– les aliments cuits ne doivent pas être mis en contact avec les ustensiles de cuisine utilisés pour les aliments crus ;
– respecter les dates de péremption, ne pas recongeler un produit décongelé.


LES ADULTES FRAGILES

Les femmes enceintes et les personnes âgées ou immunodéprimées doivent éviter certains aliments en prévention de la listériose, la salmonellose ou la toxoplasmose :
– les fruits de mer, poissons, viandes ou charcuteries crus ou mi-cuits ;
– le lait cru, les œufs ou préparations à base d’œuf cru ;
– les fromages à pâte molle, au lait cru et les croûtes des fromages. §

INFOS CLÉS

infos clés

• Les diarrhées provoquées par des intoxications alimentaires ne nécessitent le plus souvent qu’un traitement symptomatique et une bonne hydratation.

• Consultation médicale en présence de signes généraux, de sang, mucus ou pus, de signes de déshydratation, de personnes fragiles, de TIAC, et au retour de pays tropicaux.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?


UN PATIENT PRÉSENTE UNE ORDONNANCE POUR SON ÉPOUSE ATTEINTE D’UNE INTOXICATION PAR DES COQUILLAGES RAMASSÉS LORS D’UNE PÊCHE À PIEDS :


– POURTANT ILS ÉTAIENT BONS, ON LES A TOUS VÉRIFIÉS !


– LES INSPECTER OU LES GOÛTER NE SUFFIT PAS, LES TOXINES ISSUES DU PHYTOPLANCTON N’ALTÈRENT PAS LE GOÛT.



LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?


OUI ET NON. ON PEUT Y AJOUTER QUE LES AMATEURS DE PÊCHE À PIEDS DOIVENT SE TENIR INFORMÉS DES ALERTES SANITAIRES SOIT DANS LA PRESSE LOCALE, SOIT EN CONSULTANT ALIMENTATION.GOUV.FR/ACTU-ALERTES.

Ténesme
Manifestation de tension ou de contracture spasmodique douloureuse siégeant au niveau de l’anus, avec faux besoin.

AUTRES DIARRHÉES PROVOQUÉES PAR LES ALIMENTS

autres diarrhées provoquées par les aliments
Les diarrhées peuvent être le signe d'une intolérance (irritation de l'intestin) ou d'une allergie (mécanisme immun) alimentaires. Elles se manifestent alors après l'ingestion d'un aliment, sont le plus souvent accompagnées d'autres symptômes (ballonnements, maux de ventre, signes cutanés...).
Le traitement repose sur l'éviction de l'aliment incriminé et, selon la gêne occasionnée, sur un traitement symptomatique.
Par Patricia Péron , pharmacienne

DIARRHÉE AIGUË DU NOURRISSON ET DE L’ENFANT  

« FAUT-IL ARRÊTER L’ALLAITEMENT ? »

Lana, 5 mois, souffre de diarrhée. Inquiète, sa maman vient chercher un lait de substitution sans lactose : - Je n’ai rendez-vous chez le pédiatre que demain, mais, en attendant, je voudrais un lait en poudre spécifique. Ma voisine m’a dit qu’en cas de diarrhée il fallait arrêter d’allaiter.– Non au contraire, vous devez continuer à allaiter Lana : le lait maternel favoriserait la guérison de la diarrhée. Vous pouvez compléter avec un soluté de réhydratation.
Durant les premiers jours de vie, le nombre de selles est élevé. Puis la fréquence diminue à mesure que l’enfant grandit (le tube digestif et le temps de transit s’allongent). En pratique, selon l’OMS, on parle de diarrhée lorsqu’il y a augmentation du nombre habituel de selles et modification de leur consistance (molles, liquides).


ÉTIOLOGIES

50 à 80 % des diarrhées aiguës de l’enfant sont d’origine virale, généralement à rotavirus. Les diarrhées sont abondantes et aqueuses et sont accompagnées de fièvre et de vomissements. Les diarrhées virales sont extrêmement contagieuses (mains sales…) et on observe une recrudescence hivernale.
5 à 10 % des diarrhées aiguës de l’enfant ont une origine alimentaire, essentiellement de nature bactérienne. Les germes responsables sont les salmonelles, les shigelles, Campylobacter, Yersinia enterocolitica et certains E. coli. Le plus souvent, il s’agit d’une diarrhée fébrile, glairosanglante accompagnée de douleurs abdominales qui nécessite une consultation médicale.
La diarrhée aiguë peut aussi avoir une étiologie parasitaire (en cas de retour de voyage…), être liée à une infection ORL (diarrhée motrice par accélération du transit intestinal), être d’origine médicamenteuse (suite à une prise d’antibiotiques…) ou endocrinienne voire être une phase initiale de diarrhée chronique (voir encadré).


SIGNES DE GRAVITÉ ET LIMITES DU CONSEIL


RECHERCHER UNE DÉSHYDRATATION

La principale complication de la diarrhée est la déshydratation aiguë, conséquence de la perte hydro-électrolytique. Si elle se poursuit, elle peut conduire à la survenue de troubles ioniques, acidose métabolique, troubles hémodynamiques et neurologiques voire insuffisance rénale.
Chez le nourrisson, la perte de poids est à surveiller car elle traduit le degré de déshydratation :
- moins de 5 % (forme légère) : pas de signes physiques. Si l’enfant présente au moins 3 selles liquides en quelques heures, une consultation médicale est nécessaire.
– entre 5 et 10 % (forme modérée) : apparition des signes cliniques de déshydratation (persistance du pli cutané, absence de larmes, yeux cernés, hypotonie des globes oculaires, fontanelle (espace membraneux situé entre les zones du crâne chez les nouveaux-nés) déprimée, soif importante, fièvre, sécheresse des muqueuses). Pour évaluer la sécheresse des muqueuses, passer le doigt sur la muqueuse interne de la joue et non au niveau de la langue, souvent sèche chez le nourrisson fébrile ou polypnéique.
- plus de 10 % (forme grave) : risque de collapsus, extrémités froides, allongement du temps de recoloration cutanée, tachycardie.
Dès lors qu’une déshydratation est modérée ou grave (perte de poids de plus de 5 %), une évaluation hospitalière est nécessaire.


LIMITES DU CONSEIL

Une consultation s’impose :
– chez le nourrisson ;
– lorsque l’enfant présente au moins 3 selles liquides en quelques heures, associées ou non à des vomissements ;
– en présence de vomissements répétés ;
– lorsque l’enfant ne mange plus et ne boit plus ;
– lorsque la diarrhée persiste plus de deux jours ou s'aggrave malgré l’application des règles hygiénodiététiques ;
– en présence de fièvre supérieure à 38,5 °C ;
– en présence de glaires ou de sang ;
– en présence de signes de déshydratation.

PRISE EN CHARGE AU COMPTOIR

La réhydratation est systématique. Elle doit être mise en place dès que possible, même dans l’attente d’une consultation médicale quand elle s’avère nécessaire.
La réhydratation est effectuée avec des solutés de réhydratation orale. Les boissons à base de cola, très sucrées et peu salées, et à l’osmolarité trop élévée (pouvant agraver une diarrhée) ainsi que les solutions « maison » (mélanges eau sucrée…) ne sont pas adaptées pour les enfants.


SOLUTÉS DE RÉHYDRATATION ORALE (SRO)

La réhydratation se fait par voie orale à l’aide de solutés spécifiques (Adiaril, Physiosalt, Osmule, Fanolyte, GES 45, Picolite, Viatol, Nutriben SRO, Novalac hydranova…).
Les SRO visent à compenser les pertes hydroélectrolytiques et sont composés de glucose, de sodium, d’autres électrolytes et d’agents alcalinisants. Les SRO et plus particulièrement le sucre facilitent l’absorption entérocytaire du sodium. Les électrolytes compensent les pertes, les glucides assurent un apport énergétique et favorisent l’acceptabilité de la solution par l’enfant. La présence de bicarbonates ou de citrates vise à prévenir ou traiter l’acidose. Leur osmolarité est de 200 à 250 mOsm/l avec un apport de 50 à 60 mmol/l de sodium.

RECONSTITUTION, MODE D’ADMINISTRATION

Le nourrisson peut boire plusieurs biberons de SRO par jour.
Diluer un sachet dans 200 ml d’eau adaptée à la préparation des biberons (eau minérale faiblement minéralisée recommandée pour les nourrissons ou eau bouillie pendant 5 minutes). Le SRO est donné plusieurs fois par heure au début. Ensuite, proposer à volonté au jeune enfant selon sa soif, jusqu’à amélioration de la diarrhée (dans la limite de 200 ml/kg/j de solution reconstituée, soit 1 sachet/kg/j). En cas de vomissement, administrer la solution bien fraîche, toutes les 5 à 10 minutes pour commencer, par petites gorgées ou à la cuillère.
Après reconstitution, la solution est prête à l’emploi et se conserve 24 heures maximum au réfrigérateur.
A noter : Ydrovit est un SRO prêt à l’emploi utilisable chez l’adulte et l’enfant de plus de 3 ans. A conserver dans les 48 heures au réfrigérateur après ouverture.

REMBOURSEMENT

Les solutés de réhydratation sont inscrits sur la Liste des Produits et Prestations Remboursables et ils sont pris en charge par l’assurance maladie chez l’enfant de moins de 5 ans sur présentation d’une ordonnance.

CONTRE-INDICATIONS

Leur utilisation est contre-indiquée en cas d’anurie et d’insuffisance rénale.


RÉALIMENTATION DU NOURRISSON

La réalimentation doit se faire précocement après 4 à 6 heures (jusqu’à 12 heures) de réhydratation exclusive afin d’éviter le risque de dénutrition précoce.
Alimentation lactée exclusive (chez le nourrisson avant 6 mois) : poursuivre l’allaitement tout au long de l’épisode diarrhéique si le nourrisson est nourri au sein. En cas de diarrhée aiguë légère, le lait artificiel classique peut être conservé. Les laits sans lactose (Diargal…) sont recommandés sur avis médical, pendant 5 jours. Dans tous les cas, proposer le SRO entre les tétées et entre les biberons.
Quand l’alimentation est diversifiée (nourrisson et enfant au-delà de 6 mois) : maintenir l’alimentation en privilégiant les carottes, le riz, les pommes (sans la peau), les bananes, les coings, les pommes de terre et les viandes maigres. Eviter transitoirement les fibres, les agrumes et les graisses cuites.


TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUX

En complément de la réhydratation orale, des traitements symptomatiques des diarrhées aiguës peuvent être utilisés. Ils ne dispensent pas des mesures diététiques.

LES ADSORBANTS INTESTINAUX

Traitement d’appoint, les dérivés de l’argile permettent de réduire le nombre de selles mais n’ont pas d’efficacité en prévention de la déshydratation.
Diosmectite (Smecta) : la posologie avant 1 an est de 2 sachets par jour pendant 3 jours puis 1 sachet par jour. Après 1 an : 4 sachets par jour pendant 3 jours puis 2 sachets par jour. Le contenu du sachet peut être délayé dans un biberon de 50 mL d’eau à répartir au cours de la journée ou mélangé à un aliment semi-liquide (compote, purée) à prendre plutôt à distance des repas.
L’attapulgite (Actapulgite) peut être administré chez l’enfant de plus de 10 kg, de préférence avant les repas (2 sachets par jour). Un mélange à sec du médicament avec du sucre en poudre est recommandé avant adjonction d’eau afin d’obtenir un mélange homogène et de goût agréable.

LES PROBIOTIQUES

Ils peuvent permettre de réduire la durée des diarrhées infectieuses (une journée en moyenne). A l’heure actuelle, leur efficacité n’est pas clairement démontrée.
Carbolevure enfant (Saccharomyces cerevisiae) et les gélules de Lactéol (Lactobacillus) peuvent être utilisés à partir de l’âge de 6 ans (1 à 3 gélules en dehors des repas). Ultralevure (Saccharomyces boulardii, 2 sachets par jour) et Bacilor (Lactobacillus, 1 à 4 sachets par jour)existent sous forme de poudre et peuvent être utilisés à partir de l’âge de 2 ans. Lactéol en poudre pour suspension buvable en sachet dose ou Ultra Baby sont utilisables à tout âge (1 à 2 sachets par jour).
Les ralentisseurs du transit
Parmi les antidiarrhéiques, le lopéramide est proposé en conseil chez l’enfant de plus de 15 ans (Imodiumcaps, Diastrolib…) : 2 gélules d’emblée puis 1 gélule après chaque selle non moulée, jusqu’à 6 gélules par jour. Certaines formes (Imodiumduo avec siméticone associé : 1 cp d’emblée puis 1 après chaque selle non moulée, sans dépasser 4 cp par jour) peuvent être proposées dès 12 ans.
Le racécadotril (Racécadotril Biogaran Conseil, Tiorfast…) est donné dès 15 ans à raison d’une gélule d’emblée puis 3 par/j.
Dans tous les cas le lopéramide est contre-indiqué en conseil avant 2 ans (médicament délivré sur ordonnance) en raison des risques (septicémie à point de départ digestif).


PRÉVENTION DE LA DIARRHÉE

La prévention repose en premier lieu sur le respect des règles d’hygiène pour limiter le risque de contamination : se laver les mains après être allé aux toilettes, en rentrant à la maison ou avant de passer à table, nettoyer régulièrement le réfrigérateur, éliminer systématiquement les aliments dont la fraîcheur laisse à désirer.
La vaccination contre les infections à rotavirus (par Rotarix ou Rotateq, NR) peut également être un moyen de prévention. Cependant, en raison de la survenue d’effets indésirables graves (invagination intestinale aiguë), le Haut Conseil de la santé publique a suspendu les recommandations de vaccination des nourrissons en avril 2015.§

LA GASTRO-ENTÉRITE DE L’ADULTE

La gastro-entérite de l’adulte
Chez l’adulte, la « gastro » qui se manifeste soudainement par une diarrhée souvent accompagnée de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales, est essentiellement d’origine virale. Elle est également très contagieuse.
La prise en charge inclut la réhydratation (eau, thé, bouillons, biscuits salés…) et un traitement symptomatique (lopéramide, racécadotril, voire antinauséeux, antispasmodiques…).
En prévention, respecter les règles d’hygiène, notamment le lavage régulier des mains.

INFOS CLÉS

infos clés

• L’allaitement maternel doit être poursuivi en cas de diarrhée aiguë.

• La lutte contre la déshydratation doit être mise en place le plus tôt possible avec des SRO.

• Conseiller aux parents d’avoir en permanence à domicile un soluté de réhydratation.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?


ISABELLE G., MAMAN DE LOU, 4 MOIS S’INQUIÈTE :


– LOU SOUFFRE DE DIARRHÉE, LE MÉDECIN A PRESCRIT UN SRO MAIS COMMENT ÊTRE SÛRE QUE CELA SOIT SUFFISANT.


– VOUS DEVEZ SURVEILLER LE POIDS DE L’ENFANT.


LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?


OUI. POUR JUGER DE L’ÉVOLUTION DES SYMPTÔMES, IL EST RECOMMANDÉ AUX PARENTS DE NOTER LES QUANTITÉS BUES, LE NOMBRE DE SELLES LIQUIDES ET/OU DE VOMISSEMENTS ET L’ÉVOLUTION DE LA FIÈVRE. IL EST ÉGALEMENT RECOMMANDÉ DE PESER L’ENFANT TOUTES LES 4 HEURES, NOTAMMENT AVANT L’ÂGE DE 6 MOIS. LA LOCATION D’UN PÈSE-BÉBÉ EST SOUHAITABLE. PRÉCISER AU PATIENT QUE LA LOCATION, MÊME SUR ORDONNANCE, N’EST PAS PRISE EN CHARGE PAR L’ASSURANCE MALADIE.

Anurie
Arrêt de la production d’urine par les reins.
Pli cutané
La mesure du pli cutané s’effectue au niveau de zones où le tissu sous-cutané est peu important (de préférence au niveau du cou). Le pli cutané ne persiste normalement pas plus d’1 à 2 secondes.
Temps de recoloration cutanée
Le temps de recoloration cutanée est effectué par pression du doigt sur la peau (sur un site corporel facilement accessible : front, sternum, rotule). La valeur normale de recoloration est inférieure ou égale à 2 secondes. La mesure ne doit pas être effectuée au niveau des doigts.

Par Anne Drouadaine , pharmacienne

DIARRHÉES EN VOYAGE  

Julie, 26 ans, part en voyage sac à dos en Inde : - Auriez-vous quelque chose contre la turista ? J’ai lu qu’il y avait des antibiotiques en prévention ?– Non, les antibiotiques sont réservés aux personnes à risque de complications de diarrhée. En préventif, il est primordial des respecter les règles d’hygiène : par exemple manger de la viande bien cuite et éviter les produits crus. Je vous conseille également des pastilles de désinfection de l’eau.
La diarrhée est le plus fréquent des problèmes de santé en voyage. 20 à 50 % des voyageurs sont concernés.


LA TURISTA

La diarrhée du voyageur ou turista est très fréquente mais rarement grave. Elle survient principalement au début du séjour et est spontanément résolutive en 3 à 5 jours dans la majorité des cas.
Elle est plus souvent due à la consommation d’aliments solides que de boissons.
Des facteurs de risque sont identifiés : jeune enfant (immunité plus faible), conditions et durée du voyage, hypochlorhydrie (prise d’inhibiteurs de la pompe à protons ou gastrectomie).


ÉTIOLOGIES

Les diarrhées du voyageur sont dans 80 à 90 % d’origine bactérienne (principalement E. coli, puis shigelles), puis d’origine virale (norovirus, rotavirus), puis parasitaires (Entamœba histolytica responsable d’une amœbose colique). Exceptionnellement, dans un condiv épidémique, elle peut être liée au choléra.
Des facteurs non infectieux peuvent également occasionner ou favoriser l’apparition de diarrhée : modification du rythme de vie, décalage horaire, régime épicé, changement de climat, changement alimentaire, stress, facteurs psychogènes.


PRÉVENTION


MESURES D’HYGIÈNE ET ALIMENTATION

Lors d’un voyage, la prévention repose avant tout sur les mesures d’hygiène et les règles alimentaires :
– Se laver souvent les mains à l’eau et au savon, avant les repas et toute manipulation d’aliments et après passage aux toilettes ; sécher les mains à l’air plutôt qu’à l’aide d’une serviette sale et humide. En cas d’impossibilité, le gel hydroalcoolique peut être utilisé (informer du risque de photosensibilité) ;
– Consommer l’eau en bouteille décapsulée devant soi. L’eau peut être rendue potable soit par ébullition (1 minute à gros bouillon), soit par combinaison d’une filtration, suivie d’une désinfection à l’aide de produits à base de dérivés chlorés et/ou d’ions argent (Aquatabs, Micropur, Oasis, Opure, Hydroclonazone…) ;
– Eviter les glaçons, glaces, les jus de fruits frais préparés de façon artisanale. Consommer du lait pasteurisé ou bouilli ;
– Eviter la nourriture vendue dans la rue sauf si le récipient est encore fumant et la viande bien cuite ;
– Bien cuire la viande, le poisson, les crustacés et les œufs. Se renseigner sur les risques de toxicité des poissons de mer ;
– Eviter les crudités (buffet froid), les coquillages et plats réchauffés. Peler soi-même les fruits. Eviter ceux dont la peau est abimée.


PROPHYLAXIE MÉDICAMENTEUSE

La prophylaxie antibiotique n’est pas indiquée sauf cas particuliers de risque de complications, au cours de voyage de courte durée (< 15 jours). Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) la recommande dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), mais elle peut aussi être proposée en cas de colostomie, d’iléostomie, d’infection par le VIH, d’hypochlorhydrie, de gastrectomie, de risque majoré lié à la déshydratation (diabète insulinodépendant, insuffisance rénale ou cardiaque, paraplégie), lors d’un voyage à caractère professionnel et de courte durée (athlète, politique, musicien)... Elle est instaurée après avis médical et repose sur un traitement par fluoroquinolones, à prendre dès le début du voyage.
Le vaccin contre le choléra (Dukoral, NR) n’est pas recommandé pour les voyageurs. Il est prescrit au personnel de santé allant travailler auprès des patients ou dans des camps de réfugiés, en période d’épidémie.


TRAITEMENTS


LA DIARRHÉE

Le voyageur utilise sur place les produits emmenés dans sa trousse à pharmacie.
L’objectif premier du traitement est d’éviter la déshydratation, particulièrement chez les sujets à risque (nourrissons, jeunes enfants, personnes âgées et malades chroniques). A conseiller : l'eau sur place embouteillée mais décapsulée devant soi, du thé sucré, des bouillons et des gâteaux secs salés. Chez les enfants, les solutés de réhydratation sont recommandés (et éventuellement les personnes âgés).
Le racécadotril est recommandé en première intention chez l’adulte et l’enfant de plus de 15 ans. Une gélule à 100 mg est prise d’emblée. Puis, une gélule 3 fois par jour avant ou au début des trois principaux repas. Le traitement ne doit pas excéder 3 jours.
Les bactéries étant le plus souvent à l’origine de la diarrhée du voyageur, les antidiarrhéiques ralentisseurs du transit (lopéramide) sont restreints aux cas survenant dans des circonstances particulières (accès difficile aux soins). Selon les recommandations, les pansements et antiseptiques intestinaux ne sont pas indiqués. Les probiotiques sont proposés, mais uniquement chez l’enfant selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
Un traitement antibiotique (fluoroquinolones, azithromycine) que le voyageur a emporté avec lui, peut être nécessaire en cas de diarrhée avec fièvre, signes cliniques sévères, persistant au-delà de 48 heures, dans l’attente d’une consultation médicale.


SYMPTÔMES ASSOCIÉS

Diarrhée accompagnée de nausées ou vomissements : proposer des antinauséeux, de préférence la métopimazine pour sa forme lyophilisée (Vogalib), ou dimenhydrinate (Nausicalm).
En présence de douleurs intestinales, de spasmes digestifs, préférer le phloroglucinol qui existe sous forme de comprimés lyophilisés, ou la trimébutine (voir posologies p. 8).
Des spécialités à base de siméticone (seule ou associée) ou de charbon peuvent être conseillées en cas de ballonnements associés.§

INFOS CLÉS

infos clés

• Le respect des règles hygiéno-diététiques est la meilleure prévention de la diarrhée du voyageur.

• Conseiller le racécadotril en première intention du traitement symptomatique chez l’adulte.

• Une diarrhée fébrile au retour d’un voyage doit faire suspecter un risque de paludisme.

DIARRHÉE APPARAISSANT AU RETOUR D’UN VOYAGE

Diarrhée apparaissant au retour d’un voyage

• La diarrhée du voyageur peut apparaître plusieurs semaines après le retour.
– Diarrhée sans symptôme associé : traitement anti-diarrhéique. Si persistance après 2 ou 3 jours, une consultation médicale s’impose ;
– Diarrhée avec symptômes généraux associées, notamment fièvre : consultation médicale rapide (suspicion de paludisme si fièvre).

• La diarrhée du voyageur devient chronique dans moins de 2 % des cas. Elle peut être due à une infection par Clostridium difficile ou par protozoaires ou helminthe. Elle peut également révéler une pathologie intestinale inflammatoire (MICI) ou une tumeur.

TESTEZ VOUS

testez vous

VRAI OU FAUX

Vrai ou Faux
Le vaccin Dukoral contre le choléra s’administre par voie orale. Il est recommandé pour tous les voyageurs.
Réponse : faux. Le vaccin n’est pas justifié pour les voyageurs. Il n’est recommandé, en situation d’épidémie, que pour les personnels intervenant auprès de malades. La suspension vaccinale doit être mélangée à une solution tampon de bicarbonate de sodium avant ingestion :
1 : Le bicarbonate de sodium est présenté sous forme de granulés effervescents à dissoudre dans un verre d’eau fraîche.
2 : La suspension vaccinale doit être mélangée à la solution tampon. Le mélange ainsi obtenu doit être bu dans les 2 heures qui suivent.
Le patient doit éviter de boire, de manger ou de prendre d’autres médicaments 1 heure avant et 1 heure après la vaccination. La primovaccination comprend 2 doses. L’intervalle entre deux doses doit être d’au moins une semaine (au delà de 6 semaines, la primovaccination doit être recommencée). L’immunisation doit être terminée au moins 1 semaine avant l’exposition éventuelle au choléra. Pour maintenir la protection, un rappel doit être effectué dans les 2 ans pour les adultes.
Par Anne Drouadaine , pharmacienne

INTERVIEW 

« ON NE PEUT PAS DIFFÉRENCIER UNE DIARRHÉE D’ORIGINE BACTÉRIENNE D’UNE AUTRE ÉTIOLOGIE »

A l’interrogatoire du patient, peut-on différencier une diarrhée d’origine bactérienne d’une diarrhée d’une autre étiologie ?
Non. Dire qu’une diarrhée accompagnée d’une fièvre, lorsqu’elle modérée (entre 38 et 38,5 °C), est systématiquement d’origine bactérienne est faux. En revanche une diarrhée accompagnée de fièvre à 40 °C et de frissons est plutôt d’origine bactérienne, mais sa prise en charge est alors du ressort du médecin.

Quels sont les signes d’alerte ?
La présence de fièvre, de sang visible dans la cuvette des toilettes ou la présence de glaires – c’est-à-dire de mucus ayant l’aspect de salive épaisse ou de blanc d’œuf cru – sont le signe de lésions inflammatoires de la paroi intestinale et nécessitent une prise en charge médicale.
Les douleurs abdominales brèves accompagnent dans deux tiers des cas une gastro-entérite et peuvent être prises en charge à l’officine ; en revanche lorsque le patient se plaint de douleurs très intenses et permanentes, il faut une consultation médicale.
La perte de poids en quelques heures chez un adulte est un signe de déshydratation. Il faut conseiller au patient de se peser. Si la perte de poids constatée est supérieure à 1 kg, il faut l’orienter vers un médecin.

Quels sont les conseils alimentaires à donner au patient ?
Il faut déjà réhydrater. La réhydratation nécessite trois éléments qui doivent être administrés en même temps : du liquide, du sodium et du sucre (saccharose, glucose, amidon). Les sodas de type coca ne sont pas suffisants à eux seuls car ils n’apportent que du liquide et du sucre ; pour une bonne réhydratation ils peuvent être accompagnés de biscuits salés ou de chips.
Les aliments à privilégier sont les pâtes alimentaires, le riz, les soupes ou les purées de légumes, à condition que ces aliments soient bien cuits. Ils contiennent de l’amidon, sucre complexe constitué de molécules de glucose, qui, mal cuit, aggrave les symptômes de la diarrhée. L’amidon cuit est plus digeste.
Les fodmaps, aliments fermentescibles comme par exemple les haricots blancs, les lentilles, les laitages sauf s’ils sont sans lactose sont en revanche à éviter. La compote de pommes n’est pas idéale, ou alors bien cuite, et plutôt dans un second temps, quand le patient peut se réalimenter normalement.
Il faut aussi respecter les règles d’hygiène : se laver les mains, en les essuyant avec un linge à usage unique (mouchoirs, papier essuie-tout), baisser le couvercle des toilettes au moment de tirer la chasse d’eau. S’il y a plusieurs toilettes, en réserver un à la personne malade, ne pas partager les couverts ni les brosses à dents.

D r Laurent Beaugerie, chef de service de gastroentérologie et nutrition à l'hôpital Saint-Antoine, Paris.

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