Cahiers Formation du Moniteur
Ordonnance
Auteur(s) : CAHIER COORDONNÉ PAR NATHALIE BELIN ET ALEXANDRA BLANC , PHARMACIENNES, SOUS LA RESPONSABILITÉ DE FLORENCE BONTEMPS , DIRECTRICE SCIENTIFIQUE
HÉLÈNE R., 42 ANS, SOUS BITHÉRAPIE ANTIVIRALE, EST TRÈS FATIGUÉE
RÉCEPTION DES ORDONNANCES
POUR QUI ?
Hélène R., 42 ans.PAR QUELS MÉDECINS ?
Le médecin généraliste et, concernant le traitement de l’hépatite C délivré à l’hôpital, un hépatologue hospitalier.LES ORDONNANCES SONT-ELLES CONFORMES À LA RÉGLEMENTATION ?
Oui.QUEL EST LE CONdiv ?
QUE SAVEZ-VOUS DE LA PATIENTE ?
Mme R. exerce la profession de visiteuse commerciale et sillonne la région pour son travail. Elle a eu plusieurs arrêts de travail suite à un « surmenage ». Mme R. traverse, en effet, régulièrement des périodes de fatigue avec maux de tête soulagés par la prise de paracétamol, car elle ne supporte pas les anti-inflammatoires sur le plan digestif. Elle prend aussi, de temps en temps, de l’oméprazole, car elle soufre d’un reflux gastro-œsophagien, favorisé par des repas professionnels.QUE LUI A DIT LE MÉDECIN ?
L’hépatologue a expliqué que la contamination a probablement eu lieu il y a plus de 25 ans, lorsque Mme R. a subi une transfusion de culots sanguins suite à un accident de la route. Il a précisé que la maladie évoluait très lentement, de manière souvent asymptomatique, ou avec des symptômes peu spécifiques, comme par exemple, une fatigue chronique.QUEL EST LE MOTIF DE LA VISITE ?
Mme R. a débuté le traitement antiviral il y a 15 jours. Malgré l’assurance du médecin, elle est inquiète sur la réussite du traitement et ses possibles effets indésirables. Elle se sent fatiguée en ce moment, mais a refusé un arrêt de travail que lui proposait le médecin, car poursuivre son activité lui fait moralement du bien. Ayant plusieurs repas professionnels à venir, elle vient renouveler l’ordonnance d’oméprazole et souhaite aussi du paracétamol pour soulager ses maux de tête, fréquents en ce moment.VÉRIFICATION DE L’HISTORIQUE
Le dossier pharmaceutique indique des délivrances occasionnelles d’oméprazole et de paracétamol, ainsi que la prise d’une contraception œstroprogestative.LES PRESCRIPTIONS SONT-ELLES COHÉRENTES ?
QUE COMPORTENT LES PRESCRIPTIONS ?
La prescription hospitalière comporte une bithérapie fixe composée de 2 antiviraux d’action directe, le sofosbuvir et le lédipasvir, qui inhibent 2 protéines essentielles à la réplication du VHC.LA PRESCRIPTION HOSPITALIÈRE EST-ELLE CONFORME À LA STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ?
Oui. Les nouveaux antiviraux d’action directe constituent les traitements de première intention de l’hépatite chronique C. Le sofosbuvir en particulier, en association à d’autres antiviraux, est considéré comme le traitement de référence de la maladie.Y A-T-IL DES MÉDICAMENTS À MARGE THÉRAPEUTIQUE ÉTROITE ?
Non.Y A-T-IL DES CONTRE-INDICATIONS POUR CETTE PATIENTE ?
Non. Une insuffisance hépatique sévère contre-indiquerait l’emploi du paracétamol, mais ce n’est pas le cas de Mme R.LES POSOLOGIES SONT-ELLES COHÉRENTES ?
Oui. Les posologies sont conformes aux recommandations. Harvoni se prend à raison d’une prise par jour. Selon les patients (présence ou non d’une cirrhose, génotype viral…), le traitement peut être poursuivi jusqu’à 24 semaines.Y A-T-IL DES INTERACTIONS ?
Oui. Les IPP, en augmentant le pH gastrique, sont susceptibles de diminuer la solubilité du lédipasvir et son absorption. Pour éviter toute interaction, il est recommandé de prendre l’IPP en même temps qu’Harvoni (pH gastrique de l’oméprazole supérieur à 3 durant 17 heures). En cas d’utilisation complémentaire d’un topique antiacide, il est conseillé de respecter un intervalle de 4 heures entre la prise de l’antiacide et celle d’Harvoni.LES PRESCRIPTIONS POSENT-ELLES D’AUTRES PROBLÈMES ?
Non, hormis une observance rigoureuse pour le traitement antiviral.LE TRAITEMENT NÉCESSITE-T-IL UNE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE PARTICULIÈRE ?
Oui. Les tests de fonction hépatique en particulier sont mesurés 4 semaines après le début du traitement. La charge virale, mesurée avant le début du traitement, n’est ensuite contrôlée que 12 semaines après l’arrêt du traitement pour vérifier son efficacité (sauf doute sur l’observance, échec d’un précédent traitement, auxquels cas des contrôles sont réalisés en cours de traitement).QUELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?
CONCERNANT HARVONI
Le traitement est délivré à l’hôpital, mais le pharmacien peut rappeler certaines informations importantes.UTILISATION
Les comprimés se prennent avec ou sans nourriture, une fois par jour, toujours à peu près à la même heure. Eviter de les croquer et de les écraser en raison du goût amer des principes actifs.QUE FAIRE EN CAS D’OUBLI ?
En cas d’oubli dans les 18 heures suivant la prise habituelle, un rattrapage est possible.LA PATIENTE POURRA-T-ELLE JUGER DE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT ?
Non. Seuls les dosages de la charge virale permettront de juger de l’efficacité du traitement. La persistance de la fatigue est normale jusqu’à plusieurs mois après la guérison.QUELS SONT LES PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES ?
Ils sont le plus souvent légers à modérés : fatigue, céphalées, parfois rash cutané bénin.QUELS SONT CEUX GÉRABLES À L’OFFICINE ?
La fatigue, liée aussi à la maladie, peut être améliorée par le repos et la pratique d’une activité physique adaptée (marche quotidienne…) qui a une action bénéfique sur le bien-être général et favorise un meilleur sommeil. La prise de complexes multivitamines et minéraux est possible en cures ponctuelles.CONCERNANT L’IPP
En cas de besoin, l’IPP doit être pris au même moment qu’Harvoni pour ne pas altérer l’absorption et l’efficacité de l’antiviral.CONSEILS COMPLÉMENTAIRES
Il faut rassurer Mme R. sur ses chances de guérison : les traitements actuels permettent de guérir l’hépatite C, mais une observance rigoureuse est essentielle pour limiter le risque d’apparition de résistances qui rendraient la prise en charge nettement plus compliquée.
qu’en pensez-vous ?
Mme R. peut-elle prendre – sans risque – du paracétamol ?
1) oui, sans dépasser 4 g/jour.
2) non, le paracétamol est hépatotoxique.
3) oui, mais de façon ponctuelle sans dépasser 3 g/jour.
Réponse : En cas d’hépatite virale chronique, il est recommandé d’utiliser la dose minimale efficace de paracétamol sans dépasser 3 g par jour. Mme R. peut donc recourir au paracétamol de façon ponctuelle pour soulager ses maux de tête, mais il faut la sensibiliser à l’importance d’utiliser la dose efficace la plus faible possible (500 mg par prise, si c’est suffisant), sans excéder 3 g/jour dans tous les cas, et en espaçant les prises de 4 heures au minimum. La bonne réponse est donc la troisième.
qu’en pensez-vous ?
Mme R. est fatiguée malgré une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes (elle prend un jus de fruit orange et pamplemousse tous les matins) et n’a pas le moral. Une amie lui a parlé du millepertuis qui pourrait lui faire du bien…
Quelle est votre réaction ?
1) Une cure de multivitamines est préférable à la prise du jus pamplemousse et orange du matin.
2) Le jus de fruit pressé du matin est parfait, et une cure d’un à deux mois de millepertuis est possible.
3) Surtout pas de millepertuis !
Réponse : Le millepertuis est un puissant inducteur enzymatique, contre-indiqué avec les traitements actuels de l’hépatite C : il peut, en effet, diminuer les concentrations plasmatiques des antiviraux avec risque de perte d’efficacité du traitement. Il est préférable d’orienter la patiente vers son médecin généraliste qui jugera de la nécessité de prescrire un traitement antidépresseur. Par ailleurs, l’AFEF* déconseille la prise concomitante de pamplemousse ou d’orange sanguine avec les antiviraux d’action directe : leur effet inhibiteur enzymatique peut augmenter la biodisponibilité des traitements, donc leurs effets indésirables. La prise de multivitamines et minéraux est possible en cure courte et ponctuelle (maximum 3 à 4 semaines). Les réponses 1 et 3 sont donc les bonnes.
* AFEF : Association française pour l’étude du foie
L’HÉPATITE C EN 5 QUESTIONS
1 QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ? INFECTION AIGUË
La durée d’incubation est très variable, le plus souvent entre 7 et 8 semaines (parfois davantage). L’infection est souvent asymptomatique. Lorsque des symptômes sont présents (20 % des cas environ), ils sont peu spécifiques : asthénie, syndrome pseudogrippal, arthralgies, nausées… L’ictère, bien qu’inconstant, est souvent le seul signe clinique faisant penser à une atteinte hépatique. Les hépatites fulminantes sont rares (moins de 1 % des cas) ; des signes d’encéphalopathie hépatique (somnolence, troubles de la conscience…) doivent néanmoins alerter.FORME CHRONIQUE
Une hépatite chronique se définit par la persistance de la virémie (ARN viral) au-delà de 6 mois. L’évolution de l’hépatite chronique C est généralement lente (en l’absence de facteurs de comorbidités ; voir question 5, p. 7) et associée, à des degrés divers, à des lésions inflammatoires et à une nécrose du foie.2 COMMENT SE TRANSMET L’INFECTION ?
L’hépatite C se transmet principalement par voie sanguine. La toxicomanie intraveineuse ou nasale (partage de seringues et/ou du matériel pour sniffer) représente le mode de contamination le plus fréquent. Avant 1992, les principales sources de contamination étaient les transfusions sanguines.3 QUELS SONT LES PATIENTS À RISQUE ? OUTRE LES COMPORTEMENTS À RISQUE CITÉS CI-DESSUS, IL S’AGIT NOTAMMENT DES PERSONNES ORIGINAIRES DE PAYS À FORTE PRÉVALENCE DU VHC (AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ASIE DU SUD-EST, AMÉRIQUE DU SUD, MOYEN-ORIENT), DE CELLES SÉROPOSITIVES POUR LE VIH, ET DES PERSONNES EN PRÉCARITÉ SOCIALE.
4 COMMENT EST ÉTABLI LE DIAGNOSTIC ? IL EST LE PLUS SOUVENT POSÉ À L’OCCASION D’UN BILAN BIOLOGIQUE DE ROUTINE QUI RÉVÈLE UNE HÉPATITE CHRONIQUE C. PEU DE PATIENTS SONT DIAGNOSTIQUÉS À LA PHASE AIGUË DE L’INFECTION.
HÉPATITE C AIGUË
Le bilan hépatique retrouve une élévation souvent importante des transaminases ALAT (10 fois supérieure aux valeurs normales), même en l’absence d’ictère.HÉPATITE CHRONIQUE C
Dépistage : il est basé sur la recherche des Ac anti-VHC. On estime que 3 mois après une prise de risque, l’absence d’anticorps anti-VHC permet d’éliminer le risque d’infection par le VHC. En présence d’Ac anti-VHC, la recherche d’ARN viral permet de vérifier la présence du virus dans le sang. Outre sa quantification, la détermination du génotype du VHC est alors indispensable ; celui-ci pouvant jouer un rôle sur l’évolution de la maladie et la réponse au traitement. Si l’ARN viral est indétectable en présence d’Ac anti-VHC, il s’agit d’une infection guérie.5 QUELLE EST L’ÉVOLUTION ?
Les manifestations extra-hépatiques, dont la fatigue et le retentissement physico-psychique de l’infection peuvent être au premier plan. Outre la présence d’une cryoglobulinémie mixte, d’autres manifestations extra-hépatiques semblent associées à l’infection chronique par le VHC : syndrome sec buccal et/ou oculaire, atteintes cardiovasculaires (HTA…), dysthyroïdie, risque accru de diabète non insulino-dépendant, risque d’apparition d’un lymphome en cas de cryoglobulinémie concomitante.
en chiffres
En 2011, en France, environ 193 000 personnes atteintes d’hépatite chronique C. A ce jour, environ 75 000 personnes seraient infectées par le VHC, mais non dépistées*.
Près de 65 % des usagers de drogues par voie injectable seraient infectés par le VHC*.
Prévalence de l’hépatite chronique C chez les patients atteints du VIH : 16 à 18 %*.
L’évolution vers la cirrhose hépatique concerne 10 à 20 % des patients.
En Europe la majorité des patients sont infectés par un virus de génotype 1, 2 ou 3.
* D’après le Rapport de recommandations 2016 sous la direction du Pr Daniel Dhumeaux : « Prise en charge thérapeutique et suivi de l’ensemble des personnes infectées par le virus de l’hépatite C ».
Physiopathologie de l’hépatite C
Le virus de l’hépatite C (VHC) présente une grande variabilité génétique et un fort potentiel de mutation spontanée. On distingue 6 génotypes majeurs, numérotés de 1 à 6, et plusieurs sous-types. Le génotype 3 est aujourd’hui le plus difficile à éradiquer. Le génotype 1 est le plus fréquent en France (60 % des cas), mais est celui qui, avec le géntoype 4, répond actuellement le mieux au traitement.
L’ARN viral code pour une polyprotéine unique qui sera clivée en plusieurs protéines fonctionnelles qui interviennent dans la réplication du virus (protéase NS3/4A, ARN polymérase NS5B, protéine NS5A) et constituent des cibles thérapeutiques.
Après l’infection aiguë par le VHC, environ 80 % des patients évoluent vers la chronicité. La persistance des particules virales dans l’organisme s’explique notamment par la réplication rapide et la forte variabilité du virus. Il s’ensuit une réponse immunitaire spécifique avec production de cytokines et de médiateurs inflammatoires qui, associés à la réplication virale, sont à l’origine de la fibrose hépatique et des manifestations extra-hépatiques.
COMMENT TRAITER L’HÉPATITE C ?
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
Contrairement à d’autres infections virales chroniques (VIH, hépatite B), l’infection par le VHC est curable. En effet, le virus de l’hépatite C n’est pas capable de synthétiser de l’ADN susceptible de s’intégrer dans le génome de l’hôte ; or, ceci expose, même après « guérison virologique » (génome viral indétectable), à un risque de réactivation de l’infection, par exemple en cas d’immunosuppression.INDICATIONS DU TRAITEMENT
Il doit prochainement être élargi à l’ensemble des patients. Actuellement, sont pris en charge, les patients ayant une hépatite modérée à sévère (score de fibrose Métavir F2 ou F3 ; voir page 7), ou une cirrhose (stade F4 ; même décompensée, sauf en cas d’espérance de vie limitée à court terme), et certains patients indépendamment du stade de fibrose : co-infection VIH ou VHB, infection par le génotype 3, facteurs de risque d’aggravation de la maladie (alcool, syndrome métabolique), manifestations extra-hépatiques (voir page 6) ou fatigue invalidante.CHOIX DU SCHÉMA THÉRAPEUTIQUE
Le traitement repose sur l’utilisation d’un ou plusieurs antiviraux à action directe éventuellement associés à la ribavirine (Copegus…) dans les cas les plus difficiles à traiter (résistance au traitement...). Les combinaisons de traitement sont choisies en fonction de nombreux critères, dont le génotype du virus en cause et le statut naïf ou déjà traité du patient. Leur efficacité et leur tolérance sont bien supérieures à celles de l’association interféron pégylé/ribavirine qui était la référence jusqu’alors. La durée du traitement (fonction du génotype, de l’échec à un précédent traitement, de la présence d’une cirrhose…) va de 8 à 24 semaines.SUIVI
Les tests de fonction hépatique sont réalisés après 4 semaines de traitement, puis le rythme ultérieur est discuté en fonction du stade clinique de la maladie. La charge virale est mesurée avant le traitement puis, sauf cas particuliers (échecs de traitement précédents…), 12 semaines après l’arrêt. L’absence d’ARN viral détectable signe alors une réponse virologique soutenue. Une nouvelle recherche de l’ARN viral 48 semaines après l’arrêt détecte une rechute tardive. Si l’ARN viral est indétectable, l’éradication est considérée comme définitive.HÉPATITE C AIGUË
Le traitement par antiviraux d’action directe est recommandé pendant 8 semaines. Il diminue le risque de transmission de la maladie et prévient le passage à la chronicité de l’infection.TRAITEMENTS
ANTIVIRAUX D’ACTION DIRECTE
Dispensés à l’hôpital, ils devraient être prochainement disponibles en pharmacie de ville. Ils sont indiqués par voie orale, en association entre eux, voire à la ribavirine. Ils se répartissent, à ce jour, en 3 familles.EFFETS INDÉSIRABLES
Ils sont globalement bien tolérés. Les effets indésirables les plus fréquents sont bénins et souvent modérés : fatigue, maux de tête, nausées, insomnie. Des cas de réactivation du virus de l’hépatite B chez les patients co-infectés VHC et VHB sont rapportés.PRINCIPALES INTERACTIONS
Sofosbuvir : c’est un substrat de la glycoprotéine P (P-gp). Son association aux inducteurs puissants de la P-gp est contre-indiquée (risque de diminution de l’effet de l’antiviral). La coadministration d’amiodarone est déconseillée, car elle peut conduire à des troubles de la conduction et à une bradycardie sévère.RIBAVIRINE
Elle est de moins en moins utilisée.PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES
Anémie hémolytique au cours des premières semaines de traitement (pâleur, fatigue, essoufflement et tachycardie) pouvant justifier un traitement par un agent stimulant l’érythropoïèse, fatigue, troubles cutanés, myalgies. La ribavirine étant tératogène, une contraception efficace doit être utilisée jusqu’à 4 mois après la fin du traitement pour les femmes, et jusqu’à 7 mois pour les partenaires féminines des patients masculins sous ribavirine. Pour les femmes traitées, un test de grossesse doit être réalisé mensuellement pendant le traitement.INTERACTIONS
L’association à la didanosine, à l’azathioprine ou à la mercaptopurine est déconseillée (augmentation de leur toxicité).PEGINTERFÉRON ALFA
Il n’est pratiquement plus utilisé, sauf cas particuliers (patients de génotype 3 en échec thérapeutique, par exemple). La pégylation (Pegasys) réduit la vitesse d’élimination de l’interféron alfa, d’où des injections hebdomadaires au lieu de quotidiennes sous interféron alfa. La prescription initiale réservée à certains spécialistes (hépatologie…) est valable 6 mois ; renouvellement non restreint durant cette période.EFFETS INDÉSIRABLES
Nombreux et souvent mal supportés : syndrome pseudo-grippal atténué par la prise de paracétamol, troubles psychiatriques (dépression…), insomnie, dyspnée, toux, affections dentaires et parodontales, anomalies thyroïdiennes, alopécie, sécheresse cutanée, myalgies, arthralgies. Les troubles hématologiques (neutropénie, thrombopénie) imposent une surveillance de l’hémogramme.PERSPECTIVES
Epclusa, association de velpatasvir, inhibiteur NS5A, et de sofosbuvir, fait l’objet d’une ATU nominative.
CE QUI A CHANGÉ
Apparus
• Depuis 2014, commercialisation d’antiviraux d’action directe du VHC, disponibles en rétrocession à l’hôpital. Ils ont remplacé le traitement utilisé jusqu’alors : interféron pégylé + ribavirine +/- inhibiteurs de protéases de 1re génération (télaprévir, bocéprévir qui ne sont plus commercialisés).
• Octobre 2015, commercialisation de Ribavox 600 mg (ribavirine) pour les patients de plus de 75 kg.
Disparus
Avril et décembre 2015, arrêt de commercialisation du télaprévir (Incivo) puis du bocéprévir (Victrelis), inhibiteurs de protéases de 1re génération à l’origine d’effets indésirables importants (rashs cutanés sévères, anémie).
vigilance !
Certaines contre-indications sont à connaître :
• Ombitasvir/paritaprévir/ritonavir (Viekirax) et dasabuvir (Exviera) : insuffisance hépatique sévère.
• Elbasvir/grazoprévir : insuffisance hépatique modérée ou sévère.
• Peginterféron alfa : insuffisance hépatique sévère ou cirrhose décompensée, pathologie cardiaque sévère préexistante, enfants présentant des troubles psychiatriques sévères ou antécédents.
• Ribavirine : femme enceinte, allaitement, pathologie cardiaque sévère préexistante.
Pointdevue
Pr Victor de Lédinghen, service d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Bordeaux
« Les échecs au traitement devraient devenir exceptionnels »
Quels sont les patients les plus difficiles à traiter ?
Ce sont actuellement les patients cirrhotiques de génotype 3. Les antiviraux actuels permettent de guérir plus de 95 % des patients, mais l’arrivée prochaine de nouveaux antiviraux (Epclusa) permettra des taux de guérison encore plus élevés et les échecs au traitement devraient devenir exceptionnels. Sous réserve, bien sûr, d’une bonne observance du traitement qui reste essentielle pour garantir la guérison.
Quelle est la stratégie chez la femme enceinte ?
Les antiviraux étant contre-indiqués chez la femme enceinte, il est recommandé d’instaurer un traitement chez toute femme ayant un désir de grossesse et de différer le projet de grossesse de quelques mois, en attendant la guérison. Si une grossesse est en cours chez une patiente séropositive pour le VHC, il faut la rassurer. D’abord, ni la grossesse ni le développement de l’enfant ne sont affectés par l’infection. Ensuite, le risque de transmettre le virus in utero est faible, estimé à moins de 5 % (il augmente en cas de co-infection par le VIH). Enfin, même si l’enfant est contaminé, le risque de développer une maladie hépatique évoluant en cirrhose dans l’enfance est très faible (ce risque est d’autant plus important que l’âge est avancé au moment de la contamination). Et à l’âge de 15 ans, il peut bénéficier d’un traitement et guérir de la maladie, car les antiviraux d’action directe sont actuellement utilisés avec succès au cours d’essais cliniques chez des enfants atteints d’hépatite C.
ANNIE, 60 ANS, EN INVALIDITÉ
L’HÉPATITE C VUE PAR LES PATIENTS
IMPACT PSYCHOLOGIQUE
L’hépatite C reste dans l’esprit des patients une maladie « honteuse », liée à la toxicomanie. Certains patients n’osent pas se faire dépister alors que dans le même temps, l’inquiétude de contaminer leurs proches est présente.IMPACT SUR LA VIE QUOTIDIENNE
La fatigue et les manifestations extra-hépatiques (cutanées, articulaires…) peuvent avoir des répercussions importantes, de même que le stress généré par le/les traitements, l’attente des résultats ou des examens de suivi.À DIRE AUX PATIENTS
A PROPOS DE LA PATHOLOGIE
Rassurer : on peut désormais guérir de l’hépatite C et les lésions hépatiques sont généralement réversibles.A PROPOS DES TRAITEMENTS
Pour ceux qui ont déjà suivi plusieurs traitements, il s’agit de lever leur incrédulité sur l’efficacité d’un traitement court avec peu d’effets indésirables. Paradoxalement, pour ces patients en particulier, la discrétion des effets indésirables peut nuire à la bonne observance.PRÉVENTION
La transmission de l’infection se fait par le sang, essentiellement dans le cadre d’une toxicomanie intraveineuse ou nasale. Le risque de contamination de l’entourage étant très faible, aucune précaution n’est à prendre pour les objets usuels (couverts…). Il ne faut pas en revanche partager les objets qui pourraient faciliter la transmission sanguine : brosse à dents, coupe-ongles, rasoirs, épilateurs... et, pour les toxicomanes, le matériel d’injection ou de prise nasale (cuillère, cupule, pailles pour les produits à sniffer…). Recouvrir par un pansement toute lésion ou plaie qui saigne. En cas d’objet ou de support souillé par du sang infecté, décontaminer la surface à l’eau de Javel diluée au 1/10e.
question de patient Je dois me faire vacciner contre le pneumocoque… pourquoi ?
«Toute hépatopathie chronique fragilise l’organisme et prédispose à certaines infections. Ainsi, la vaccination contre les infections invasives à pneumocoque et la vaccination antigrippale sont recommandées en cas d’hépatite chronique C. Les vaccins contre l’hépatite B, et en cas de voyage contre l’hépatite A, sont aussi recommandés. »
question de patient Faut-il faire attention à son alimentation ?
«Une alimentation équilibrée limite tout excès de poids et aide à mieux gérer la fatigue. En cas de cirrhose du foie, voire de stade précirrhotique, des troubles de la régulation glycémique (hyper ou hypoglycémies) sont possibles. Pour les minimiser, il est recommandé de fractionner l’alimentation et de limiter les sucres rapides. Sous antiviraux, on peut encourager une alimentation riche en protéines pour pallier une possible fonte musculaire.»
EN SAVOIR PLUS
soshepatites.org
Tél : 0 800 004 372
hepatites-info-service.org
Tél : 0 800 845 800
afef.asso.fr
Association française pour l’étude du foie. Les rapports et recommandations de prise en charge sont disponibles.
MÉMO DÉLIVRANCE
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