Dans le carcinome thyroïdien - Le Moniteur des Pharmacies n° 3162 du 05/02/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3162 du 05/02/2017
 
LENVIMA

Expertise

Nouvelle molécule

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

A base de lenvatinib, Lenvima constitue une alternative à Nexavar (sorafénib), en première intention, dans le traitement du cancer différencié de la thyroïde chez les patients réfractaires à l’iode radioactif et en échec à Nexavar.

INDICATION

Lenvima est indiqué dans le traitement des patients adultes atteints de carcinome thyroïdien différencié (papillaire, folliculaire, à cellules d’Hürthle) localement avancé ou métastatique, réfractaire à l’iode radioactif et progressif.

POSOLOGIE

La dose quotidienne recommandée est de 24 mg de lenvatinib en une prise par jour. Les gélules doivent être avalées entières à peu près chaque jour à la même heure, au cours ou en dehors des repas. Le traitement est poursuivi tant qu’un bénéfice clinique est observé ou jusqu’à la survenue d’une toxicité inacceptable.

En cas d’effets indésirables sévères ou intolérables, le traitement doit être interrompu jusqu’à régression de l’effet, puis repris à dose réduite.

En cas d’insuffisance rénale ou hépatique sévères, la dose initiale recommandée est de 14 mg une fois par jour.

CONTRE-INDICATIONS

Allaitement.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Lenvima ne doit être utilisé durant la grossesse qu’en cas de nécessité absolue après évaluation des besoins de la mère et des risques encourus par le fœtus.

L’utilisation de Lenvima est contre-indiquée en cas d’allaitement.

L’action du lenvatinib sur l’efficacité des contraceptifs hormonaux étant inconnue, les femmes en âge de procréer doivent utiliser une méthode de contraception barrière durant le traitement et un mois après son arrêt.

EFFETS INDÉSIRABLES

La toxicité gastro-intestinale (diarrhée, douleurs, vomissements, nausées, inflammation buccale…) est très fréquente et doit être gérée afin d’éviter tout phénomène de déshydratation pouvant conduire au développement d’une atteinte ou d’une insuffisance rénale.

D’autres effets indésirables sont très fréquemment retrouvés : érythrodysesthésie palmoplantaire, rash, alopécie, infection urinaire, protéinurie, asthénie, insomnie, œdème périphérique, dorsalgie, arthralgies, douleurs musculosquelettiques, myalgies, sensations vertigineuses, céphalées, dysgueusie, hypertension, hypotension, hémorragie, dysphonie, diminution de l’appétit, perte de poids, hypocalcémie, hypokaliémie et thrombopénie.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

En l’absence d’étude, le risque que le lenvatinib soit un inducteur du CYP3A4 ou de la glycoprotéine P (P-gp) est inconnu. Prudence en cas d’administration de substrats du CYP3A4 à marge thérapeutique étroite (pimozide, quinidine, alcaloïdes de l’ergot…).

SURVEILLANCE

La pression artérielle doit être bien équilibrée avant le traitement et contrôlée régulièrement pendant le traitement : une semaine après l’instauration de Lenvima, puis toutes les 2 semaines au cours des 2 premiers mois puis mensuellement.

Contrôler régulièrement le taux de protéines urinaires.

Surveiller les signes de décompensation cardiaque et du syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible (céphalées, convulsions, léthargie, confusion, altération de l’état mental, cécité, troubles visuels ou neurologiques). Une interruption du traitement peut être nécessaire.

Un bilan hépatique est réalisé avant l’instauration du traitement, puis toutes les 2 semaines durant les 2 premiers mois de traitement puis mensuellement.

Contrôle des paramètres ECG et électrolytes, particulièrement chez les patients présentant un syndrome du QT long congénital, une insuffisance cardiaque congestive, des bradyarythmies ou en cas de prise de médicaments connus pour allonger l’intervalle QT.

Lenvima doit être utilisé avec précaution chez les patients ayant eu un événement thrombo-embolique artériel au cours des 6 derniers mois.§

DITES-LE AU PATIENT

- En cas d’oubli, prendre la dose s’il reste plus de 12 heures avant la dose suivante. Sinon, prendre la dose suivante à l’heure habituelle sans la doubler.
- Les aidants ne doivent pas ouvrir la gélule afin d’éviter tout contact répété avec le contenu de la gélule.
- Prudence en cas de conduites de véhicules ou d’utilisation de machines, la prise de lenvatinib pouvant provoquer des sensations vertigineuses et de la fatigue.

LE CARCINOME THYROÏDIEN

Avec environ 8 000 nouveaux cas de cancers de la thyroïde en 2012 en France, les cancers thyroïdiens représentent 1   % des cancers. Qui touchent-ils ? Comme toutes les pathologies affectant la thyroïde, le cancer de la thyroïde touche majoritairement les femmes : en 2009, 75   % des diagnostics les concernaient. L’âge moyen au moment du diagnostic était de 50 ans. La fréquence augmente avec l’âge. Quels sont les différents types de cancers de la thyroïde ? La thyroïde est constituée de 3 types de cellules : les cellules folliculaires, les cellules parafolliculaires, localisées autour des premières, et les cellules non spécialisées. Les cancers les plus fréquents, qui représentent environ 90   % des cancers de la thyroïde, sont les cancers touchant les cellules folliculaires. Ils sont dits «   différenciés   ». On distingue parmi eux la forme papillaire, de loin la plus fréquente, et la forme folliculaire ou vésiculaire. Les cancers dits «   indifférenciés   » ou « peu différenciés   » sont rares puisqu’ils représentent environ 10   % des cancers de la thyroïde. Ils sont constitués par les cancers anaplasiques et les cancers médullaires. Les cancers différenciés sont ceux ayant le meilleur pronostic avec une survie relative à 5 ans d’environ 95   %. Les cancers médullaires ont également un relativement bon pronostic avec une survie globale à 5 ans d’environ 85   %. Les cancers anaplasiques ont en revanche un pronostic péjoratif avec des survies relatives à 1 et 3 ans respectivement de 14   % et 8   %. Delphine Guilloux

FICHE TECHNIQUE

Lenvatinib, 1 719,28 €, remb. SS à 100 %
4 mg, boîte de 30 gélules, AMM : 34009 300 189 4 1
10 mg, boîte de 30 gélules, AMM : 34009 300 189 5 8
Eisai : 01 47 67 00 05
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation

L’AVIS DE LA HAS

- Service médical rendu important
- Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)
- Population cible de 300 patients par an

DÉLIVRANCE

- Liste I
- Prescription hospitalière
- Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie
- Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement.

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le lenvatinib est un inhibiteur dit « multikinase ». Agissant donc sur plusieurs types de récepteurs tyrosine kinase (RTK), il inhibe sélectivement l’activité kinase des récepteurs du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF) : VEGFR1, VEGFR2 et VEGFR3.
Il est, de plus, actif sur d'autres RTK liés aux voies pro-angiogéniques et oncogéniques, dont notamment les récepteurs du facteur de croissance des fibroblastes (FGFR1, 2, 3 et 4), le récepteur du facteur de croissance dérivé des plaquettes (PDGFRα) et les récepteurs KIT et RET.
Au total, il exerce des propriétés anti-angiogéniques expliquant qu’il inhibe directement la croissance tumorale.
L'inhibition du VEGFR2 dans les cellules endothéliales vasculaires explique son action hypertensive. Son action sur les VEGFR1 et VEGFR2 des podocytes du glomérule rénal explique, quant à elle, la survenue de protéinuries.


2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Non. Elle caractérise de nombreux médicaments ayant également une action anti-angiogénique. Pour s’en tenir à l’indication du lenvatinib, le sorafénib (Nexavar) a un profil d’action proche.


3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

La Commission de la transparence a fondé son avis sur la seule étude pivot SELECT, une étude de phase III, randomisée, en double aveugle versus placebo, ayant évalué l’efficacité et la tolérance du lenvatinib à la dose de 24 mg/j sur 392 patients atteints d’un carcinome thyroïdien différencié, principalement métastatique.
La médiane de survie sans progression a été de 18,3 mois dans le bras lenvatinib vs 3,6 mois dans le bras placebo, soit un gain en valeur absolue de 14,7 mois en faveur du traitement actif. La proportion de réponses objectives a été de 64,8 % (avec 1,5 % de réponse complète) dans le bras lenvatinib vs 1,5 % dans le bras placebo (sans réponse complète). Il n’y a pas eu de différence entre les deux bras quant à la survie globale.
L’étude n’a pas inclus de données sur la qualité de vie.
Les comparaisons indirectes, d’un intérêt modeste, suggèrent l’absence de différence significative sur la survie globale entre le lenvatinib et le sorafénib.
Le profil de tolérance entre ces deux molécules diffère et, s’agissant de la survenue d’hypertension artérielle ou de syndrome palmoplantaire, est en défaveur du lenvatinib dont la toxicité est qualifiée de « préoccupante » par la Commission de la transparence.
denis richard

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