La conciliation médicamenteuse prend son départ en ambulatoire

La Haute Autorité de santé (HAS) a publié en janvier 2017 un guide pour mettre en œuvre la conciliation médicamenteuse en établissement de santé. La conciliation est un moyen de prévenir ou corriger les erreurs médicamenteuses et de favoriser le partage d’informations entre professionnels de santé tout au long du parcours de soins du patient (admission à l’hôpital, sortie, transfert). Florence Deguigne-Riaux, adjointe à Chilly-Mazarin (Essonne), est convaincue de son intérêt pour les patients, elle qui regrette de manquer de renseignements lorsque ses patients sortent de l’hôpital. Le nouveau guide de la HAS devrait séduire cette adjointe, grâce aux modèles de courrier de conciliation et de fiches de liaison qu’il propose.

La conciliation médicamenteuse n’est pas qu’un sujet à point de départ hospitalier. Elle prend tout son sens en ambulatoire pour des patients âgés polymédiqués, afin d’établir un plan de posologie, faire une révision des traitements ou en amont d’une hospitalisation programmée (y compris à domicile). Julien Gravoulet, titulaire à Leyr (Meurthe-et-Moselle) a participé à une telle expérimentation de janvier à juin 2016 dans le cadre du dispositif PAERPA (Personnes âgées en risque de perte d’autonomie). Après avoir inclus un patient avec l’accord de son médecin traitant, le pharmacien établit le bilan médicamenteux à partir du dossier pharmaceutique, des scans des ordonnances et d’un entretien. Cet entretien est nécessaire afin de définir le traitement réellement pris par le patient (niveau d’observance et automédication), mais aussi d’évaluer la complexité du plan de prise « dans la vraie vie ». En sus de l’analyse classique (interactions, contre-indications…), une évaluation des traitements par rapport aux référentiels en vigueur est effectuée afin de vérifier s’ils sont bien adaptés. Après un dialogue avec le médecin, pour confirmer ou infirmer d’éventuels changements - des éléments cliniques pouvant manquer lors de l’analyse -, le bilan médicamenteux optimisé est expliqué au patient et servira par la suite de référence.

Dans le cadre de ce dispositif PAERPA, une dizaine de binômes pharmacien-médecin ont permis la réalisation d’une vingtaine de conciliations médicamenteuses. L’expérimentation va se poursuivre par une étude observationnelle, grâce à la participation des étudiants de 6^e année de la faculté de pharmacie de Nancy, qui devront réaliser 5 conciliations médicamenteuses au cours de leur stage de pratique officinale.§