«   Je voudrais quelque chose contre les brûlures   » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3161 du 29/01/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3161 du 29/01/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : ALEXANDRA BLANC 

Accidents courants de la vie quotidienne, les brûlures thermiques font l’objet d’une demande fréquente de conseils. Dans l’urgence, les patients n’ont pas toujours les gestes adaptés. Poser les bonnes questions permet une prise en charge de qualité.

1Comment se présente la brûlure ?

– Fanny, 17 ans : Je voudrais une crème pour appliquer sur une brûlure ? J’ai touché la porte du four chauffé à 240 °C !

– Le pharmacien : Il y a des cloques… Avez-vous mal ?

– Pas vraiment. Ça ne doit pas être très grave…

L’intensité de la douleur est inversement proportionnelle à la gravité de la brûlure. Les brûlures du 2e degré présentent des cloques sur une peau rouge et douloureuse si la brûlure est superficielle, ou sur une peau pâle et peu sensible si la brûlure est profonde (nerfs lésés). Une consultation médicale s’impose pour les brûlures du 2e degré profond et du 3e degré (nécrose indurée insensible, de couleur blanche, brune ou noire), si les lésions sont étendues (plus de 10 % de la surface corporelle), si les cloques sont percées et présentent des signes d’infection.

–Mme B., 45 ans : Ma fille de 9 ans s’est brûlée avec de l’eau bouillante. Il y a quelques cloques. Je peux lui mettre du tulle gras ?

– Le pharmacien : Où se situe la brûlure ?

– Sur le bras et le pli du coude.

Certaines localisations de brûlures nécessitent un avis médical, car elles exposent à un risque infectieux important (au niveau du périnée et des organes génitaux), à des cicatrices disgracieuses (sur le visage) ou à des difficultés de cicatrisation et des troubles fonctionnels (sur les mains, la plante des pieds et les articulations).

2 Avez-vous déjà traité la lésion ?

– M. F., 50 ans, vous montre sondoigt : Je viens de me brûler en touchant mon fer à repasser.

– Le pharmacien : Qu’avez-vous mis sur votre doigt ?

– J’ai appliqué un bout de pomme de terre. C’est ce que faisait ma mère !

En cas de brûlure thermique, le premier geste à effectuer est de refroidir la zone atteinte en la passant sous l’eau courante entre 15 °C et 20 °C pendant environ 15 minutes et d’arrêter en cas de sensation de froid (de 3 à 5 minutes seulement chez le jeune enfant). Le refroidissement permet de diminuer la profondeur et la surface de la brûlure, de réduire l’œdème et la douleur. Il n’a d’intérêt que dans la demi-heure au maximum après la brûlure. L’application de remèdes « maison » type pomme de terre, beurre, huile, œuf, dentifrice… n’a pas d’efficacité démontrée et augmente le risque d’infection.

– Lucas, 24 ans : Je me suis brûlé il y a 2 jours, et la peau autour devient rouge… Que puis-je faire ?

– Le pharmacien : Avez-vous déjà traité la lésion ?

– J’ai percé les cloques pour que ça cicatrise mieux et je les asperge d’alcool à 70 %.

Lorsqu’une brûlure présente des cloques, il est préférable de les laisser intactes. Leur rupture augmente les douleurs et le risque d’infection. L’application d’antiseptique n’est pas nécessaire sur les brûlures superficielles et localisées. Un nettoyage à l’eau, une bonne hygiène et une surveillance suffisent. L’utilisation d’un antiseptique agressif type « alcool éthylique à 70 % » est à proscrire, ainsi que les produits colorés (éosine) qui empêchent de suivre l’évolution de la lésion. Si nécessaire, la chlorhexidine ou la povidone iodée sont à privilégier. L’apparition d’une réaction inflammatoire autour de la plaie, une aggravation de la lésion après 48 heures, la présence de pus signent une infection ; une consultation médicale s’impose.

3Y a-t-il d’autres problèmes de santé ?

– Mme R., 60 ans : Bonjour, je voudrais de la vaseline.

– Le pharmacien : Que vous arrive- t-il ?

– Je me suis brûlée le pied avec ma bouillotte ! Mais ce n’est pas grand-chose.

– Vous n’avez pas de problème de santé par ailleurs ?

– Je suis diabétique.

Les brûlures sont plus graves chez les sujets fragilisés par une pathologie préexistante comme le diabète. Chez le patient diabétique, la cicatrisation est souvent retardée et le risque d’infection augmentée. Les brûlures chez les enfants de moins de 3 ans et les adultes de plus de 60 ans présentent également un caractère de gravité. Chez ces personnes, seules les brûlures de 1er degré de petite surface peuvent être prises en charge à l’officine.

– Véronique, 25 ans : Je me suis fait une petite brûlure. Un ami m’a conseillé la pommade HEC.

– Le pharmacien : C’est bien. Vous n’avez pas d’allergie particulière ?

Certaines crèmes émollientes indiquées dans le traitement des brûlures superficielles contiennent des produits allergisants tels que le baume du Pérou, la lanoline (HEC, Brulex…) ou encore du propylène glycol, certains parabens… L’application de vaseline seule est suffisante et permet de limiter le risque d’allergie. 

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

Une brûlure est une lésion de la peau qui, selon sa gravité, se présente comme une atteinte de la couche superficielle jusqu’à la destruction du derme. La grande majorité des brûlures thermiques est traitée en ambulatoire. La prise en charge à l’officine se limite aux brûlures de premier ou deuxième degré superficielles, non infectées, pour lesquelles la cicatrisation est spontanée.
émollients
L’application permet de rafraîchir, diminuer la douleur et amollir la peau. Il s’agit de préparations grasses à base de vaseline, paraffine, glycérine ou lanoline. L’agent gras peut être utilisé seul (vaseline…) ou associé à un cicatrisant (Cicaderma, Baume Agathol…), à un anti-inflammatoire (HEC, Brulex…), à un protecteur cutané (Biafineact…) ou un hydratant (Osmo soft…).
Utilisation : Appliquer 3 fois par jour sur les brûlures du 1er degré et en couche épaisse recouverte d’une compresse et d’un pansement adhésif sur celles du 2e degré.
Effets indésirables : risque d’allergie avec certains composés (baume du Pérou, lanoline, certains parabens, parfums…)

Principaux pansements
Ils permettent de protéger la brûlure, d’atténuer la douleur et de maintenir un milieu humide propice à la cicatrisation. La plupart existe en plusieurs dimensions.
- Pansements gras : les tulles sont des compresses à larges mailles imprégnées d’un corps gras, le plus souvent de la vaseline (Tulle Gras, Biogaze…) à recouvrir d’un pansement secondaire. Il faut les changer toutes les 24 à 48 heures. Le changement peut être douloureux (arrachement des bourgeons pris dans les mailles). Mouiller le tulle pour faciliter le retrait.
Les interfaces sont des pansements gras à mailles plus étroites dont le retrait est moins douloureux sans arrachement des bourgeons (Physiotulle…). A changer tous les 2 à 3 jours.
- Films de polyuréthane : films adhésifs et transparents permettant le contrôle visuel de la lésion (Opsite Flexigrid…). Ils peuvent être utilisés sans ajout d’une autre substance. Peu absorbants, ils se changent lors du décollement spontané (une ou deux fois par semaine).
- Hydrocolloïdes : composés de carboxyméthylcellulose (Urgo Brûlures qui associe hydrocolloïde et vaseline…) absorbant par gélification des exsudats. A changer tous les 2 à 7 jours.
- Hydrogels : compresses imprégnées (Dermaplast kit de soins brûlures…) contenant plus de 50 % d’eau. Ils réhydratent la peau et apportent une sensation rafraîchissante. Recouvrir d’un pansement secondaire. A changer tous les 2 à 3 jours.
Conseils
- Mettre la zone lésée sous l’eau courante froide (ou juste tiède) pendant environ 15 minutes pour calmer la douleur, nettoyer la zone et limiter l’extension de la brûlure.
- Enlever les objets pouvant comprimer la zone lésée (bagues…) et les vêtements imprégnés de substance chaude, sauf s’ils adhèrent à la peau.
- L’application d’un linge humide ou la pulvérisation d’eau fraîche peut atténuer la douleur. La prise de paracétamol ou d’ibuprofène peut être utile.
- En cas d’effraction de la peau, vérifier que la vaccination antitétanique est à jour.
- Eviter l’exposition solaire de la zone cicatricielle pendant un an.
- Rester vigilant à tout signe d’infection : rougeur autour de la lésion, retard de cicatrisation, pus…

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