«   Je voudrais quelque chose pour soulager mes articulations   » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3159 du 15/01/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3159 du 15/01/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : NATHALIE BELIN 

Les demandes d’automédication pour soulager des douleurs articulaires notamment dues à l’arthrose sont très fréquentes. Bien conseiller et orienter le patient alors est essentiel.

1 Quel est le condiv ?

Une femme d’une quarantaine d’années avec une boîte de Novalgic : Je crois que je commence à avoir de l’arthrose au niveau des doigts…

Le pharmacien : Vous avez des douleurs, une raideur ?

- Oui, par moment.

- Avez-vous consulté un médecin ?

- Non. Pour l’instant, c’est gênant mais pas très douloureux.

Un avis médical est nécessaire dès les premières gênes pour confirmer le diagnostic et mettre en place de bons réflexes qui vont limiter l’évolution de la maladie (économie des articulations en recourant à des objets ergonomiques, à une orthèse, kinésithérapie, perte de poids…). Ces mesures doivent être maintenues même après l’instauration d’un traitement.

M. G., 65 ans : J’ai lu que la glucosamine ou l’harpagophyton pouvaient soulager l’arthrose… Vous en avez ?

Le pharmacien :Oui. Votre genou vous fait souffrir plus que d’habitude ?

- Oui, depuis hier ! Le paracétamol ne suffit pas et je ne supporte pas les anti-inflammatoires…

Les antiarthrosiques d’action lente ne sont pas adaptés au traitement de la crise d’arthrose. De même, l’action anti-inflammatoire de l’harpagophyton, mieux toléré sur le plan digestif que les AINS, s’installe progressivement. Proposer plutôt un AINS sous forme topique, dont l’action est rapide et parfois suffisante en cas de douleur modérée. Si ce n’est pas le cas ou si les poussées se rapprochent, une consultation médicale est nécessaire. Dans tous les cas, rappeler qu’il faut mettre l’articulation au repos pour ne pas aggraver l’inflammation et inciter le patient à recourir aux aides à la marche si besoin.

2Des problèmes de santé particuliers ?

Une femme d’une soixantaine d’années : Vous avez du Chondrostéo ? Une amie m’a dit que c’est efficace.

Le pharmacien : Oui, vous pouvez l’essayer en traitement de fond. Vous avez d’autres problèmes de santé ?

- Non… enfin j’ai eu plusieurs traitements pour un ulcère gastrique.

Certains compléments alimentaires associent des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (glucosamine et/ou chondroïtine) à d’autres composants : oméga-3, silice ou plantes aux propriétés anti-inflammatoires comme l’harpagophyton, la reine des prés (cas de Chondrostéo) ou le saule. Le saule et la reine des prés contiennent des dérivés salicylés qui les contre-indiquent en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal. Vérifier systématiquement les formulations.

3Prenez-vous d’autres traitements ?

Mme C., 55 ans, avec une boîte de Chondro Aid Fort et de Cartilamine 1500 : Mon mari a essayé un traitement pour son arthrose. Qu’est-ce qui est le mieux ?

Le pharmacien : Votre mari prend-il un traitement pour sa tension ?

- Oui, et aussi du Previscan.

La glucosamine (dans Chondro Aid Fort et Cartilamine 1 500), la chrondroïtine sulfate et les oméga 3 pourraient augmenter l’effet des anticoagulants oraux. Par prudence, mieux vaut les éviter avec ces médicaments. On peut par exemple orienter Mme C. vers des compléments alimentaires à base de plantes (harpagophyton…).

4 Savez-vous l’utiliser ?

Un homme de 60 ans environ : Le médecin m’a prescrit Dolenio mais je ne le supporte pas. Ça me donne des nausées et de la diarrhée… En plus, ça n’a pas l’air très efficace !

Le pharmacien : Depuis quand le prenez-vous ? Et à quel moment de la journée ?

- Ça fait 15 jours… Je le prends le matin en me levant.

La glucosamine (Dolenio) ou la chondroïtine sulfate peuvent induire des troubles digestifs souvent bénins et passagers améliorés par une prise au cours des repas. Il faut un à deux mois d’utilisation régulière pour observer une action sur les douleurs. Si aucune amélioration n’est constatée au bout de 3 mois, il est généralement inutile de poursuivre les prises. Une autre formule peut être essayée.

Une femme, 50 ans, tient une boîte de patch autochauffant pour le genou : On m’a dit que la chaleur pouvait calmer les douleurs d’arthrose ?

Le pharmacien : Oui… mais votre genou est-il très douloureux ?

- Oh ! oui, je suis en pleine poussée !

La chaleur est bénéfique pour soulager la gêne chronique, diminuer la raideur et faciliter le dérouillage de l’articulation. Si l’articulation est enflammée et douloureuse, comme c’est le cas dans une poussée d’arthrose, l’application de froid est indiquée. 

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

Hormis les traumatismes, l’arthrose est de loin la cause la plus fréquente de douleurs articulaires. Evoluant le plus souvent par poussées, elle se caractérise par une dégradation progressive du cartilage, associée à des remaniements de l’os sous chondral. Typiquement la douleur apparaît lors d’efforts et est calmée par le repos.
Traitement de fond
Antiarthrosiques d’action lente
Glucosamine : AMM dans l’arthrose du genou ; chondroïtine, diacéréine et insaponifiables d’avocat et de soja : AMM dans l’arthrose de la hanche et du genou. En pratique, il est possible de les « essayer » dans d’autres localisations d’arthrose.
Intérêt ? Proposés en cas de symptômes chroniques quotidiens. Pas d’action démontrée sur la dégradation du cartilage mais semblent soulager la douleur chez certains patients.
Des effets indésirables ? Généralement troubles digestifs transitoires ; sous glucosamine : prurit, bouffées vasomotrices. Régurgitations à odeur lipidique sous insaponifiable d’avocat et de soja. Rapport bénéfice/risque de la diacéréine défavorable : diarrhée, manifestations allergiques cutanées, cytolyse hépatique.
Des précautions ? Diacéréine : contre-indiquée en cas de colopathie inflammatoire et d’atteinte hépatique (ou antécédent) ; déconseillée chez les patients de plus de 65 ans. Glucosamine : contre-indiquée en cas d’allergie aux crustacés ; possibles perturbations de la glycémie chez le patient diabétique et exacerbations des symptômes de l’asthme ; cas d’hypercholestérolémie observés.
Des interactions ? La glucosamine pourrait augmenter l’effet des anticoagulants. Par précaution, la chondroïtine est déconseillée également avec les anticoagulants.
Traitement de la crise
Paracétamol : antalgique de 1re intention même si son efficacité est modérée.
Ibuprofène : en cure courte, à la dose minimale efficace et uniquement au cours des poussées douloureuses. Outre leurs effets indésirables digestifs, les AINS augmentent, au long cours, le risque cardiovasculaire.
Codéine : exceptionnellement lors de poussées hyperalgiques (risque de chute).
AINS locaux : dans les douleurs du genou ou de la main. Pas d’application sur une peau lésée ou irritée, pas d’exposition au soleil.

Autres

• Soufre organique (méthyl sulfonyl méthane), silicium, antioxydants (zinc, cuivre, vitamines C et E, manganèse, sélénium…), oméga-3 (huiles de poissons), etc. : souvent associés à la glucosamine et/ou à la chondroïtine sulfate. Pas d’efficacité démontrée. Les oméga-3 peuvent augmenter le temps de saignement.

• Phytothérapie : feuilles de cassis, reine des prés et écorce de saule (dérivés salicylés), harpagophyton. Prudence en cas d’ulcère gastro-duodénal pour l’harpagophyton ; reine des prés et saule sont contre-indiqués dans cette situation ainsi qu’en cas d’allergie aux salicylés.

• Application de chaud/froid, aides techniques à la marche, orthèses du genou, de la main, semelles amortissantes, orthèses plantaires.
Conseils - L’excès de poids est un facteur de gravité majeur de l’arthrose, en particulier pour le genou. - En cas de poussées douloureuses, il faut mettre l’articulation au repos. Entre les poussées, l’exercice physique a une action bénéfique sur la douleur, et au long cours sur le renforcement musculaire, l’équilibre et la mobilité articulaire.

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