Stéphane Cros veut réanimer les premiers secours à l’officine - Le Moniteur des Pharmacies n° 3155 du 08/12/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3155 du 08/12/2016
 
ENGAGEMENT

Vous avez la parole

Auteur(s) : CHLOÉ DEVIS 

Et s’il était urgent de valoriser les gestes de premiers secours à l’officine ? C’est l’objet de la thèse soutenue en juillet dernier par Stéphane Cros, jeune pharmacien au profil atypique. En semaine, depuis trois ans, il effectue des remplacements en officine à Montpellier, mais pendant ses week-ends et congés, il troque la blouse blanche contre l’uniforme des sapeurs-pompiers volontaires, un engagement qui remonte à sa sixième année d’université. « Je ne fais pas partie du SSSM (le Service de santé et de secours médical) : j’ai suivi la formation de base et je dépends du SDIS34, le Service départemental d'incendie et de secours de l’Hérault », précise-t-il. Et de souligner : « Mon activité de pompier est très enrichissante pour ma pratique au comptoir et a renforcé ma confiance en moi   ». Tout naturellement, pour son sujet de thèse, Stéphane Cros s’est orienté vers une problématique à la croisée de ses expériences complémentaires. Le titre ? « La place du pharmacien dans la chaîne des secours : perspectives à l'heure des entretiens pharmaceutiques   ». «   Au départ, explique-t-il, j’ai voulu dresser un état des lieux des premiers secours à l’officine en menant une enquête auprès de 40 pharmaciens. Je me suis rendu compte qu’ils réalisaient énormément de petites interventions sans que l’on en garde la trace. En tant que pompiers, nous intervenons régulièrement dans les pharmacies. » Rien d’étonnant : il est facile de localiser une croix verte en cas de besoin.

La France retardataire en matière de secourisme

A ce constat s’en ajoute un autre : « En cas de réelle urgence, c’est le témoin qui va jouer un rôle primordial en réalisant les premiers gestes qui peuvent sauver la victime, les secours mettant en moyenne 13 minutes à arriver sur place. Or, en France, nous sommes très en retard en matière de secourisme   ». Une passivité meurtrière : Stéphane Cros rappelle que dans le cas d’un arrêt cardiaque en pleine rue, les chances de survie ne sont que de 3 à 7 % en France contre 40 % dans certains pays. Ce qui représente près de 40 000 victimes par an, dix fois plus que les accidents de la route. D’où cette conviction qu’il y a là une future mission de santé publique pour les pharmaciens et qu’elle pourrait s’inscrire de manière cohérente dans le cadre des entretiens pharmaceutiques existants ou futurs, en leur donnant « un intérêt supplémentaire et un nouvel élan ». « Il s’agirait de rappeler à cette occasion au patient, mais aussi, pourquoi pas, aux aidants, trois ou quatre gestes d’urgence adaptés à la pathologie concernée », indique Stéphane Cros. Par exemple, la réalisation d’un point de compression lors d'une hémorragie pour un patient sous AVK, des compressions thoraciques pour un insuffisant cardiaque, la bonne façon de se relever d’une chute pour une personne âgée… Le pharmacien disposerait là d’un argument supplémentaire pour convaincre ses patients de l’intérêt des entretiens pharmaceutiques et renforcerait son image de professionnel de santé, et ce, à moindre coût : « Il n’y a pas d’investissement matériel et nous sommes déjà formés aux gestes de premiers secours. Il suffirait d’intégrer dans le DPC des modules de recyclage   », propose Stéphane Cros. Qu’en disent ses confrères ? « D’après mon enquête, à la question de savoir si les pharmaciens effectuant déjà des gestes de premier secours seraient prêts à aller plus loin dans l’éventualité où des missions leur seraient confiées en ce sens, 38 des interrogés sur 40 ont répondu “oui” », fait valoir notre confrère, qui plaide, en plus, pour l’installation subventionnée de défibrillateurs accessibles 24h/24 dans les officines.

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