Poursuivre la réforme - Le Moniteur des Pharmacies n° 3153 du 03/12/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3153 du 03/12/2016
 

L’annuel 2016

ÉCONOMIE

Auteur(s) : François Pouzaud

L’officine vit une période de baisse de ses revenus. Les baisses de prix sur les médicaments pèsent de plus sur les comptes des années 2015 et 2016, en dépit de la réforme engagée sur la rémunération. Une réforme à poursuivre dès maintenant.

Le bilan est partagé par tous : la pharmacie est en souffrance. Il suffit de jeter un œil sur les indicateurs clés de l’économie pour voir que ce n’est pas brillant du tout. En moyenne, les indicateurs d’évolution du CA, de la marge et de résultat stagnent ou régressent en 2015. L’année 2016 est également morose sur ce plan. « Le résultat de 2016 ne permettra pas de faire face à l’augmentation des charges, il faut cesser avec cette dynamique de perte et inverser la tendance pour renouer avec la croissance », exhorte Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Il compte pour cela sur une nouvelle dynamique conventionnelle qui favorise « l’investissement dans la pharmacie libérale et les soins de premier recours ».

Ce bilan aurait pu être totalement insoutenable sans la mise en place des honoraires de dispensation. Mais le fait est que le bilan de la nouvelle rémunération censée déconnecter en partie les revenus des pharmaciens des prix des médicaments est en deçà de ce que les syndicats espéraient. Il est urgent dorénavant de passer à une nouvelle étape dont l’objectif est de continuer à détacher la rémunération des prix industriels et d’avoir une meilleure visibilité économique pour l’ensemble du réseau des officines.

La ministre de la Santé et l’Assurance maladie y sont disposées, dans le cadre de la prochaine négociation de la convention pharmaceutique en 2017.

CONTRIBUTEURS

Philippe Gaertner (FSPF)

Gilles Bonnefond (USPO)

Jean-Luc Fournival (UNPF)

L’ANALYSE

Le rythme des fermetures d’officines s’accélère : une fermeture tous les 2,5 jours en 2014, puis une tous les deux jours en 2015. Enfin, en septembre 2016, une par jour, quasiment. Cette tendance ne se retrouve pas dans les nouvelles entrées en procédures collectives des officines qui, au contraire, ont baissé globalement de 10 % sur le premier semestre 2016 (79), par rapport à la même période de 2015 (88). Les pharmaciens leur préfèrent une autre issue pour sortir des difficultés: la cession du fonds ou de la clientèle, le regroupement ou la fermeture « sèche ».

A fin juin 2016, on recensait 12 procédures de sauvegarde (contre 15, un an plus tôt) et 27 redressements judiciaires (contre 42 en 2015). En revanche, les liquidations judiciaires font un bond important de 29 %, en passant de 31 à 40, ce qui témoigne de la sévérité des difficultés des officines les plus fragilisées.

Le rythme des fermetures est donc un meilleur indicateur des difficultés des pharmacies que le nombre des nouvelles procédures collectives les concernant.

L’ANALYSE

Pour une base 100 en 2011, le CA annuel de l’officine s’est situé à un indice au-dessus de 130 en 2011, avant de décroître régulièrement jusqu’en 2015. Le décrochage de la marge brute est assez identique à celui du CA, mais s’est stabilisé en 2014.

En revanche, les salaires et charges salariales augmentent constamment sur la période 2001-2015. Comme les ressources de l’officine n’augmentent pas, c’est la rémunération du titulaire (résultat par pharmacien) qui en fait les frais. En l’absence de croissance, elle ne peut que continuer à baisser. Sauf à comprimer les charges de personnel.

Philippe Gaertner Président de la FSPF

Une année charnière à plus d’un titre

2016 est une année charnière à la veille d’une négociation conventionnelle avec l’Assurance maladie et d’une élection présidentielle.

2016 est une année charnière, avec l’introduction du deuxième niveau d’honoraires de dispensation permettant de basculer la rémunération mixte vers plus de 52 % d’honoraires. Cette première marche franchie, il faut poursuivre le mouvement pour rendre l’économie officinale plus indépendante des prix industriels des médicaments qui subissent, depuis trois ans, des baisses annuelles de plus de 900 millions d’euros.

2016 est une année charnière qui a vu s’organiser l’unité syndicale à la veille d’une négociation essentielle pour l’évolution de notre métier, mais également pour l’équilibre des entreprises officinales et leurs 120 000 salariés.

2016 est une année charnière qui verra peut-être les pharmaciens autorisés à vacciner comme le prévoit, de façon expérimentale, la loi de financement de la Sécurité sociale 2017 après passage devant l’Assemblée nationale. 2016 est une année charnière, enfin, pour l’organisation du troisième cycle des études pharmaceutiques, opportunité à ne pas laisser passer, et qui fait l’objet d’une mission confiée au Professeur Porquet. Ceci, bien sûr, sans oublier la nécessaire évolution du diplôme de préparateur en pharmacie.

Alors, transformons toutes ces opportunités en avancées pour l’officine en 2017.

Gilles Bonnefond Président de l’USPO

Identifions de nouvelles rémunérations

La situation économique des officines est dramatique, à tel point que l’ordre des pharmaciens a mis en place une association pour venir en aide aux pharmaciens en détresse avant que l’irréparable ne soit commis. La rémunération doit être modifiée mais nous ne pourrons pas entrer dans une réforme ambitieuse de la profession portant également sur le métier et le réseau, sans lisibilité, sans une enveloppe garantie par l’Etat. La ministre de la Santé nous a assuré qu’un accompagnement financier pluriannuel soutiendrait la prochaine convention pharmaceutique. Il faudra y trouver de nouvelles rémunérations adaptées aux défis que la profession doit relever: accompagnement du sujet âgé et des patients chroniques, lutte contre l’iatrogénie, bon usage du médicament, prévention, coordination des professionnels de santé entre la ville et l’hôpital…

Honoraire à l’ordonnance avec un minimum de perception garanti, nouvelles rémunérations sur objectifs de santé publique, rémunérations spécifiques en fonction de la complexité de l’ordonnance, du type de patient ou de la catégorie du produit prescrit, rémunération des interventions pharmaceutiques…

Il ne devra y avoir aucune limite à la réflexion dans les pistes de travail à ouvrir avec l’Assurance maladie. Je crois en la vie conventionnelle pour faire évoluer la profession. C’est en étant unis et en portant des propositions communes que nous serons entendus.

Jean-Luc Fournival Président de l’UNPF

Repensons le modèle

L’année 2016 est une nouvelle année noire pour la pharmacie. La croissance est au point mort, 60 % des pharmacies ont vu leur CA baisser de 5 % et les marges diminuent pour la moitié des officines.

L’introduction d’un honoraire à la boîte et la politique conventionnelle n’ont pas pu empêcher la détérioration économique des officines et l’érosion du réseau. Pire, les ROSP et le CICE qui permettent aujourd’hui à de nombreux confrères de « tenir » sont régulièrement remis en cause, et les pharmacies qui perdent le plus sont celles qui sont les plus dépendantes du système conventionnel.

Or, les économies gouvernementales continuent de porter essentiellement sur le médicament et donc sur les pharmaciens. Si certains continuent d’espérer une solution venant des pouvoirs publics, nous rappelons que les promesses électorales n’engagent généralement que ceux qui les entendent et y croient…

L’UNPF préfère proposer des solutions innovantes afin de repenser en profondeur un modèle économique dépassé. Il faut, à la fois faire évoluer la rémunération actuelle en la basant sur des honoraires intellectuels liés aux services rendus par le pharmacien clinicien, et la diversifier en faisant appel à de nouveaux payeurs, tels que les mutuelles (paniers de soins) ou les collecteurs de data.

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


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