Pourquoi le pharmacien doit-il recommander la vaccination antigrippale aux femmes enceintes ?

La première publication signalant les dangers de la grippe pour les femmes enceintes date de 1918. Lors de la pandémie suivante (1957, « grippe asiatique »), 57 % des femmes décédées étaient enceintes. Peu à peu, les causes de cette fragilité ont été identifiées :

– pour permettre au fœtus d’être toléré par le système immunitaire de sa mère, la grossesse doit s’accompagner d’une atténuation des défenses immunitaires maternelles. En cas d’infection par le virus grippal, cette « immunotolérance » (de type Th2 semi-allogénique) favorise l’apparition de complications graves ;

– la croissance du fœtus perturbe certaines fonctions vitales maternelles, notamment la respiration et le fonctionnement cardiaque. Cette gêne augmente au second et, surtout, au troisième trimestre de grossesse.

Jusqu’en 2009, le vaccin antigrippal n’était pas systématiquement recommandé, parce que le risque de grippe pendant la grossesse était sous-estimé. En 2009, dès le début de la pandémie, la forte létalité des femmes enceintes infectées par le virus A(H1N1) a convaincu les autorités sanitaires de la nécessité de vacciner les femmes enceintes.

Aucun accident vaccinal n’étant apparu chez les millions de femmes enceintes vaccinées, il est devenu évident que le vaccin antigrippal est sans danger pendant la grossesse.

En pratique, quand une femme enceinte demande « quels sont les dangers de la grippe pour moi ? », le pharmacien peut répondre : «   Une (mal)chance sur 250 d’être hospitalisée pour une complication grave en cas de grippe   » et «   un risque de complication grave multiplié par 3 au 2 ^e trimestre et par 4 au 3 ^e  trimestre   ».

Source : Professeure Karine Faure, CHU Lille, 29^e rencontres sur la grippe et sa prévention, 15 novembre 2016, Paris