Soins et maux de bouche - Le Moniteur des Pharmacies n° 3151 du 17/11/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3151 du 17/11/2016
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

HYGIÈNE BUCCODENTAIRE 

« UNE BROSSE À DENTS SOUPLE ? »

Madame Y, 30 ans : – Le dentiste me recommande de prendre une brosse à dents souple, mais j'ai l'impression que c’est moins efficace qu’une dure ou une medium. – C'est le ressenti de certaines personnes, mais en pratique des brins souples et fins nettoient mieux les espaces interdentaires. Si vous souhaitez une meilleure sensation de propreté, optez pour une brosse à dents électrique ou une brosse à dents souple « blancheur » munie de lamelles polissantes.

LES BROSSES À DENTS


LA BROSSE À DENTS IDÉALE

Manuelle ou électrique, la brosse à dent doit permettre d’éliminer la plaque dentaire, y compris dans des zones difficiles d’accès, sans agresser l’émail ni les gencives. Ce qui suppose en pratique au moins trois conditions :
– une taille adaptée à l’utilisateur pour un maniement correct et une bonne dextérité ;
– une tête de brosse adaptée à la taille de la bouche et suffisamment petite pour atteindre l’ensemble des zones à brosser (dents du fond…) ;
– l’utilisation de brins souples (la souplesse des brins étant déterminée par leur diamètre : plus ils sont fins, plus la brosse est souple). Des brins medium ou durs, plus épais, pénètrent difficilement entre les dents et obligent l’utilisateur à appuyer ou frotter davantage, d’où un risque d’usure de l’émail et l’apparition de problèmes d’hypersensibilité dentaire (dents sensibles au froid, au chaud) ou encore de rétraction des gencives.
Les brins doivent être en fibres synthétiques comme le nylon (cas de la grande majorité des brosses à dents du commerce) car les fibres naturelles, creuses, sont à l’origine d’une importante prolifération microbienne.


BROSSE À DENTS MANUELLE

Peu onéreuse, elle est déclinée en une multitude de modèles qui se distinguent notamment par la taille de la tête de brosse, la souplesse et l’implantation des brins.
Critères de choix : des brins souples conviennent au plus grand nombre, en l’absence de problèmes particuliers. En cas d’hypersensibilité dentaire ou de pathologies gingivales, des brins beaucoup plus fins donc plus souples ou encore coniques (effilés aux extrémités) sont nécessaires.


BROSSE À DENTS ÉLECTRIQUE

Plusieurs études mettent en avant une meilleure élimination de la plaque dentaire avec les brosses à dents électriques par rapport aux brosses à dents manuelles, pour une même durée de brossage.

A PILES OU RECHARGEABLE

Les brosses à dents à piles sont moins « puissantes » (moins de vibrations ou de mouvements d’oscillation par minute) que les brosses à dents rechargeables ; elles conviennent davantage à ceux qui souhaitent s’initier au brossage électrique. Les brosses à dents rechargeables bénéficient, pour certains modèles, d’options permettant de moduler l’intensité ou la fréquence des mouvements ou oscillations.

OSCILLO-ROTATIVE OU SONIQUE

Le modèle oscillo-rotatif (essentiellement Oral-B), s’effectuant avec une petite brossette ronde, diffère du brossage manuel : la brossette doit simplement être déplacée de dent en dent sans faire de mouvement particulier du poignet. A noter : la brossette Trizone d’Oral B (adaptable sur tous les modèles ou vendu avec le modèle Trizone) est allongée et ne fonctionne pas sur ce principe ; effectuant un mouvement de balayage, proche du brossage manuel, elle s’adresse aux patients qui souhaitent découvrir le brossage électrique.
La technologie sonique (Philips, en pharmacie ; Signal, Panasonic…) repose sur des mouvements de vibrations de très faibles amplitudes, mais très rapides (15 000 à 31 000 par minute pour les modèles Philips) : elle s’effectue avec une petite tête de brosse ovale et de petits mouvements de poignet des gencives vers les dents.
Quel que soit le modèle choisi, un temps d’adaptation est nécessaire.


LA TECHNIQUE DE BROSSAGE


LE BUT : ÉLIMINER LA PLAQUE DENTAIRE

La plaque dentaire est le facteur déclenchant des pathologies de la dent (caries) et de ses tissus de soutien (gingivites, parodontites). Une bonne hygiène buccodentaire doit permettre de combattre sa formation.
En 2013, l’UFSBD a émis des recommandations préconisant 2 brossages par jour de 2 minutes, et l’usage du fil dentaire après le brossage du soir. Les études ont, en effet, montré qu’un brossage de qualité, biquotidien, suffit à combattre la plaque dentaire et les caries (le rythme de renouvel-lement des bactéries responsables des caries étant de 12 heures).


ASSOCIER UN DENTIFRICE FLUORÉ

Le brossage des dents avec un dentifrice fluoré est la mesure la plus efficace pour prévenir la carie. Ce dernier peut être employé dès que l’enfant sait recracher (à partir de 2 ans) : la teneur en fluor doit être alors de 500 ppm maximum. A partir de 6 ans, un dentifrice fluoré entre 1 000 et 1 500 ppm est recommandé, comme chez l’adulte. Au-delà d’une teneur en fluor de 1 500 ppm, les dentifrices ont un statut de médicament.


LE BON GESTE À CHAQUE ÂGE

Les caries sur dent de lait ne doivent pas être négligées (conséquences possibles sur la dent définitive).
Avant un an, il est recommandé de brosser les premières dents à l’aide d’une compresse humide ou d’une brosse à dents 1er âge adaptée.
A partir d’un an, le brossage s’effectue avec les parents à l’aide d’une brosse à dents adaptée, une fois par jour, le soir sans dentifrice.
A partir de 2 ans, il s’effectue 2 fois par jour pendant 2 minutes, toujours avec une brosse adaptée et une noisette de dentifrice, une fois que l’enfant sait recracher, selon une technique simple, « horizontale ». L’objectif est d’apprendre à bien brosser toutes les dents.
A partir de 6 ans,l’apprentissage du brossage vertical « en rouleau » peut débuter (méthode BROS, v. schéma p. 2). Ce geste, à conserver à l’âge adulte, permet de nettoyer sans agresser le sillon gingival (zone entre la dent et la gencive où s’insère facilement la plaque dentaire).


CONSEILS PRATIQUES

Le dentifrice doit être déposé sur la brosse sèche pour une bonne imprégnation des brins et donc un brossage plus efficace.
La brosse à dents doit être changée dès que les brins « s’ébouriffent » (en général au bout de 3 mois) car ils n’offrent alors plus de contact suffisant avec la dent pour bien la nettoyer. Certaines brosses à dents (Inava) peuvent passer au micro-ondes pour les assainir et limiter la prolifération microbienne (1 min à 600 W avec un verre d’eau).
Le protège-tête permet de transporter la brosse à dents de manière hygiénique. Si on le replace systématiquement sur la tête, il faut veiller à ne pas plier les brins et le nettoyer régulièrement pour limiter le développement microbien (eau chaude et savon).


LES COMPLÉMENTS DU BROSSAGE


BROSSETTES INTERDENTAIRES

Elles permettent de nettoyer les espaces interdentaires. Elles existent en plusieurs tailles, selon la largeur des espaces inter-dentaires. Pour les utiliser : humidifier la brossette, l’insérer délicatement puis effectuer un mouvement de va-et-vient et la rincer. La changer en moyenne chaque semaine, selon son usure.


LE FIL DENTAIRE

Recommandé après le brossage du soir, aux endroits où les dents se touchent, il favorise l’élimination de la plaque dentaire ou des micro-débris alimentaires dans les espaces inaccessibles à la brosse à dents. Il doit être passé en douceur pour ne pas agresser la gencive. Il existe du fil blanchissant (silice micronisée), du fil à expansion visant plus d’efficacité, du fil ciré, plus facile à passer entre les dents…


LES RÉVÉLATEURS DE PLAQUE DENTAIRE

Ils renferment un colorant alimentaire qui permet de visualiser la plaque dentaire pour mieux la déloger (brossage, fil dentaire). Ils se présentent en comprimés à croquer (GUM Red-Cote, Miradent…), bain de bouche (Miradent…) ou gouttes (Inava Dentoplaque…).


L’HYDROPULSEUR

Moins fastidieux à utiliser que le fil dentaire, il est toutefois moins efficace. Il envoie un jet d’eau sous pression qui permet un nettoyage des espaces interdentaires et le massage des gencives. Il peut être utile en cas de pathologies gingivales ou parodontales, ou encore en cas de port d’un appareil orthodontique.


LES BAINS DE BOUCHE

On distingue ceux à visée thérapeutique (avec AMM) indiqués dans le traitement local d’appoint des infections de la cavité buccale et des soins postopératoires en stomatologie (voir p. 11), et les bains de bouche de « confort » qui ont un statut de cosmétique ou de dispositif médical.

ALLÉGATIONS SPÉCIFIQUES

Les allégations varient en fonction des composants : sensibilité dentaire (sels d’étain, nitrate de potassium…), protection carie (dérivés fluorés…), action antiplaque ou « gencives sensibles » (antiseptiques à plus faible concentration que dans les bains de bouche médicamenteux ; delmopinol, huiles essentielles à visée antibactérienne…), mauvaise haleine…
Les bains de bouches ne sont pas recommandés chez les enfants ne sachant pas bien recracher ; beaucoup renferment de l’alcool.

UTILISATION EN PRATIQUE

Les bains de bouche à visée thérapeutique s’emploient sur une à deux semaines maximum, sauf indication médicale particulière.
La chlorhexidine peut induire une coloration brune de la langue et des dents, même lorsqu’elle est présente à de faibles concentrations. Cet effet indésirable est réversible à l’arrêt du traitement.
En dehors d’une recommandation médicale, si un bain de bouche est utilisé quotidiennement ou sur une longue période, orienter de préférence vers une référence sans alcool (potentiellement irritant, et favorisant la sécheresse buccale).§
plaque dentaire
Dépôt mou, issu de la salive et des restes de nourriture, adhérant à la surface des dents et plus ou moins coloré.
Par Nathalie Belin, pharmacienne

INFOS CLÉS


• Au quotidien : 2 brossages matin et soir de 2 minutes avec une brosse à dents munie de brins souples selon la technique BROS à partir de 6 ans et avec un dentifrice fluoré adapté à l’âge (dès que l’enfant sait recracher). Fil dentaire après le brossage du soir.


• La brosse à dents électrique est un plus en cas de brossage manuel imparfait (enfants, adolescents, handicap…) ou de pathologie gingivale.


• En usage quotidien au long cours, il est préférable d’éviter les bains de bouche renfermant de l’alcool.

BLANCHIMENT DES DENTS 

« LE DENTIFRICE BLANCHEUR, ÇA MARCHE ? »

Monsieur M. se plaint de son achat :– J’ai acheté ce dentifrice blancheur, mais je ne trouve pas ça très efficace ! – Les dentifrices à visée blancheur aident à gommer les colorations de surface, mais ne modifient pas la coloration naturelle des dents. Pour les éclaircir, vous pouvez recourir aux kits de blanchiment… mais après un contrôle dentaire.

COULEUR NATURELLE

La couleur des dents est déterminée génétiquement et influencée par des facteurs environnementaux : nicotine, thé, café, vin ou fruits rouges, certains médicaments. Ces facteurs sont à l’origine de colorations de surface de l’émail, qui avec le vieillissement, sont de plus en plus difficiles à éliminer : l’émail s’use et présente des microfissures où s’accumulent les taches ; il devient aussi plus transparent et la couleur de la dent reflète alors la teinte de la dentine, plus ou moins brune, située juste sous l’émail.
Les colorations de surface peuvent être éliminées par un détartrage et un polissage professionnel au cabinet dentaire. Les dentifrices blanchissants peuvent aider aussi à mieux gommer ces taches.
Pour modifier la couleur naturelle des dents et obtenir une réelle action éclaircissante, il faut agir en profondeur au niveau de la dentine à l’aide d’agents oxydants.

DENTIFRICES BLANCHISSANTS


LES DENTIFRICES «   BLANCHEUR   » VISENT LE PLUS SOUVENT À ATTÉNUER LES TACHES DE SURFACE GRÂCE À DES AGENTS PLUS OU MOINS ABRASIFS : SILICE, CARBONATE DE CALCIUM, BICARBONATE DE SODIUM… (FLUOCARIL BLANCHEUR, BUCCOTHERM BLANCHEUR, GUM ORIGINAL WHITE, ELMEX SENSITIVE PROFESSIONAL BLANCHEUR…). CERTAINS, EN RAISON D’UNE ACTION ABRASIVE PLUS INTENSE, NE S’UTILISENT QUE 2 FOIS PAR SEMAINE (ELMEX NETTOYAGE INTENSE…). IL EN EST GÉNÉRALEMENT DE MÊME POUR LES POUDRES DE BICARBONATE DE SOUDE (SUPER WHITE, GIFRER…). CERTAINS DENTIFRICES BLANCHEURS RENFERMENT DU CHARBON VÉGÉTAL DONT L’ACTION ABSORBANTE VISE À ÉLIMINER LES PARTICULES COLORANTES (DENTIFRICES CURAPROX, BEVERLY HILLS FORMULA…) : ILS REVENDIQUENT UNE ACTION NON ABRASIVE.



PRÉCAUTIONS

Il est préférable d’alterner dans tous les cas ces dentifrices avec un dentifrice classique car ils peuvent à terme, fragiliser l’émail.
A noter : il existe aussi des polisseurs dentaires (Kit Super White), appareils à pile avec une tête rotative dans laquelle on insère une pâte polissante. A utiliser ponctuellement (1 fois par mois) pour ne pas user l’émail.


KITS DE BLANCHIMENT


LES KITS RENFERMENT DES AGENTS OXYDANTS, COMME LE PEROXYDE D’HYDROGÈNE OU DE CARBAMIDE – SON PRÉCURSEUR, OU LE DIOXYDE DE CHLORE, QUI AGISSENT EN PROFONDEUR ET MODIFIENT LA COULEUR DE LA DENT EN OBTENANT UNE RÉELLE ACTION ÉCLAIRCISSANTE. LA CONCENTRATION EN PEROXYDE D’HYDROGÈNE RESTE BIEN MOINDRE QUE CELLE UTILISÉE PAR LE DENTISTE (0,1   % VS 6 %).



EN PRATIQUE

Ces kits se présentent sous la forme de stylo applicateurs (Miradent) ou de gouttières à modeler dans lesquelles on place les agents blanchissants (Super White, Rapid White…). Ils s’utilisent généralement 2 fois par jour (avec des durées de pose des agents blanchissants allant de quelques minutes à 1 heure), sur 7 à 14 jours. Dans les 2 heures qui suivent la pose, il faut éviter l'absorption de café, thé ou vin rouge et ne pas fumer. L’apparition d’une hypersensibilité dentaire est très fréquente dans les jours suivant le blanchiment. §

Par Nathalie Belin, pharmacienne

Bilan dentaire préalable

Avant d’envisager un blanchiment par agents oxydants, il faut impérativement réaliser un détartrage pour que l’éclaircissement soit uniforme. Un bilan dentaire préalable permet de corriger un problème de dents sensibles, de vérifier l’absence de caries ou de problèmes de gencives (les agents blanchissants seraient alors très irritants). Par ailleurs, les produits n’agissent que sur le tissu dentaire naturel, pas sur les résines composites utilisées pour restaurer les dents cariées, ni sur les couronnes de céramiques. Enfin ces produits sont réservés à l’adulte et contre-indiqués, par précaution, au cours d’une grossesse.

CARIES ET HYPERSENSIBILITÉ DENTAIRE 

« ON NE DONNE PLUS DE FLUOR AUX ENFANTS ? »

Madame C. accompagnée de son petit-fils : - Bonjour. Je voudrais une boîte de sérum physiologique pour mon petit-fils d’un an. Et puis, je voulais vous demander : ma belle-fille ne lui donne plus de fluor pour les dents. C'est ennuyeux, non ?- Non, car trop de fluor peut être nocif pour les dents. Désormais, il n’est prescrit qu’après un bilan fluoré.

LES CARIES

Les caries sont des destructions localisées de la dent. Elles sont la conséquence de la déminéralisation de l’émail par les substances acides produites par les bactéries de la plaque dentaire à partir des sucres alimentaires. En l’absence de traitement, la carie progresse jusqu'à la pulpe. Lorsqu'elle atteint la dentine, riche en fibres nerveuses, les premières douleurs apparaissent.
Les caries peuvent être à l'origine de complications infectieuses, d'abcès, de perte de la dent et d'atteinte d'autres dents.
Chez les enfants, les premières molaires permanentes qui apparaissent vers 6 ans sont particulièrement sujettes aux caries, du fait d’une immaturité de l’émail.


FACTEURS FAVORISANTS

La salive agit comme barrière de protection contre les substances acides, grâce à son effet tampon et son activité antimicrobienne. Les mouvements de la langue participent aussi à la protection des dents. De nombreux facteurs peuvent rompre cet équilibre : habitudes alimentaires (grignotage…), brossage des dents imparfait, port d'un appareil orthodontique, facteurs génétiques, sécheresse buccale, médicaments sucrés (sirop, pastilles pour la gorge, comprimés oraux, homéopathie…), anticholinergiques, certains antidépresseurs IRS, neuroleptiques, opioïdes, anticancéreux…


PRÉVENTION FLUORÉE

Le fluor contribue à la prévention des caries, à dose adéquate : le brossage des dents avec un dentifrice fluoré est donc recommandé. Les autres sources de fluor sont l'eau de boisson et le sel fluoré.

APPORTS EXCESSIFS

Des apports excessifs exposent à une fluorose dentaire. En résulte une coloration irréversible des dents sous forme de taches blanches opaques pour les formes discrètes et de taches brunes avec dépressions pour les formes graves. Une supplémentation orale en fluor chez le jeune enfant (à partir de 6 mois : 0,05 mg/kg/j ; max : 1 mg/j) n'est recommandée qu'en cas de risque carieux élevé (antécédents familiaux, prise de médicaments, handicap…) après évaluation individuelle des apports en fluor. Dans les régions où l'eau de distribution contient plus de 0,3 mg de fluor par litre, aucune supplémentation complémentaire au dentifrice n’est justifiée.

VERNIS FLUORÉ

Au cabinet dentaire, la pose d’un vernis fluoré qui forme une barrière protectrice permet d’éviter les caries au niveau des collets dentaires. La pose peut être réalisée à partir d’un an chez les enfants à risque carieux élevé (non pris en charge par l’Assurance maladie).

BAINS DE BOUCHES ET DENTIFRICES FLUORÉS

En ambulatoire, un bain de bouche fluoré peut compléter le brossage, à partir de 6 ans.
Des dentifrices à forte teneur en fluor peuvent être proposés en cas de risque carieux élevé :
- Fluocaril 250 mg (2 500 ppm),
Sanogyl blanc fluor (2 500 ppm), à partir de 10 ans.
- Duraphat (5 000 ppm), à partir de 16 ans.
- Fluodontyl (13 500 ppm), réservé à l’adulte.
- Fluocaril gel 2 000 (20 000 ppm) sur prescription.
Les plus dosés sont proposés sur recommandation médicale essentiellement aux personnes présentant une hyposialie (suite à des traitements anticancéreux : radiothérapie…).


SCELLEMENT DES SILLONS

Le scellement des sillons (pose d’une résine à la surface des molaires) forme une barrière physique étanche empêchant l’accumulation de débris alimentaires et le développement des bactéries. Il est pris en charge par l’Assurance maladie chez les moins de 14 ans pour les premières et deuxièmes molaires permanentes.


AUTRES CONSEILS

Brossage régulier des dents, surtout avant le coucher (sécrétion salivaire réduite la nuit).
Exclusion des aliments et boissons sucrés avant de dormir (biberons…) ; éviter bonbons et autres aliments à textures collantes (céréales…).
Réduire les prises alimentaires entre les repas ou recommander de se rincer la bouche après la prise d’un médicament sucré ou d’aliments. Modérer la consommation d’aliments et boissons acides favorisant l'érosion de l'émail : jus de fruits, sodas (y compris light), eaux minérales parfumées, gazeuses…
Détartrage régulier des dents au cabinet dentaire (une fois par an chez l’adulte en bonne santé).


L'HYPERSENSIBILITÉ DENTINAIRE


LIÉE À L’EXPOSITION DE LA DENTINE ET À L’OUVERTURE DES TUBULI DENTINAIRES (PETITS CANAUX QUI COMMUNIQUENT AVEC LA PULPE OÙ SE TROUVENT LES TERMINAISONS NERVEUSES), ELLE CORRESPOND À UNE SENSATION DOULOUREUSE DE LA DENT À DIFFÉRENTS STIMULI : CHAUD, FROID, OBJETS (FOURCHETTE, ONGLE…), ALIMENTS SUCRÉS OU ACIDES, EXPOSITION À L’AIR.


FACTEURS FAVORISANTS

L’hypersensibilité dentinaire est principalement liée à une érosion de l’émail (destruction par des acides, sans intervention des bactéries, contrairement à une carie) ou à une récession gingivale qui dénude les collets dentaires, et donc met à nu la dentine. L’érosion de l’émail est due essentiellement à la consommation d’aliments acides (boissons acides en particulier). Les récessions gingivales peuvent être liées à l’âge, à un brossage agressif (brins trop durs, dentifrices abrasifs, produits de blanchiment des dents…) ou à des parodontites.


CORRECTIONS DES FACTEURS RESPONSABLES

Utiliser une brosse à dents souple ou extra-souple spécifique (brins effilés, arrondis…) et un dentifrice fluoré spécifique, peu abrasif ; bannir le brossage horizontal qui favorise l’usure de l’émail, au profit de mouvements doux avec une pression (faible) de la gencive vers la dent.
Réduire la consommation d’aliments acides entre les repas et effectuer le brossage à distance de ces aliments (au moins 30 minutes pour permettre le redurcissement de l’émail). Eviter de terminer un repas par des aliments sucrés ou acides.


DENTIFRICES POUR «   DENTS SENSIBLES   »


COMPOSITION

Les dentifrices pour « dents sensibles » renferment différents types d’actifs :
des agents qui favorisent la reminéralisation de l’émail : fluorures de sodium, d’étain, d’amines, de calcium… (Elmex Sensitive, Elgydium Dents sensibles…) ; phosphosilicate de calcium sodium qui favorise la formation d’hydoxyapatite, constituant naturel de l’émail (Sensodyne Répare & Protège…) ;
des agents qui obturent les canalicules dentinaires exposés : complexe arginine-carbonate de calcium, sels de strontium… (Elmex Sensitive Professional, Sensodyne Rapide, Sensodyne Traitement Sensibilité…) ;
des agents qui réduisent l’excitabilité des fibres nerveuses : chlorure ou nitrate de potassium (Fluocaril Dents sensibles, Gum Sensivital, Sensodyne Soin Complet…).

EN PRATIQUE

A utiliser matin et soir durant au moins 2 à 3 mois pour permettre une bonne reminéralisation des dents. Pour une action instantanée sur la douleur, certains s’appliquent directement sur les zones sensibles avec le doigt (Sensodyne Rapide, Elmex Sensitive Professional…). En traitement d’attaque, durant une quinzaine de jours environ, un bain de bouche pour dents sensibles peut compléter l’action du dentifrice (Elmex, Gum Sensivital, Sensodyne…). §
Par Nathalie Belin, pharmacienne

INFOS CLÉS


• Prévention des caries : pas de supplémentation orale systématique en fluor chez l’enfant. Bannir les biberons sucrés et les prises alimentaires entre les repas. Dentifrice fluoré (> 1 500 ppm) adapté à l’âge (plus de 10 ans).


• Sensibilité dentaire : limiter la consommation d’aliments et boissons acides (y compris sodas light, boissons gazeuses…) ; brossage des dents avec une brosse à dents souple et un dentifrice spécifique pour dents sensibles durant au moins 2 ou 3 mois.

qu’auriez-vous répondu ?

Un jeune homme d’une trentaine d’années :

– Bonjour, je voudrais une boîte de Nurofen

– C’est pour vous ?

– Oui, j’ai très mal à une dent depuis deux jours. Je me demande si ce n’est pas un abcès ! J’avais une carie mais j’ai un peu tardé à la soigner…

– C’est vrai, j’ai l’impression que vous avez le visage gonflé de ce côté. Je vais vous donner le dosage à 400 mg. 3 par jour maximum

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Non. Les AINS seuls sans couverture antibiotique sont contre-indiqués en cas d'infection dentaire. Ils peuvent favoriser une cellulite cervico-faciale, infection grave engageant le pronostic vital. Recommander la prise de paracétamol et une consultation rapide du dentiste. On peut aussi conseiller d’appliquer sur le visage, une poche de glace entourée d’un linge propre (pas plus de dix minutes d’affilée).

APHTES ET PARODONTOPATHIES 

« J’AI UN APHTE TRÈS DOULOUREUX ! »

Maxime, 25 ans : - Depuis quelque temps, dès que je mange des noix, j’ai des aphtes. - C’est tout à fait possible. Les noix sont réputées pour être aphtogènes chez certains patients. Le mieux serait bien sûr de les éviter.- Là, ça me fait vraiment mal ! Que puis-je faire ?- Vous pouvez appliquer ce gel cicatrisant et antiseptique. De plus, il contient un analgésique qui va calmer la douleur. Complétez avec du paracétamol si la douleur persiste.

LÉSIONS DE LA MUQUEUSE BUCCALE


PHYSIOPATHOLOGIE


APHTES

L’aphte est une ulcération ronde ou ovalaire douloureuse, à bords réguliers, à fond jaunâtre entourée d’un halo rouge inflammatoire et dont la base est souple. Il atteint la gencive, la langue ou l'intérieur des joues.
Dans l’aphtose commune, la plus fréquente, 1 à 3 aphtes de moins de 1 cm de diamètre surviennent et guérissent spontanément en 8 jours sans laisser de cicatrice.
Son origine reste inconnue, mais la fatigue, le stress et certains aliments (gruyère, noix, chocolat…) favoriseraient leur apparition.
Dans l’aphtose multiple, plus de 3 aphtes apparaissent simultanément et évoluent en 2 à 3 semaines.
L’aphtose récidivante (plus de 4 poussées par an) peut être liée à certaines pathologies : maladie de Behçet, maladie de Crohn, infection par le VIH, neutropénies, anémie par carence en fer, folates ou vitamine B12… Les variations hormonales, chez la femme, peuvent rythmer les poussées.

ULCÉRATION TRAUMATIQUE

C’est une lésion isolée, conséquence d’une blessure par appareillage dentaire, couronne abîmée, morsure de la joue ou de la langue, et qui guérit spontanément en 8 jours.
De taille et de forme variables, ses bords sont réguliers, sans halo périphérique, avec parfois un liseré kératosique.

AUTRES LÉSIONS

Plus rarement, une lésion unique peut signer un cancer épidermoïde ou être associé à une maladie infectieuse : syphilis, tuberculose.
Des lésions multiples peuvent signer une maladie infectieuse : herpès, herpangine, syndrome pieds-mains-bouche… ou un dysfonctionnement immunitaire : lichen plan buccal. Le lichen plan buccal se manifeste par des taches blanches, parfois des plaques, souvent douloureuses, qui apparaissent à la face interne des joues, sur les lèvres et la langue, associées ou non à des lésions ulcéreuses. Touchant principalement les femmes après 50 ans, son dépistage et son suivi sont importants en raison d’un risque de cancérogenèse.


QUAND ORIENTER VERS LE MÉDECIN ?

Il est possible de prendre en charge les aphtes communs, survenant moins de 4 fois par an, sans autres signes associés.
Orienter vers le médecin si :
— il y a plus de 4 poussées/an ;
— la guérison ne survient pas sous 2 semaines ;
— plus de 3 aphtes apparaissent en même temps ou mesurent plus de 1 cm de diamètre ;
— la douleur est trop forte, en particulier chez l'enfant ;
— des signes généraux sont associés : fièvre, fatigue intense, difficultés à s'alimenter…
Toute lésion jaunâtre ou grisâtre persistante, même non douloureuse, doit être examinée afin d'éliminer un carcinome épidermoïde.


PRISE EN CHARGE À L'OFFICINE


TRAITEMENT

Le traitement, local, est symptomatique. Il prévient l'infection, réduit la douleur et favorise la cicatrisation. Il repose sur l’association suivante :
Antiseptiques : chlorhexidine, hexétidine. Pour ne pas déséquilibrer la flore microbienne, limiter l'utilisation à 5 jours sans avis médical.
Le lysozyme, enzyme naturelle de défense présente dans la salive dégrade le petptidoglycane de la paroi des bactéries Gram positives. Il peut être associé aux antiseptiques.
Antalgiques anti-inflammatoires : biclotymol, enoxolone, racine de rhubarbe, huile essentielle de menthe poivrée (Mentha x piperita L.). La bêta-escine, extraite du marron d’Inde a aussi un effet vasculoprotecteur et Anti-œdémateux.
Anesthésiques locaux : à base de tétracaïne et lidocaïne, ils peuvent induire des troubles de la déglutition, un engourdissement passager de la langue, et sont à prendre à distance des repas. Ils sont contre-indiqués avant 6 ans et en cas d'allergie connue.
Cicatrisant : l’acide hyaluronique, constituant physiologique du tissu conjonctif de la muqueuse buccale, peut favoriser la cicatrisation.
Une autre approche est l’application de pansement liquide à base de dérivés cellulosiques permettant d’isoler l’aphte et procurant un effet antalgique.
En cas de douleur trop intense, un traitement antalgique par paracétamol par voie générale peut être proposé en particulier chez l'enfant.

CONSEILS AU PATIENT

Pour soulager la douleur :
— éviter la vinaigrette, les fruits acides, les aliments favorisant les aphtes, et l’alcool qui retarde la cicatrisation ;
— conserver une bonne hygiène dentaire (brosse à dents souple) ;
— privilégier une nourriture tiède ou froide.
Pour prévenir les récidives :
— limiter la consommation de fruits acides, de fruits secs et de fromages, si ces aliments sont déclencheurs d’aphtes ;
— avoir une bonne hygiène buccodentaire ;
— consulter un dentiste régulièrement et réparer les prothèses abîmées.


PARODONTOPATHIES


PHYSIOPATHOLOGIE

Ce sont des maladies inflammatoires du parodonte d’origine bactérienne qui touchent 90 % de la population.

GINGIVITE

La gingivite est une inflammation des gencives, réversible si elle est bien prise en charge. Elle débute par le saignement des gencives non douloureux lors du brossage des dents. La gencive est érythémateuse, sensible et légèrement gonflée.
Chronique, la gingivite entraîne une fragilisation, voire une destruction de la gencive.
Une mauvaise hygiène bucco-dentaire, certains facteurs anatomiques (malposition des dents, problème de prothèse), les variations hormonales chez la femme, la grossesse, la consommation d’alcool et le tabagisme la favorisent.

PARODONTITE

Complication de la gingivite, c’est une inflammation locale ou générale du parodonte. Un approfondissement pathologique du sulcus formant une poche parodontale invisible à l’œil nu pose le diagnostic. Si cette poche est importante, un déchaussement dentaire entraînant une mobilité dentaire, voire une chute des dents ainsi que des abcès, surviennent. Une surinfection est possible. Le tabagisme multiplie par 7 le risque de chute des dents.

HYPERTROPHIE GINGIVALE

C’est une augmentation du volume des gencives qui touche principalement le maxillaire supérieur. La gencive est rouge, lobulée et peut recouvrir presque toutes les dents dans les cas les plus sévères.


QUAND ORIENTER VERS UN DENTISTE OU UN MÉDECIN ?

Il est possible de prendre en charge les patients en bonne santé, ayant une hygiène bucco-dentaire rigoureuse, chez qui les gencives saignent ou sont douloureuses ponctuellement.
Orienter vers le médecin ou le dentiste :
— si les saignements sont trop fréquents, récidivants ou durent trop longtemps ;
— si des signes infectieux sont présents : douleur, mauvaise haleine, présence de pus, difficulté à manger ;
— en cas de traitement par anticoagulant ;
— en cas de pathologie associée : (VIH, cancer…) ;
— chez une patiente enceinte ;
— si une hypertrophie gingivale apparaît pendant la grossesse, ou suite à la mise en route d’un traitement (cf. encadré p. 8).


PRISE EN CHARGE À L'OFFICINE


BROSSAGE DES DENTS

En cas de saignements, utiliser une brosse à dents à brins coniques (ex : Inava sensibilité 18/100) ou ultra-doux (ex : Elgydium sensitive).
En cas de parodontite, une brosse à dents ayant une coupe en “V” inversé (ex : Inava parodontie) et/ou une brossette inter-dentaire permettent d’atteindre les espaces interdentaires.

DENTIFRICES

Privilégier un dentifrice peu abrasif contenant :
— de l'enoxolone, anti-inflammatoire et décongestionnante (ex : Arthrodont) ;
— un antiseptique : chlorhexidine (ex : Elgydium) ou de l’hexétidine (ex : Hextril)
— des sels marins aux propriétés osmotiques (ex : Selgine) qui luttent contre le gonflement des gencives.
Certains sont utilisés en massage sur la gencive. Bien laisser en contact avant de rincer.

BAINS DE BOUCHE

Ils complètent ou suppléent le brossage rendu difficile par la douleur.
Chez des patients dont les gencives saignent au brossage, conseiller un bain de bouche contenant un antiseptique faiblement dosé ou du fluor (ex : Alodont, Eludril care, Méridol, Parodontax…). Maximum 2 semaines sans avis médical. Conseiller un bain de bouche avec un antiseptique fortement dosé (Hextril, Eludril Pro…) si suspicion d’infection, en attendant la consultation.

GELS BUCCAUX

Les gels buccaux (ou applicateur stylo) peuvent contenir des antiseptiques (chlorhexidine), des cicatrisants (sucralfate), des antioxydants ou des obturateurs de canaux dentaires. Ils s’utilisent plusieurs fois par jour sur la zone sensible. §
herpangine
Angine vésiculeuse due généralement au virus Coxsackie, touchant les nourrissons et les enfants de 1 à 10 ans par épidémie.
Par Florence Piussan, pharmacienne

Maux de bouche et iatrogénie médicamenteuse

Les antiépileptiques (phénytoïne…), les inhibiteurs calciques (nifédipine…), les immunosuppresseurs, (ciclosporine…) peuvent provoquer une hypertrophie gingivale, généralement réversible à l'arrêt du traitement.

Le méthotrexate, la griséofulvine et le nicorandil peuvent être responsables d’ulcérations.

Des stomatorragies peuvent apparaître lors d'un traitement par anticoagulant (AVK, AOD…), témoignant d’un surdosage éventuel. Orienter vers le médecin.

Les antibiotiques à large spectre, les corticoïdes et les neuroleptiques favorisent les mycoses.

Stomatite et mucite sont des effets secondaires fréquents lors d'une chimiothérapie.

INFOS CLÉS


• La plupart des aphtes sont bénins, mais ils peuvent être très douloureux. Le traitement d’un aphte isolé est local : antiseptique, antalgique. Du paracétamol peut être associé.


• Gingivite et parodontite sont des maladies inflammatoires du parodonte d'origine bactérienne, qui touchent 90 % de la population. La prévention repose sur l’élimination quotidienne de la plaque dentaire (brossage, fil dentaire) et un détartrage annuel chez le dentiste.

APPAREILLAGE DENTAIRE 

« J’AI MAUVAISE HALEINE »

Mme  P., 68 ans, porte depuis peu une prothèse amovible complète : – Je voudrais quelque chose pour rafraîchir mon haleine.– Avez-vous l’impression que des particules alimentaires passent sous votre prothèse ?– Oui, d’ailleurs c’est agaçant, je suis obligée de la rincer après le repas.– Je vais vous donner un bain de bouche et une crème fixative adaptée, qui empêchera les particules de passer, car elles sont source de mauvaise haleine.
Les prothèses amovibles comportent une base, le plus souvent en résine acrylique, servant de support à des dents artificielles. Elles peuvent être complètes (elles remplacent, dans ce cas, la totalité des dents d’une arcade ainsi que les tissus de soutien, y compris le palais au maxillaire supérieur) ou partielles (armatures métalliques ou uniquement en résine supportant les dents de remplacement).


PROTHÈSES DENTAIRES


CRÈMES FIXATIVES

Les crèmes fixatives permettent de faire adhérer les prothèses par un effet ventouse. Elles créent un joint entre la prothèse dentaire et la gencive qui empêche aussi le passage des particules alimentaires. En effet, ces dernières peuvent être source d’inconfort mais aussi de mauvaise haleine lors de leur décomposition.
Les crèmes fixatives contiennent des agents fixants (PVM/MA copolymer, carboxyméthyl cellulose, cellulose gum…), des agents antimicrobiens (éthanol, eugénol…), éventuellement des colorants et aromatisants.
Dans un communiqué de 2010, l’Afssaps (aujourd’hui ANSM) a recommandé de cesser l’utilisation de crèmes contenant du zinc, utilisé pour favoriser l’adhérence de la crème. En effet, l’utilisation excessive et sur le long terme de crèmes fixatives contenant du zinc peut entraîner un surdosage en zinc qui limite l’absorption du cuivre au niveau digestif, provoquant des troubles tels qu’engourdissements ou paresthésies… La plupart des crèmes actuelles ne contiennent pas de zinc, ou à des doses faibles (gamme Fixodent pro), inférieures aux doses utilisées dans les compléments alimentaires.

MODE D’APPLICATION :

— nettoyer la prothèse et la sécher ;
— appliquer la crème fixative en évitant les bords, en bandes courtes ou en séries de points (voire en ligne continue pour certains embouts fins type Fixodent Pro) ;
— se rincer la bouche à l’eau claire, puis remettre l’appareil et le maintenir fermement en place quelques secondes pour créer un effet ventouse ;
— attendre quelques minutes avant de manger ou de boire.

MODE DE RETRAIT

— Se rincer la bouche à l’eau tiède.
— Pour la prothèse inférieure, la tirer doucement en effectuant un mouvement de bascule.
— Pour la prothèse supérieure, placer le pouce contre la face interne des dents et pousser vers le haut.
— Enlever les résidus de crème adhésive dans la bouche avec de l’eau tiède et une brosse à dents souple.

CONSEILS PRATIQUES

— La crème adhésive s’utilise une fois par jour. Si plusieurs applications quotidiennes sont nécessaires, conseiller de consulter un dentiste.
— Si la crème déborde de la prothèse, cela signifie qu’une quantité excessive a été appliquée. Il faut diminuer la dose lors de l’utilisation suivante.

RÉPARATIONS AVEC DE LA COLLE DENTAIRE

— En cas de fêlure ou de casse d’une prothèse dentaire, un kit de réparation peut être conseillé pour éviter une consultation dentaire en urgence. (ex : colle Bonyplus reparfix). Ce kit comprend un tube de colle (cyanoacrylate), un flacon de liquide (méthyl méthacrylate) et un flacon de poudre (résine polyméthyl méthacrylate) dont le mélange fournit une pâte lisse qui permet d’unifier la surface.


ORTHODONTIE

L’orthodontie permet de traiter les anomalies de position des mâchoires et des dents.

QUELLES BROSSES ET BROSSETTES UTILISER ?

La nourriture et la plaque dentaire s’accumulent rapidement dans les petits interstices des appareils dentaires et peuvent être à l’origine de taches sur les dents ou d’inflammation des gencives.
— Brosse à dents : il existe des brosses à dents spécifiques pour l’orthodontie (ex : Gum ortho ou Inava orthodontie) qui possèdent une coupe particulière avec des brins centraux plus courts pour nettoyer les bagues. Brosser de la gencive vers les dents et faire des petits rouleaux sur les bagues. Changer la brosse tous les 2 ou 3 mois.

BROSSETTES INTERDENTAIRES

Leur utilisation quotidienne est spécialement conseillée, car elles permettent de nettoyer les espaces interdentaires, sous le fil et autour des bagues.

FIL DENTAIRE

Le fil dentaire permet d’atteindre des zones difficiles d’accès avec une brosse à dents et d’éliminer les résidus alimentaires et la plaque dentaire. Il suffit de prendre un morceau d’environ 50 cm, de le tenir entre le pouce et l’index de chaque main, puis de faire passer successivement des segments de 2,5 à 5 cm entre les dents en effectuant un mouvement de zigzag.

LA CIRE ORTHODONTIQUE

Le frottement de l’appareil orthodontique, surtout en début de traitement, est susceptible de provoquer des irritations, voire des petites plaies au niveau des muqueuses buccales. Pour leur permettre de cicatriser, on peut conseiller l’application de cire sur les arcs et les bagues pouvant être coupants.
Elle peut être renouvelée plusieurs fois dans la journée, notamment après chaque brossage dentaire.
La cire est translucide et reste donc invisible. Elle peut avoir un goût neutre ou mentholé (ex : cire de protection Gum ortho).

CONSEILS PRATIQUES

— Une quantité de cire équivalente à un petit pois suffit à recouvrir une attache à l’origine de douleurs.
— Pour protéger son appareil dentaire, éviter de mastiquer du chewing-gum, de ronger ses ongles ou de manger des aliments trop collants.
— Des révélateurs de plaque dentaire peuvent être utilisés après le brossage pour indiquer aux patients les endroits nécessitant un nettoyage supplémentaire. (ex : Gum Red-Cote en comprimés : croquer 1 comprimé et passer sa langue sur toutes les surfaces dentaires, Inava dento plaque en solution : 3 gouttes dans un tiers de verre d’eau et se rincer la bouche avec). Ils contiennent en effet des colorants comme l’érythrosine (rouge) qui se fixent sur la plaque dentaire. §
Par Anne-Sophie Leroy, pharmacienne

INFOS CLÉS


• Les prothèses amovibles sont fixées à l’aide de crèmes ou poudres adhésives à appliquer une fois par jour.


• L’entretien d’une prothèse dentaire doit être quotidien : trempage dans une solution nettoyante pendant 5 à 20 minutes et brossage à l’aide d’une brosse spécifique.


• Une hygiène rigoureuse avec un appareil orthodontique permet d’éviter les taches sur les dents et l’inflammation des gencives (brossettes interdentaires, fil dentaire).

L’Halitose


• L’halitose a le plus souvent une origine buccale (gingivite, parodontite, sécheresse buccale, port de prothèses dentaires favorisant la création d’un enduit lingual épais : fissures et cryptes du dos de la langue abritent les bactéries à l’origine de la formation de composés volatils malodorants du flux salivaire…). Plus rarement, elle a une origine extra-buccale : infection naso-sinusienne, respiratoire, cancer ORL, rarement certains troubles métaboliques. Certains aliments (ail, oignon…), l’alcool ou le tabac peuvent aussi « parfumer » désagréablement l’haleine.


• Le traitement est celui de la cause : prise en charge d’une maladie parodontale, hygiène buccodentaire efficace (brossage, fil dentaire). Si cela ne suffit pas, on peut proposer de nettoyer le dos de la langue en douceur (gratte langue Waterpik, Alibi, Gum). Chewing-gum et pastilles ont une action assez brève. En revanche, celle des bains de bouche ou des sprays qui renferment des agents neutralisants les composés sulfurés volatils malodorants (acétate ou lactate de zinc…) se prolonge quelques heures (Meridol Halitosis, CB12, Gum Halicontrol, Spray buccal Ha ! de CareInnov…).

Certains produits contiennent de l'huile essentielle de persil, déconseillée par précaution chez la femme enceinte (risque abortif à fortes doses).

qu’auriez-vous répondu ?

La maman d’Enzo, 15 ans :

– Mon fils porte un appareil orthodontique depuis quelques jours et il se plaint de douleurs à l’intérieur des joues. Cela le blesse.

– Je vais lui donner un bain de bouche antiseptique et un gel buccal à base d’acide hyaluronique pour favoriser la cicatrisation.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui. Il peut également proposer de la cire orthodontique à appliquer sur les parties coupantes de l’appareil.

INTERVIEW 

« BEAUCOUP D’ENFANTS ONT DES CARIES SUR DES DENTS DE LAIT, CE QUI N’INQUIÈTE PAS FORCÉMENT LES PARENTS… »

D r Jessica Zeitoun, Chirurgien-dentiste à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine)

A partir de quel âge faut-il conseiller une consultation chez un dentiste ?
Je conseille une consultation dès l’entrée en moyenne section de maternelle, c’est-à-dire vers 4 ans. A cet âge-là, les enfants ont leurs 20 dents de lait. Cette consultation permet de faire le point sur la denture de lait. Beaucoup d’enfants ont des caries sur des dents de lait, ce qui n’inquiète pas forcément les parents… Mais les bactéries peuvent passer dans le germe de la dent définitive, qui peut se carier avant même d’être sortie !
A l’âge de 6, 9, 12 et 15 ans, la Sécurité sociale propose un dépistage gratuit : c’est le programme « M’T dents » qui existe depuis 2007.

Que conseiller en cas de traumatisme d’une dent chez l’enfant ?
Tout dépend. En cas d’expulsion complète de la dent, il faut la mettre immédiatement dans du lait. Surtout ne pas la garder au sec. Aller consulter le plus vite possible, si possible dans l’heure, un dentiste ou mieux, un pédodentiste.
Chez l’adulte, les trois quarts du temps on ne peut pas remettre la dent en place, mais c’est parfois possible quand c’est dû à un traumatisme. Dans le doute, il faut conserver la dent dans du lait et consulter immédiatemment.

Faut-il conseiller une consultation chez le dentiste pendant la grossesse ?
Pendant la grossesse, il existe également une consultation prise en charge par la Sécurité sociale, à faire idéalement au début du 2e trimestre. Ce serait encore mieux si la femme venait avant sa grossesse. Mais il faut rassurer ! L’adage « Une grossesse, une dent » n’est plus vrai ! C’était vrai à l’époque où on avait des carences alimentaires !
Il faut savoir qu’on soigne toujours une femme enceinte, on ne la laisse jamais avec une douleur, car la douleur ou l’infection peut provoquer un travail prématuré et les germes peuvent passer dans le sang et dans le cordon.

De plus en plus de patients sont sous anticoagulants ou sous aspirine pour des pathologies cardiovasculaires. Cela pose-t-il un problème pour les soins dentaires ?
Tout dépend du soin. Pour un détartrage, dans un cas simple, il n'est pas nécessaire d’interrompre l’anticoagulant. Pour une extraction de plusieurs dents, j’en discute avec le médecin avant d’intervenir. J’ai un questionnaire médical que je fais remplir à chaque patient, et pour les patients âgés, je leur demande leur ordonnance.

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