Dans le syndrome du grêle court - Le Moniteur des Pharmacies n° 3142 du 10/09/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3142 du 10/09/2016
 
REVESTIVE

Expertise

Nouvelle molécule

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Commercialisé à l’hôpital depuis novembre   2015, Revestive est désormais disponible en ville. Ce médicament orphelin est indiqué pour traiter les patients en état stable après la période d’adaptation intestinale ayant suivi l’intervention chirurgicale.

INDICATION

Composé de teduglutide, un analogue du GLP-2, Revestive est indiqué dans le traitement des patients âgés d’un an et plus présentant un syndrome du grêle court.

POSOLOGIE

La dose recommandée est de 0,05 mg/kg de poids corporel une fois par jour.

Après reconstitution, le volume à injecter diffère en fonction du poids. Une échelle est disponible dans le RCP ou la notice. Par exemple, le volume est de 0,20 ml pour un poids compris entre 38 et 41 kg et va jusqu’à 0,46 ml pour un poids entre 90 et 93 kg.

L’injection doit être réalisée en alternant les sites entre les quatre quadrants de l’abdomen. Si l’injection est difficile à ce niveau (douleur, cicatrice, induration des tissus…), l’injection peut être réalisée dans la cuisse.

Pour reconstituer la solution à injecter : – assembler la seringue préremplie contenant le solvant ; – enlever la capsule verte du flacon de poudre, essuyer le haut du flacon avec une lingette imbibée d’alcool et laisser sécher ; – sans toucher le haut du flacon, insérer l’aiguille pour reconstitution fixée sur la seringue au centre du bouchon en caoutchouc et appuyer délicatement sur le piston pour injecter la totalité du solvant ; – retirer le piston de la seringue vide en le dévissant (le conserver pour la prochaine injection). Laisser l’aiguille et la seringue dans le flacon et laisser reposer environ 30 secondes ; – faire tourner délicatement le flacon entre les paumes 15 secondes et le retourner tête en bas une seule fois, toujours avec l’aiguille et la seringue dans le flacon. Laisser le flacon reposer 2 minutes ; – s’il reste de la poudre, faire à nouveau tourner 15 secondes le flacon, puis le retourner tête en bas et laisser reposer 30 secondes. La solution finale doit être limpide. À nouveau s’il reste de la poudre, jeter le flacon et recommencer la préparation avec un autre flacon.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité au teduglutide, à un excipient ou à des traces de résidus de tétracycline, cancer actif ou suspecté, antécédents de cancer de l’appareil gastro-intestinal (y compris système hépatobiliaire) au cours des 5 dernières années.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Eviter Revestive durant la grossesse et l’allaitement.

EFFETS INDÉSIRABLES

Les troubles gastro-intestinaux (douleurs abdominales, météorisme, nausées, vomissements, complication d’une stomie gastro-intestinale) sont très fréquents.

Surviennent aussi très fréquemment des réactions au site d’injection, un œdème périphérique, des céphalées et des infections respiratoires.

Parmi les effets indésirables fréquents, on note l’anxiété, les troubles du sommeil, une diminution de l’appétit, des paresthésies, des bouffées vasomotrices, une toux, une dyspnée, une insuffisance cardiaque congestive, des troubles cutanés (éruption, dermite allergique), des troubles gastro-intestinaux, hépatobiliaires et rénaux (occlusion intestinale, pancréatite, cholestase, cholécystite, coliques néphrétiques), des arthralgies, des douleurs thoraciques et des sueurs nocturnes.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Aucune étude d’interaction n’a été réalisée. Cependant une augmentation de l’absorption de médicaments administrés concomitamment est possible.

D’après une étude in vitro, le teduglutide n’inhibe pas les enzymes du CYP3A4.

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

Dès l’instauration du traitement, réalisation d’une coloscopie avec exérèse des polypes. Une coloscopie de contrôle (ou d’autres examens d’imagerie) sera effectuée une fois par an pendant les 2 premières années de traitement puis au moins tous les 5 ans.

Surveillance de la fonction de l’intestin grêle, de la vésicule biliaire, des voies biliaires et du pancréas.§

DITES-LE AU PATIENT

- La solution doit être utilisée immédiatement après reconstitution.
- En cas d’oubli, l’injection doit être effectuée, le jour même, dès que possible. Une seule injection doit être faite par jour. Ne pas injecter de dose double pour compenser l’oubli.
- Contacter impérativement un médecin en cas de prise de poids soudaine, d’œdème des chevilles et/ou de dyspnée, particulièrement pour les patients souffrant d’une affection cardiovasculaire (insuffisance cardiaque, hypertension).

LE SYNDROME DE L’INTESTIN COURT


QU’EST-CE QUE C’EST ?

Le syndrome de l’intestin court, également appelé syndrome du grêle court (SGC), est caractérisé par une longueur de l’intestin grêle post-duodénal inférieure à 150-200 cm. Il est la conséquence d’une résection intestinale le plus souvent liée à un infarctus mésentérique, à une entérocolopathie sévère (maladie de Crohn, intestin radique…). En fonction de la longueur du grêle résiduel post-duodénal et de son anastomose éventuelle au côlon, on distingue trois types de SGC : l’entérostomie terminale (type I) qui entraîne essentiellement des pertes hydrosodées, l’anastomose jéjunocolique (type II) qui entraîne essentiellement une malabsorption lipidique et l’anastomose jéjuno-iléo-colique (type III) où la diarrhée est intermittente. Le SGC est une maladie rare qui touche environ 1 personne sur 1 million. En France, le SGC le plus fréquent est le type II.


COMMENT SE MANIFESTE-ELLE ?

Il en résulte une insuffisance intestinale qui est définitive dans la moitié des cas après 6 à 12 mois d’adaptation intestinale. Le caractère définitif ou transitoire de l’insuffisance intestinale dépend de la longueur de grêle restant en fonction du type de SGC, de la durée de dépendance à la nutrition parentérale et du taux plasmatique de citrulline, acide aminé marqueur de l’insuffisance intestinale. L’insufisance intestinale se traduit par une diarrhée hydroélectrolytique à l’origine d’une malabsorption qui entraîne une déshydratation, un déficit en minéraux, une dénutrition protéino-énergétique, une carence en micronutriments et en oligoélément.
Delphine Guilloux

FICHE TECHNIQUE

Teduglutide, remb. SS à 65 % chez l’adulte
5 mg, poudre et solvant pour solution injectable, boîte de 28 flacons de 5 mg de poudre + 28 seringues préremplies de 0,5 ml de solvant + 6 pistons, 18 603,85 €, AMM : 34009 277 220 9 7
Shire France : 01 46 10 90 00
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important

• Amélioration du service médical rendu modérée (niveau III) chez les patients ayant un syndrome du grêle court en nutrition parentérale depuis plusieurs mois et pour lesquels les possibilités d’adaptation de l’hyperphagie compensatrice n’ont pas permis d’obtenir le sevrage de la nutrition parentérale

• Population cible estimée à 300 patients en France

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Prescription hospitalière

• Prescription réservée aux spécialistes en gastro-entérologie ou hépatologie ou aux médecins compétents en nutrition

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le téduglutide (Revestive), un analogue recombinant du Glucagon-like peptide-2 (GLP-2), se compose de 33 acides aminés. La substitution de l’alanine N-terminale du GLP-2 par une glycine lui confère une résistance spécifique à la dégradation par la dipeptidyl-peptidase et prolonge donc sa demi-vie.
Sécrété de façon physiologique dans l’intestin grêle, GLP-2 favorise l'absorption des nutriments en accroissant le débit sanguin intestinal et portal, en inhibant la sécrétion gastrique acide et en diminuant la motilité entérique. Chez le patient présentant un syndrome du grêle court (SGC) ou, pour le moins l’altération globale de la fonction entérique, le téduglutide permet de compenser la sécrétion réduite de GLP-2.
Il ne faut pas confondre cet analogue du GLP-2 avec les analogues d’un peptide proche, le GLP-1, commercialisés comme antidiabétiques incrétinomimétiques : l’exénatide (Byetta, in Byduréon), le liraglutide (Victoza, in Xultophy) et le duraglutide (Trulicity).


2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Oui. C’est même l’intérêt théorique de ce traitement innovant dans le syndrome du grêle court, et l’absence d’alternatives thérapeutiques qui expliquent son niveau d’ASMR malgré un niveau de preuve d’activité fort modeste.


3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

La Commission de la transparence s'est appuyée sur deux études de phase III randomisées, en double aveugle, multicentriques, versus placebo, complétées par une étude de suivi, et respectivement conduites chez 83 et 86 patients sous nutrition parentérale 3 fois/semaine depuis au moins 12 mois.
La réponse au traitement était définie, dans la première étude, par une réduction d'au moins 20 % du volume de nutrition parentérale. Les résultats favorables au bras teduglutide 0,05 mg/kg/j n'ont pas été pris en compte du fait de l'absence de différence retrouvée entre le bras teduglutide 0,10 mg/kg/j et le placebo. La positivité de ces résultats a été confirmée dans l'étude de suivi correspondante : la réponse a été maintenue à 28 semaines pour 75 % des patients déjà traités par teduglutide.
Dans la 2e étude, le critère de jugement principal était le pourcentage de répondeurs (réduction d'au moins 20 % du volume de nutrition parentérale) aux semaines 20 et 24. Le teduglutide (0,05 mg/kg/j) a été supérieur au placebo, avec un taux de répondeurs de 63 % versus 30,2 %. Une méthodologie insuffisante dans l'étude de suivi correspondante explique que ses résultats aient été qualifiés « d’exploratoires » par la Transparence.
La Commission regrette l'absence de données sur la qualité de vie dans la seconde étude. Il en est de même, concernant la morbidité et la mortalité.
Mécanisme d'action du teduglutide

Infographie
Le GLP-2 est un entéropeptide physiologique impliqué dans l’adaptation morphologique et l’amélioration de l’absorption des nutriments chez le patient présentant un syndrome du grêle court (SGC). Dans cette situation, administré sous sa forme recombinante, le téduglutide, restaure en partie les fonctions intestinales altérées qualitativement et quantitativement, et ce, quel que soit le type de SGC.

denis richard

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