Aborder les sujets délicats au comptoir - Le Moniteur des Pharmacies n° 3141 du 03/09/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3141 du 03/09/2016
 
COMMUNICATION

Stratégies

L’équipe

Auteur(s) : CHLOÉ DEVIS 

Savoir répondre aux besoins de ses patients lorsque la gêne s’en mêle exige un surcroît de professionnalisme et d’implication. Trois étapes clés : écouter, rassurer, proposer.

La relation entre patients et professionnels de santé doit composer avec un certain nombre de tabous : la sexualité, l’incontinence, le surpoids, les maladies graves… Parce qu’il est moins facile d’en parler au comptoir que d’un banal mal de gorge, assurer son rôle de conseil requiert une approche à la fois technique et psychologique de la part du pharmacien. « C’est un vrai challenge professionnel qui recèle aussi des opportunités à saisir sur des marchés encore peu implantés à l’officine comme la stomathérapie, les prothèses mammaires… », fait valoir Hélène Prêcheur, dirigeante de l’organisme de formation PharmaReflex.

Créer les conditions de la confiance

La confidentialité, tant vis-à-vis des clients que des collègues présents dans l’officine, est un prérequis pour aborder les sujets délicats. «   Il faut repérer les attitudes qui dénotent un souhait de discrétion : un client qui s’approche très près du comptoir, parle à voix basse, etc.   », indique Brigitte Defoulny, dirigeante d’Héliotrope. En cas d’affluence, on peut proposer au patient de revenir à un moment plus calme. Pourquoi ne pas aussi l’«   inviter à se mettre un peu à l’écart en mettant à profit l’espace de confidentialité   », poursuit l’experte. «   Attention à ce que cette démarche ne soit pas perçue comme stigmatisante   », met en garde Hélène Prêcheur. Par ailleurs, «   dans une équipe, tout le monde n’a pas la même expertise ou la même aisance sur tous les sujets : il ne faut pas hésiter à orienter un patient vers un collègue plus à même de traiter sa problématique. Ainsi, une patiente parlera plus facilement de sa ménopause à une pharmacienne d’un âge proche du sien   », précise Brigitte Defoulny. La compétence technique est, d’autre part, décisive pour inspirer confiance, d’où l’importance de la formation.

Pratiquer une écoute active

«   Partir de l’ordonnance est le meilleur moyen d’engager le dialogue   », assure Brigitte Defoulny. Référez-vous au prescripteur avec des questions du type « qu’en pense votre médecin ? », « vous a-t-il parlé de tel aspect de la maladie, du traitement, des effets indésirables ? » Des questions plus personnelles pourront être introduites en privilégiant les formulations ouvertes : « Comment vous sentez-vous depuis que vous prenez ce traitement ?   » ou bien « y a-t-il des choses qui vous préoccupent et dont vous souhaitez que l’on parle ?   » . «   Il faut faire preuve de patience car les réponses n’arrivent pas toujours du tac au tac   », souligne Hélène Prêcheur. Et «   pas question de se montrer insistant si la personne reste réfractaire à l’échange : elle sait où vous trouver   », complète-t-elle. Dans certains cas, il peut être judicieux d’orienter le patient vers des tiers (associations…) susceptibles de l’aider.

Conseiller avec tact

Une fois recueillis les besoins du patient, «   il faut proposer les solutions les plus adaptées, en procédant si besoin par étapes   », préconise Hélène Prêcheur. Ainsi, dans le domaine de l’incontinence, «   on pourra proposer, sous forme d’échantillon, un petit modèle de protège-slip en précisant bien que c’est “au cas où”   ». De même, on mettra l’accent sur la personnalisation de la prise en charge en inscrivant à la main les conseils donnés sur les documents remis au patient. Sans faire l’impasse sur le suivi : « Vous pouvez inviter la personne à vous faire un retour sur l’efficacité des produits conseillés   ».

LE TON JUSTE

Pour atténuer l’embarras, le discours à l’officine doit conserver une tonalité aussi médicale que possible, tout en s’efforçant de banaliser les sujets évoqués. « En matière de fuites urinaires, par exemple, on expliquera les principes d’action de tel traitement, les risques associés… Ainsi, au terme “d’incontinence”, on préférera celui de “gêne urinaire” et on parlera de “slips antifuites” ou de “protections” plutôt que de “couches” », conseille Hélène Prêcheur.

À l’officine, les sujets tabous sont nombreux. Écoute, discrétion et dédramatisation sont les bonnes attitudes pour donner confiance.

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