Huiles essentielles par voie orale - Le Moniteur des Pharmacies n° 3128 du 14/05/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3128 du 14/05/2016
 

Expertise

AROMATHÉRAPIE

Auteur(s) : Anne-Hélène Collin

Pratique, adaptée à un effet systémique rapide, la voie orale ne s’emploie pourtant pas avec toutes les HE et ne s’adresse pas à tous les patients. A conseiller uniquement si l’on possède de bonnes connaissances en aromathérapie.

POUR QUI ?

• Pour l’adulte et l’enfant de plus de 6 ans. Certains divs conseillent les essences de Citrus dès 3 ans, mais leur goût prononcé peut paraître désagréable et repoussant.

• Voie déconseillée chez la femme enceinte.

COMMENT ?

• Trois modes d’administration possibles :

– sublingual, pour un passage immédiat dans la circulation sanguine ;

– sur la langue, lorsqu’une action sur le système respiratoire haut est recherchée : les HE entraînent une ouverture des choanes, orifices des fosses nasales, permettant ainsi aux principes volatils d’agir immédiatement sur les muqueuses nasales et les sinus ;

– avec déglutition, usage classique.

• En dilution, soit 1 ou 2 gouttes d’HE ou de mélange d’HE dans un véhicule approprié.

• De préférence en dehors des repas.

A QUELLE POSOLOGIE ?

• Compter 2 à 2,5 mg/kg/jour d’HE, jusqu’à 5 mg/kg/jour, dans la limite de 300 mg/jour pour un adulte. A répartir en 3 prises.

• La conversion en nombre de gouttes dépend du système de compte-gouttes fermant le flacon et varie selon les fabricants. En pratique, la dose journalière classiquement conseillée chez l’adulte est de 6 gouttes d’HE (HE seule ou mélange d’HE).

• Des doses plus importantes (jusqu’à 1 000 mg/jour), réservées aux traitements de courte durée, sont possibles sur avis médical. Privilégier l’usage ponctuel ou les courtes durées de traitement (5 à 7 jours). Un traitement à long terme, sur avis d’un spécialiste en aromathérapie, implique l’administration de doses faibles (150 mg/jour soit environ 3 gouttes journalières) et le respect de fenêtres thérapeutiques (5 jours sur 7 ou 3 semaines sur 4).

INTÉRÊTS

• Biodisponibilité importante : l’absorption orale des HE est quasi-totale et rapide.

• Facilité de prise : pratique et nomade.

LIMITES

• Irritation des muqueuses buccale, œsophagienne, gastro-intestinale : pour limiter l’effet, préférer les formes capsule ou gélules (idéalement gastrorésistantes), à défaut diluer au préalable les HE dans une huile végétale alimentaire. L’administration d’HE per os est déconseillée en cas de muqueuse buccale lésée ou d’ulcère digestif.

• Goût : prononcé et souvent désagréable, il peut entraîner nausées et vomissements.

• Risque de toxicité élevé : les effets indésirables potentiels des HE sont plus marqués et les risques de surdosage plus importants lors d’une administration par voie orale, en raison d’une absorption rapide, d’une biodisponibilité importante, d’un métabolisme hépatique qui peut entraîner la formation de composés toxiques.

• Interactions : certaines HE étant substrats des cytochromes (HE d’eucalyptus, HE de menthe poivrée…), des interactions médicamenteuses sont possibles, mais encore peu documentées.

Sources : P Franchomme, D Pénoël, « L’aromathérapie exactement », édition Roger Jollois, 1990 ; M. Faucon, « Traité d'aromathérapie scientifique et médicale », éditions Sang de la terre et Médial, 2012 ; D.Baudoux, « Les cahiers pratiques d’aromathérapie selon l’école française », tomes I et V, 2002 et 2006 ; D. Roux-Sitruk, AC Quemoun, « Phytothérapie et homéopathie : conseils et associations possibles », Pro-Officina, Le Moniteur des pharmacies, 2016 ; F. Millet, « Le grand guide des huiles essentielles », Marabout, 2015 ; R. Tisserand, R.Young, « Essential oil safety », 2sd édition, Churchill Livingstone Elsevier, 2014.

PRÉCAUTIONS

Principales HE dont l’utilisation par voie orale nécessite une vigilance accrue:

arbre à thé (Melaleuca alternifolia), eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus), gaulthérie (Gaultheria procumbens), genévrier commun (Juniperus communis), hélichryse italienne (Helichrysum italicum), lavande aspic (Lavandula spica), lavandin super (Lavandula x burnatii), niaouli (Melaleuca quinquenervia), petit grain bigarade (Citrus aurantium var amara, feuilles), pin sylvestre (Pinus sylvestris), romarin à camphre (Rosmarinus officinalis camphoriferum), sauge sclarée (Salvia sclarea), verveine citronnée (Lippia citriodora), ylang ylang (Cananga odorata)…

Liste non exhaustive

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