ÉPISODE 4 Un accident d’AVK - Le Moniteur des Pharmacies n° 3126 du 30/04/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3126 du 30/04/2016
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

FEUILLETON

Auteur(s) : Anne Drouadaine

Alors que Madame Martin songeait à arrêter de fumer, sa maman, Arlette Lambert, l’a appelée en urgence car son époux, Edmond, vient d’être hospitalisé. Une histoire de médicament apparemment…

Vendredi 15 avril

– MADAME MARTIN À SA MÈRE ARLETTE (À L’ENTRÉE DE L’HÔPITAL) : Que s’est-il passé ? Est-ce que papa va bien ?

– ARLETTE LAMBERT : Oui c’est mieux. Il avait mal à la poitrine et du mal à respirer correctement. Les médecins disent que c’est à cause d’un de ses médicaments je crois. Je n’en sais pas plus.

– Je demanderai au médecin ce qu’il s’est passé exactement. Tu crois que ça a un rapport avec son opération des varices, il y a à peu près deux semaines ?

– Je ne sais pas. Le stripping de varices, c’est assez courant comme opération. Moi aussi j’avais dû le faire et je n’avais pas eu de problèmes après. Ton père a la santé plus fragile, mais bon…

– Tu sais quand vient le médecin, j’aimerais en savoir plus sur ce qui est arrivé à papa.

– Il doit passer en début d’après-midi.

DANS LE COULOIR DEVANT LA CHAMBRE DE M. LAMBERT

– Dr LEBON (CARDIOLOGUE) : Bonjour Mesdames.

– Je suis Valérie Martin, la fille d’Edmond Lambert. Qu’est ce qui lui arrive ?

– Votre père a fait une embolie pulmonaire, ce qui explique ses difficultés à respirer.

– Encore ! Il en avait déjà fait une il y a quelques années. Mais c’est grave ? Il va s’en sortir ?

– Oui, on l’a pris à temps. On l’a mis sous anticoagulant et on va le garder en observation quelques jours.

– Depuis sa première embolie, il a un traitement et ça ne posait plus de problème. Le traitement n’est plus efficace ?

– Si, mais votre père nous a dit qu’il l’avait arrêté il y a 2 semaines pour son opération des varices. Et il ne l’a pas repris.

– ARLETTE : Ah oui, Préviscan, les comprimés en forme de fleur à couper ! Le médecin lui a dit d’arrêter et il a eu des piqûres pendant une semaine. C’était juste avant l’opération.

– Exactement. Préviscan est un anticoagulant de la famille des AVK. Il évite la coagulation excessive du sang mais peut entraîner des saignements importants lors de certaines opérations. C’est pourquoi on l’avait remplacé chez votre père par une héparine injectable. L’arrêt a certainement duré 8 jours. Et l’héparine est alors arrêtée 24 heures environ avant le geste. Une infirmière est venue faire les injections ?

– Oui. Et après l’opération, elle est également revenue pendant une semaine pour faire des piqûres.

– Oui. Le problème est que votre mari aurait dû reprendre les comprimés de Préviscan après l’opération.

– Ah. Mais personne ne nous l’a dit à la sortie de l’hôpital ou alors, je n’ai pas bien fait attention, ni Edmond ! Et après je n’y ai plus pensé à son comprimé rose.

MME MARTIN S’ADRESSANT À SA MÈRE :

– Et le pharmacien ne t’a rien dit ?

– On n’y est pas retournés depuis, on avait tout ce qu’il fallait à la maison, on était passé avant l’opération pour prendre les bas de compression et les piqûres nécessaires après la sortie d’hôpital… Oui c’est sûr, il s’en serait sûrement rendu compte sinon.

Mercredi 20 avril

– MME MARTIN (CHEZ SA MÈRE) : AVK, ça me dit quelque chose. Je crois avoir vu une affiche ou une brochure chez le pharmacien. Un truc violet et rouge.

– ARLETTE : ah ! comme le carnet de ton père. Je l’ai encore dans mon sac.

On y retrouve des informations sur le traitement et la surveillance.

– Oui, il allait tous les mois faire une prise de sang pour vérifier l’IRN.

– L’INR Maman ! Voilà ce qu’il est écrit : « l’INR (International Normalised Ratio) évalue l’action de l’AVK sur la fluidité du sang. Cet examen est indispensable. En début de traitement, des contrôles sont effectués jusqu’à ce que l’INR atteigne la valeur souhaitée, appelée INR cible, et qu’il reste stable. Cet INR cible peut varier dans une fourchette acceptable (valeur basse et valeur haute) qui vous sera donnée par votre médecin ».

– Et les résultats de ton père étaient bien stabilisés. Regarde, tout est noté un peu plus loin.

– Effectivement. Et cette histoire d’entretien pharmaceutique avec le pharmacien ?

– Tu connais ton père. Il a lu le carnet et ça lui a suffi. Avec ses résultats stables, quand le pharmacien lui a proposé, il a refusé aussi sec.

– Il faudra que j’en parle à mon pharmacien pour savoir à quoi ça sert. Ce serait peut-être bien quand même.

Jeudi 21 avril

MME MARTIN (EN ROUTE POUR SON TRAVAIL) : Ouf, les nouvelles de l’hôpital sont rassurantes ! Il va falloir que je m’occupe plus de la santé de Papa et Maman. Je me rends compte qu’ils vieillissent !

Mardi 26 avril

APPEL DE LA PHARMACIE

– EMMA, L’ÉTUDIANTE : Bonjour, Madame Martin, nous avons reçu votre ordonnance pour le scanner et nous avons commandé vos produits. Vous pouvez passer.

Nous remercions le Dr Brice Le Taillandier pour son aimable relecture.

Sources : Cespharm, ANSM, Vidal.

L’ESSENTIEL À RETENIR

• L’INR (International Normalized Ratio) permet d’évaluer l’action de l’AVK.

• Après une embolie pulmonaire, l’INR cible est entre 2 et 3. Si l’INR est en dessous de 2, il existe un risque de formation de caillots (traitement sous-dosé).

A l’inverse, si l’INR dépasse 3, il y a un risque de saignements importants (traitement surdosé).

• Avant la délivrance de l’AVK, vérifier avec le patient les dernières valeurs de l’INR et lui rappeler l’importance du contrôle mensuel.

• L’arrêt de l’AVK sans relais par héparine est pourvoyeur de thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire. Des modalités de reprise du traitement AVK après une opération nécessitant son arrêt doivent être définies avant celle-ci.

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