TROIS MESURES CHOCS POUR L’OFFICINE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3118 du 05/03/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3118 du 05/03/2016
 
RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL

L’événement

Auteur(s) : Loan Tranthimy

Rallongement de la durée du temps de travail, assouplissement des règlesdu licenciement économique et plafonnement des indemnités prud’homales…La pharmacie d’officine, qui emploie 130 000 salariés, sera concernée parla réforme.

Face à une mobilisation contre le div de l’ensemble des syndicats de salariés et une partie des élus socialistes, le Premier ministre, Manuel Valls, a promis de laisser davantage de place à la concertation pour corriger « ce qui doit l’être ». Mais le locataire de Matignon l’assure : sa volonté d’assouplir le marché du travail pour favoriser l’embauche reste intacte. Comportant 52 articles, le projet de loi El Khomri, du nom de la ministre du Travail, prévoit trois changements majeurs qui permettraient d’assouplir l’organisation et la gestion du personnel de la pharmacie d’officine, un secteur qui regroupe à 90 % des entreprises de moins de 10 salariés.

La première mesure, et non la moindre, modifie la durée maximale du travail quotidienne. Aujourd’hui fixée à dix heures, elle pourrait être portée à douze heures « en cas d’activités accrues ou pour des motifs liés à l’organisation de l’entreprise ». Le projet de loi prévoit aussi de remplacer tout ou partie du paiement des heures supplémentaires par un repos compensateur ou encore d’instaurer un dispositif d’horaires individualisés permettant un report d’une semaine sur l’autre. « Le dispositif de report d’heures peut aller dans le bon sens pour tenir compte de l’activité de l’officine irrégulière en fonction des saisonnalités. Aujourd’hui, il y a déjà des arrangements de gré à gré en raison des règles contraignantes. C’est donc une façon de confirmer les zones de souplesse pour que les équipes puissent tourner », reconnaît Philippe Denry, président de la commission relations sociales et formation professionnelle de la FSPF. Gilles Bonnefond, président de l’USPO affirme de son côté que la gestion des 35 heures à l’officine est un véritable « casse-tête » en raison de l’amplitude des horaires. « Des adaptations sont nécessaires sans léser les salariés et mettre en difficulté l’entreprise », dit-il.

Le licenciement, la solutionde dernier recours ?

Toujours dans l’idée de simplifier la gestion du personnel, le div élargit les critères de licenciement économique en considérant par exemple « qu’une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires de plusieurs semestres consécutifs » peut justifier la décision de l’employeur de se séparer du salarié. Cette mesure correspond pour les syndicats patronaux à la réalité économique de l’officine. « Le coût salarial dans une très petite entreprise [TPE] comme une officine est important. Faciliter le licenciement économique peut rassurer le titulaire qui pourrait avoir moins de crainte pour embaucher », estime Philippe Denry. Dans la même veine, les syndicats considèrent que le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciements abusifs donnerait davantage de visibilité à l’employeur. « Les prud’hommes sont une épée de Damoclès difficile à gérer pour une TPE. Que les choses évoluent, j’y suis favorable », déclare Gilles Bonnefond qui mise néanmoins sur les accords de branche et non d’entreprise pour aboutir à « un contrat équilibré ». Philippe Denry insiste sur la différence entre la pharmacie d’officine, une entreprise de services et les entreprises industrielles. « La valeur principale d’une officine, ce sont ses salariés. Lorsqu’une officine est en difficulté, le dernier recours pour le titulaire est souvent le licenciement. Car dès qu’on licencie, on accueille moins de clients, on fait moins de conseils, moins de vente, donc moins de marge », affirme-t-il. Peu importe pour le représentant Force ouvrière de la branche pharmacie. Olivier Clarhaut est vent debout contre ces mesures, qu’il juge trop avantageuses pour l’employeur. « La pharmacie connaît aujourd’hui des difficultés économiques. Croyez-vous que la simplification du code du travail va créer du chiffre d’affaires, de la marge ? Nous ferons tout pour empêcher la dérégulation du droit du travail qui protège les salariés », prévient-il.

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