Comment se connectent les jeunes pharmaciens et médecins ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3116 du 20/02/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3116 du 20/02/2016
 

Enquête

Auteur(s) : Laurent Lefort

A l’occasion des Trophées de la santé mobile qui se sont déroulés le 8 février dernier à Paris, le think tank Lab e-Santé a révélé les résultats d’une enquête exclusive sur les pratiques d’aujourd’hui et de demain des étudiants en médecine et pharmacie, ainsi que des jeunes médecins et pharmaciens. La prescription et la dispensation des applications mobiles et des objets connectés de santé sont bel et bien en train de devenir une réalité.

Ils ont au maximum 35 ans, sont étudiants à partir de la 4e année, médecins remplaçants, installés depuis moins de 5 ans ou encore jeunes titulaires depuis 5 ans tout au plus et ils ont fait partie des 545 répondants à l’enquête* sur leurs modes de connexion initiée par le Lab e-Santé, un groupe de réflexion destiné à faire avancer la connaissance des usages, des pratiques et des freins des outils numériques en santé et d’émettre des recommandations tant auprès des acteurs privés que publics.

Si l’on en juge par ce sondage mené en partenariat avec MedPics, Le Moniteur des pharmacies et Stagium, ces futurs et jeunes professionnels sont très équipés : 99 % des jeunes médecins et 98 % des jeunes pharmaciens possèdent un smartphone, et respectivement 77 % et 59 % une tablette. 94 % des médecins déclarent utiliser ceux-ci dans le cadre de leur pratique professionnelle ou de leurs études, mais côté pharmaciens ils ne sont « que » 77 %.

L’enquête recèle de nombreuses autres différences notables entre les jeunes médecins et les jeunes pharmaciens, tant dans les pratiques que dans la vision de demain.

Une table ronde animée par Le Moniteur lors des Trophées de la santé mobile, organisés par dmd Santé, a été l’occasion de disséquer les résultats et d’en décrypter les principaux enseignements.

Enquête réalisée en autoadministrée sur le web du 15 au 30 janvier 2016.

LES INTERVENANTS DE LA TABLE RONDE

Nassim Mekeddem, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF).

Dr Safia Slimani, fondatrice et CEO de MedPics, appli mobile de discussion et de partage de photos médicales entre professionnels de santé.

Dr Nicolas Lafferre, cofondateur de dmd Santé, créateur de Stagium, plate-forme communautaire et de services pratiques à destination des externes et internes en médecine, des étudiants en pharmacie et des professionnels de santé en activité.

Dr Didier Mennecier, médecin du service de santé des armées, hépatogastroentérologue, vice-président du Lab e-Santé au titre du collège des professionnels de santé.

Nicolas Lafferre : « Qu’on soit médecin ou pharmacien, Facebook nous sert dans la création de groupes. Les réseaux professionnels ne marchent pas vraiment, car finalement, en tant que professionnels de santé, nous trouvons aujourd’hui notre compte sur les réseaux grand public. »

Safia Slimani : « On voit clairement se dessiner, pour un professionnel, des besoins d’élargir ses horizons et d’interagir au-delà de son réseau propre. »

Nassim Mekeddem : « Le pharmacien a très bien réussi sa mutation informatique. L’informatique à l’officine, c’est un peu une appli grand modèle. Si une appli ne présente pas de plus-value en regard de ce dont il dispose déjà, le pharmacien ne la téléchargera pas. Une appli pour mieux communiquer avec son patient serait une piste à creuser… »

Safia Slimani : « Dans les facs, il n’y aucune formation initiale théorique ou pratique sur la santé connectée. S’investir sur l’e-santé pour un étudiant, c’est un désir personnel. »

Nassim Mekeddem : « On voit émerger certains serious games dans les pharmacies expérimentales, ce qui permet de confronter les étudiants à ce qui peut les attendre au comptoir demain. Dès cette année, les médecins passeront leur internat sur tablette, ils sont plus en avance que nous ! »

Didier Mennecier : « Une enquête Les Echos Etudes et Vidal de mars-avril 2015 a montré que les généralistes conseillaient à leurs patients des applis et des objets connectés dans respectivement 14 et 15 % des cas. Sur une cible plus jeune, les résultats sont heureusement meilleurs. Mais ce n’est toujours pas l’explosion. »

Nicolas Lafferre : « Le credo reste le manque de confiance, la protection des données, l’intérêt. Au-delà de la confiance, toute la problématique est liée à l’information qui maintenant doit passer par la formation. C’est le déluge d’informations qui crée le besoin de formation. On commence à voir des DU se mettre en place. »

Safia Slimani : « Le vrai débat c’est le manque d’information. C’est son manque de compétence sur ces nouveaux outils qui fait que le médecin ne les prescrit pas. Plus que le côté sécuritaire. Il va falloir éduquer les médecins à déjà utiliser eux-mêmes ces objets connectés et ensuite à les prescrire. »

Nassim Mekeddem : « De plus en plus de pharmaciens d’officine proposent des objets connectés : tensiomètres glucomètres, oxymètres de pouls. Pour les applis, c’est beaucoup plus confidentiel. Il faut que l’on ait la certitude qu’elles soient solides. Actuellement on a du mal à s’y retrouver. Quand il disposera d’un vrai catalogue d’applis certifiées, le pharmacien s’y mettra. »

Didier Mennecier : « Pour les médecins et les pharmaciens, les choses sont claires, l’objet connecté dispositif médical, c’est en pharmacie. »

Safia Slimani : « Multiplier les canaux pour la disponibilité, c’est important mais l’info doit être délivrée par quelqu’un de compétent. De nombreux patients vont naturellement voir leur pharmacien pour des conseils personnalisés. Mais il existe d’autres personnes qui n’ont pas ce lien et on n’a pas à les contraindre d’utiliser ce canal-là. »

Nassim Mekeddem : « En pharmacie ou au supermarché, peu importe. Cependant, en pharmacie, ce ne sera pas qu’un bout de plastique mais un service qui va avec. Sinon, cela ne servira à rien. Les patients viendront chercher un service derrière : un meilleur suivi, une meilleure qualité de soins. Dès lors, la question du remboursement pourra se poser. »

Safia Slimani : « Je crois en la médecine collaborative pour faire circuler la connaissance. Le patient deviendra acteur de sa santé, un enjeu primordial tant pour lui que pour le corps médical. La santé connectée permettra des conseils encore plus personnalisés. Elle générera des améliorations en termes de santé publique car, au final, les patients seront soignés de façon plus équitables, qu’ils vivent dans un endroit isolé ou dans une métropole disposant de grands CHU. »

Nassim Mekeddem : « Connecté. Tout est dans le mot. C’est certainement la santé connectée qui va contribuer à nous faire gagner le pari de l’interprofessionnalité. Et nous permettre d’avoir une meilleure collaboration avec le patient lui-même pour mieux le suivre au niveau de ses données de santé, mais aussi de sa prise de traitement. Le suivi, l’observance, voilà la clé de la santé connectée. »

Nicolas Lafferre : « Aujourd’hui, il y a une bonne accessibilité aux soins qui ne génère pas une urgence du numérique santé. Sauf que 42 % des médecins généralistes ont plus de 55 ans et c’est maintenant que l’on doit se poser les bonnes questions pour avoir demain les bons outils pour nous aider à être plus efficients, plus efficaces, et à gagner du temps. La santé de demain facilitera notre formation initiale et continue, nous aidera à mieux suivre nos patients et à moins travailler en silos fermés. Mais la puissance publique doit s’engager de façon importante et dans la durée. »

Didier Mennecier : « Dans 20 ans, l’outil numérique prendra sa place naturellement, comme l’ordinateur est arrivé à la maison. »

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