5 PROJETS pour le bon usage du médicament - Le Moniteur des Pharmacies n° 3115 du 13/02/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3115 du 13/02/2016
 
HACKATHON

Dossier

Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche

Développer des solutions numériques pour améliorer le bon usage du médicament. C’était tout l’enjeu du hackathon organisé le 28 janvier dernier par l’Assurance maladie. Créatifs autant que réalisables, cinq projets ont été sélectionnés au terme d’une journée haletante.

Jeudi 28 janvier 2016, à son siège national porte de Montreuil à Paris, l’Assurance maladie organise son deuxième hackathon. L’objectif : sélectionner des projets de futurs services et applications numériques au bénéfice du bon usage du médicament. Un hackathon – contraction de « hack » et de « marathon » – rassemble pendant plusieurs jours des développeurs pour plancher sur un projet informatique à la demande d’une entreprise ou une institution. Et que le meilleur gagne ! Le projet sélectionné est ensuite financé et développé. Ainsi la mairie de Paris a-t-elle lancé du 15 au 17 janvier un hackathon pour prévenir les actes terroristes et renforcer la sécurité dans la capitale.

L’Ordre des pharmaciens doit bientôt organiser une telle opération sur le thème du dossier pharmaceutique. L’Assurance maladie, elle, a quelque peu adapté le concept. La compétition avait commencé quelques semaines plus tôt…

Lundi 14 décembre 2015

Présélectionnés sur dossier, quinze projets, sur une quarantaine d’équipes, sont retenus par un jury de spécialistes (autorités de santé, associations de patients, etc.) et représentants de l’Assurance maladie. Le hackathon sur le bon usage du médicament est lancé pour marquer la mise à disposition sur le site OpenMedic de données anonymisées sur la consommation des médicaments en France (nombre de boîtes délivrées en officine par tranche d’âge, sexe et région de résidence des patients, montants remboursables et remboursés, spécialité du prescripteur…). Une mine d’informations à exploiter.

Jeudi 28 janvier 2016

10 heures

Chaque équipe défend tour à tour son concept devant le jury qui a aussi un rôle de conseil et d’accompagnement. « Cela peut conduire à un réajustement du projet, le but n’étant pas d’en changer la logique », explique Claude Gissot, directeur de la stratégie, des études et des statistiques à l’Assurance maladie. L’échange porte également sur la mise à disposition de données supplémentaires dont le projet aurait l’utilité. « Elles pourront être mises à disposition dans le cadre du concours pour permettre de tester un prototype jusqu’au bout. A l’issue du concours, pour y accéder, les candidats devront effectuer une demande dans le cadre réglementaire. Si les besoins conduisaient à la production de nouveaux jeux de données anonymes pour les compétiteurs, elles seront en revanche mises en open data et donc accessibles à tous. »

Détection du risque iatrogène, amélioration de l’observance, partage de bonnes pratiques entre médecins : les projets retenus le sont en fonction de leur qualité, leur originalité, leur faisabilité. « L’un des critères est aussi le temps évalué pour le déploiement et la mise en œuvre du projet », précise Hélène Caillol, responsable du hackathon.

15 heures

La pause est l’occasion d’échanges entre candidats. Leur profil est varié : développeurs, statisticiens, économistes, entrepreneurs, pharmaciens et médecins, étudiants en pharmacie et en école de commerce… Les coéquipiers se connaissent déjà ou se sont mutuellement recrutés en préparation du hackathon. Sur Twitter, leurs supporters postent des encouragements…

16 heures 30

Chaque équipe dispose de 5 minutes montre en main pour présenter son projet cette fois devant l’auditoire au grand complet. Puis le jury se retire pour délibérer. A son retour, chacun retient son souffle, croit en sa chance. Les cinq projets lauréats sont proclamés. Ils sont présentés dans les pages suivantes. Forcément déçus, les recalés sont pourtant convaincus que tout n’a pas été vain et que leur projet est sûrement le départ d’autres aventures. Pour les candidats sélectionnés, le parcours se poursuit. Des ateliers de travail vont débuter dès février pour aboutir à des prototypes et tester leur potentiel d’utilisation.

Mardi 10 mai 2016

Le grand gagnant du concours sera enfin désigné par le jury. Pour les autres, rien n’est perdu. Une dotation allant de 1 000 à 5 000 euros sera attribuée à chaque projet. Un appui, un pied à l’étrier. Les concepteurs resteront propriétaires de leur outil et consolideront son modèle économique, soit en le développant en propre, soit en le cédant éventuellement à des opérateurs intéressés : industriels, assureurs complémentaires, sociétés de services, associations de patients…

Pour sa part, l’Assurance maladie aura atteint ses objectifs : valoriser la base de données OpenMedic en la mettant au service du bon usage du médicament. Elle-même n’exclut pas de soutenir un projet dans la durée.

Medic’In

Présentation

Application mobile pédagogique reliée à un pilulier capteur de data en vie réelle. Elle se destine à accompagner le patient dans le suivi de son traitement au quotidien. Une approche ludique sera proposée pour améliorer l’observance, notamment par des techniques de psychologie positive. Ces informations pourraient être notifiées aux professionnels de santé, dont les pharmaciens d’officine. L’outil vise également à sensibiliser le patient au coût réel de son traitement. Il pourra alerter sur l’existence d’alternatives thérapeutiques, par exemple en termes de génériques, et des risques d’iatrogénie médicamenteuse.

Cible

Patients et professionnels de santé.

Base de données exploitées

Thesorimed, base descriptive générale des médicaments de l’Assurance maladie, sur les médicaments génériques du CIP…

Equipe

Camille Freisz, docteur en pharmacie (Valwin).

Alexis Guéganno, ingénieur spécialisé en R&D et data (Valwin).

Nicolas Devillard, business analyste (Valwin).

Observ’AM

Présentation

Outil permettant d’évaluer l’adhésion aux traitements oraux en cancérologie et en psychiatrie, souvent inférieure à 80 % pour un patient donné. Un ratio (comparaison du nombre théorique de boîtes avec le nombre réel de boîtes remboursées par la Sécurité sociale) permettra d’identifier le profil de patients à fort risque de mauvaise observance (selon âge, sexe, pathologie, facteurs socio-économiques, etc.). En retour, un service d’accompagnement spécifique sera mis en place via une application et un portail Internet. Il comprendra un rappel des prises ainsi qu’une gestion des effets indésirables et des interactions médicamenteuses. Des conseils seront délivrés selon le niveau des effets indésirables renseignés via un algorithme simple.

Pharmaciens d’officine et médecins hospitaliers pourront avoir accès au service pour sensibiliser et assurer le suivi de ces patients.

Cible

Patients.

Pharmaciens d’officine et de pharmacies à usage intérieur (PUI).

Médecins hospitaliers et libéraux.

Base de données exploitées

Bases de données de l’Assurance maladie, Thesorimed, données de l’ANSM…

Equipe

Daniel Szeftel, économiste de la santé (Jalma).

Pierre Hornus, spécialiste en données de santé (Jalma).

Ali Bouhdoud, docteur en pharmacie (Jalma).

Pierre Rinder, spécialiste en données de santé (Jalma)

Mathieu Godart, développeur.

Medicamentum

Présentation

Plate-forme web et application mobile associée à un pilulier. La plate-forme comprendra des fiches sur les médicaments, plus lisibles que la notice papier. L’utilisateur pourra rechercher des équivalences entre médicaments en termes de composition, de forme galénique, de dosage plus adaptés, notamment en automédication et pour faciliter les échanges avec médecins et pharmaciens. Il sera aussi possible de détecter d’éventuelles interactions médicamenteuses.

Par ailleurs, le pilulier proposera un rappel de prise. Selon le profil du patient et l’historique de ses traitements, une alerte sera lancée en cas d’interactions médicamenteuses et de dépassement des posologies recommandées.

Cible

Patients chroniques autant qu’à titre informatif, notamment dans le cadre de l’automédication.

Professionnels de santé : transmission d’informations médicales (pathologies, traitements en cours, antécédents médicaux) concernant le patient.

Autorités de santé et industriels : transmission via le pilulier et avec l’accord du patient de statistiques sur les traitements prescrits, l’utilisation des médicaments en vie réelle, les éventuels effets indésirables.

Base de données exploitées

Open Medic, Sniiram*, Medic’AM, Thésorimed…

Equipe

Pascal Huynh, cofondateur de Beyowi et ingénieur informatique de l’université de technologie de Compiègne.

Cédric Tang, cofondateur de Beyowi et ingénieur mécanique de l’université de technologie de Compiègne.

Kévin Tang, ingénieur informatique de l’université de technologie de Compiègne.

Chloé Fasquel, graphiste digital de l’école E-Artsup de Paris.

EurêkaMed

Présentation

Site Internet proposant une cartographie régionale interactive des consommations de médicaments en ville. L’internaute pourra y consulter, région par région, les prestations de remboursements et les volumétries de médicaments par classe thérapeutique, par spécialité et par catégorie de prescripteur. Un écart par rapport à la moyenne nationale ainsi que des intervalles de confiance seront affichés. Il sera possible de comparer d’éventuelles différences territoriales dans la consommation de médicaments.

Accessible aux établissements de santé, aux agences régionales de santé et à l’Assurance maladie, la seconde fonctionnalité proposera une analyse des prescriptions hospitalières exécutées en ville. Ceci afin de mieux aborder les enjeux des futurs contrats d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins prévus dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2016.

Cible

Patients et associations de patients, professionnels de santé, autorités, journalistes.

En espace restreint : autorités publiques et établissements de santé.

Bases de données exploitées

Open Medic, Thésorimed et Sniiram*.

Equipe

Antoine Lafuma, médecin (Cemka-Eval).

Matthieu Trancart, statisticien (Cemka-Eval).

Cécile Blein, économiste de la santé (HEVA).

Vincent Cau, développeur (HEVA)

Baptiste Jouaneton, data-manager (HEVA).

Track Medoc

Présentation

Un site Internet médical communautaire qui propose des éléments de réflexion et d’analyses sur les pratiques de prescription par pathologie. Sur la base des données d’Open Medic, un médicament peut être utilisé comme traceur d’une pathologie pour identifier de quelle manière il est prescrit selon le profil du patient ou du médecin (généraliste, spécialiste, salarié ou libéral). L’outil permettra éventuellement la mise en évidence d’un usage hors AMM significatif.

Pour chaque pathologie, le prescripteur pourra comparer les contre-indications d’un médicament, ses effets indésirables et la littérature médicale. Le coût des options thérapeutiques sera accessible. Par le biais de ce site, les médecins pourront également comparer entre eux leurs choix thérapeutiques. L’objectif est de tendre vers une harmonisation des pratiques de prescription.

Cible

Médecins.

Bases de données exploitées

OpenMedic, base de données de médicaments.

Equipe

Paul Mandelbrojt, médecin et entrepreneur dans le domaine de l’e-santé et de la data médicale.

Marc Bernot, normalien, docteur en mathématiques appliquées et ingénieur de recherche dans l’aérospatiale.

Julien d’Eurveilher, ingénieur informatique spécialisé dans les réseaux télécoms.

* Système national d’information interrégimes de l’Assurance maladie

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