Ofev - Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Disponible à l’hôpital depuis 2015, le nintédanib (Ofev) arrive en officine. Cet inhibiteur de tyrosine-kinase constitue une alternative à la pirfénidone (Esbriet) dans les formes légères à modérées de fibrose pulmonaire idiopathique. C’est le premier médicament à avoir une AMM pour le traitement des formes sévères de la maladie.

Indications

Ofev est indiqué dans le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), de la forme légère à la forme sévère. Il est réservé à l’adulte.

Mode d’action

Le nintédanib est un inhibiteur de tyrosine-kinase agissant sur les récepteurs du PDGFR alpha et bêta (facteur de croissance dérivé des plaquettes), du FGFR 1-3 (facteur de croissance des fibroblastes), et du VEGFR 1-3 (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire). Il inhibe ainsi des voies de signalisation intracellulaires jouant un rôle important dans la prolifération, la migration et la différenciation des fibroblastes et myofibroblastes pulmonaires caractéristiques de la FPI. Dans les modèles précliniques de fibrose pulmonaire, le nintédanib a montré une forte activité antifibrotique et anti-inflammatoire. La molécule a fait l’objet d’un développement dans une autre indication, le traitement du cancer du poumon non à petites cellules, sous le nom de Vargatef.

Posologie

– La dose recommandée est de 150 mg deux fois par jour. En cas d’intolérance des patients, une dose de 100 mg deux fois par jour peut être administrée.

– Les capsules sont à prendre en respectant un intervalle de 12 heures environ. Elles doivent être avalées entières avec de l’eau, sans être mâchées ni écrasées.

– La prise avec des aliments (pendant, juste avant ou juste après un repas) est recommandée.

Contre-indications

Ofev est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité à l’un des composants. La présence de lécithine de soja contre-indique la prescription aux patients allergiques au soja ou à l’arachide. Le risque de réactions allergiques sévères au soja est augmenté chez les patients allergiques aux protéines d’arachide.

Grossesse et allaitement

– Ofev ne doit pas être administré pendant la grossesse. Les femmes en âge de procréer utiliseront une contraception efficace au cours du traitement et pendant au moins 3 mois après la dernière prise de nintédanib. Le risque d’interaction entre nintédanib et contraceptifs hormonaux n’a pas été étudié. Il est recommandé dans ce cas de mettre en place en sus une contraception mécanique.

– L’allaitement n’est pas recommandé au cours du traitement.

Effets indésirables

– La diarrhée est l’effet indésirable le plus fréquemment rapporté. D’intensité légère à modérée, elle apparaît généralement dans les 3 premiers mois de traitement. Elle doit être prise en charge dès les premiers symptômes. Une interruption d’Ofev est parfois nécessaire.

– Le traitement par Ofev peut souvent provoquer des nausées et vomissements, des douleurs abdominales, une baisse d’appétit ou une perte de poids.

– L’augmentation du taux d’enzymes hépatiques, très fréquente, est réversible après réduction de la dose ou arrêt du traitement. Elle n’est pas associée à des signes d’atteinte hépatique.

Interactions médicamenteuses

– L’administration concomitante d’inhibiteurs puissants de la P-gp (kétoconazole, érythromycine, ciclosporine…) risque d’augmenter l’exposition au nintédanib. Une surveillance étroite de la tolérance du patient est nécessaire.

– A l’inverse, les inducteurs puissants de la P-gp (rifampicine, phénytoïne, millepertuis…) peuvent réduire l’exposition au nintédanib. Des alternatives médicamenteuses non inductrices de la P-gp doivent être utilisées.

Conservation

Les capsules sont à conserver à une température inférieure à 25 °C, à l’abri de l’humidité, dans l’emballage.

Surveillance particulière

– Mesure des taux de transaminases hépatiques et de bilirubine avant l’initiation du traitement, puis à chaque visite médicale du patient ou en fonction de son état clinique.

– Surveillance régulière de la pression artérielle.

FICHE TECHNIQUE

Boîte de 60 capsules molles opaques, prix hors honoraires de dispensation : 2 233,56 €, remb. SS à 30 %.

→ Nintédanib 100 mg pour une capsule molle couleur pêche, AMM : 34009 300 060 2 3.

→ Nintédanib 150 mg pour une capsule molle couleur marron, AMM : 34009 300 060 4 7.

Boehringer Ingelheim : 01 44 34 65 65

DÉLIVRANCE

– Liste I.

– Médicament d’exception.

– Prescription hospitalière (prescription initiale et renouvellement) réservée aux spécialistes en pneumologie.

– Surveillance particulière pendant le traitement.

LA FIBROSE PULMONAIRE IDIOPATHIQUE

Qu’est-ce c’est ?

La fibrose pulmonaire idiopathique est une pneumopathie interstitielle diffuse dont la cause est inconnue. Elle se caractérise par une fibrogenèse anormale, c’est-à-dire par une anomalie dans la réparation du tissu pulmonaire suite à une agression chronique. La destruction progressive du tissu pulmonaire se traduit par une altération de la fonction respiratoire. La maladie se manifeste par une dyspnée d’effort d’installation progressive, l’essoufflement survenant ensuite également au repos. S’y associent le plus souvent une toux sèche persistante, des râles crépitants et un hippocratisme digital (élargissement des dernières phalanges avec des ongles bombés et luisants). Certains symptômes généraux apparaissent parfois : asthénie, amaigrissement, arthralgie…

Qui touche-t-elle ?

La fibrose pulmonaire idiopathique est une maladie rare qui touche 4 400 nouveaux patients par an en France. Plus fréquente chez l’homme que chez la femme, elle débute généralement entre 60 et 70 ans. Elle semble toucher indifféremment toutes les populations. Certains facteurs ont été identifiés comme jouant un rôle dans la survenue ou l’aggravation de la maladie : exposition chronique à certaines substances (fumée de cigarette, poussières de bois, métaux…), infection par certains virus (cytomégalovirus, Epstein-Barr, VHC, virus de l’herpès) et RGO. Des facteurs génétiques seraient également impliqués puisque des formes familiales, rares, existent. La FPI ne semble pas être une maladie auto-immune.

Quelle est l’évolution de la maladie ?

La fibrose pulmonaire idiopathique s’aggrave plus ou moins rapidement jusqu’à l’insuffisance respiratoire chronique, une possible hypertension pulmonaire et le décès : la médiane de survie est de 2 à 4 ans après l’établissement du diagnostic.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

– Service médical rendu modéré.

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).

– Population cible estimée à 4 960 patients.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Nintédanib : peu d’effet sur la qualité de vie

L’intérêt du nintédanib (Ofev) a été évalué au vu de deux études identiques de phase III, randomisées, en double aveugle vs placebo (INPULSIS 1 et 2), complétées par une étude de suivi, ainsi que par deux études de phase II vs placebo (TOMORROW 1 et 2) complétées chacune par une étude de suivi. INPULSIS 1 et 2 ont inclus respectivement 515 et 551 patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique depuis 1,2 an en moyenne et ayant une capacité vitale forcée (CVF) ≥ à 50 %. Le nintédanib a été administré à raison de 300 mg/j pendant 52 semaines. Les études ont montré la supériorité du nintédanib sur le placebo en termes de déclin de la CVF (critère de jugement principal), avec une différence respective de 125 ml (INPULSIS 1) et de 94 ml (INPULSIS 2).

L’étude de phase II TOMORROW 1 a inclus 432 patients randomisés en 5 groupes, de façon à évaluer l’efficacité du nintédanib à 4 doses (50, 100, 200 et 300 mg/j) : seule la dose 300 mg/j s’est montrée supérieure au placebo avec une différence de 131 ml de déclin de la CVF à 52 semaines (la différence n’a été, par exemple, que de 28 ml à la dose de 200 mg). Dans tous les cas, l’administration de nintédanib s’est traduite par une augmentation de l’iatrogénie vs placebo (64-71 % sous principe actif vs 28-29 % sous placebo).

L’étude TOMORROW 2 a été conduite sur 50 patients : elle évaluait la cinétique et la tolérance du nintédanib versus placebo et n’a pas livré d’élément nouveau par rapport aux autres études.

Il faut noter que la différence entre nintédanib et placebo reste cliniquement faible en termes de qualité de vie et qu’aucune différence n’a été retrouvée dans les analyses de mortalité. De même, il n’y a pas eu de comparaison au comparateur actif pertinent, la pirfénidone (Esbriet).

Dites-le au patient

– En cas d’oubli d’une prise, poursuivre simplement le traitement aux heures habituelles sans prendre de dose supplémentaire pour compenser la dose oubliée.

– Prudence : Ofev peut avoir une influence mineure sur l’aptitude à conduire ou à utiliser des machines.

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