« Je n’ai encore reçu aucun courrier de pharmacien se plaignant de l’effet de la réforme dans son officine » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016
 
INTERVIEW PHILIPPE GAERTNER, PRÉSIDENT DE LA FSPF(1)

Actualités

Auteur(s) : Loan Tranthimy*, Laurent Lefort**

Malgré la baisse de son score aux élections des URPS, la FSPF reste la première organisation syndicale des pharmaciens. Philippe Gaertner, son président, assume pleinement la signature d’une réforme de la rémunération très contestée.

Votre score aux élections des unions régionales des professionnels de santé (URPS) est en baisse. Ce résultat était-il prévisible ?

Dans un condiv économique difficile, les syndicats professionnels, moteurs en termes d’évolution conventionnelle, sont souvent sanctionnés. Et pourtant, sous réserve des résultats des élections des infirmiers en avril, la FSPF est, de tous les syndicats professionnels, celui qui a obtenu le meilleur score. Même si notre objectif était de maintenir notre score, 48,80 % est un excellent résultat, qui nous permet, tout comme pour l’USPO, de signer seul tout accord conventionnel(2).

Comment les résultats ont-ils été ressentis par les présidents de syndicats locaux ?

Nos élus auraient aimé une communication permanente. Ce n’est pas ma méthode de travail. Nous avons privilégié le face-à-face, l’explication en détail. Le dispositif est complexe et les pharmaciens ont besoin de temps pour s’approprier cette réforme.

Arrêtons-nous sur la réforme de la rémunération. Le vote ne reflète-t-il pas l’exaspération des pharmaciens ?

Il reflète les difficultés économiques liées aux baisses de prix des médicaments et la réponse insuffisante de la réforme par rapport à cette tendance qui continue. Aujourd’hui, à la date de notre entretien, je n’ai encore reçu aucun courrier de pharmacien se plaignant de l’effet de la réforme dans son officine.

Vous donnez l’impression de ne pas avoir senti venir ces baisses de prix. Vous êtes-vous fait piéger tant par l’Assurance maladie que par les décisions gouvernementales ?

Après deux années de négociation, un protocole d’accord, signé en janvier 2014 par deux syndicats (FSPF et USPO, Ndlr) et l’Assurance maladie, a marqué la fin des négociations. Un plan d’économie du gouvernement a effectivement été rendu public en avril. Mais il était hors de question que la FSPF, en tant qu’organisation responsable, lâche la proie pour l’ombre. Car quelles que soient les baisses de prix choisies, l’Assurance maladie n’aurait jamais ajouté 250 millions d’euros supplémentaires. L’avenant conventionnel a prévu un observatoire de suivi pour corriger les effets extérieurs liés aux prix du médicament. Cette année, des discussions conventionnelles auront lieu et l’Assurance maladie devra tenir ses engagements, dans la mesure où, par rapport à ses projections, certaines sont négatives. Quoi qu’il en soit, la réforme a permis d’atténuer les baisses de prix et le bilan de la première année aurait été meilleur si la réforme avait été réalisée en une seule étape.

La FSPF et l’USPO renvoient le sentiment que le combat est permanent entre les deux syndicats…

Depuis le début de l’année, nous nous sommes déjà rencontrés deux fois. Nos positions se rejoignent sur de nombreux sujets. Sur la rémunération, je me réjouis que l’USPO prône la réforme et les honoraires, et que nous puissions repartir sur la base actuelle pour construire l’avenir. Nous sommes tout deux favorables aux honoraires à l’ordonnance. Pour parvenir à un protocole d’accord, comme en janvier 2014, il sera nécessaire d’élaborer des modélisations microéconomiques pour que les bénéfices soient répartis de façon équitable entre toutes les officines. Pour celles qui délivrent beaucoup de traitements chroniques par exemple, donc plus touchées par les baisses de prix, il faudra structurer les honoraires pour qu’ils soient plus compensateurs. Nous avons évoqué des pistes et nous allons nous revoir à échéances régulières, avant chaque commission paritaire nationale [soit 5 fois par an, NdlR] et autant de fois que nécessaire sur tous les sujets.

Pour ne pas s’engager dans les négociations sur les honoraires à l’ordonnance, Nicolas Revel a rappelé que l’Assurance maladie qu’il dirige n’était pas prête sur le plan technique…

Il existe aujourd’hui des solutions informatiques. Tout dépend de la façon dont on veut paramétrer les honoraires. Nous avons des idées auxquelles nous associerons l’USPO. La réalité des chiffres saura nous mettre d’accord face aux solutions proposées. En toute hypothèse, la CNAM sera attentive aux officines de proximité (territoires fragiles, avec des personnes âgées et des malades chroniques).

Au-delà des honoraires, quels dossiers s’annoncent prioritaires en 2016 ?

Plusieurs sujets sont importants : la modification par ordonnance des critères facilitant le transfert d’officine, la simplification des règles administratives et fiscales pour le regroupement ou le « rachat-fermeture », la renégociation de l’accord-cadre sur l’interprofessionnalité et le tiers payant. Sur ce dernier dossier, la mise en place du tiers payant chez les médecins libéraux prévue par la loi de santé n’est pas sans conséquence pour l’officine. La pharmacie a toujours été précurseur sur ce point. Nous serons donc très vigilants sur les choix techniques et politiques qui seront proposés. Pour simplifier administrativement les tâches des pharmaciens et éviter les rejets souvent dus aux erreurs d’enregistrement, la FSPF propose de mettre en place un portail informatique, qui joue le rôle d’interface entre la pharmacie et les complémentaires.

Le pharmacien peut donc se connecter à ce portail pour faire la demande de vérification et obtenir une réponse de la complémentaire concernée sous la forme d’une intégration automatisée des droits.

(1) Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

(2) Pour pouvoir signer un accord, le syndicat doit obtenir au moins 30 % des suffrages exprimés lors des élections aux URPS.? Exception faite pour les pharmaciens, dans le cadre des relations conventionnelles avec l’Assurance maladie, aucun droit d’opposition n’a été prévu.

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