L’ichthyol - Le Moniteur des Pharmacies n° 3113 du 30/01/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3113 du 30/01/2016
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Michèle Sauvage

Qu’est-ce que c’est ?

• L’ichthyol ou ichtammol (dénomination INCI) est un goudron sédimentaire, issu de la distillation sèche de roches bitumeuses ou schistes, résultant de la décomposition de matières animales telles que poissons et autres animaux marins préhistoriques.

• Bien que certaines publications mentionnent un ichthyol clair et un ichthyol foncé, la Pharmacopée européenne ne reconnaît qu’un seul ichthyol, décrit comme « un goudron de consistance visqueuse, de couleur brun-noir, à l’odeur pénétrante caractéristique ».

Comment l’obtient-on ?

• La distillation sèche à haute température du schiste bitumeux libère une huile épaisse et sombre, riche en composés soufrés, azotés et phosphorés. Le distillat est traité à l’acide sulfurique concentré, puis neutralisé par de l’ammoniaque. On obtient un mélange final de sulfate d’ammonium et de sulfo-ichthyolate, commercialisé sous la dénomination d’ichthyolammonium, d’ichtammol ou d’ichthyol.

• Sa composition est complexe et comprend une vingtaine de séries de substances aromatiques. Elle est caractérisée en particulier par sa teneur en soufre (environ 10 %), sous forme de sulfate, de sulfonate ou de dérivés du thiophène.

Quelles sont ses propriétés ?

• L’ichthyol est connu depuis la fin du XIXe siècle pour ses propriétés anti-inflammatoires. Les mécanismes d’action ne sont pas entièrement élucidés, mais des études in vitro suggèrent un rôle sur les médiateurs de l’inflammation. L’ichthyol agirait en inhibant l’activité de certaines enzymes impliquées dans la dégradation de l’acide arachidonique (lipoxygénase et cyclo-oxygénase) ; il empêcherait la migration des granulocytes vers les zones de l’inflammation et inhiberait la formation de radicaux libres.

• L’activité antibactérienne topique, cliniquement observée sur les bactéries Gram + en particulier, n’a pu être démontrée de façon formelle.

• L’activité antifongique cliniquement observée de l’ichthyol dépend de la température de distillation du schiste bitumineux : elle est plus intense pour un schiste raffiné dans des températures comprises entre 85 et 150 °C, plutôt que dans des températures comprises entre 150 et 210 °C.

• Pour le moment aucune étude ne permet d’expliquer une quelconque propriété kératoplastique.

Quelles sont ses utilisations ?

• L’ichthyol était autrefois prescrit dans le traitement de la tuberculose, des névralgies ou des douleurs rhumatismales.

Actuellement, il entre dans la composition de crèmes et de pommades médicamenteuses à 1,5 ou 2 %, ainsi que dans la formulation de préparations magistrales, en traitement d’appoint des dermatites irritatives (dermatite atopique, dermatite séborrhéique ou psoriasis).

• En dermocosmétique, l’ichthyol est principalement utilisé pour un effet anti-inflammatoire, antifongique et/ou kératorégulateur dans des proportions de 0,5 à 2 %, dans la formulation de shampooings, de soins après-shampooing ou de soins corporels, en traitement d’appoint d’un état squameux localisé sur le cuir chevelu ou sur le corps.

Quelle est sa toxicité ?

• Les études montrent une très faible toxicité de l’ichthyol et d’une manière générale sa bonne tolérance cutanée. Des tests sur volontaires mettent en évidence une possible mais faible phototoxicité de type érythème.

• L’ichthyol serait dépourvu de potentiel mutagène, carcinogène ou tératogène.

Sources : « Goudrons », S. Azib, E. Delaporte, therapeutique-dermatologique.org, 2014 ; « Huile de cade, goudrons de houille, ichthyol, utilisations dermatologiques et cosmétiques », thèse de pharmacie, A. Belliot, université de Nantes, 2007 ; in-cosmetics.com.

LES GOUDRONS EN DERMATOLOGIE

• Il existe deux autres sortes de goudrons : les goudrons de bois (de pin, de hêtre, de cèdre, de cade…) et les goudrons fossilifères (goudron de houille ou coaltar).

• Le seul goudron de bois actuellement utilisé en dermocosmétique est l’huile de cade pour ses propriétés antiprurigineuse, kératolytique, antiseptique et fongistatique. Il est dénué d’effet carcinogène ou photosensibilisant. Bien tolérée, elle est utilisée dans la dermatite séborrhéique et le psoriasis.

• Le goudron de houille ou coaltar possède en plus des propriétés sébostatique et anti-inflammatoire, mais ses effets indésirables sont nombreux : irritation, allergie, risque carcinogène ou photosensibilisation. Interdit en cosmétologie, son utilisation est réservée aux préparations magistrales et nécessite une prescription médicale.

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