Le maté

Qu’est-ceque c’est ?

• Le maté, Ilex paraguariensis St-Hil, Aquifoliaceæ, est un arbre originaire d’Amérique du Sud où il pousse à l’état sauvage et peut atteindre 20 m de haut. Cultivé, c’est un arbuste à port d’oranger taillé à 4 à 8 m. Son écorce est lisse, ses feuilles persistantes, coriaces, alternes, ovales elliptiques à bords dentelés et pétiole court. Les fleurs blanches aux extrémités des rameaux donnent des drupes globuleuses rouges.

• La partie utilisée du maté est constituée par les feuilles fragmentées et soumises à une dessiccation rapide à chaud (monographie de contrôle à la Pharmacopée française).

Quelle est sa composition ?

La feuille de maté renferme :

– des bases xanthiques comme la caféine (minimum 0,8 %), la théobromine (0,12 à 0,7 %) et des traces de théophylline ;

– des acides phénoliques (10 %) : acide chlorogénique, acide caféique et des isomères de l’acide dicaféylquinique qui peuvent se lier à la caféine ;

– des flavonoïdes (quercétine, rutine) ;

– des saponosides triterpéniques (5 à 10 %) ;

– des composés aromatiques dont la quantité dépend du procédé de séchage.

Quelles sont ses indications ?

• Le maté est traditionnellement utilisé :

– en cas de fatigue, sensation de faiblesse,

– pour drainer les voies urinaires en cas de cystite bénigne en complément d’un traitement spécifique.

• En France, il est également traditionnellement utilisé pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques.

Quel est son mode d’action ?

• Son action antiasthénique est attribuée à la caféine : stimulante du SNC, elle améliore l’état de veille, les capacités motrices, le temps de réaction et les capacités intellectuelles, surtout lors d’état de fatigue prononcée.

• L’action diurétique serait due à la présence conjointe des flavonoïdes, de la théobromine, des saponosides et de la combinaison de la caféine avec l’acide chlorogénique.

• Par sa richesse en polyphénols, c’est un antioxydant puissant expliquant certains des effets démontrés chez l’animal : inhibition de la progression de l’athérosclérose, effet anti-inflammatoire, baisse du LDL-cholestérol, protection hépatique, réduction des troubles cardiovasculaires. Le maté s’oppose également à la glycation des protéines, suggérant un intérêt probable en cas de diabète.

• L’utilité du maté dans la prise en charge de la surcharge pondérale laisse encore des doutes même si plusieurs expériences montrent une augmentation de la lipolyse (caféine), une interaction avec le métabolisme du cholestérol (saponosides), une diminution de l’adipogenèse et de la différenciation des préadipocytes (acide chlorogénique). Le maté est également cholérétique.

• Il y a trop peu d’études cliniques utilisant le maté seul pour justifier son emploi comme aide à la perte de poids. Des études pilotes récentes tendent cependant à mettre en évidence une baisse de la masse grasse corporelle et du rapport taille-hanche.

Quelle est sa posologie ?

• Le maté s’emploie en infusion de 5 minutes :

– en cas de fatigue : 1 g (1 cuiller à café = 2 g) 3 fois par jour. Consulter si les symptômes persistent au-delà de 1 semaine de traitement ;

– pour drainer les voies urinaires : 2,5 g, 1 à 2 fois par jour. Consulter si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines de traitement.

• Eviter la prise après 16 h pour ne pas gêner l’endormissement.

Quels sont ses risques ?

• Le maté est contre-indiqué, en raison de la présence de caféine, en cas d’ulcère gastrique ou duodénal, de troubles cardiovasculaires (hypertension, arythmie) et d’hyperthyroïdie, également lorsqu’il est recommandé de limiter l’ingestion de liquides.

• Il est déconseillé chez les moins de 18 ans et en cas de grossesse et d’allaitement faute de données suffisantes.

• Son utilisation avec les IMAO doit être prudente. Les préparations contenant de la caféine réduisent l’activité sédative et augmentent les effets indésirables des médicaments sympathomimétiques.

Sources : ema.europa.eu ; J. Fleurentin, J.-C. Hayon, Les Plantes qui nous soignent, collection « Traditions et thérapeutique », Ed. Ouest-France, Rennes, 2007 ; S.Y. Kim, M.R. Oh, M.G. Kim et al, Anti-obesity effects of Yerba Mate (Ilex paraguariensis) : a randomized double-blind, placebo-controlled clinical trial, « Complementary and Alternative Medicine », 2015, 15: 338 ; M. Rombi, D. Robert, 120 Plantes médicinales, Ed. Alpen, Monaco, 2007 ; M. Wichtl, R. Anton, Plantes thérapeutiques, Ed. Tec et Doc, Paris, 2003.