Panoplie des applis - Le Moniteur des Pharmacies n° 3108 du 12/12/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3108 du 12/12/2015
 
OBJETS CONNECTÉS

Dossier

Auteur(s) : Chloé Devis

Ils nous alertent quand la fièvre ou la tension s’affole, vérifient que nous avons bien pris nos médicaments, dépistent une maladie vénérienne, une complication cardiaque, nous réapprennent à manger selon nos besoins, et même à respirer. Les objets connectés se mêlent de tout ce qui touche de près ou de loin à notre santé, et le phénomène n’est pas prêt de s’essouffler, suscitant moult débats sur leurs bénéfices réels, l’utilisation des données qu’ils génèrent et leur répercussion sur notre système de soins. Parce que les pharmaciens n’échapperont pas à cette révolution, autant la faire sans attendre dans les officines.

L’information est tombée le 30 novembre dernier. Allianz, l’un des leaders mondiaux de l’assurance, a signé un partenariat avec iHealth, un pionnier de la santé connectée. Dans le cadre de ce partenariat, Allianz France propose désormais à ses clients « Fid’Allianz » une réduction de 20 % sur les balances connectées, oxymètres de pouls, tensiomètres ou traqueurs d’activité de la gamme iHealth (voir Le Moniteur n° 3098).

Ce partenariat illustre le fait que la santé est l’un des principaux terrains de jeu de la « révolution connectée ». En permettant l’enregistrement automatique de données et leur partage instantané, les objets connectés tissent de nouveaux rapports entre le malade, sa pathologie et son traitement, mais aussi une nouvelle relation avec les soignants et plus globalement le système de soin.

Pour François Lescure, président de Médecin Direct et initiateur de la plate-forme de suivi des patients chroniques à l’officine Sympad, « on assiste à une demande d’autonomie croissante des individus en ce qui concerne la prise en charge de leur propre santé, assortie du besoin de disposer d’indicateurs fiables ». Cette tendance a d’abord porté le marché du « bien-être », avec à la clé l’envol des ventes de balances intelligentes et de traqueurs d’activité. De plus en plus nombreux sont cependant les industriels qui concentrent leurs efforts sur la prise en charge des patients. Les perspectives sont en effet considérables dans un condiv de rationalisation des parcours de soins sur fond de vieillissement des populations et d’explosion des maladies chroniques. Que ce soit en matière de dépistage, de prévention, d’observance, de suivi, les objets connectés sont porteurs de multiples promesses… mais aussi d’interrogations persistantes. C’est d’abord la question de l’ « utilité réelle » de ces appareils qui se pose, note Magali Léo, chargée de mission au CISS (Collectif interassociatif sur la santé). « Pour recommander ces objets, mais aussi pour envisager leur prise en charge alors que ce sont des produits plutôt onéreux, il faudrait pouvoir disposer de critères objectifs d’évaluation en termes de service médical rendu. » Or sur un marché foisonnant, seule une poignée bénéficient déjà du statut de dispositif médical, les autres répondant au mieux à une norme CE ou NF.

Accompagner les professionnels de santé est indispensable

Daniel Carré, secrétaire général du CISS, invite aussi au discernement : « La multiplication d’outils d’aide à l’observance ne doit pas dispenser d’une réflexion en amont autour des raisons du rejet d’un traitement par le patient », avertit-il. En aval, il met en garde autour d’une utilisation « non innocente » des mesures physiologiques une fois partagées, par des acteurs tels qu’assureurs, banquiers, employeurs… Reste que « les dispositifs connectés peuvent servir le progrès thérapeutique dans la mesure où ils sont bien préconisés et bien utilisés », reconnaît Daniel Carré. « L’enjeu réside moins dans la connexion elle-même, qui se banalise, que dans les comportements et usages liés à ces objets », renchérit François Lescure.

Eric Sebban, président de la société Visiomed à l’origine de la plate-forme d’objets connectés Bewell Connect, en est convaincu : « La condition pour faire adopter ces produits, qu’ils apportent une amélioration ou une innovation de rupture dans la prise en charge des patients, est double : leur simplicité d’utilisation, mais aussi le développement de services associés. »

Cette vision implique aussi l’accompagnement des professionnels de santé, et en premier lieu des pharmaciens, incités à faire des objets connectés de précieux alliés dans le domaine du dépistage et de la prévention, de l’observance ou de l’éducation thérapeutique… Sans oublier qu’« il s’agit là d’un vrai levier de croissance », souligne Xavier Bouhet, fondateur de Pharmaclinic, une plate-forme collaborative interdisciplinaire entre pharmaciens, médecins et établissements hospitaliers.

UNE SÉLECTION QUI VOUS VEUT DU BIEN

L’automesure

• Elu « objet connecté de l’année » dans la catégorie « santé » lors du Consumer Electronic Show 2015 – le Salon mondial de l’électronique grand public –, Align est le dernier-né de la gamme de dispositifs d’autosurveillance glycémique d’iHealth. Ses atouts ? Un format compact, la possibilité d’être branché directement sur un smartphone ou une tablette par la prise casque et d’afficher la mesure instantanément via son application. Quatre étuis de couleurs permettent de personnaliser l’objet qui est déjà disponible en pharmacie. Enfin, chaque boîte de bandelettes possède un QR code qui, une fois scanné, permet l’étalonnage des bandelettes, le suivi des quantités restantes et de leur date d’expiration.

Prix : 19,90 €.

• Vigilant a eu l’idée de connecter directement la seringue des diabétiques. Vigipen enregistre au moment de la piqûre le taux d’insuline et la quantité apportée, et transmet ces mesures au smartphone via Bluetooth. Une application les conserve dans un cahier de suivi numérique. L’outil fonctionne indifféremment avec des cartouches Vigipen rechargeables et de l’insuline en flacon. Sa date de commercialisation n’a pas encore été annoncée.

Prix : environ 200 €.

• Le tensiomètre M6 Confort IT, signé Omron, mise sur l’ergonomie. Connectable à Bi-Link, la plate-forme de gestion santé créée par la marque, l’appareil, disponible dans les officines, est équipé d’un brassard préformé disponible en deux tailles et doté d’un capteur 360° qui élimine toute contrainte de positionnement du brassard et garantit ainsi la fiabilité de la mesure. Il dispose aussi d’une fonctionnalité de suivi de l’hypertension matinale.

Prix : de 99 € à 109 €.

• Leader sur le créneau des thermomètres à technologie infrarouge, le Français Visiomed en a fait bénéficier son modèle connecté sans contact, MyThermo, primé au Trophée des Objets connectés 2014 et vendu en pharmacie. Outre le contrôle de la température du biberon ou du bain de son enfant, l’objet permet le suivi de l’évolution de la fièvre à la fréquence souhaitée avec possibilité de programmer un rappel, code couleur d’interprétation de la température et suivi de la courbe de température pour déterminer par exemple la période de fécondité idéale. L’appareil se connecte à la plate-forme d’interprétation médicale Bewell Connect.

Prix : 99 euros.

L’observance

• Lauréat des Tremplins de la Santé mobile 2015, Pill’Up prend la forme d’un bouton « intelligent » à coller sur l’emballage des médicaments. Synchronisé avec une application, le dispositif développé par Electronic Alliance aide le patient à identifier le (s) médicament (s) à prendre par un signal lumineux. La pression sur le bouton à chaque prise génère sa mémorisation, pour un suivi personnalisé et détaillé de l’observance.

Pill’Up sera commercialisé en avril 2016, notamment dans les pharmacies.

Prix : 19 euros.

• Après le pilulier Imedipac, c’est une coupelle à médicaments connectée que Medissimo vient de lancer, à destination des malvoyants. Imedicup veut favoriser leur autonomie à domicile en sécurisant la prise médicamenteuse. Enregistrées lors de la préparation du pilulier, les données de traitement du patient sont récupérées par Imedicup, synchronisée avec l’appli Medissimo. Celle-ci alerte le patient de l’heure d’une prise de médicament, et l’Imedicup va alors guider le patient vers le bon compartiment et transmettre l’information en Bluetooth. La coupelle, en vente à partir de début 2016 en pharmacie, émet également des signaux lumineux, sonores et vibratoires pour accompagner la prise.

Prix : 39 euros.

Prévention et sport

• La start-up montpelliéraine Innovzen ne manque pas d’air : elle entend nous réapprendre rien de moins qu’à respirer. Et ainsi à se préserver du stress. Lancé en octobre, O2 Chair se présente comme un « fauteuil d’assistance respiratoire » : lancé via une application, l’équipement concentre ses fonctions sur l’ensemble des mouvements respiratoires thoracoabdominaux afin de guider l’utilisateur vers une respiration plus consciente, plus profonde et plus lente dont les mouvement s’affichent sur le smartphone ou la tablette. Seul le prix coupe le souffle. Lancé en octobre, le produit cible les kinésithérapeutes, les hôpitaux, les centres de bien-être, les clubs de sports, mais aussi les entreprises ou les aéroports.

Prix de lancement : 7 990 € HT.

• De la musique douce dans les oreilles pour faire baisser le stress. Derrière l’apparente simplicité de l’idée, le casque Melomind, basé sur la méthode du neurofeedback, est le fruit de très sérieuses recherches menées par les cofondateurs de la start-up parisienne MyBrain Technologies en partenariat avec l’Institut de la moelle épinière et du cerveau. Disponible en magasin début 2016, l’appareil mesure l’activité cérébrale en temps réel et, via une application, diffuse une mélodie adaptée à l’« indice de relaxation » du sujet.

En prévente sur le site de la marque : 375 dollars.

• Un brossage des dents efficace passe par de bonnes habitudes que l’on n’apprend jamais tôt et qu’il est toujours temps de réapprendre… Partant de ce principe, la brosse à dents Kolibree, aussitôt allumée, se connecte à une application à la fois pédagogique et ludique conçue pour accompagner petits et grands pendant ce rituel, tout en enregistrant les données de brossage pour un meilleur suivi. Léger et facile à prendre en main, l’accessoire, déjà disponible en pharmacie, utilise la technologie à vibration sonique pour une meilleure élimination de la plaque dentaire.

Prix : 149 €

Dépistage

• Alternative de plus en plus prisée aux protections hygiéniques classiques utilisées lors des menstruations, la coupelle menstruelle pourrait recruter de nouvelles adeptes dans sa version « intelligente » développée par la start-up américaine Looncup. Elle n’est pas encore commercialisée. Connectée en Bluetooth à l’application associée, celle-ci permet un suivi de son cycle menstruel et de son flux. Et d’apporter des informations sur l’état de santé de l’utilisatrice comme le niveau de stress ou de fatigue, ou encore la présence d’un kyste ovarien. Et ce n’est que le début : par la suite, l’ajout de nouveaux capteurs devrait permettre la détection du diabète ou du cholestérol…

Prix estimé : 40 dollars.

• C’est du Pérou qu’est issue l’une des innovations les plus récompensées ces derniers mois : la bague de détection d’infections sexuellement transmissibles conçue par les équipes de Hoope sera disponible en pharmacie à une date encore non communiquée. Elle fonctionne avec une languette (consommable) de détection d’anticorps. Le test, indolore, porte sur les IST les plus fréquentes en attendant des développements autour d’autres maladies infectieuses comme le sida ou la malaria… Les résultats s’affichent instantanément via l’application, enrichie d’informations et de recommandations autour des pathologies concernées.

Prix estimé : 50 dollars.

Le suivi postopératoire

La pilule e-Celsius, développée par la société normande Bodycap, ne devrait pas avoir de mal à passer auprès des équipes hospitalières : elle permet en effet de surveiller la température interne du corps pendant et après une intervention chirurgicale afin de prévenir les infections postopératoires. La mesure de la température est effectuée en continu par radiofréquence et s’affiche en direct sur un écran de contrôle.

La pilule e-Celsius s’adresse également aux sportifs de haut niveau et aux travailleurs en milieu extrême car elle peut aussi bien détecter précocement un pic fiévreux que prévenir les risques de coup de chaleur. Commercialisée depuis quelques mois à destination des équipes sportives, elle s’apprête à décrocher le statut de dispositif médical pour pouvoir être vendue aux établissements hospitaliers. La température étant un des marqueurs des cycles circadiens, cette gélule peut être utilisée en chronobiologie, notamment pour un suivi continu de la température, pendant le sommeil et en chronothérapie pour optimiser l’heure de la prise du traitement.

Sept millions de patients atteints de maladies coronariennes sont équipés chaque année d’un stent, endoprothèse artérielle, permettant, entre autres, d’éviter une crise cardiaque chez certains patients. Le suivi est effectué selon un protocole standardisé avec des risques de complications mortelles. Le Français Instent a eu l’idée d’en développer une version connectée pour pouvoir fournir au médecin les informations clés afin d’adapter le traitement postopératoire aux besoins du patient. Selon la société, cette prise en charge personnalisée pourrait sauver des dizaine de milliers de vie chaque année. La mise sur le marché est prévue pour 2019.

La cosméto s’y met aussi

On devine aisément quelle a été la source d’inspiration de la start-up française Romy pour mettre au point Figure, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une machine à expresso. Grâce à elle, on peut se concocter des crèmes de beauté sur mesure. Connectée aux applis santé, elle compile des informations aussi diverses que le nombre de pas, les calories ingérées ou même les conditions météo auxquelles est soumise la peau. Reste à ajouter les capsules d’actifs recommandés à l’instant « t » aux bases hydratantes pour qu’une monodose de crème (ou de sérum) soit délivrée à la demande.

Prix : 590 € sur le site de la marque. Capsules : de 26 à 38 € l’étui de 28. Bases : 20 à 25 € le flacon de 30 ml.

Laurent Lefort

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