Comment les pharmaciens font face à l’arrivée des réfugiés - Le Moniteur des Pharmacies n° 3106 du 05/12/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3106 du 05/12/2015
 
ALLEMAGNE

Actualités

Auteur(s) : Hélène Mauduit

Toute l’Allemagne s’est mobilisée pour accueillir des centaines de milliers de réfugiés venus de Syrie, d’Iraq et d’Afghanistan. Les pharmaciens tentent de suivre.

Menée début novembre auprès des organisations régionales de pharmaciens (17 chambres régionales et 17 syndicats régionaux) par le Pharmazeutische Zeitung, le magazine du syndicat national ABDA, une enquête montre des pharmaciens engagés dans tous les Länder. Ils interviennent bénévolement dans les structures d’accueil, en appui des associations caritatives (lire encadré). Plusieurs chambres régionales ont organisé des collectes d’argent pour couvrir les achats, moins souvent des dons de médicaments. Et l’urgence prévaut pour les nouveaux arrivants, qui peuvent rester jusqu’à deux mois sans couverture sociale et sans existence administrative.

Pour les demandeurs d’asile enregistrés, la procédure devrait être plus huilée mais c’est loin d’être partout le cas et la trésorerie des officines peut être mise à contribution. Les pharmaciens délivrent gratuitement les médicaments en tiers payant intégral, comme le veut la loi. Mais ils peuvent avoir des difficultés à se faire rembourser par les bureaux d’aide sociale.

Des difficultés rencontrées dans la prise en charge

Dans beaucoup de Länder, comme en Schleswig-Holstein ou en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, des pharmaciens se plaignent de procédures floues ou d’instructions contradictoires ou complexes. Pour autant, cela ne freine pas la délivrance courante, comme montre l’enquête, mais, en cas de traitement très coûteux, les pharmaciens demandent une validation aux services sociaux avant d’engager la dépense.

En outre, un sondage, réalisé en octobre auprès de 260 pharmaciens par l’institut IFH de Cologne, montre que 40 % d’entre eux conseillent plusieurs fois par semaine des réfugiés dans leur officine et 10 % tous les jours. Les difficultés les plus souvent rencontrées par les officinaux concernent la langue et la traduction des notices de médicaments ainsi que les incertitudes sur les procédures de recouvrement des dépenses.

Les chambres régionales ont mis en ligne des questionnaires bilingues, en persan ou en arabe, et des séries de pictogrammes pour faciliter la communication.

Le bénévolat à l’œuvre

Comment prendre en charge 10 000 personnes qui arrivent chaque jour ? C’est le problème auquel est confrontée l’Allemagne depuis septembre. Malgré une organisation des soins chaotique (besoins sanitaires considérables, difficulté de langue), les associations (Croix-Rouge allemande, Caritas, Diakonie…) sont très actives ainsi que des médecins bénévoles comme Refudocs à Munich. Les associations régionales de pharmaciens et Pharmaciens sans frontières ont aussi apporté leur soutien pour la fourniture gratuite de médicaments. Mais la santé étant une compétence régionale, les situations sont très hétérogènes. Un examen de santé est en théorie obligatoire pour chaque arrivant mais il est souvent différé. On pare au plus pressé avec des dépistages de tuberculose et des vaccinations de base, souvent manquantes. Le spectre d’une épidémie de rougeole, comme celle de l’hiver 2014-2015 partie d’un foyer de réfugiés ou de grippe, hante les esprits. A Berlin, Caritas et ses bénévoles font face aux soins urgents sur le lieu principal d’enregistrement des réfugiés.

Le groupe hospitalier communal Vivantes fournit les médicaments gratuitement. « Nous recevons aujourd’hui 80 à 100 personnes par jour pour des soins urgents, certains ont dû interrompre un traitement chronique. Nous fournissons des médicaments de base contre le rhume ou la fièvre ou de l’insuline pour les diabétiques », témoigne Serah Çan, coordinatrice du centre. Car les soins aux réfugiés non enregistrés reposent uniquement sur le bénévolat. Une consultation médicale en ville est possible à partir du moment où la personne est dûment enregistrée et munie d’un bon retiré en mairie, le médecin ou le pharmacien étant payés par la mairie.

Pour alléger cette machine administrative pesante, une loi a été votée pour généraliser une carte de santé électronique. Brême et Hambourg l’appliquent depuis plusieurs mois. Pour les autres régions, la mise en œuvre pourrait prendre jusqu’à un an.

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