CES INGRÉDIENTS COSMÉTIQUES QUI CRÉENT LA POLÉMIQUE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3105 du 28/11/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3105 du 28/11/2015
 

Cahiers Formation du Moniteur

CONSEIL

LES CONSERVATEURS

« Le triclosan, c’est interdit, non ? »

Louis, 30 ans, déchiffre les formules de différents dentifrices, avant de faire son choix :

- Je suis surpris de trouver du triclosan dans certains d’entre eux… J’ai lu dans un magazine que cette substance était dangereuse pour la santé et l’environnement et qu’elle était interdite !

- Le triclosan est bien retiré des produits de rasage depuis octobre 2014, mais il reste autorisé à certaines concentrations dans de nombreux produits, dont les dentifrices.

Les conservateurs sont indispensables à tout produit cosmétique afin d’inhiber ou de prévenir une contamination microbienne, pendant sa fabrication, son stockage et son utilisation avec une sécurité maximale pour le consommateur.

LE TRICLOSAN

Qu’est-ce que c’est ?

• Le triclosan (nom courant et nomenclature INCI) est une substance organochlorée. Il est utilisé pour ses propriétés antifongiques et antibactériennes à large spectre.

• Son activité antibactérienne s’exerce par différents mécanismes : modification de la perméabilité membranaire bactérienne et inhibition de l’activité d’une enzyme intervenant dans la biosynthèse des acides gras de la bactérie.

Utilisations

Le triclosan est très présent dans les produits cosmétiques où il est utilisé comme agent de conservation et agent antimicrobien (également déodorant) dans les savons, les gels douche, les bains de bouche et dentifrices, les poudres pour le visage, les anticernes, certains produits de manucure…

Ce qu’on lui reproche

Ses effets sur la santé

• Bien qu’utilisé en application locale, des traces de triclosan sont retrouvées dans les urines, le sang ou le lait maternel, ce qui montre un passage systémique.

• Il est suspecté de favoriser le développement de résistances aux biocides et antibiotiques. Ces données issues d’études in vitro sont jugées insuffisantes par les autorités européennes de santé pour confirmer un tel risque et nécessitent des travaux supplémentaires.

• Des études sur modèles animaux ont montré un effet musculaire qui, s’il était transposé à l’homme, pourrait affaiblir la contraction du muscle squelettique et du muscle cardiaque. Aucune des études menées chez l’homme n’ayant confirmé ce risque, l’ANSM estime nécessaire une réévaluation du triclosan.

• Il pourrait être un promoteur de tumeur hépatique d’après une étude américaine menée chez la souris, mais la Food and Drug Administration (FDA) a jugé les preuves insuffisantes.

• Il pourrait être un perturbateur endocrinien, avec un effet sur la croissance des garçons à la suite d’une exposition maternelle. Il nuirait également à la fertilité et pourrait provoquer des malformations congénitales. En altérant le fonctionnement des hormones il favoriserait l’apparition de cancers.

Son action sur l’environnement

Le triclosan n’existe pas à l’état naturel. Sa présence dans l’environnement est entièrement due aux activités humaines. Son accumulation dans les eaux usées, sa dégradation par certaines substances comme le chlore à l’origine de produits plus toxiques que le triclosan lui-même ont des effets néfastes pour les organismes aquatiques.

Réglementation

• Le triclosan a fait l’objet de nombreuses réévaluations par les autorités européennes de santé ces dernières années.

• Depuis 2014, sa présence est interdite dans les produits de rasage en raison des microcoupures qui augmentent le risque de passage systémique, mais reste autorisé dans d’autres produits cosmétiques.

• La concentration maximale estimée sans risque pour la santé a été fixée par le CSSC à 0,3 % pour les préparations prêtes à l’emploi (dentifrices, déodorants hors spray, savons, gels douches, poudres pour le visage, fond de teint), et à 0,2 % pour les bains de bouche.

Substitution

Pour réduire les expositions au triclosan, de nombreux ingrédients sont proposés en substituts mais avec, pour certains d’entre eux, une innocuité à confirmer : parabènes, benzoate de méthyle, méthylisothiazolinone…

LES PARABÈNES

Qu’est-ce que c’est ?

• Les parabènes (et leurs sels) résultent de l’estérification de l’acide parahydroxybenzoïque. Ces conservateurs, les plus utilisés au niveau mondial, sont très présents dans de nombreux produits cosmétiques mais aussi dans les médicaments et dans l’alimentation.

• Ils constituent un groupe hétérogène de molécules qui se distinguent entre elles par un radical alkyle, dont la taille variable est à l’origine de leurs propriétés différentes. Obtenus par synthèse chimique, certains d’entre eux existent également en faible quantité à l’état naturel, comme le méthylparabène présent dans les fruits rouges, les carottes ou les oignons.

• Actifs sur les levures, les moisissures et les bactéries, ils sont souvent associés entre eux. Leur mécanisme d’action n’est pas entièrement élucidé : ils perturberaient la respiration cellulaire, le transport des électrons et les systèmes enzymatiques d’oxydation des micro-organismes sur la membrane auxquels ils se fixent.

• Les molécules les plus utilisées sont le méthylparaben, l’éthylparaben, le propylparaben, le butylparaben (nomenclature INCI).

Utilisations

Les parabènes ont un large spectre d’activité et une bonne tolérance cutanée. Ils sont présents dans près de 80 % des produits cosmétiques tels que les nettoyants corporels, les soins capillaires, les soins corporels hydratants, les soins après-rasage ou le maquillage.

Ce qu’on leur reproche

Leurs effets sur la santé

• Les parabènes sont absorbés au niveau de la peau, absorption qui serait favorisée par la longueur de la chaîne alkyle, du fait d’une plus grande liposolubilité. Leur élimination est principalement urinaire.

• Les principales craintes concernent des effets néfastes sur la fertilité et des risques de cancer à la suite d’usages répétés et à long terme.

• Dès 1998, des études ont mis en évidence une capacité de liaison des parabènes aux récepteurs œstrogènes, mais avec une affinité 10 000 à 2 500 000 fois plus faible que la molécule naturelle, le 17-bêta-œstradiol. Cette affinité œstrogène augmente avec la longueur de la chaîne alkyle.

• La polémique établissant un lien possible entre parabènes et cancers du sein chez des utilisatrices de certains déodorants, a été provoquée par des publications, mettant en évidence la présence de ces parabènes dans la graisse de carcinomes mammaires, mais les preuves furent jugées insuffisantes.

• Les nombreuses études de toxicité effectuées sur animal après exposition per os, n’ont pas permis de confirmer un effet néfaste sur la fertilité mâle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer la toxicité de certains esters comme les propyl- ou butylparabènes.

• Si des études plus récentes laissent supposer un tel lien, on ne peut encore affirmer cet effet perturbateur endocrinien dans la carcinogenèse.

Réglementation

• Le CSSC a confirmé en 2014, l’innocuité des méthyl- et éthylparabènes dans les produits cosmétiques lorsqu’ils sont utilisés dans les limites des concentrations autorisées : soit 0,4 % pour un ester, 0,8 % pour un mélange d’esters.

• L’utilisation des propyl- et butylparabènes est maintenue mais en réduisant à 0,14 % la somme de leurs concentrations individuelles, qu’ils soient utilisés seuls ou en mélange. Ces deux esters sont interdits dans les produits sans rinçage destinés à être appliqués sur la zone de siège des enfants de moins de 3 ans, en raison d’un risque élevé de pénétration cutanée sur une peau irritée ou sous occlusion.

• Les parabènes à longue chaîne (isopropyl-, isobutyl-, pentyl-, phényl- et benzylparabènes) sont interdits.

LE PHÉNOXYÉTHANOL

Qu’est-ce que c’est ?

Le phénoxyéthanol (nomenclature INCI) est un éther de glycol, dérivé de l’éthylène glycol. Il comprend un noyau benzénique et une fonction alcool principalement responsable de ses effets.

Utilisations

• Préparé par synthèse chimique, le phénoxyéthanol est présent à l’état naturel dans la chicorée ou le thé vert.

• Il fait partie des conservateurs les plus utilisés, seul ou associé à d’autres conservateurs dans des produits tels que lotions pour enfants, lingettes nettoyantes, crèmes, gels, shampooings ou dentifrices.

Ce qu’on lui reproche

• Selon les tests réalisés in vitro et sur modèle de peau humaine, le phénoxyéthanol traverse très facilement la barrière cutanée ; son absorption est de 40 % pour les produits rincés, à 80 % pour les produits non rincés. Il est essentiellement métabolisé par le foie et son élimination est urinaire.

• En 2008, il a été demandé à l’ANSM une évaluation de certaines substances entrant dans la composition des échantillons distribués dans les maternités en post-partum. Devant les divergences de données concernant le phénoxyéthanol, l’ANSM a publié en 2012 un rapport spécifique d’évaluation. Ce rapport souligne que le phénoxyéthanol :

- n’est ni irritant, ni sensibilisant pour la peau,

- peut provoquer une irritation oculaire de modérée à sévère

-ne semble pas être génotoxique mais pourrait avoir un effet néfaste sur la reproduction et le développement chez l’animal à fortes doses.

Ces effets, constatés chez l’animal, n’ont pas été rapportés chez l’homme.

Réglementation

• La concentration maximale de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques est actuellement fixée à 1 %. Toutefois l’ANSM recommande de ne plus utiliser de phénoxyéthanol dans les produits destinés au siège pour les enfants de moins de 3 ans (lingettes pour bébé), et en réduire la concentration à 0,4 % dans les autres produits pour enfants.

• En attendant une prise de position de la Commission européenne, au niveau de laquelle la question a été soulevée, les produits contenant jusqu’à 1 % de phénoxyéthanol restent actuellement tous disponibles sur le marché français.

LES MIT ET MCIT

La méthylisothiazolinone (MIT) et la méthylchloro-isothiazolinone (MCIT) sont de puissants biocides et conservateurs issus du groupe des thiazolinones. Ils sont utilisés en particulier en mélange MIT/MCIT dans la proportion de un tiers pour une plus grande efficacité à faible dose.

Utilisations

• Le méthylisothiazolinone a été introduit dans les produits cosmétiques en remplacement de certains parabènes jugés dangereux pour la santé.

• On le trouve dans des produits destinés aux adultes et aux enfants : lingettes, laits corporels, gels douche, soins pour le visage…

Ce qu’on leur reproche

• Allergène, le MIT a fait l’objet en octobre 2014 d’un communiqué de la Société française de dermatologie s’alarmant d’une augmentation significative de cas de sensibilisation à la molécule ces dernières années (multipliée par 3 entre 2010 et 2012).

• Le MIT est un sensibilisant fort. Plusieurs publications signalent l’apparition, en particulier chez les jeunes enfants, de lésions de type eczéma au niveau du visage ou du siège ou de dermatite de contact chez les esthéticiennes.

• Le MCIT, moins allergisant, n’est utilisé qu’en association avec le MIT.

Réglementation

La Commission européenne a recommandé, en septembre 2014, une interdiction du mélange MIT/MCIT dans les produits sans rinçage ou les laits corporels. Elle autorise une concentration maximale à 0,0015 % dans un mélange à 1/3, pour les produits rincés (shampooing, gel douche…). Ces mesures sont applicables depuis juillet 2015.

LES FILMOGÈNES ET TENSIOACTIFS

« Etre allergique au baume du Pérou ? »

Lola, 16 ans :

- A chaque fois que j’utilise ce stick labial, j’ai des plaques rouges avec des picotements autour des lèvres.

- Je vois que ce produit contient du baume du Pérou, le saviez-vous ?

- Oui, mais je pensais qu’en choisissant un produit naturel, il n’y aurait pas de problème…

- Le baume du Pérou peut être allergisant, responsable d’eczéma de contact. Signalez cette allergie et évitez les produits qui en contiennent.

LES FILMOGÈNES

Ils ont pour rôle de limiter la déshydratation en formant un film continu à la surface de la peau, du cheveu ou de l’ongle.

Le baume du Pérou

Qu’est-ce que c’est ?

• Le myroxylon pereiraeresin (nomenclature INCI) ou baume du Pérou est une oléorésine issue de l’exsudat d’écorce d’un arbre originaire du San Salvador, Myroxylon balsamum (L.) Hams var. pereirae.

• Il est composé de 30 à 40 % de résines épaisses et de 60 à 70 % d’huiles essentielles, mais les trois quarts de ses constituants ne sont pas connus.

• Il se caractérise par une odeur de vanille, d’huile de rose, de cannelle et de clou de girofle. Cette fraction aromatique est un mélange complexe d’esters phénoliques (benzoate de benzyle, cinnamate de benzyle, benzoate de coniféryle…), d’acides phénoliques (acide benzoïque, acide cinnamique…), de sesquiterpénols (nérolidol, farnésol…).

Utilisations cosmétiques

• C’est un agent filmogène et un agent masquant dans la formulation de nombreux produits cosmétiques parfumés : soins nettoyants, lotions capillaires, émollients, dentifrices, rouge à lèvres, produits solaires…

• Ses propriétés réparatrices et anti-inflammatoires sont utilisées dans le traitement des peaux irritées, des brûlures légères, des gerçures ou des crevasses. Il est également employé sous la forme d’absolue dans les notes de fond de parfums orientaux et poudrés.

Ce qu’on lui reproche

• Principalement :

- des lésions urticariennes, non immunologiques,

- un eczéma de contact allergique par la présence d’allergènes forts comme le benzoate de coniféryle ou l’acide cinnamique et ses dérivés.

• Des réactions croisées sont possibles avec la colophane, la propolis, la teinture de benjoin ou l’arbre à thé.

Recommandation

En raison de son potentiel allergisant, l’ANSM préconise une concentration maximale en baume de Pérou de 0,4 % dans les produits cosmétiques finis.

La colophane

Qu’est-ce que c’est ?

• Le colophonium (nomenclature INCI), ou colophane, est une substance naturelle solide issue de différents conifères et obtenue après distillation de leur résine, la térébenthine.

• Sa composition varie selon le mode d’extraction, l’espèce de pin et l’origine géographique de ce dernier. Elle comprend environ 90 % d’acides résiniques diterpéniques (abiétique et pimarique) et 10 % d’un mélange d’alcools diterpéniques, de sesquiterpènes, d’aldéhydes, d’hydrocarbures.

• Afin d’améliorer certaines qualités techniques (de coloration ou de cristallinité), la colophane peut subir des modifications chimiques par estérification, hydrogénation, dismutation…

Utilisations cosmétiques

Utilisée comme agent filmogène, on la trouve dans la composition de fards à cils waterproof, ombres à paupières, rouges à lèvres et vernis à ongles nacrés… Les cires à épiler, pour la plupart constituées de cire d’abeille et de corps gras, contiennent de la colophane (ou ses produits dérivés) pour ses propriétés adhésives.

Ce qu’on lui reproche

• Ce sont essentiellement des eczémas allergiques au niveau des zones de contact : paupières, visage, mains. Certaines professions y sont plus exposées comme celles de l’esthétique.

• Les allergènes mis en cause dans la colophane non modifiée sont principalement les produits d’oxydation des acides abiétique et déhydroabiétique. Les colophanes modifiées les plus allergisantes sont celles comprenant de l’acide maléopimarique (allergène fort).

Réglementation

• La colophane est mentionnée sur l’emballage des produits cosmétiques mis sur le marché dans l’Union Européenne, lorsque sa concentration est supérieure à 1 %. Le risque de sensibilisation cutanée est également signalé.

• Elle peut être mentionnée sous ses différentes formes : abietic acid, abietyl alcohol, rosin acrylate (dénominations INCI)…

LES TENSIOACTIFS

Ils modifient la tension superficielle entre deux surfaces, permettant le mélange de substances a priori non miscibles grâce à leurs propriétés moussante, mouillante, dispersante, émulsifiante ou détergente.

Les esters de PEG

Qu’est-ce que c’est ?

Les PEG sont des ingrédients cosmétiques dérivés du polyéthylène-glycol. Ils sont obtenus par éthoxylation d’une matière première de base synthétique (ex. : propylène glycol) ou naturelle (ex. : huile de ricin) par ajout d’un nombre plus ou moins important de monomères d’éthylène glycol (-O-CH2-CH2-O-) sur une chaîne carbonée. Plus ce nombre est important, plus la molécule est volumineuse. Selon la nomenclature INCI, chaque dérivé est caractérisé par le sigle PEG suivi d’un chiffre correspondant au nombre de moles d’oxyde d’éthylène (ex. PEG-8), mais selon l’usage commun ce nombre peut représenter le poids moléculaire moyen en oxyde d’éthylène (ex. PEG 400).

Utilisations cosmétiques

Ils sont très présents dans les produits cosmétiques. Les PEG de poids moléculaire inférieur à 500, de forme liquide, sont utilisés comme agents humectants (cas du PEG-8 ou PEG 400). Leurs esters sont largement utilisés comme agents tensioactifs émulsifiants dans les gels douche, shampooings, mousse à raser ou dentifrice.

Ce qu’on lui reproche

• Il s’agit principalement du procédé d’obtention des PEG, avec l’utilisation d’oxyde d’éthylène, gaz très réactif suspecté d’être cancérigène, sous des températures et de pressions extrêmes.

• Les produits à base de PEG pourraient contenir de faibles quantités résiduelles de 1,4-dioxane. Une exposition à de fortes concentrations de ce sous-produit d’éthoxylation pourrait être à l’origine de cancer ou de lésions rénales sur animal.

• Ces macromolécules, difficilement biodégradables, éliminées par les canalisations, sont néfastes pour l’environnement.

Recommandation

Si, selon les autorités de santé, les PEG présentent une faible toxicité sur peau saine, certains PEG, en améliorant la perméabilité cutanée, faciliteraient le passage de substances potentiellement nocives. Mieux vaut ne pas les utiliser sur une peau lésée.

Le lauryl sulfate de sodium

Qu’est-ce que c’est ?

• Le sodium lauryl sulfate (nomenclature INCI) est un sulfate de sodium et de dodécyle obtenu par sulfonation de l’alcool laurique ou dodécanol (dérivé de noix de coco ou d’huile de palmiste).

• C’est un agent tensioactif anionique caractérisé par un fort pouvoir détergent, également très utilisé pour ses grandes propriétés émulsifiante et moussante.

Utilisations cosmétiques

Il entre dans la composition de nombreux produits cosmétiques nettoyants : savons, gels, shampooings, dentifrices.

Ce qu’on lui reproche

• Ses effets très irritants sur la peau et les yeux s’expliquent par une altération des protéines et des lipides membranaires, entraînant une déshydratation avec une sensation de picotement et de tiraillement. Des lésions buccales ou des ulcères aphteux sont souvent rapportés. Il peut être également responsable de réactions de sensibilité allergique avec rougeurs et œdème.

• En modifiant l’intégrité de la barrière cutanée, il peut favoriser le passage de molécules nocives pour l’organisme.

• A noter : le laureth sulfate de sodium est le dérivé éthoxylé du lauryl sulfate de sodium. Ses propriétés et ses effets néfastes sont ceux des PEG. Il est utilisé comme agent moussant et détergent dans des shampooings ou gels douche.

Recommandation

En raison de son caractère irritant, il est conseillé d’éviter l’utilisation de produits lavants sur une peau fragile, lésée ou atopique. Sur une peau saine, il est important d’effectuer un rinçage minutieux.

LES SUBSTANCES PARFUMANTES

« C’est parfumé avec quoi ? »

Julie, 30 ans et enceinte de 3 mois :

- Je réagis à certains produits de soins parfumés, une rougeur… Pourquoi n’est-il pas possible de connaître la nature du parfum dans la formule de ces produits ?

- Le fabricant n’est pas tenu de désigner les molécules parfumantes de son produit, sauf si elles font partie de la liste des substances allergènes. Privilégiez les formulations cosmétiques simples et bien sûr sans parfum.

Plus de 2 500 ingrédients sont utilisés pour parfumer nos produits de consommation courante (détergents, produits ménagers, cosmétiques…). Plus de 10 % des personnes consultant pour une allergie de contact présentent des signes cliniques d’une allergie aux substances parfumantes.

CE QU’ON LEUR REPROCHE

• La concentration en substances parfumantes dépend de la forme et de la fonction des produits de soins ou d’hygiène : de 0,5 à 1,5 % pour un déodorant, de 0,1 à 1 % pour une crème visage, de 0,05 à 0,2 % pour une lotion visage…

• Ces molécules peuvent être à l’origine de réactions diverses :

- irritations (érythème, éruptions cutanées) ;

- réactions d’hypersensibilité immédiate ou retardée (eczéma, érythème, prurit, œdème) pouvant s’accompagner de signes généraux (malaise, fatigue, difficulté respiratoire)

- réactions de photosensibilisation. Ces réactions apparaissent généralement sur les zones de contact du produit cosmétique parfumé sur la peau, mais elles peuvent dans certains cas d’allergie importante se manifester à distance de la zone d’application après passage sanguin.

LES MOLÉCULES INCRIMINÉES

• Les substances parfumantes, potentiellement allergisantes, sont de natures diverses.

• Leur origine peut être synthétique ou naturelle. Elles ont pour la plupart des groupements communs (alcools, aldéhydes, cétones, esters, phénylesters…) pouvant intervenir dans un mécanisme de sensibilisation. Ces molécules, généralement petites, sont susceptibles de passer plus facilement à travers l’épiderme pour induire une réaction allergique de contact. Certains ingrédients peuvent également se modifier sous l’action de l’air ou de la lumière et devenir hypersensibilisants.

• 26 substances parfumantes sont déclarées potentiellement allergiques par les autorités européennes de santé.

RÉGLEMENTATION

• Les termes génériques de « parfum », sans dénomination exacte ni concentration des différents constituants, figurent généralement en fin de liste des ingrédients des produits cosmétiques parfumés.

• Toutefois, les 26 substances déclarées allergisantes doivent obligatoirement figurer dans la liste des ingrédients dès qu’elles sont présentes à plus de 0,01 % dans les produits à rincer et à plus de 0,001 % dans les produits sans rinçage.

• Une mise à jour de cette réglementation par la Commission européenne, pourrait voir une interdiction en parfumerie de l’atranol, du chloroatranol (dérivés de mousse de chêne et de d’arbre) et du Lyral, responsables d’allergies de contact. La liste des 26 allergènes pourrait également passer à une centaine (voir ci-dessous).

LES AGENTS DE COLORATION

« Interdit aux moins de 16 ans ? »

Mathilde, 14 ans :

- Cette coloration « noir ébène » me plaît beaucoup !

- Je ne peux malheureusement pas vous la conseiller… Elle est contre-indiquée avant 16 ans.

- Pour un colorant capillaire ? C’est vraiment n’importe quoi…

- Voyez : c’est inscrit sur l’emballage. C’est à cause de la présence de paraphénylène-diamine qui peut provoquer des allergies sévères.

LA PARAPHÉNYLÈNE-DIAMINE (PPD)

Qu’est-ce que c’est ?

• La PPD est une amine aromatique incolore dérivée du goudron de houille et qui a la propriété de noircir après oxydation. Elle est utilisée comme base primaire colorante dans la coloration permanente du cheveu.

• Elle est également utilisée dans la coloration de textiles, dans l’imprimerie, l’industrie des matières plastiques, du caoutchouc, des pesticides…

Ce qu’on lui reproche

• C’est un puissant allergène, à l’origine des principales allergies causées par les teintures capillaires. Les réactions de sensibilisation sont sévères et se manifestent par un eczéma de contact plus ou moins généralisé, des plaques rouges, de petites vésicules, des démangeaisons.

• Quelques rares effets anaphylactiques nécessitent une hospitalisation. Des cas d’asthme ont également été rapportés.

Allergies croisées

Les allergies croisées sont fréquentes et possibles avec des colorants azoïques, des sulfamides, des anesthésiques locaux, les écrans solaires contenant des dérivés du PABA (acide p-amino benzoïque) et d’autres colorants capillaires tels que les PTD (p-toluène diamine), ONPPD (O-nitro-p-phénylène-diamine) ou le p-aminophénol.

Réglementation

• D’abord interdite en raison d’accidents de méthémoglobinémie, elle est actuellement autorisée dans les teintures capillaires, à la concentration maximale de 6 %.

• L’étiquetage réglementaire mentionne la présence de diaminobenzènes et les conditions d’utilisation. Il précise également que ces colorants capillaires à base de PPD ne doivent pas être utilisés sur les personnes de moins de 16 ans, ni sur les sourcils ou les cils.

L’AMMONIAQUE

Qu’est-ce que c’est ?

• L’ammoniaque est utilisé dans les colorations capillaires pour ses propriétés alcalines et réductrices : il favorise la pénétration des colorants dans la tige pilaire en ouvrant les écailles du cheveu et il crée un milieu alcalin nécessaire à l’activité du peroxyde d’hydrogène (agent oxydant décolorant).

• L’ammoniaque intervient aussi dans la décoloration du cheveu ainsi que dans les opérations de lissage et de défrisage.

Ce qu’on lui reproche

• C’est un produit caustique, irritant cutané. Il dénature le cheveu en ouvrant les écailles.

• C’est un irritant oculaire et respiratoire, notamment par les vapeurs, à l’odeur caractéristique, dégagées lors du mélange ammoniaque/peroxyde d’hydrogène.

Réglementation

• La concentration maximale autorisée pour les produits capillaires est de 6% (étiquetage obligatoire à partir de 2 %).

• L’ANSM recommande de manipuler les produits capillaires ammoniaqués dans une atmosphère ventilée et d’effectuer à chaque fois le test d’essai préconisé par le fabricant.

LES FILTRES ULTRAVIOLETS

« Une crème solaire non polluante »

Jean, 25 ans, part en Australie.

- Je vais faire de la plongée sous-marine. Je recherche une crème solaire qui ne soit pas toxique pour les coraux.

- Il n’y a pas de liste exhaustive, le plus simple est de rechercher une crème spécifiée sans perturbateur endocrinien, nocif pour les coraux. C’est le cas des crèmes avec filtres minéraux. Il existe désormais des écrans solaires spécifiquement formulés pour préserver les coraux.

LES FILTRES ORGANIQUES

Ce sont des molécules cycliques pouvant absorber certaines longueurs d’onde du spectre lumineux. Leur efficacité dépend de leur zone d’absorption : filtres à spectre étroit capables d’absorber dans les UVB et filtres à spectre large actifs jusque dans les UVA.

Réactions locales

• Les filtres solaires organiques sont connus pour être à l’origine de certaines réactions cutanées : irritation, dermatite allergique de contact ou réaction de photosensibilisation. La répétition (recommandée) des applications est un facteur d’augmentation de ces risques. Parmi les filtres incriminés, sont cités la benzophénone-3 (ou oxybenzone), le 4-méthylbenzylidène camphre (4-MBC) et les dérivés de l’acide para-aminobenzoïque (PABA).

• Jusqu’à présent considéré comme bien toléré, l’octocrylène a été mis en cause dans plusieurs publications récentes, pour des réactions d’eczéma de contact, en particulier chez les jeunes enfants, et pour des réactions de photosensibilisation chez des adultes ayant également développé une photoallergie au kétoprofène. Ceci bien qu’il n’existe aucune parenté chimique entre les deux molécules.

Effets systémiques

• La pénétration transcutanée des filtres dépend de l’état de la peau, de l’âge du sujet et de la nature du filtre : elle est plus importante sur une peau lésée ou chez le nourrisson ou avec une molécule lipophile. Si elle n’est pas montrée pour le Méroxyl, le Tinosorb (ou bemotrizinol) ou l’octocrylène, elle semble très significative pour la benzophénone-3, le 4-méthylbenzylidène camphre (4-MBC) et le 3-benzylidène camphre (3-BC).

• Des études effectuées sur modèles animaux ont mis en évidence un effet perturbateur endocrinien principalement pour le 4-MBC et le 3-BC. La benzophénone-3 a été classée parmi les perturbateurs endocriniens à la suite d’études montrant une faible activité sur les récepteurs œstrogènes alpha in vitro.

Effets environnementaux

• La majeure partie des crèmes de protection solaire étant éliminée au cours de la toilette ou de la baignade, une quantité importante de ces produits se retrouve dans l’environnement : eaux usées, sédiments, océans.

• Plusieurs études mettent en évidence un effet toxique par effet perturbateur endocrinien de certains filtres solaires sur l’écosystème marin, en particulier sur les poissons et les coraux. Parmi les filtres incriminés : la benzophénone-3 ou le 4-MBC.

Réglementation

• Les filtres organiques font partie de l’annexe VI des filtres ultraviolets admis dans les produits cosmétiques. Cette liste « positive » établie par la Commission européenne est en constante évolution en fonction de nouvelles données de sécurité. C’est ainsi qu’une modification de l’annexe a supprimé en juillet 2015 le 3-benzylidène camphre de la liste des filtres UV admis. D’autres molécules sont en cours de réévaluation par l’Agence nationale du médicament et des produits de santé : l’octocrylène, le 4-méthylbenzylidène camphre ou la benzophénone-3.

• Pour l’oxybenzone, la mention « contient : benzophénone-3 » est obligatoire si la concentration utilisée est > 0,5 %.

LES FILTRES NON ORGANIQUES

Filtres minéraux

• Le dioxyde de titane (titanium dioxide en nomenclature INCI ou TiO2) est un filtre UV minéral présent dans les produits de protection solaire inscrit dans la liste des filtres UV autorisés du règlement « Cosmétiques ».

• L’oxyde de zinc (zinc oxide en nomenclature INCI ou ZnO), qui fait partie de la liste des colorants admis pour les produits cosmétiques, est souvent associé au TiO2 pour renforcer son action.

• Ces filtres agissent en réfléchissant et en dispersant les rayons UV. Ils ont longtemps été utilisés comme alternative aux filtres organiques, en particulier chez les jeunes enfants, en raison de leur absence de toxicité. Peu allergisants, ils ne passent pas la barrière cutanée à cause de leur grande taille moléculaire et ils sont photostables. Leur principal inconvénient est cosmétique, lié au pouvoir de réfraction élevé, responsable d’un effet « blanc » peu esthétique sur la peau, en plus d’une galénique peu fluide. Afin d’y remédier, ces filtres minéraux sont le plus souvent présentés sous forme de nanoparticules qui font actuellement l’objet de nombreuses polémiques.

Nanoparticules

• Les définitions de nanoparticules ou nanomatériaux sont nombreuses. Pour le règlement « Cosmétiques », un nanomatériau est un matériau insoluble ou biopersistant, d’une dimension de 1 à 100 nm. A titre comparatif, un brin d’ADN mesure 2 nm.

• Les interrogations des utilisateurs concernent l’absorption cutanée de ce type d’ingrédient. Les suspicions portent sur de possibles modifications du système immunitaire ou du matériel génétique, ou sur la formation de radicaux libres sous l’action des UV (effet photocatalytique).

• Afin de limiter la photocatalyse, les particules sont généralement enrobées d’hydroxyde d’aluminium. Les études d’absorption, publiées dans un rapport de l’ANSM en 2011, montrent une absorption cutanée sur peau saine, ne dépassant généralement pas la couche cornée. Les données de génotoxicité et de cancérogenèse sont encore limitées.

Recommandations

• Les nanoparticules utilisées à la concentration de 25% maximum dans les produits de protection solaire — règlement CE n° 1223/2009— (voir ci-dessus) sont considérées sûres sur une peau intacte.

• L’ANSM recommande de ne pas utiliser de produit cosmétique contenant des nanoparticules sur une peau lésée ou à la suite de coup de soleil ou sur le visage ou dans un local fermé en cas d’utilisation de spray aérosol.

• Depuis 2013, les règles d’étiquetage du règlement « Cosmétiques » obligent les fabricants à indiquer la présence de nanoparticules dans la liste des ingrédients cosmétiques. Exemple : titanium dioxyde [nano].

LES SELS D’ALUMINIUM

« La pierre d’alun, c’est de l’aluminium? »

Mme L. utilise depuis plusieurs années la pierre d’alun comme produit déodorant.

- Il paraît que la pierre d’alun, c’est aussi de l’aluminium !

- La pierre naturelle que vous utilisez est un alun de potassium, elle contient effectivement des sels d’aluminium et de potassium. -Et moi qui pensais qu’avec ce produit naturel je ne risquais rien !

- Il est admis que les formes d’aluminium de la pierre d’alun ne passent pas à travers la peau. A ce jour, aucune étude scientifique n’a montré l’existence d’une telle absorption, mais évitez de l’utiliser sur une peau lésée, surtout après le rasage des aisselles.

Plus de 25 ingrédients à base de sels d’aluminium sont utilisés dans les produits cosmétiques. Parmi ces produits, les déodorants et les antitranspirants sont une source de préoccupation sanitaire en raison d’une exposition quasi quotidienne et à des concentrations relativement élevées en aluminium.

QU’EST-CE QUE C’EST ?

• Les sels d’aluminium sont utilisés dans les antitranspirants pour leur action astringente et leur capacité à interagir avec la kératine et la sueur pour former des agrégats qui obstruent la lumière des canaux sudoripares. Ceci permet une réduction de la sécrétion de la sueur à la surface de la peau. Ils ont aussi une action antiseptique par libération d’ions H+ en milieu acide.

• Les principaux sels utilisés sont le chlorhydrate (le plus fréquent), le capryloylglycine, le sulfate (sous forme de sulfate double d’aluminium et de potassium) ou le sesquichlorohydrate.

• Les sels d’aluminium sont également présents dans de nombreux produits cosmétiques : les produits de rasage (alun de potassium apaisant, hémostatique), les fonds de teint, les rouges à lèvres (oxyde d’aluminium, agent de support des laques de colorants), les produits de maquillage pour les yeux (magnésium aluminium silicate, épaississant), les crèmes de soins (aluminium sulfate, astringent), les dentifrices (oxyde d’aluminium, abrasif)…

CE QU’ON LEUR REPROCHE

• Le caractère irritant de l’aluminium est insuffisamment étudié chez l’animal.

• Des études décrivent des cas d’irritation cutanée apparaissant à la suite d’utilisation de cosmétiques à forte concentration en sels d’aluminium chez l’homme. Les antitranspirants, contenant en particulier des composés chloro-aluminiques, pourraient provoquer une irritation cutanée en libérant de l’acide chlorhydrique.

• La confirmation d’un tel risque nécessite des études complémentaires. Les réactions de sensibilisation par contact sont rares.

POLÉMIQUES

Absorption cutanée

• Actuellement peu documentée, elle est considérée comme faible. Une étude in vitro sur peau humaine a été effectuée en 2011 à la demande de l’ANSM. L’application de trois formulations d’antitranspirants contenant 20 % de chlorhydrate d’aluminium (aérosol, bille et stick) a mis en évidence une absorption de 0,5 % sur peau saine et de 18 % sur peau lésée.

• On sait par ailleurs qu’il existe une toxicité systémique (neurotoxicité, atteinte osseuse, anémie), observée chez les insuffisants rénaux exposés de manière chronique à l’aluminium ou les prématurés alimentés par voie parentérale. Un risque de toxicité ne peut donc être exclu lors d’applications cutanées.

Relations avec le cancer du sein

• De nombreuses publications scientifiques ont établi une relation entre l’usage d’antitranspirants contenant des sels d’aluminium et l’apparition de cancers du sein. En faveur de cette hypothèse, sont évoquées : la localisation de ces cancers, proche de la zone d’application des antitranspirants, l’action œstrogène de l’aluminium sur la lignée de certaines cellules tumorales mammaires, ainsi que la progression parallèle entre les ventes d’antitranspirants et le nombre de cancers du sein.

• Cette relation est contestée par plusieurs institutions. Aucun lien de causalité entre l’utilisation de produits antitranspirants et l’apparition de cancer du sein n’a pu être établi à ce jour.

Données actuelles

• Une réévaluation du risque pour la santé humaine, lié à la présence de l’aluminium dans les produits cosmétiques (rouge à lèvres, dentifrices et en particulier antitranspirants), a été publiée en mars 2014 par le Comité scientifique pour la sécurité des produits des consommateurs (CSSC).

• Selon cet avis :

- rien n’indique que l’aluminium présent dans ces cosmétiques serait cancérigène et il n’existe pas de preuve montrant que l’utilisation de ces cosmétiques puisse augmenter le risque de cancer du sein. Des liens avec la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou d’autres maladies neurodégénératives ont aussi été écartés ;

- les données actuelles sont insuffisantes, notamment celles concernant l’absorption. Une étude sur l’exposition humaine dans les conditions normales d’utilisation des produits cosmétiques, en particulier des antitranspirants, doit être réalisée. Elle doit tenir compte d’autres sources d’exposition à l’aluminium, en particulier environnementales.

RÉGLEMENTATION

A ce jour, les ingrédients composés d’aluminium ne sont soumis à aucune restriction de concentration, à l’exception de ceux à base d’hydroxychlorure d’aluminium et de zirconium anhydre, responsables d’une plus forte exposition à l’aluminium et pour lesquels la réglementation limite une teneur maximale de 20 % dans la composition des produits cosmétiques. De plus, le zirconium est suspecté de provoquer l’apparition de granulomes dermiques ou pulmonaires.

RECOMMANDATIONS

• Selon les données des laboratoires industriels, la teneur en sels d’aluminium est de l’ordre de 20 % pour les antitranspirants, soit 5 % en aluminium. Ces concentrations varient en fonction de la galénique : en moyenne 5 % en sels d’aluminium pour les sprays, 15 % pour les billes, 20 % pour les sticks.

• Afin de protéger le consommateur des effets liés aux risques systémiques, l’ANSM propose une restriction de concentration en aluminium à 0,6 % dans les produits antitranspirants.

• Elle préconise également de n’utiliser aucun produit contenant de l’aluminium sur une peau lésée par rasage, épilation ou microcoupures dans les 48 heures précédant l’application.

• L’application doit également être faite sur une peau parfaitement sèche, l’humidité locale favorisant la formation d’acides irritants. C’est la raison pour laquelle les sels d’aluminium sont souvent associés à des régulateurs de pH ou à des actifs adoucissants pour limiter l’acidité liée à la formation d’acide chlorhydrique.

L’INTERVIEW Hélène Le Héno journaliste et cofondatrice de l’Observatoire des Cosmétiques, pôle indépendant d’information et de conseils en cosmétologie*

« Les produits bio peuvent être aussi source d’effets indésirables »

« Le Moniteur » :

Qu’est-ce qu’un produit cosmétique bio ?

Hélène Le Héno : Un produit cosmétique bio contient un seuil minimum d’ingrédients cosmétiques issus de l’agriculture biologique et est certifié par un organisme indépendant. Plusieurs labels présents sur les emballages permettent aux consommateurs de les identifier. Le plus répandu en France, celui de l’association Cosmébio, garantit l’utilisation d’un minimum de 95 % d’ingrédients naturels ou d’origine naturelle et un minimum de 10 % d’ingrédients biologiques dans la formule du produit. Les chartes bio exigent aussi de leurs adhérents le respect d’autres valeurs, comme des procédés de fabrication « verts », le commerce équitable et la responsabilité sociale.

Peut-on s’y fier les yeux fermés ?

Les principaux labels bio garantissent une composition basée sur des ingrédients naturels ou d’origine naturelle mais n’excluent pas totalement le recours aux substances issues de la synthèse. La plupart sont des conservateurs, indispensables pour garantir la sécurité microbiologique du produit. Mais il faut noter que les labels bio n’admettent qu’un recours limité à ces substances, énumérées sur des listes limitatives et choisies parmi les moins suspectes de toxicité pour l’environnement ou la santé. Si un cosmétique bio est plus respectueux de l’environnement du fait du choix des ingrédients comme des process de fabrication, il n’est pas forcément meilleur pour la peau et la santé. Il peut être aussi source d’effets indésirables. Certains cosmétiques bio ne sont pas exempts d’actifs allergisants ou irritants, les huiles essentielles par exemple, peu recommandées pour les peaux sensibles et fragiles. Un autre point concerne la multiplicité des labels bio et naturels au niveau national, européen et international : le consommateur s’y perd, et la cosmétique bio n’y gagne pas en crédibilité.

L’essentiel à retenir

* observatoiredescosmetiques.com

Vrai ou faux

Le MIT est un perturbateur endocrinien

Réponse : faux. Le MIT (méthylisothiazolinone) est allergisant.

INFOS CLÉS

• Le triclosan est interdit dans les produits de rasage.

• Les parabènes à chaînes alkyles longues sont interdits dans les produits cosmétiques.

• L’ANSM recommande de ne plus utiliser le phénoxyéthanol dans les produits non rincés pour nourrissons.

• Le mélange MIT/MCIT est interdit dans les produits sans rinçage et les laits corporels.

Les perturbateurs endocriniens agissent

• En mimant l’action de l’hormone naturelle, entraînant une réponse similaire.

• En empêchant l’hormone naturelle de se fixer sur son récepteur spécifique pour transmettre son signal hormonal, empêchant ainsi la transmission du signal hormonal.

• En perturbant la production ou la régulation de l’hormone naturelle ou de ses récepteurs, provoquant ainsi une modification de sa concentration normale dans l’organisme avec une altération des processus métaboliques.

INFOS CLÉS

• Pour l’ANSM, la concentration maximale de baume du Pérou dans les cosmétiques devrait être limitée à 0,4 %.

• Les polyéthylènes-glycols ne devraient pas être utilisés sur une peau lésée.

Testez-vous

Quels ingrédients sont responsables de réactions allergisantes ?

a : la colophane

b : les PEG

C : le lauryl sulfate de sodium

Réponses : a, c.

Testez-vous

Quelles mentions comportent l’emballage d’un produit cosmétique dont la concentration en géraniol est de 1,1 % ?

Réponses : « Contient du géraniol, peut déclencher une réaction allergique ».

INFOS CLÉS

• Les ingrédients parfumants des produits cosmétiques peuvent être à l’origine de réactions d’irritation de d’hypersensibilité.

• Ils ne sont mentionnés dans la liste de composition des produits cosmétiques que sous le terme générique de « parfum » à l’exception de 26 allergènes potentiels.

Attention au tatouage au henné noir !

Le henné naturel pur, caractérisé par sa coloration rouge orangé, est généralement bien toléré. Afin de foncer et de prolonger la tenue de cette coloration, la PPD est illégalement rajoutée avec des concentrations très supérieures à celle autorisée dans des colorations capillaires.

• La PPD est également ajoutée dans le henné utilisé pour les tatouages. De nombreux cas d’eczéma allergique ont été signalés, apparaissant quelques jours à quelques semaines après un tatouage éphémère au « henné noir ».

• Comme dans le cas des teintures capillaires, les réactions cutanées peuvent être violentes et conduire à une polysensibilisation irréversible.

INFOS CLÉS

• La PPD est un puissant allergène, responsable de réactions de sensibilisation violentes.

• Illégalement ajoutée et à forte dose dans le henné naturel pour le foncer, elle provoque de nombreuses réactions de sensibilisation à la suite de tatouages éphémères au henné noir.

La protection solaire chez la femme enceinte

• Eviter les filtres organiques dont certains peuvent perturber le système hormonal et sont bioaccumulables.

• Vérifier dans les formulations des écrans minéraux, l’absence de nanoparticules. Privilégiez les protections minérales écolabellisées sans nanoparticules.

• Pas ou peu d’exposition aux heures les plus chaudes. Les tissus sont les meilleurs protecteurs solaires.

INFOS CLÉS

• Filtres organiques :

La présence de benzophénone-3 ou oxybenzone doit être signalée sur l’étiquetage si sa concentration est > 0,5 %

• Filtres minéraux :

les formulations avec nanoparticules ne doivent pas être appliqués sur les peaux lésées.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Sébastien, 22 ans, est aux sports d’hiver. Mal protégé, il a des lèvres gercées par le froid et le soleil.

Je voudrais un stick labial avec un filtre minéral mais qui ne laisse pas de film blanc sur les lèvres !

Les seuls filtres minéraux qui ne laissent pas de traces blanches sont composés de nanoparticules. Ce n’est pas conseillé sur vos lèvres abîmées.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, l’application de filtre solaire avec nanoparticules sur peau lésée n’est pas recommandée par les autoritées de santé, par manque d’information sur leur éventuelle toxicité. Mieux vaut conseiller à Sébastien une protection minérale sans nanoparticule mais qui laissera un film blanc.

Testez-vous

Quelle concentration en aluminium, l’ANSM recommande-t-elle pour les produits antitranspirants ?

Réponse : 0,6 %.

INFOS CLÉS

• Actuellement, il n’y a pas de lien de causalité démontrée entre l’aluminium et le cancer du sein, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurodégénératives.

• Des études complémentaires sont préconisées par l’ANSM, en particulier sur l’absorption cutanée de l’aluminium contenu dans les antitranspirants.

Déclaration d’un effet indésirable

• C’est l’un des points essentiels de la cosmétovigilance. Elle permet d’évaluer et d’exploiter ces informations dans un but de prévention, de réalisation d’études et d’actions correctives afin d’assurer la sécurité d’emploi du produit cosmétique.

• Les professionnels de santé doivent déclarer tout effet indésirable, grave ou non, qui se produit dans les conditions normales d’emploi d’un produit cosmétique, ou qui résulte d’un mésusage.

• Le formulaire de déclaration est à télécharger sur le site de l’Agence nationale des médicaments et des produits de santé (ansm.sante.fr).

Quelles alternatives aux sels d’aluminium ?

On peut également réduire la transpiration par des produits naturels :

• L’huile essentielle de sauge sclarée, pour son action locale astringente. A utiliser avec précaution en raison de son action œstrogène-like. Elle est déconseillée chez la femme enceinte ou allaitante et chez les enfants de moins de 12 ans.

• Exemple d’utilisation : mélanger 2 gouttes d’HE de sauge sclarée, 2 gouttes d’HE de palmarosa, 2gouttes d’HE de géranium et 2 gouttes d’HE de ciste. Appliquer localement sur les zones concernées (faire un test cutané au pli du coude avant chaque application. A éviter en cas de cancer ou antécédent de cancer hormonodépendant).

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