Les réseaux de soins dans le collimateur - Le Moniteur des Pharmacies n° 3098 du 10/10/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3098 du 10/10/2015
 
PHARMACIE, OPTIQUE, DENTAIRE

Actualités

Auteur(s) : Loan Tranthimy

Présentée par Daniel Fasquelle, député (Les Républicains) du Pas-de-Calais, une proposition de loi vise à supprimer les réseaux de soins qui intègrent des opticiens, des dentistes, mais aussi des pharmaciens.

Alors que la Sécurité sociale fête ses 70 ans, l’essor des réseaux de soins (assurances, mutuelles, institutions de prévoyance) qui pratiquent des remboursements différenciés selon l’adhésion du professionnel de santé à un réseau inquiète. Aussi, le député Daniel Fasquelle (les Républicains), élu de la 4e circonscription du Pas-de-Calais et maire du Touquet-Paris-Plage, compte déposer une proposition de loi pour les supprimer. Principalement développés dans des secteurs comme l’optique, le dentaire ou l’audioprothèse, ces réseaux négocient avec les professionnels de santé pour faire diminuer les coûts des prestations en contrepartie d’un apport de clientèle. C’est cet accord, prix-volume-qualité que dénonce le parlementaire. « Ce n’est pas une démarche hostile à un secteur en particulier. Nous ne voulons pas supprimer les plateformes de services mais les remboursements différenciés qui affaiblissent les principes fondamentaux de notre système de santé, dont la liberté de choix des patients et l’indépendance des professionnels de santé », souligne Daniel Fasquelle.

Un rapport à charge

En s’appuyant sur le rapport de l’économiste de la santé Frédéric Bizard, le député affirme même que « ce système renforce le renoncement aux soins et coûte cher ». Dans ce rapport, Frédéric Bizard mentionne les réseaux de pharmacies. Interrogé par le Moniteur, ce dernier reconnaît néanmoins que les officines ont un système de conventionnement avec certaines mutuelles qui ne comportent pas de mesures contraignantes pour les assurés ni de différenciation de remboursement selon la pharmacie, tant redoutée par le député Fasquelle. « En principe, il n’y a pas de contrat qui impliquerait une différence de remboursement en fonction du lieu d’achat. Mais nous n’en sommes qu’au début de l’histoire. Après une phase de séduction, dans un avenir proche, ces réseaux auront des moyens pour exiger des assurés d’aller dans telle ou telle pharmacie », commente-il. Une mise en garde que comprend Pascal Louis. Le président du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) rappelle néanmoins que son organisation n’est pas opposée aux réseaux de soins, « à condition de rester dans l’éthique de la santé avec la liberté de choix des pharmaciens et des patients ».

Un partenariat inévitable dans l’avenir

Cette condition est tout à fait atteignable selon Pascal Louis qui évoque le partenariat conclu depuis 2009 entre le CNGPO et l’assureur Allianz. Ce contrat valorise l’action du pharmacien en tant qu’acteur de soins de premier recours. En signant une charte de bonnes pratiques, le pharmacien partenaire propose aux affiliés de l’assureur plusieurs services : le dépistage des maladies cardiovasculaires, une sélection de médicaments d’automédication, la délivrance d’un conseil encadré par un guide méthodologique ou encore la mise à jour du dossier pharmaceutique de l’assuré. En échange, l’assureur verse par exemple au pharmacien partenaire 5 euros HT par conseil dans la limite de 4 conseils par an. Ce réseau compte aujourd’hui 2 800 pharmacies. « Toutes les pharmacies peuvent adhérer à ce réseau », indique Pascal Louis. Il rappelle que son organisation s’est opposée au projet de réseau de Santéclair, lancé en 2004. « Nous avions senti qu’il y avait un risque de sélection des produits et de pharmacies », déclare-t-il. Directrice générale de Santéclair, Marianne Binst considère que la polémique soulevée par la proposition de loi de Daniel Fasquelle est « préélectorale ». Elle explique que l’expérimentation lancée par Santéclair avec les officines n’était pas financièrement pérenne. « 600 pharmacies avaient signé avec nous mais il était difficile de faire vivre ce réseau sans avoir accès au code CIP des médicaments. La gestion des remboursements de ces produits s’avère être plus coûteuse que les médicaments eux-mêmes », dit-elle. Pour Marianne Binst, l’automédication reste un « bon projet pour les complémentaires santé » même si la pharmacie n’est pas pour le moment la priorité de sa société.

CHIFFRES

8 réseaux de soins 38 millions d’assurés pris en charge

605 organismes complémentaires

481 mutuelles (dont 43 % de petites mutuelles).

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