L’URGENCE, C’EST MAINTENANT ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3097 du 03/10/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3097 du 03/10/2015
 
PLFSS 2016

L’événement

Auteur(s) : Loan Tranthimy

La pression qui pèse sur le poste médicament à travers les projets de loi de financement de la Sécurité sociale successifs fragilise le réseau officinal d’année en année. Chiffres à l’appui, les représentants des syndicats de pharmaciens, en ordre dispersé, veulent alerter les pouvoirs publics et les patients.

Sale temps pour l’officine ! Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2016, présenté le 24 septembre par Marisol Touraine, la ministre de la Santé prévoit, comme l’an dernier, un nouveau tour de vis sur le poste médicament pour respecter un taux de progression de l’objectif national des dépenses de l’assurance maladie (ONDAM) de 1,75 %, historiquement bas. Sur les 3,4 milliards d’économies à réaliser 1,7 milliard cible les produits de santé. Cette somme comprend les baisses des prix des médicaments et dispositifs médicaux, les convergences de prix par classe thérapeutique ou encore l’efficience de la prescription des médicaments d’exception. Une facture plutôt salée ! Depuis plusieurs années, les PLFSS se suivent et se ressemblent. Et tant que le solde du régime général de la Sécurité sociale reste négatif (- 6,5 Md€ en 2014 et - 7,5 Md€ en 2015), le gouvernement continuera à actionner les mêmes leviers, à savoir les baisses de prix des médicaments et les actions sur les prescriptions.

Dans son rapport annuel (septembre 2015), le Comité économique des produits de santé (CEPS) reconnaît que « la contribution de son organisme à l’amélioration du solde de l’assurance maladie est considérable ». Les baisses de prix et de tarif des médicaments ont plus que doublé en deux ans, passant de 400 millions d’euros en 2012 à 895 millions en 2015. Quid alors de 2016 ? Le prix des médicaments trop coûteux est dans le viseur du ministère de la Santé. Idem pour les nouveaux antidiabétiques. Le gouvernement espère notamment faire plus de 80 millions d’euros d’économies, dès la première année, en incitant les médecins à ne prescrire qu’à bon escient les nouvelles molécules. Les PLFSS successifs sont loin d’être négligeables pour les pharmacies qui voient leur chiffre d’affaires et leur marge reculer d’année en année.

Un chiffre d’affaires des officinesen berne depuis 2014

Selon Philippe Besset, vice-président de la FSPF, « le PLFSS a fait perdre environ 220 millions d’euros au réseau en 2015 et 208 millions en 2014, soit environ 10000 euros par officine ». En 2016, la note serait encore alourdie : « De 220 à 250 millions d’euros », prévient-il, expliquant qu’en 2012 « les effets de la convention nationale pharmaceutique ont sauvé l’économie officinale en 2013 notamment grâce aux médicaments génériques ». Ce qui n’est pas le cas en 2014 « en raison des baisses des prix et d’une stagnation du volume ». Pire encore pour 2015: « Il n’y aura pas d’effet compensateur des médicaments génériques et la nouvelle rémunération mise en place le 1er janvier 2015 reste insuffisante pour limiter les baisses de prix massives. »

Les conséquences sont immédiates sur le chiffre d’affaires des officines (- 1 % en 2014 et - 1,5  % sur les six premiers mois en 2015) et aussi sur le réseau officinal. « Durant les six premiers mois de 2015, une officine ferme tous les deux jours. Dont 22 % dans les communes de moins de 2 500 habitants », annonce Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens sur son compte Twitter. Selon l’instance ordinale, 99 pharmacies ont déjà baissé leur rideau au cours des six premiers mois de 2015.

Cette tendance risque de se poursuivre. Frédéric Bizard, économiste de la santé, prédit une disparition de 2 000 pharmacies, soit quasiment 10  % du réseau. Une situation inquiétante qui n’est pas sans conséquence sur la répartition géographique et donc sur l’égal accès aux soins des patients.

Face aux menaces, les représentants des trois syndicats de pharmaciens (FSPF, USPO, UNPF) ont voulu alerter les pouvoirs publics et la population. Mais, en pleine campagne électorale pour les unions régionales des professionnels de santé (URPS), décisive pour la représentativité syndicale, la profession avance divisée. Aucune action commune n’a pu être trouvée pour mobiliser de nouveau le 30 septembre 2015. Chaque syndicat tente de mettre en avant ses propres actions.

Mobilisation sur fondde division syndicale

Lancée en janvier 2015, une pétition initiée par l’USPO et envoyée au directeur général de l’UNCAM pour demander la réouverture des négociations sur la réforme de la rémunération a déjà recueilli plus de 8000 signatures. De son côté, l’UNPF a remis le 22 septembre au ministère de la Santé un Livre blanc, « Pharmaciens : pour que la profession ait un avenir », dans lequel elle suggère une proposition choc: l’ouverture du capital à tous les pharmaciens en exercice.

Quant à la FSPF, elle a préféré interpeller directement le chef de l’Etat. Dans une lettre ouverte à François Hollande, elle lui demande « d’allouer dans le PLFSS les ressources nécessaires au fonctionnement de l’officine afin qu’elle puisse poursuivre sa démarche de modernisation, de revoir le projet de loi de santé qui a oublié la pharmacie pour que l’exercice des professions libérales redevienne attractif ». La FSPF réclame également un plan d’urgence pour soutenir les officines les plus fragilisées. Philippe Gaertner, président de la FSPF, prend quelques exemples de mesures de soutien qui permettront aux pharmacies en difficulté d’étaler les dettes : allégement des charges, étalement des cotisations…. La FSPF évoque aussi la piste des honoraires pour patients chroniques, qui peut intéresser les officines touchées par les baisses de prix ciblées.

L’USPO critique la posture de la FSPF. « Ce syndicat dénonce le PLFSS alors qu’il a signé un accord sur la rémunération tout en connaissant le lourd tribut demandé au médicament », martèle Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Pour ce syndicat, l’urgence est de renoncer à la deuxième étape prévue par la réforme de la rémunération et de rouvrir les négociations pour conclure un pacte de confiance avec l’Etat. En attendant le vote du PLFSS 2016 en novembre, les syndicats comptent aussi alerter les parlementaires sur la situation périlleuse de l’officine.

REPÈRES

2014

Annonce du plan de stabilité sur trois ans qui prévoit 10 milliards d’euros d’économies sur le médicament.

2015

Application de la réforme de la rémunération.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !